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doue, pendant que Munuza réalisait ses projets amoureux '. Une tradition musulmane, - dont il est impossible de déterminer la valeur, assure que les Arabes, afin de maintenir les Asturiens dans l'obéissance, les contraignirent à leur livrer Pélage et le retinrent comme otage à Cordoue jusqu'au jour où il parvint à s'évader, en 716 ou 717 2. Tirer parti de ces témoignages, du second notamment, était chose fort

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1. Pseudo-Alphonse, réd. B, ch. 8 : « Ipso [Munuza ] quoque praefec« turam agente, Pelagius... cum propria sorore Asturias est ingressus. Qui supranominatus Munuza praefatum Pelagium, ob occasionem << sororis eius, legationis causa Cordobam misit, sed antequam rediret, « per quoddam ingenium sororem illius sibi in coniugio sociavit. » Cf. Rodrigue de Tolède, De rebus Hispaniae, IV, 1 et Lucas de Tuy, P. 71. Ce récit a inspiré à M. Saavedra, Pelayo, p. 29, les réflexions que voici : « En esta leyenda, más ó menos novelesca, se me antoja « ver simbolizada la situación especial de Asturias durante los pocos « años de la dominación mahometana. En ella encuentro la gran «< consideración de que gozaba Pelayo, la buena inteligencia, aunque « momentánea, entre muslines y cristianos, el intento de implantar « los matrimonios mixtos y la repugnancia de la nobleza á tolerar << toda imposición extraña. » D'ailleurs, pour M. Saavedra, op. cit., p. 28, cette légende « en mucha parte no tiene nada de inverosímil ». Cf. M. Gómez-Moreno, qui écrit dans le Bol. de la R. Acad. de la Hist., LXXIII (1918), p. 56: « la historia de Pelayo y de Munuza, quizá « no romancesca, sino bien humana y aun probable ».

2. Makkari, II, p. 671 ; trad. Lafuente y Alcántara, Ajbar Machmuâ, p. 230 « Cuentan algunos historiadores que el primero que reunió « á los fugitivos cristianos de España, despues de haberse apoderado « de ella los árabes, fué un infiel llamado Pelayo, natural de Astú<< rias, en Galicia, al cual tuvieron los árabes como rehenes para « seguridad de la obediencia de la gente de aquel país, y huyó << de Córdoba en tiempo de Al-Horr ben Abdo-r-Rahmen Atsa« kafi, segundo de los emires árabes de España, en el año 6o despues << de la conquista, que fué el 98 de la hégira (716-717). » Cette tradition est peut-être postérieure à la mort d'Abd er-Rahmân III (961); cf. les derniers mots : « Sublevó [Pelayo] á los cristianos contra el « lugarteniente de Al-Horr, le ahuyentaron y se hicieron dueños del << país, en el cual permanecieron reinando, ascendiendo á veinte y << dos el número de los reyes suyos que hubo hasta la muerte de Abdo«r-Rahmen III. »>

séduisante on s'en est servi, et l'on est ainsi parvenu à définir avec une rigueur apparente la situation de Pélage antérieurement à la bataille de Covadonga. En élaguant presque tous les détails par trop précis et en ne retenant que deux faits essentiels, savoir les rapports de Pélage avec les Infidèles et le séjour de Pélage à Cordoue; puis en reportant de façon arbitraire l'élection de Pélage à l'année 714, că a établi, non sans accumuler hypothèses et arguments logiques, que Pélage, avant de conquérir son indépendance, fut de 714 à 718 vassal des Musulmans '.

Une fois investi du pouvoir royal, Pélage eut à lutter contre les Arabes. C'est là un point sur lequel les témoignages concordent, mais c'est le seul; et quand on essaye de pénétrer dans le détail des événements, les traditions divergent et l'historien s'égare. Par qui l'offensive fut-elle prise? Par les Infidèles, répond le Pseudo-Alphonse 2; par Pélage, répliquent les auteurs arabes 3. — A quel propos les hostilités s'engagèrent-elles? A raison même de l'élection de Pélage,

1. Saavedra, Pelayo, pp. 9-10 (sur la date de 714 ou 713, voir, du même, Estudio, p. 139 et ci-dessous, Appendice IV). Se ressouvenant d'un passage du faussaire Faustino de Borbon, Cartas para ilustrar la historia de la España árabe, p. LXXXIII, M. Saavedra, Estudio, p. 140, avait malencontreusement écrit: «No cabe dudar que durante el ⚫ gobierno contemporizador de Abdelaziz, el nuevo rey estuvo en Córdoba, llamado tal vez para convertir en tratado formal... la tregua de « hecho que subsistía entre los musulmanes y los cristianos de Astu« rias, bajo la garantía y protección de Ejilona. » Borbon avait déjà induit en erreur F. Martinez Martina, dans Diccionario geográficohistórico de España, por la R. Academia de la Historia. Sección I, t. I (Madrid, 1802, in-4o), pp. 24-25.

