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de Lillo) 1. Enfin, sans parler des églises de Lugo ou d'Orense, sur lesquelles on n'a que des renseignements trop incertains 2, mentionnons, pour mémoire, qu'Alphonse III réédifia l'église de Saint-Jacques de Compostelle, qu'avait primitivement élevée Alphonse II 3.

Mais pour que l'Église retrouvât une partie de son éclat de naguère, il ne suffisait pas que rois et fidèles s'employassent à fonder des monastères ou à bâtir des édifices cultuels. Il importait surtout que les sièges épiscopaux fussent restaurés, et cette tâche incombait au roi seul. La royauté s'en acquitta avec sa ténacité habituelle; mais ici plus que jamais nous percevons mieux les résultats d'ensemble que le détail des faits 4.

1. Le Pseudo-Alphonse, ch. 24, ne cite que Santa Maria de Naranco, et le Chron. Albeldense, ch. 59, ne mentionne que San Miguel de Liño. Le premier de ces deux édifices, qui était, d'après certains archéologues, une demeure royale, est exactement daté: il fut consacré le 23 juin 848 (Hübner, Inscr. Hisp. Christ. Suppl., pp. 113-114, no 483 ; d'après ce texte il s'agirait d'une reconstruction). Rappelons que ces deux églises posent un important problème : celui de l'influence de l'art oriental, et plus spécialement de l'art persan, sur l'art chrétien du Nord-Ouest de la Péninsule. Voir M. Dieulafoy, Les monuments latino-byzantins des Asturies, dans Académie des Inscriptions et BellesLettres. Comptes rendus, 1907, pp. 663-667, et, du même auteur, Monuments asturiens proto-romans de style oriental, dans Florilegium, ou recueil de travaux d'érudition dédiés à M. le Marquis M. de Vogüé (Paris, 1909, gr. in-8o), pp. 187-196.

2. Voir J. Villaamil y Castro, Iglesias gallegas de la edad media (Madrid, 1904, in-8°), pp. XI-XIII, où sont utilisés sans méfiance des actes apocryphes ou suspects.

3. Moine de Silos (fragment de chronique perdue), ch. 41. Cf., sous réserves, López Ferreiro, Hist. de la iglesia de Santiago, II, pp. 183 et suiv.

4. Nous ne donnerons à cette place que les renseignements strictement indispensables; nous comptons d'ailleurs publier sous peu un mémoire sur les Fastes épiscopaux de l'église asturienne, où la question sera traitée en détail. Au court exposé qui va suivre, comparer les quelques renseignements donnés par La Fuente, Hist. eclesiástica de España, 2o éd., III, pp. 391 et suiv., 400 et suiv., 404 et suiv., et

Sur les territoires où naquit la monarchie asturienne, il n'y avait eu, ni à l'époque wisigothique, ni plus anciennement, d'église épiscopale 1. Les évêques qui se réfugièrent dans les Asturies lors de l'invasion, vécurent sans nul doute confondus un certain temps avec les quelques patriciens qui entouraient le roi. Lorsque Arabes et Berbères évacuèrent les régions du Nord-Ouest, Alphonse Ier, parcourant tout le pays jusqu'au Duero et à l'Ebre, pénétra dans maintes villes qui, avant 711, avaient été des sièges d'évêchés ; mais, de toutes ces villes, il ne conserva, semble-t-il, que Lugo et quelques petites places de la Rioja et de la Bureba; or, la tradition veut que sous son règne Lugo ait été pourvue d'un évêque, Odoario, et un acte authentique de la Rioja mentionne en 759 un évêque, Valentin, que l'on attribue au siège d'Oca 3. Plus tard, quand Oviedo devint la capitale du royaume, et que le tombeau de l'apôtre saint Jacques fut découvert, il n'est pas douteux qu'Alphonse II plaça des évêques à Oviedo,

l'esquisse de M. F. Gómez del Campillo, dans Revista de Archivos, 3a época, XIV (1906), pp. 454-456.

1. L'église épiscopale de Lugo des Asturies n'a jamais existé que dans l'imagination des faussaires d'Oviedo (ci-dessus, p. 102). Quant à l'évêché de Cantabrie, qui remonterait au moins à 437, et dont A. Fernández-Guerra, Cantabria, pp. 54-56, a établi les fastes (cf. pp. 21-22 et 48), nous en laisserons la responsabilité au savant érudit qui croyait l'avoir découvert.

