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Autre approbation de François-Aimé Pouget, prêtre de l'Oratoire, docteur en théologie de la Faculté de Paris, abbé de Notre-Dame de Chambon.

«Et il y a tout lieu de croire qu'il détournera entièrement « les fidèles de toutes sortes de superstitions, et qu'il ne se trouvera per<«<sonne qui, après la lecture de cet ouvrage, veuille encore autoriser <«<les pratiques suspectes qui y sont expliquées et condamnées....

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Autre approbation de Michel le Breton, curé de Saint-Hippolyte.

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Mais ce qu'il y a de plus considérable, c'est qu'on y trouve <«< des règles certaines pour démêler les effets naturels d'avec les surna«<turels, et les effets qui viennent de Dieu d'avec ceux qui viennent « des démons. L'esprit et l'érudition de l'auteur éclatent sans faste dans <«< tous les endroits du livre. Je l'ai lu avec exactitude et je le crois très<«< utile au public. . . . . »

Autre approbation de M. Darnaudin, curé de Saint-Martin à Saint-Denis en France, et de Nolet, docteurs de Sorbonne.

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L'usage des superstitions dans le paganisme n'a point de quoi nous surprendre. C'est ce que devait introduire l'esprit d'erreur et d'illusion «< qui présidait à cet état de ténèbres, mais que, dans le christianisme, «qui est un état de lumière et où la vérité préside, l'on donne encore dans « les mêmes abus; qu'on se laisse éblouir par des pratiques dont on « découvrirait aisément le faux, pour peu que l'on voulût faire usage

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« la raison et de la religion : c'est ce qu'on ne saurait trop déplorer et sur «quoi les fidèles ne sauraient être trop instruits. Ils le seront parfaitement « et d'une manière très-utile dans cet ouvrage, qui a pour titre : Histoire critique des pratiques superstitieuses, etc., ouvrage où l'illustre et savant @'auteur a su réunir, avec toute la politesse du style, ce que les preuves << ont de plus solide, le raisonnement de plus juste, l'expression de plus énergique, l'érudition de plus recherché, la théologie de plus exact.........» Ceux qui aiment à voir des hommes de professions diverses, occupant des positions différentes dans la société, se mettre en communication de pensées, dans un but désintéressé, le triomphe de la vérité, ne lisent pas avec indifférence un jugement de l'Académie royale des sciences, signé Fontenelle, sur l'Histoire critique des pratiques superstitieuses, à la suite des approbations données par d'habiles théologiens à la pureté de la foi de l'auteur et à l'orthodoxie de ses doctrines. Ceux qui croient aux avantages que la société retire toujours du rapprochement des

hommes que leur position sociale et leur profession tend à isoler les uns des autres, voient donc avec satisfaction le jugement suivant.

« Le R. père Lebrun, prêtre de l'Oratoire, ayant présenté à l'Acadé«mie un livre intitulé Histoire critique des pratiques superstitieuses qui ont « séduit les peuples et embarrassé les savants, sur lequel il souhaitait d'avoir « le sentiment de la compagnie, elle a nommé pour l'examiner le « R. père Malebranche, MM. du Hamel, Gallois, Dodart, de la Hire <«<et moi; et, après l'avoir lu chacun en particulier, nous sommes con<«< venus tous ensemble que le livre était plein de recherches curieuses, « et bien raisonné; que les principes qui y sont établis pour démêler ce <«< qui est naturel d'avec ce qui ne l'est pas sont solides; et que les pratiques qu'on y combat sont de pures impostures des hommes, ou doivent « avoir des causes qui ne peuvent être rapportées à la physique, supposé la « vérité des faits dont on n'a pas entrepris la discussion.

«En foi de quoi j'ai signé le présent certificat, à Paris, ce 17 décembre 1701.»

FONTENELLE

Secrétaire de l'Académie royale des sciences.
E. CHEVREUL.

VIE DE SAINT LOUIS, ROI DE FRANCE, par Le Nain de Tillemont, publiée par la Société de l'histoire de France, d'après le manuscrit de la Bibliothèque nationale, et accompagnée de notes et d'éclaircissements, par J. de Gaulle. Tom. I et II, 1847; III et IV, 1848; V, 1849; VI et dernier, 1851. A Paris, chez J. Renouard.

SIXIÈME ET DERNIER ARTICLE 1.