2. Pseudo-Alphonse, ch. 8: « Dum vero Sarraceni factum cogno« verunt [Pelagii electionem], statim ei per Alkamanem ducem... « et Oppanem... Asturias cum innumerabili exercitu miserunt. >> 3. Râzi et Ibn Hayyân, dans Makkari, II, pp. 671 et 9 (trad. Gayangos, Mohammedan dynasties, II, pp. 260 et 34); cf. Akhbâr madjmoûa, éd. Lafuente y Alcántara, trad. p. 38; Fatho-l-Andaluçi, éd. J. de González, trad. p. 29, etc.

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affirme le Pseudo-Alphonse, rédaction A; parce que Pélage refusa de ratifier l'union de sa sœur avec Munuza, déclare le Pseudo-Alphonse, rédaction B2; parce que, profitant des circonstances, il cessa brusquement de payer le tribut auquel il était astreint, assure l'érudition contemporaine 3. A quelle époque se place le début des hostilités ? D'après le Pseudo-Alphonse et une tradition musulmane, l'année de l'élection de Pélage, en 718 4, par conséquent sous le gouvernement d'El-Horr; d'après tels chroniqueurs arabes, soit entre 721 et 725, sous Anbasa 5, soit sous Okba 6, donc après

1. Cf. le texte cité plus haut, p. 119, n. 2.

2. Pseudo-Alphonse, réd. B, ch. 8 : « sed antequam rediret [Pela« gius], per quoddam ingenium sororem illius sibi in coniugio sociavit << [Munuza]; quod ille dum revertitur, nullatenus consentit, sed quod << iam cogitaverat de salvatione ecclesiae, cum omni animositate « agere festinavit », etc.

3. Saavedra, Pelayo, p. 10: « Allí [en Córdoba] se encontraba « cuando en 718, teniendo el Virrey Alhor por acabada la conquista « de la Península, movió todas sus fuerzas para la Galia Gótica, de« jando casi desguarnecida la parte ya ocupada. Pareció con razón << al Rey muy oportuna la ocasión para un movimiento insurreccional, « y marchó sin tardanza á prepararlo, negando el tributo cuando << fueran á reclamárselo. » En écrivant ces derniers mots, M. Saavedra avait sans doute présent à l'esprit le passage suivant du Fatho-lAndaluçi, éd. J. de González, trad. p. 6 : « El mando del Islam [après << la mort de Rodrigue] extendióse hasta Galicia y Francia ; sus << habitantes se sometieron, pagaron impuestos de guerra, hasta que << habiendo disminuído tanto sus bienes, cesaron de pagar, y entonces << fueron atacados por las tropas. >>

4. Cela ressort du texte latin reproduit p. 119, n. 2, et du texte arabe cité, p. 118, n. 2.

5. Râzi, Ibn Hayyân, Fatho-l-Andaluçi, loc. cit. Cf. Dozy, Recherches, 3o éd., I, p. 96, lequel attache, au point de vue de la date, « une « grande importance » aux témoignages de Râzi et d'Ibn Hayyân. 6. Akhbar madjmoûa, loc. cit. Comparer Ibn Adhari, trad. Fagnan, II, p. 41. On sait que le rédacteur du Chron. Albeldense, ch. 50, a même placé les faits sous le gouvernement de Yoûsof (746-756). Mais la faute est évidente (cf. Risco, Esp. Sagr., XXXVII, pp. 74-75 ; Tailhan, Bibliothèques, p. 335, n. 1; Saavedra, Pelayo, p. 21), et il n'y a pas lieu d'y revenir, quoique la proposition regnante Juzeph

734. Que furent ces hostilités? Ici plus que jamais les différences s'accentuent. Y eut-il un seul grand combat, comme le rapporte la tradition chrétienne, ou bien, comme la tradition musulmane semble l'indiquer, une suite de misérables escarmouches dont le souvenir s'effaça peu à peu ? Y eut-il une tentative vigoureuse des Musulmans pour rentrer en possession du pays qui allait leur échapper, ainsi que le disent les chroniques latines, ou bien n'y eut-il de la part des Musulmans qu'indifférence et mépris à l'égard de ce mouvement insurrectionnel, ainsi que le prétendent les chroniqueurs arabes? Voyons les textes.