2. C'est l'évêque qui apparaît dans les actes apocryphes de 745, 747, etc. (ci-dessous, Appendice V), ainsi que dans le Catalogue des évêques de Lugo (Esp. Sagr., XL, app. xxx, p. 426), et dont un obituaire conservé, à l'époque de Risco, au monastère de San Millan de la Cogolla, fixait la mort au 22 octobre 786 (Esp. Sagr., XL, p. 104): cet obituaire le qualifiait d'ailleurs d'évêque de Braga. A partir d'Odoario, la série des évêques de Lugo se poursuivrait de façon ininterrompue; elle présente cependant des incertitudes, comme nous le montrerons ailleurs.

3. Florez, Esp. Sagr., XXVI, p. 75 ; cf. Llorente, Noticias, III, p. 3. 4. Les trois premiers évêques d'Oviedo, soit Adulfo, Gomelo et Serrano, ne sont connus que par des actes apocryphes, refaits ou suspects. Le premier souscrit les diplômes refaits du 16 ou 25 novembre

qu'il en plaça également à Iria-Compostelle (s'il n'y en avait déjà) ; et il n'est pas douteux non plus que, de son temps, Valpuesta fut érigée en église cathédrale 2. Mais il ne paraît pas qu'avant la seconde moitié du Ixe siècle, d'autres sièges aient été pourvus de pasteurs 3.

Aux environs de l'année 850, quelques lueurs commencent à percer les ténèbres : Frunimio est évêque de Leon en 8604; Rosendo est évêque de Mondoñedo vers 867 5. Avant 878, Alphonse III a déjà restauré l'évêché d'Astorga, et peut-être même ceux d'Orense, Braga, Porto, Lamego, Vizeu, Coïmbre 7.

812 et du 16 novembre de la même année (Cat, nos 10 et 11); il aurait, de plus, assisté au Concile d'Oviedo de 821. Le deuxième est mentionné dans la charte des évêques Severino et Ariulfo, 22 avril 853 ? (cidessous, Appendice VIII). Le troisième est le destinataire de ladite charte et souscrit les diplômes refaits du 20 avril 857 et de mai 857 (Cat., no 24 et 25).

1. L'Historia Compostellana, liv. I, ch. 11, § 1-3 (Esp. Sagr., XX, 2e éd., pp. 8-10), le Chron. Iriense, ch. 4-6 (ibid., pp. 601-602), et d'autres documents, fixent comme suit la liste des premiers évêques d'Iria-Compostelle: Teodomiro, Adulfo I, Adulfo II, Sisnando. Nous y reviendrons. Mais notons que les sources compostellanes se sont efforcées de présenter une liste continue des évêques d'Iria depuis la fondation de cet évêché : même à l'époque de l'invasion, même sous les prédécesseurs d'Alphonse II, il n'y aurait eu aucune interruption; voir Hist. Compostellana, liv. I, ch. 1, § 3 (Esp. Sagr., XX, 2o éd., p. 7), et surtout Chron. Iriense, ch. 1-3 (ibid., pp. 598-601).

2. Le premier évêque fut Juan; cf. sa donation du 21 décembre 804 (Revue Hispanique, VII, 1900, pp. 282-288), mais ne pas tenir compte du diplôme apocryphe du 21 décembre 804 (Cat., no 8). La série des évêques de Valpuesta est une des plus difficiles à établir. 3. Nous verrons en temps et lieu que les évêques d'Astorga, Braga, Coïmbre, Leon, Orense, Osma, Palencia et Salamanque, attribués soit à la fin du vine, soit au début du IXe siècle, ne sont que des fantômes, ou peu s'en faut.

4. Cf. le diplôme du 28 juin 860 (Cat., no 26).

5. Cf. sa donation du 7 mai 867? (López Ferreiro, Hist. de la iglesia de Santiago, II, app. no vii, pp. 13-17).

6. Cf. le jugement du 6 juin 878 (Cat., no 37).

7. Chron. Albeldense, ch. 62: « Ejus tempore ecclesia crescit et re« gnum ampliatur. Urbes quoque Bracharensis, Portucalensis, Au

En 881, un texte rigoureusement authentique et parfaitement sûr donne la liste des diocèses de l'époque, en nom, mant leurs titulaires; et cette liste comprend, outre Oviedo, la regia sedes, les églises galiciennes de Lugo, Mondoñedo, Compostelle et Orense ; les églises portugaises de Braga, Porto, Lamego et Coïmbre; les églises léonaises de Leon et Astorga ; l'église alavaise de Velegia et l'église castillane d'Osma1. Enfin, à l'extrême fin du IXe siècle et dans les premières an nées du xe, les sièges de Coria et de Zamora peut-être aussi celui de Salamanque furent à leur tour fondés ou relevés2.

