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se trouvent en tête de trois annales: Chronicon Complutense (281-1111) 1, Chronicon Conimbricense (1-1326) et Chronicon Lusitanum (311-1184)3. Il convient d'en dire ici un mot, et de les rapprocher d'autres listes similaires.

Autant qu'on en peut juger, une première liste, commençant avec Pélage, sinon avec l'émigration des Goths, avait été dressée selon toute vraisemblance dans les Asturies, peu après l'avènement d'Alphonse II, époque à laquelle elle s'arrête : c'est cette liste que nous ont conservée le Chronicon Complutense et le Chronicon Conimbricense IV (ou II) 4. Plus tard,

1. Texte dans Florez, Esp. Sagr., XXIII, pp. 315-317 (2e éd., pp. 316-318), ou dans les Port. Mon. Hist. Script., I, pp. 17-19. Le Chronicon Complutense est essentiellement une courte annale de la fin du XIe siècle.

2. Voir les éditions de Florez, Esp. Sagr., XXIII, pp. 329-342 (2o éd., pp. 330-343) et des Port. Mon. Hist. Script., I, pp. 1-5. Nous ne tiendrons compte que de la partie latine de ce document, laquelle se compose avant tout de fragments d'annales du x11e siècle, ces fragments n'étant pas numérotés de la même façon par Florez et les éditeurs des Port. Mon. Hist.

3. Voir les éditions de Florez, Esp. Sagr., XIV, pp. 402-419 (2o éd., 1786) et des Port. Mon. Hist. Script., I, pp. 5-17, où lesdites annales portent le titre de Chronica Gothorum (l'abrégé sans valeur intitulé Brevis Historia Gothorum étant imprimé en regard du texte complet). Le Chronicon Lusitanum intéresse à peu près exclusivement les xie et XIIe siècles.

4. Textes dans Florez, Esp. Sagr., XXIII, pp. 315 (2o éd., p. 316) et 336 (2e éd., p. 337), la liste du Chron. Complutense étant également publiée par Mommsen, Chronica minora, II, p. 168. Entre ces deux documents, une seule variante intéressante d'après le Chron. Complutense, Alphonse Ier régna dix-neuf ans; d'après le Chron. Conimbricense, dix-huit (cf. Pseudo-Alphonse, ch. 14 et Chron. Albeldense, ch. 52, qui donnent eux aussi le chiffre XVIII). Le Chron. Complutense porte : « Pelagius regnavit annis XVIIII. Fafila annis II. « mensibus VI. Adefonsus regnavit XIX. (lire XVIII) annis. mense I. « die I. Froila reg. an. XI. mensibus V. diebus XX. Aurelius ann. VI. << mensibus VI. Silo reg. ann. IX. mense I. die I. Mauregatus reg. ann. V. mensibus VI. Sub uno fiunt anni LXXXI. Tunc positus « est in regno Dñus Adefonsus XVIII. Kal. Octobris sub Era « DCCCXXVIII. »

la même liste, à la fois allégée et complétée 1, fut continuée d'abord jusqu'à l'avènement d'Alphonse III, puis jusqu'à Ordoño III et terminée la quatrième année du règne dudit Ordoño, soit en 954; sous cette forme, elle nous a été transmise par un manuscrit du Fuero Juzgo, achevé en 1057 et provenant de San Isidro de Leon (Laterculus Legionensis) 2. Pareillement, la même liste primitive — de Pélage à Alphonse II

a passé dans le catalogue joint, dans certains manuscrits, à l'Historia Compostellana, et elle a été poursuivie ensuite jusqu'à Ferdinand Ier 3. Ces trois listes sont d'ailleurs à peu près les seules à retenir celle du Chronicon Lusitanum n'est en effet qu'une compilation négligeable 4, et quant au catalogue du Codex de Meyá, il présente, par rapport aux textes précités, trop de nouveautés équivoques 5.

1. Dans les documents cités ci-dessous, on n'a pas reproduit les mots : « Sub uno fiunt anni LXXXI » placés dans le Chron. Complutense (et le Chron. Conimbricense) après la mention du règne de Mauregato. Par contre, on n'y a pas omis le règne de Bermude, lequel n'est pas mentionné dans le Chron. Complutense et le Chron. Conimbricense. 2. Tailhan, Anonyme de Cordoue, pp. 197-198 (cf. pl. xx); Mommsen, Chronica minora, III (1898), p. 469 (texte moins correct que celui de Tailhan).

