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évêque de la fin du Ixe et du début du xe siècle, mais qui est, à tout prendre, un banal spécimen de ces passe-partout hagiographiques, susceptibles de convenir, sauf modifications de détail, à une foule de pieux personnages. Bref, l'unique texte à retenir est la Vita S. Froylani 2.

a) Il existe, aux archives de la Cathédrale de Leon, un voJunie en parchemin presque entièrement rempli par divers livres de la Bible, et dû à l'habileté d'un diacre nommé Juan, lequel tern.inait son travail en 920 3. Sur un espace laissé tout d'abord en blanc (fol. 101 r et v) a été transcrite la vie qui nous occupe l'écriture est wisigothique, comme d'ailleurs celle du manuscrit tout entier; de plus, la souscription Ioannes diaconus scripsit se retrouve ici comme en d'autres endroits du même volume. Toutefois, il est probable qu'un changement de main s'est produit et qu'on a cherché à imiter l'écriture du premier scribe 4. On ne saurait donc affirmer, comme on l'a fait, que notre texte a été composé par le diacre Juan,

1. Texte dans Florez, Esp. Sagr., XIV, pp. 395-397 (2e éd., 1786, PP. 408-410). Ce texte, emprunté à un lectionnaire cistercien, vraisemblablement d'assez basse époque, est le seul à consulter; celui qu'on trouve dans les AA. SS. Boll., Oct., III, pp. 242-244, est à rejeter, car il provient de l'Anamnesis de Tamayo de Salazar. Remarquer que les Néo-Bollandistes, Bibl. hag, lat., I, no 745, p. 120, continuent, par erreur, à placer la mort de saint Atilano le 3 octobre 1009. 2. Texte dans Risco, Esp. Sagr., XXXIV, pp. 422-425, d'après les mss. mentionnés ci-dessous, et dans A. López Peláez, San Froilán de Lugo (Madrid, 1910, pet. in-8o), pp. 219-224, d'après Risco. Ici encore, rejeter le document inséré dans les AA. SS. Boll., Oct., III, PP. 232-233, car lui aussi provient de l'Anamnesis de Salazar.

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3. Ce manuscrit a été décrit par R. Beer et J. E. Díaz Jiménez, Noticias bibliográficas y catálogo de los códices de la Santa Iglesia Catedral de León (León, 1888, in-8o), no 6, pp. 5-8; autre description dans Z. García Villada, Catálogo de los códices y documentos de la Catedral de León (Madrid, 1919, in-8o), no 6, pp. 35-37.

4. Cf. Beer et Díaz Jiménez, op. cit., p. 7. Le P. García Villada, op. cit., p. 36, note simplement que l'écriture est «

« mayor ».

un

poco

REVUE HISPANIQUE.

3

en 920, soit «< quinze ans seulement après la mort du

saint ».

2

b) Le texte contenu dans la Bible de Leon est incomplet; le dernier quart, environ, manque ; or, c'est à l'extrême fin que se rencontrent les indications chronologiques permettant de fixer la date de la naissance du saint, celle de son élévation à l'épiscopat et celle de sa mort : « Vixit annos << septuaginta tribus, quinque ex eis episcopale gessit officium. « Obiit era DCCCCX'III. » Ces indications ne se trouvent que dans un Bréviaire léonais, lequel, sauf erreur d'identification, est du xve siècle 3. Cependant, malgré leur provenance, elles ne sont nullement suspectes: saint Froilan a été le compagnon de saint Atilano; or, ce dernier, élevé à l'épiscopat en même temps que son ami, a bien occupé le siège de Zamora au début du xe siècle 5. Quoique, pour Froilan, nous ne possédions qu'une souscription au bas d'un diplôme

1. Tailhan, Bibliothèques, p. 273, n. 3. Cf. Bibl. hag. lat., I, no 3180, P. 476 « Vita auct. Iohanne diac. ».

2. Le texte s'arrête aux mots : « Hic vir Dei plenus spiritu sancto ». Cf. García Villada, op. cit., p. 36.

il

3. Risco, Esp. Sagr., XXXIV, p. 166. Ce Bréviaire léonais ne seraitpas celui qu'ont décrit sous le no 36, d'un côté, Beer et Díaz Jiménez, op. cit., pp. 37-39, de l'autre, García Villada, op. cit., p. 65 ?

4. Cf. la Vita, loc. cit., p. 424: « Tandem invitus ordinatus est « [Frojanus] in Legione sede et collegam suum Atilanem in Zamo<< rensem cathedram; diem sanctum Pentecostem pariter ambo con« secrati sunt, honorem suscipientes sacerdotalem. »

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5. Un évêque de ce nom souscrit, toutefois sans indication de siège, les diplômes d'Alphonse III du 22 septembre 907 (Revue Hispanique, XLVI, 1919, pp. 177-178) et du 28 avril 909 (Escalona, Historia del monasterio de Sahagun. Madrid, 1782, in-fol., p. 379). Rappelons que Florez, Esp. Sagr., XIV, pp. 337-343, croyant sur la foi de Lobera que saint Froilan avait été évêque de Leon de 990 à 1006, s'était trouvé amené à imaginer un saint Atilano évêque de Zamora à partir de 990 également. L'erreur a été dissipée par Risco, Esp. Sagr., XXXIV, pp. 161 et suiv., mais, comme nous l'avons vu, elle a persisté dans la Bibl. hag. lat.

refait, les dates fournies par le Bréviaire peuvent donc être admises 2.

c) La Vita S Froylani est intéressante à deux points de vue d'abord, elle nous montre l'intervention du roi dans le choix des évêques, comme nous aurons l'occasion de le noter plus bas; ensuite, elle nous apporte quelques renseignements sur l'œuvre de restauration religieuse accomplie par Froilan en terre léonaise, œuvre parallèle à celle que saint Genadio accomplissait, vers la même époque, dans le Bierzo.