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«riensis [éd. Aucensis], Eminensis, Vesensis atque Lamecensis a « Christianis populantur. » Ce passage, qui dans le Chron. Albeldense est placé avant le récit des événements de l'année 878, a été interprété ainsi par Sampiro, ch. 4 : « Ejus quoque tempore ecclesia ampliata << est; urbes namque Portugalensis, Bracharensis, Vesensis, Flaviensis, « Aucensis [live Auriensis] a Christianis populantur, et secundum sen<< tentiam canonicam episcopi ordinantur. » Donc, Sampiro supprime Coïmbre et Lamego, mais cite Chaves; de plus, il indique formellement que les différents sièges furent dotés de pasteurs. En ce qui concerne Chaves, l'assertion de Sampiro n'est pas contrôlable; en ce qui touche Vizeu, on remarquera que le premier évêque connu, Teodomiro, n'apparaît que le 30 juin 897, dans un diplôme apocryphe (Cat., no 54). Pour les autres églises, les données du Chron. Albeldense et de Sampiro sont implicitement confirmées par le texte reproduit à la note suivante. 1. Chron. Albeldense, ch. XI: « Regiamque sedem Hermenegildus << tenet; Flaianus Bracarae; Luco [éd. Lupo] episcopus arce Recca-. << redus; Tudemirus Dumio, Mendunieto degens; Sisnandus Iriac Sancto Jacobo pollens; Nausticus tenens Conimbriae sedem; << Brandericus quoque locum Lamecensem ; Sebastianus quidem sedem « Auriensem; Justusque similiter in Portucalense; Alvarus Vele« giae, Felmirus Uxomae, Maurus Legione, Ranulfus Astoricae. »

2. Jacobo, évêque de Coria, est cité, sinon en 897 (cf. le diplôme apocryphe du 30 juin de cette année, Cat., no 54), du moins le 30 décembre 899 (Cat., no 58). - Atilano monte sur le siège de Zamora en même temps que son compagnon Froilan sur celui de Leon, soit en l'an 900, le jour de Pentecôte (8 juin) (cf. Vita S. Froylani, dans Esp. Sagr., XXXIV, p. 424). · Quant aux évêques de Salamanque, tous les prédécesseurs de Dulcidio [II] sont problématiques, et Dulcidio [II] lui-même n'apparaît dans un texte authentique qu'en 919 (inscription de San Pedro de Montes; ci-dessus, p. 257, n. 4.)

Ainsi la prospérité renaissait dans le royaume, colonisation et restauration religieuse marchant de pair 1. Mais, à mesure que le royaume s'étendait, la région asturienne, berceau de la monarchie, perdait peu à peu son importance politique. Après être passé de Cangas de Onis à Pravia et s'être maintenu ensuite pendant longtemps à Oviedo, le centre de gravité tendait à se déplacer encore, depuis qu'Ordoño Ier et surtout Alphonse III avaient assidûment repeuplé les territoires situés au delà des Monts Cantabriques et pris contact avec l'Espagne musulmane. On sait que le fils et successeur d'Alphonse III, Garcia Ier, se fixa à Leon même 2, et l'on n'ignore pas que ce changement de capitale, consacrant une situation de fait, marque, dans l'histoire de l'Espagne médiévale, le début d'une période nouvelle.

1. Le tableau que nous avons tracé pourrait être complété avec quelques traits empruntés au savant travail du P. Tailhan, Bibliothèques, pp. 246 et suiv., et pp. 297 et suiv. Mais nous bornant ici aux seuls faits en relation avec l'histoire politique, nous croyons inutile de présenter une esquisse, même sommaire, de l'état de la civilisation à l'époque des rois asturiens.

2. On admet généralement qu'Alphonse III fut le dernier roi des Asturies (cf., par exemple, Risco, Esp. Sagr., XXXVII, p. 261). Les documents diplomatiques confirment cette opinion. Voir, dans le Becerro gótico de Cardeña, les actes du 1er septembre 912 (no LX, PP. 73-74) et du 25 octobre 913 (no cccxx11, pp. 327-328), ainsi datés : « Garsea principe in Legione » et « regnante principe Gaŕséani in Legione », alors que des actes du 1er février et du 23 juillet 909 (nos LXII, pp. 75-76 et LXI, pp. 74-75), portent : « regnante rex Ade<fonso in Obieto » et «regnante principe Adefonso in Obieto ». Quant aux diplômes de Garcia Ier du 15 février 911 (Yepes, Coronica, IV, escr. XXIII, fol. 444 v-445 r) et du 13 octobre 913 (Vignau, Cartulario de Eslonza. Madrid, 1885, gr. in-8o, pp. 3-5), ils n'ont pas la valeur probante qu'on leur a souvent attribuée; la formule employée dans le diplôme de 911 est : « commorantes in Dei nomine in civitate Legionense »; celle qu'on trouve dans le diplôme de 913 est à peu près la même : in Dei nomine commorante in civitate Legionense. » Ces formules pourraient indiquer un simple séjour, et non un établissement durable.

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