3. Florez, Esp. Sagr., XX, pp. 608-609; réimprimé ibid., XXIII, pp. 325-326 (2o éd., pp. 326-327). On observera : 1o qu'on a supprimé sur cette liste et le Sub uno fiunt anni LXXXI et le passage concernant l'avènement d'Alphonse II, lequel avait été transcrit dans le Laterculus Legionensis, le règne de Bermude étant d'ailleurs mentionné ici, tout comme dans ledit Laterculus; 2o que les deux textes du Catalogue, successivement imprimés par Florez, ne concordent pas entièrement celui du t. XXIII assigne au règne de Pélage une durée de cinq ans, au lieu de dix-neuf, ce qui est un simple lapsus ; de plus, le catalogue du t. XXIII omet Bermude Ier, Ordoño Ier et Alphonse III : serait-ce une erreur d'impression?

4. Esp. Sagr., XIV, pp. 402-403; Port. Mon. Hist. Script., I, pp. 8-9. Outre les textes signalés plus haut, l'auteur a fait des emprunts tant au Pseudo-Alphonse (voir notamment pour Bermude) qu'à la Chronique d'Albelda (voir pour Alphonse III).

On y lit, notamment,

. 5. Sur cette liste, cf. ci-dessus, p. 14, note. que Pélage régna 18 ans, 9 mois et 19 jours; Fafila, 2 ans, 7 mois

Ces remarques étant faites, le problème qui se pose peut étre formulé ainsi. Les catalogues les moins suspects indiquent avec précision la durée totale de chaque règne (années, mois et jours à l'occasion); de plus, ils donnent presque aussi complètement que possible - seule la férie manque -- les dates d'avènement d'Alphonse II et Alphonse III. Ne serait-il donc pas possible de fixer à coup sûr, grâce aux documents en question, les dates extrêmes de tous les rois asturiens, Pélage compris ? Pour notre part, nous ne le pensons pas. D'abord, les listes examinées renferment, à côté d'erreurs manifestes et faciles à corriger, des variantes de rédaction entre lesquelles on ne saurait choisir, sinon de façon arbitraire. Ensuite, ces listes ne sont d'aucune utilité pour la chronologie de Ramire Ier, Ordoño Ier et Alphonse III, laquelle nous est connue par des documents autrement meilleurs. Enfin, les

et 10 jours; Alphonse Ier, 19 ans, 1 mois et 2 jours; Fruela, 12 ans, 6 mois et 20 jours. Or, les précédents catalogues portent : pour Pélage, 18 ou 19 ans, sans plus; pour Fafila, 2 ans et 6 mois; pour Alphonse Ier, 18 ou 19 ans, 1 mois et 1 jour; pour Fruela, 11 ans, 5 mois et 20 jours (le Laterculus Legionensis disant lui aussi 12 ans).

1. Masdeu, Hist. crítica de España, XV (1795), pp. 78-88 (cf. pp. 271272), s'est livré à des supputations de ce genre. M. Carl Zeumer a également utilisé des textes analogues à ceux que nous critiquons, pour préciser la chronologie des rois wisigoths; voir son article Die Chronologie der Westgothenkönige des Reiches von Toledo, dans Neues Archiv, XXVII (1902), pp. 409-444.

2. Exemples, Laterculus Legionensis : << Pelagius regnavit annos « XVIII (live XVIIII)... Adefonsus regnavit annos XVIIII (lire « XVIII...) Froyla regnavit annos XII (live XI). Veremudos regn. «< ann. VI (live III)... Ordoinus regnavit annos XV (live XVI). » Liste de l'Historia Compostellana : « Ranemirus annos quinque (lire « septem)... regnavit. »

3. Ainsi, Aurelio régna-t-il 6 ans et 6 mois, comme le disent les Catalogues autres que le Laterculus Legionensis, ou 6 ans et 7 mois, comme l'indique cette liste ? De même, Mauregato régna-t-il 5 ans et 6 mois ou 5 ans et 8 mois (Laterculus Legionensis)? Pour la chronologie si controversée du règne d'Alphonse II (voir ci-dessous, Appendice I), les divergences ne seraient pas moindres.

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catalogues les plus anciens ne permettent même pas d'établir sur des bases solides la chronologie des rois antérieurs à Alphonse II: tout calcul aurait nécessairement pour point de départ la date d'avènement d'Alphonse, 14 septembre 790, disent les Catalogues contenus dans le Chronicon Complutense, le Chronicon Conimbricense et le Laterculus Legionensis. Mais nous aurons l'occasion de voir que cette date de 790 n'est pas absolument certaine ; de plus, l'omission du règne de Bermude Ier, dans le Chronicon Complutense et le Chronicon Conimbricense, achève de rendre vain, du moins à notre avis, tout essai de calcul 2.

C) Les résumés d'histoire qu'offrent certains textes annalistiques, - soit le Chronicon Conimbricense et le Chronicon Lusitanum peuvent être très rapidement éliminés concernant tous deux le règne d'Alphonse III, mais d'étendue très inégale, -- l'un tient en trois lignes, l'autre est sensiblement plus développé l'un et l'autre dérivent de la Chronique d'Albelda, dont ils sont de simples extraits 3.