1. Diplôme d'Alphonse III du 20 janvier 905, pour l'église d'Oviedo, dans Risco, Esp. Sagr., XXXVII, pp. 329-337. Voir pp. 336-337. 2. Noter cependant que Risco, Esp. Sagr., XXXIV, pp. 154 ęt 167, signale, en 904, d'après une charte privée, un évêque de Leon nommé Mauro. Risco admet, op. cit., pp. 154-155 et 172-173, qu'à cette date de 904, ledit Mauro avait renoncé à son siège. Peut-être n'est-il pas nécessaire d'avoir recours à cette hypothèse. La charte alléguée, p. 154, est en effet datée de façon très insolite : « Factus testamentus « sub die quod fuit II id. majas, era 942. Anno gloriae regni nostri « 38. In Dei nomine commorantes in civitate Legione. Ego Theudericus in hoc testamento quod fieri volui manu propria. » Il est à peine besoin d'observer que la formule ne saurait convenir qu'à un diplôme royal on peut donc supposer, pour le moins, que la date avait été mal transcrite.

CHAPITRE II

LES COMPILATIONS LATINES DES XII ET XIIIE SIÈCLES

Sommairement esquissée dans les plus anciennes chroniques, l'histoire du royaume asturien a été plus longuement exposée dans les compilations des XIIe et XIIIe siècles. Les compilateurs se sont-ils bornés à transcrire ou paraphraser les documents que nous possédons encore ? Ont-ils au contraire utilisé, du moins par places, d'autres textes qui ne seraient point parvenus jusqu'à nous ? Tant que la rédaction B du Pseudo-Alphonse est demeurée inédite 1, le doute était permis sur certains points; il ne l'est plus aujourd'hui.

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On sait que l'auteur ainsi désigné se proposait de raconter la vie d'Alphonse VI (1065-1109), mais qu'au lieu d'aborder directement son sujet, il a composé une longue introduction qui nous est seule parvenue. Cette introduction, qui remonte

1. Nous l'avons publiée pour la première fois, dans la Revue Hispanique, XXIII (1910), pp. 240-264 (publiée à nouveau par Z. García Villada, Crónica de Alfonso III, pp. 99-131). Sur les particularités de cette rédaction B, voir Revue Hispanique, XLVI (1919), pp. 351-357.

2. Voir Crónica Silense. Edición preparada por F. Santos Coco. Madrid, 1919, in-8° (les paragraphes de cette édition n'étant pas numérotés, on conservera ici, pour la commodité des références, la

jusqu'à l'époque wisigothique, nous a transmis, entre autres choses, le texte le plus pur de Sampiro, quelques notices. sur les derniers rois léonais et des renseignements uniques sur le règne de Ferdinand Ier; mais, pour l'histoire lointaine des rois asturiens, que nous offre cet ouvrage rédigé au début du XIIe siècle ?

A) De l'avènement de Pélage à la mort d'Ordoño Ier (ch. 20-38), le Moine de Silos suit pas à pas le Pseudo-Alphonse; il en tire les éléments de son propre récit, il en adopte l'ordre, il calque ses développements sur ceux de son guide, il lui emprunte même certaines évaluations numériques qui trahissent leur origine 1. D'ailleurs, il est aisé de voir que le Moine de Silos avait sous les yeux les deux rédactions A et B2, et que, s'inspirant parfois de la première 3, il emploie de préférence la seconde, c'est-à-dire la pille et la démarque habituellement. Ainsi s'explique, outre la présence de détails

numérotation de l'édition Florez, Esp. Sagr., XVII, 1763, pp. 270330). Sur l'auteur et son ouvrage, voir principalement la préface de Florez, loc. cit., pp. 264-269, et, malgré ses imperfections, l'article de M. A. Blázquez, Pelayo de Oviedo y el Silense. Observaciones acerca del Cronicón del monje Silense, dans Revista de Archivos, 3a época, XVIII (1908), pp. 187-203; voir aussi Santos Coco, op. cit., pp. VII-X (l'auteur) et xxxi-xxxvII (valeur historique de la chronique).

1. Les deux textes font périr 124.000 Musulmans à Covadonga et 63.000 en Liébana (Silos, ch. 24; Pseudo-Alphonse, réd. A, ch. 10). De même 54.000 Infidèles auraient été massacrés par les armées de Fruela (Silos, ch. 27 et Pseudo-Alphonse, réd. A, ch. 16).

2. Le P. Tailhan, Bibliothèques, p. 311, s'était bien rendu compte que le Moine de Silos avait connu d'autres documents que le texte traditionnel du Pseudo-Alphonse.

3. Comme A, par exemple, et à l'inverse de B, le Moine de Silos tait les aventures de la sœur de Pélage, et met en scène Munuza après, et non avant la bataille de Covadonga (comparer, d'une part, Silos, ch. 20 et 25 et A, ch. 8 et 11; d'autre part, B, ch. 8).

4. Voir les rapprochements qu'a institués M. G. Cirot, dans Bulletin Hispanique, XIII (1911), pp. 388 et suiv. (ch. 4 et suiv.), entre le texte du Moine de Silos et la partie de la Chronique léonaise qui reproduit, en réalité, le texte B du Pseudo-Alphonse.

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