Dans nos précédents articles, nous nous sommes appliqué à examiner quelques-uns des points principaux de la vie de saint Louis, et à indiquer les résultats les plus considérables de ce grand règne; mais, nous l'avons dit, un tableau où nous aurions essayé d'en présenter l'ensemble aurait de beaucoup dépassé la mesure d'une simple analyse. Il convient

1

Voir les cahiers d'octobre 1851, p. 625; de mai et de juin 1852, p. p. 386, d'août et de novembre 1853, p. 503 et 703.

316 et

cependant de montrer brièvement de quelle manière Le Nain de Tillemont a envisagé la vie entière de saint Louis, dans le résumé qu'il a fait lui-même des cinq premiers volumes de son histoire.

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« Nous le considérerons premièrement, dit-il, comme un simple par«<ticulier, chargé seulement du soin de son âme; ensuite comme père «<et chef de famille, chargé du soin de sa femme, de ses enfants, de ses domestiques; et enfin, comme roy, chargé de la conduite de tout un peuple, et obligé de se conduire en prince chrestien à l'égard de ses sujets et des étrangers1. » Et puis, sans s'occuper de composer un tableau ou même de tracer un portrait, Le Nain de Tillemont ne nous donnera guère que les traits épars de cette grande figure, et, dans une série de chapitres détachés, il nous présentera successivement son héros sous divers aspects.

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Il le prend jeune enfant, encore au berceau, croissant et se fortifiant sous l'éducation virile d'une mère habile et pieuse. A mesure qu'il avance dans la vie, ses heureux instincts deviennent des qualités qui se trempent, pour ainsi dire, au contact de cette discipline austère.

Voici bientôt le chrétien, dans sa foi ardente, ses mœurs saintes, sa sublime charité, ses macérations presque homicides. Dès sa première jeunesse, c'est déjà la maturité des vieillards. A vingt ans, il quitte la royale et juvénile magnificence des vêtements, et il renonce aux divertissements qui avaient passionné son adolescence.

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Il y a là quinze ou seize chapitres intitulés : piété de saint Louis;des austérités de saint Louis; de son dormir et de son lever 2;

Vie de Saint Louis, t. V, 334. p. Il se levait au milieu de la nuit pour prier, le corps et la tête prosternés jusqu'en terre, dit Tillemont, ce qui l'affoiblissoit tellement et épuisoit si fort ses esprits que, quand il se relevoit, il ne voyoit presque pas, et ne pouvoit retrouver son lit; de sorte qu'il estoit obligé de demander au chambellan qui l'attendoit où il estoit, mais tout bas, pour n'estre pas entendu des chevaliers qui couchoient dans sa chambre, et de se faire conduire jusqu'à son lit..... » Aux seigneurs qui murmuraient de ce que saint Louis donnait trop de temps aux exercices de dévotion, il répondait fort sagement, dit Tillemont: Si je mettois une fois autant de temps. à jouer aux dez ou à courir dans les bois après des bêtes et des oiseaux, per«sonne n'en parleroit et n'y trouveroit à redire. » La réponse était très-sage et très à propos sans doute; néanmoins des personnes de piété, voyant que toutes ces austérités « estoient capables de faire un grand tort à sa santé et surtout à son ❝ cerveau, le prioient de se modérer en cela. » (Manuscrit F, p. 17; Duchesne, t. IV, p. 400; Vie de saint Louis, t V, p. 335, 354.) On ne saurait songer, sans un amer regret, que l'austérité exagérée des pratiques de dévotion a probablement avancé la mort de saint Louis. En affaiblissant prodigieusement sa constitution, déjà débile, elle l'avait prédisposé à la maladie dont il mourut en Afrique, ainsi

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comment saint Louis passait ordinairement la journée; -saint Louis va nu-pieds, porte la haire, reçoit la discipline; mortifications de saint Louis dans ses repas; des jeûnes de saint Louis; — prières particulières de saint Louis; -respect de saint Louis pour les reliques; — quelques dévotions particulières de saint Louis; comment saint Louis passait le vendredi saint; de l'humilité de saint Louis, etc., etc., dont les titres seuls font comprendre, mieux qu'un raisonnement peutêtre, le vice de la narration. On voit que cette vie ascétique et pénitente au milieu de la cour et des affaires, toute remplie de pratiques auxquelles ne sembleraient pas pouvoir suffire la solitude de l'ermitage et le loisir du cloître, est décrite avec une profusion de détails qui peut plaire à certains lecteurs curieux et peu pressés, mais qui exclut tout art de composition et détruit tout l'effet d'une peinture.

Le Nain de Tillemont nous raconte aussi, jusque dans les moindres circonstances la conduite de saint Louis à l'égard de sa mère, de ses frères, de sa femme, de ses enfants, et aussi des gens attachés à son service. C'est partout la même manière et le même procédé.