Aussitôt que la nouvelle de l'élection de Pélage leur fut parvenue, les Infidèles envoyèrent en toute hâte dans les Asturies une armée innombrable, que commandaient Alkama, un des anciens compagnons de Târik, et Oppas, métropolitain de Séville, fils du roi Witiza, et l'un des auteurs responsables de la chute de l'empire wisigoth 1. A l'approche de cette armée, Pélage se réfugie sur le mont Auseba et s'enferme dans une grotte dite Cueva de Santa Maria. Les Musulmans entourent la grotte, et l'évêque Oppas, s'avançant en parlementaire, tente d'amener Pélage à se soumettre aux Arabes. Mais Pélage lui riposte fièrement et proclame qu'il ne se soumettra jamais et ne redoute pas l'adversaire 2.

in Cordoba ait suscité, outre de nombreux commentaires, de véritables fantaisies chronologiques.

1. Pseudo-Alphonse, ch. 8: « Dum vero Sarraceni factum cogno« verunt, statim ei per Alkamanem ducem, qui et ipse cum Tarech «< in Yspania inruptionem fecerat, et Oppanem Spalensis sedis metro«politanum episcopum, filium Vuittizani regis, ob cuius fraudem << Gothi perierunt, Asturias cum innumerabili exercitu miserunt. »> 2. Pseudo-Alphonse, ch. 9: « Quumque Pelagius ingressum eorum « cognovit, in monte Aseuva se contulit, in antro qui vocatur cova

Alors Oppas se tourne vers les Musulmans et les excite au combat. La bataille s'engage, et bientôt une grêle de pierres et de flèches s'abat sur la grotte sacrée. Mais Dien veillait et fit un miracle, car les pierres projetées contre le sanctuaire de la Vierge vinrent retomber avec force sur ceux-là même qui les avaient lancées et semèrent la mort dans leurs rangs. Profitant du désarroi, les Chrétiens sortent de la grotte, fondent sur les Infidèles, les mettent en fuite et les séparent en deux tronçons: l'évêque Oppas est capturé et le général Alkama tué avec cent vingt-quatre mille hommes1. Les soixante-trois mille survivants escaladent la cime du mont Auseba et par le col d'Amuesa descendent en Liébana. Mais une montagne, située sur les bords du Deva, non loin de Cosgaya, s'effondre sous leurs pieds, et les fuyards sont précipités

• Sanctae Mariae; statimque eum exercitus circumdedit, et propin« quans ad eum Oppa episcopus, sic adloquitur, dicens : « Scio te • non latere fater, qualiter omnis Yspania dudum sub uno regimine Gothorum esset constituta, et omnis Yspaniae exercitus in uno ■ fuisset congregatus, Smaelitarum non valuit sustinere impetum ; ■ quanto magis tu in isto montis foramine te defendere poteris ? Imo audi consilium meum, et ab hac voluntate animum revoca ut multis bonis fruaris, et in pace Arabum omnibus, quae tua « fuerunt, utaris. Ad haec Pelagius : « nec Arabum amicitiis sociabor, nec me eorum imperio subiciam », etc.

1. Pseudo-Alphonse, ch. 10 : « Tunc conversus infandus episcopus « ad exercitum, sic dixit : « Properate et pugnate, quia nisi per gladii ◄ vindictam, non habebitis cum eo pacis foedera.» Statimque arma adsumunt et praelium committunt, eriguntur fundibala, abtantur ⚫ fundae, micant enses, crispantur hastae ac incessanter emittuntur « sagittae. Sed in hoc non defuere Domini magnalia. Nam quum a ⚫ fundibalariis lapides fuissent emissi, et ad domum sanctae semper « Virginis Mariae pervenissent, super mittentes revertebantur et • Caldeos fortiter trucidabant. Et quia Dominus non dinumerat hastas, sed cui vult porrigit palmam, egressique fideles de cova « ad pugnam, Caldei statim versi sunt in fugam, et in duabus divisi « sunt turmis, ibique statim Oppa episcopus est comprehensus et Alkamam interfectus. In eodem namque loco centum viginti quatuor millia Caldeorum sunt interfecti. »

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