1. Voir ci-dessous, Appendice I.

2. En additionnant, après rectification des erreurs manifestes, les chiffres du Laterculus Legionensis, on arrive, pour tous les prédécesseurs d'Alphonse II depuis Pélage, à un total de 75 ans, 9 mois et 21 jours; étant donné ce total et la date du 14 septembre 790, Pélage serait monté sur le trône à l'extrême fin de 714, ce qui est en contradiction avec les données fournies par le Pseudo-Alphonse, ch. II et le Chron. Albeldense, ch. 59. D'un autre côté, en additionnant les chiffres du Chron. Conimbricense, ce sont les plus voisins de ceux que portent les chroniques susdites, —- on arriverait à un total de 72 ans 1 mois et 22 jours, ce qui placerait bien, comme le veulent les chroniques, l'avènement de Pélage en 718; mais, répétons-le, le règne de Bermude n'est pas compris dans ce calcul, puisque le Chron. Conimbricense le passe sous silence; donc, le calcul est entaché d'erreur.

3. Chron. Conimbricense II (Esp. Sagr., XXIII, p. 331; 2o éd., P. 332): « In Era [D]CCCCIIII. Ildefonsus Ordonii filius cepit Colimbriam, Bracaram et Portugalem, Viseum, Lamecum, Egi<taneam, et regnavit annis XVIII. » Comparer Chron. Albeldense, ch. 61 « Adefonsus filius ejus XVIII. regni deducit annum » (et non

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Les documents hagiographiques sont plus rares encore que les chroniques et annales. Il nous faut exclure: 1o la Vie de Beatus de Liébana, qui a été forgée par le trop célèbre Tamayo de Salazar; 2o la courte Laudatio S. Vintilani, qui paraît moderne et ne mérite pas qu'on s'y arrête 2; 3o les documents relatifs à Victor de Cerezo, lesquels concernent, semble-t-il, non un martyr de Castille, mais saint Victor de Césarée3; 4o la Vita S. Attilani, qui s'applique bien à un

pas regn. ann. XVIII) etch. 61-62 pour les noms des villes conquises. Chron. Lusitanum (Esp. Sagr., XIV, p. 403): « Aera 904. Adefonsus

<«< Ordonii filius regnavit annis 18 [sic]. Iste primo regni sui anno... << et maris littora eremitavit, atque destruxit. » Comparer Chron. Albeldense, ch. 61-62 et remarquer que Florez, op. cit., p. 403, n. 2, avait, d'un mot, signalé les rapports existant entre les deux textes; cf. G. Cirot, dans Bulletin Hispanique, XIII (1911), p. 404, n. 39.2 et 40.1; p. 405, n. 40.3 et 43.1. Ces résumés étant éliminés, à plus forte raison convient-il d'écarter l'abrégé que l'on rencontre dans le Cron. II de Cardeña (Esp. Sagr., XXIII, p. 376; 2e éd., p. 377); cet abrégé renferme, en peu de mots, beaucoup de légendes ou d'erreurs bataille de Clavijo et vœux de saint Jacques; conquête de la Gascogne sous le règne d'Ordoño Ier; défaite des Francs à Roncevaux sous le règne d'Alphonse III.

1. Publiée pour la première fois par Tamayo de Salazar, Anamnesis, sive commemoratio omnium sanctorum hispanorum, I, 2 (Lugduni, 1651, in-fol.), pp. 184-186. (Pour les autres éditions, voir Bibliotheca hagiographica latina, edid. Socii Bollandiani, I, Bruxellis, 1898-99, no 1063, p. 159). Tamayo de Salazar dit qu'il a extrait ce document «< ex ms. legendario Asturicensi ». Or, ce manuscrit n'a jamais existé; cf. Risco, Esp. Sagr., XXXIV, p. 380.

2. Publiée pour la première fois par Gonon, Vitae et sententiae Patrum Occidentis (Lugduni, 1625, in-fol.), pp. 270-271 (cf. Bibl. hag. lat., II, Bruxellis, 1900-1901, no 8678, p. 1253). Sur l'épitaphe de ce saint, mort le 23 décembre 890 (Hübner, Inscriptiones Hispaniae Christianae, p. 77, no 236), voir F. Fita, El epitafio de san Vinitla (siglo IX), dans Bol. de la R. Acad. de la Hist., XL (1902), pp. 459-460.

3. Sur ces documents, se reporter à Bibl. hag. lat., II, nos 8565-8567, pp. 1238-1239, et à l'article de Joseph de Guibert, Saint Victor de Césarée, dans Analecta Bollandiana, XXIV (1905), PP. 257-264.

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