On a vu quelquefois la trop fervente dévotion éteindre les sentiments de famille; dans l'âme de saint Louis, il y avait place pour toutes les honnêtes et bonnes affections, et, au lieu de se nuire, elles se fortifiaient, s'échauffaient, se purifiaient l'une par l'autre. Jamais on ne vit sur le trône un fils plus tendrement respectueux et plus passionné pour sa mère, jamais un frère plus dévoué, un mari animé d'un plus pur amour, un père, enfin, chérissant ses enfants d'une tendresse plus éclairée et plus assidue, et cependant toujours maître de lui-même et tempérant ses plus vives affections par une fermeté exempte de dureté comme de faiblesse.

Quoiqu'il fût chargé de la conduite d'un grand royaume, dit Tillemont, dont, en les abrégeant, nous empruntons les paroles, il ne se croyait pas dispensé de prendre un soin particulier de l'éducation de ses enfants. Elevés sous les yeux de la reine, leur mère, dès qu'ils étaient un peu grands, il les faisait tous étudier... il les faisait toujours venir avec lui à complies, que l'on chantait dans l'église après le souper; ils le suivaient ensuite dans sa chambre, où, après les avoir fait asseoir autour de lui, il les instruisait de leur devoir et les envoyait coucher... Il les

que le remarque Tillemont (V, 164). Moins soumis à de si minutieuses et de si rigoureuses habitudes, saint Louis aurait sans doute prolongé sa vie si précieuse pour le pays, il aurait ajouté aux œuvres ce qu'il eût retranché aux pratiques; certes, le peuple et la religion elle-même eussent beaucoup gagné à un emploi plus sage et non moins pieux de ses jours laborieux et de ses longues veilles.

éloignait des comédies, des chansons, et même de la musique. Il ne voulait point qu'ils portassent, les vendredis, des couronnes de roses ou d'autres matières, pour leur apprendre à honorer la couronne d'épines. Il les faisait venir avec lui au sermon et voulait que les plus grands le vissent servir les pauvres dans les hôpitaux, pour les former peu à peu à ces exercices de piété, et il les y faisait prendre part... Il eût vivement souhaité que les trois enfants qu'il avait eus en Orient, Jean, Pierre et Blanche, fussent appelés de Dieu à la vie religieuse, mais il était si éloigné de vouloir forcer en cela leur inclination, que, ne les voyant point portés vers l'état monastique, il leur procura de bonne heure des mariages avantageux et leur donna des apanages.

Il reste des instructions de saint Louis, écrites pour ses enfants, empreintes du double caractère du bon père et du saint roi'.

Saint Louis réservait aussi à ses serviteurs une part d'affection, comme s'ils étaient de sa famille; mais il ne voulait, parmi les siens, que des personnes qui lui ressemblassent, «dont la vie et les mœurs « fussent honnestes et réglées et dans une entière pureté. » Et Tillemont ajoute ici quelques détails curieux et propres à faire connaître avec quelle pieuse vigilance le saint roi gouvernait sa maison2.

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« Enfin, ajoute l'historien, il faut venir aux vertus de saint Louis qui regardent plus particulièrement sa qualité de roy et de maistre d'un grand Estat. >>

Un courage intrépide et réfléchi, une libéralité magnifique et prudente, la sagesse dans l'administration des finances et dans toutes les parties de son gouvernement, caractérisent ce grand homme. A la guerre, saint Louis est le plus brave de son armée; en paix, il est le plus sage de son conseil. Telle est la matière de plusieurs chapitres où l'auteur n'est ni moins prodigue de détails, ni moins curieux des petites circonstances, ni moins riche en autorités qu'il ne l'était en racontant la vie privée du saint roi. Mais ici, avec plus d'ordre, il y a moins de répétitions, et le sujet, plus varié et moins circonscrit, comporte mieux l'abondance des faits et la fécondité des réflexions.

Tillemont, rappelant les actions guerrières de saint Louis, et la révolte des princes abattue, et le puissant empereur Frédéric II mis à la raison, et les Anglais défaits à Taillebourg, et l'héroïsme dans les revers comme dans les succès de ses expéditions d'Orient, ajoute: «Toutes

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Join

Manuscrits D et F. « Bonifacii VIII papæ sermo de canonizatione regis Ludo« vici sanctissimi.» Dans Duchesne, V, 483. Guill. de Nangis, ibid. 391.. ville, p. 126, édit. de Ducange. Vie de saint Louis, t. V, p. 383 et suiv.

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