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prendre. Si toutes devaient être attribuées à la légèreté, à un défaut d'habileté et, dit-on même, à un manque de probité scientifique, nous ne dirions rien, mais il importe d'en signaler quelques-unes elles sont commises par des hommes d'une entière bonne foi, et qui, à l'esprit de recherche, allient encore l'habileté de l'expérimentateur, de sorte que leurs organes obéissent à une pensée sérieuse et scientifique. C'est à eux que nous nous adressons afin d'appeler leur attention sur le principe du pendule explorateur, et que, le connaissant, ils évitent des erreurs qui, à leur insu, rentrent en définitive dans celles qu'on rapporte à ce qu'on appelle le coup de pouce dans le langage vulgaire des expérimen

tateurs.

Le principe du pendule explorateur montre donc à l'expérimentateur la nécessité d'étudier l'influence de sa pensée sur ses propres organes, lorsqu'ils servent d'intermédiaire entre le monde extérieur et l'entendement dans l'étude des phénomènes du ressort de la philosophie naturelle.

Il montre au philosophe combien il importe, dans l'intérêt de la vérité, de connaître toute l'influence que la pensée peut avoir sur les organes du corps sans que cette pensée soit la volonté; et combien, lorsqu'il s'agit, au point de vue de la morale, d'apprécier certaines actions, il est nécessaire de distinguer celles dont je viens de parler des actions émanées d'une volonté prononcée.

E. CHEVREUL.

NOUVELLES LITTÉRAIRES.

INSTITUT IMPÉRIAL DE FRANCE.

ACADÉMIES DES INSCRIPTIONS ET DES BEAUX-ARTS.

M. Raoul-Rochette, membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres et secrétaire perpétuel de l'Académie des beaux-arts, et l'un des collaborateurs du Journal des Savants, est mort à Paris le 5 juillet.

Dans la séance du 14 juillet, M. de Cherrier a été élu membre libre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, en remplacement de M. Séguier de SaintBrisson, décédé.

LIVRES NOUVEAUX.

FRANCE.

Charles-Quint, son abdication, son séjour et sa mort au monastère de Yuste, par M. Mignet, membre de l'Académie française, secrétaire perpétuel de l'Académie des sciences morales et politiques. Paris, imprimerie de Plon frères, librairie de Paulin, 1854, in-8° de xv-464 pages. Les articles insérés par M. Mignet dans le Journal des Savants, du mois de novembre 1852 au mois de mars 1854, sont l'origine de ce livre. Nous n'aurions donc pas toute la liberté nécessaire pour en faire ici l'éloge, si l'illustre auteur s'était borné à reproduire son premier travail dans cette nouvelle publication. Mais l'Histoire de l'abdication de Charles-Quint, de son séjour et de sa mort au monastère de Yuste reçoit aujourd'hui, avec des développements nouveaux, sa forme définitive, et il nous sera permis de signaler à nos lecteurs l'art de composition que M. Mignet a su mettre dans ce grand morceau d'histoire, écrit avec la même supériorité que sa Marie Stuart. A l'aide de documents nombreux et authentiques, les uns récemment publiés, les autres demeurés encore inédits, l'éminent historien explique l'abdication de Charles-Quint en lui donnant ses motifs et sa grandeur, et raconte sa vie à l'ombre du cloître en lui restituant toute l'influence extérieure qu'elle conserve et tout l'attrait intérieur qui l'anime. «En se retirant de la scène, dit M. Mignet, Charles-Quint ne se retire pas de l'histoire. Les affaires l'accompagnent dans le couvent où il s'enferme et remplissent encore sa solitude de ce qui avait occupé sa puissance... Beaucoup de négociations s'y traitent, et de graves événements s'y préparent. Les guerres d'Italie et de France, les batailles de Saint-Quentin et de Gravelines, les siéges de Calais et de Thionville, les entreprises maritimes des Turcs ont leur retentissement à Yuste, où Charles-Quint, scit par la connaissance, soit par le conseil, ne demeure étranger à rien de ce qui se passe alors sur le théâtre du monde. Ce volume, consacré à sa vie dans le monastère, est donc tout ensemble une étude intime sur Charles-Quint et un tableau de l'histoire générale du temps aperçu du fond d'un cloître, et tombant sous le regard et le jugement du plus grand politique du siècle. »

Récits de l'histoire de France, par J. A. Courgeon, professeur agrégé d'histoire. Première et seconde période. La Gaule romaine, les Mérovingiens. - Paris, imprimerie de Lahure, librairie de Hachette, 1853-1854, 2 volumes in-12 de vi-290 et 402 pages. - Faire connaître les principaux événements et les personnages les plus célèbres de notre histoire, offrir, à l'aide d'une série d'épisodes rattachés les uns aux autres par une rapide analyse des faits intermédiaires, un tableau abrégé de ce que fut la France depuis les temps les plus reculés jusqu'à la chute de l'ancienne monarchie, marquer l'unité morale et l'enchaînement providentiel des phases si diverses du passé de notre pays, tel est le but que s'est proposé l'auteur de cet ouvrage. Ses intéressants récits, où se

trouvent reproduits, dans une juste mesure, les détails qui seuls impriment aux événements leur caractère et leur physionomie propre, sont principalement adressés à la jeunesse et peuvent servir d'introduction à la lecture des savants travaux publiés dans ces derniers temps sur l'histoire de France. Le premier volume embrasse la première période, c'est-à-dire l'histoire de la Gaule indépendante et de la Gaule romaine; le second volume comprend toute la période mérovingienne. L'auteur y a joint un appendice, des tableaux chronologiques et des tableaux généalogiques des rois de la dynastie mérovingienne. L'ouvrage entier comprendra six périodes ou six parties distinctes, et s'arrêtera à la révolution de 1789.

Jacques Cœur et Charles VII, ou la France au xv siècle, étude historique, par M. Pierre Clément. Paris, imprimerie de Gratiot, librairie de Guillaumin, 1853, 2 volumes in-8° de c-312 et 464 pages avec planches. On retrouve dans cette étude historique les mérites d'érudition et de style qui distinguent deux autres ouvrages du même auteur : l'Histoire de la vie et de l'administration de Colbert, couronnée par l'Académie française, et le Gouvernement de Louis XIV, couronné par l'Académie des inscriptions et belles-lettres. M. Clément a recherché avec soin tout ce qui a été publié et ce qu'il a pu trouver d'inédit sur le sujet qu'il traite aujourd'hui, et il a fait de ces matériaux un habile usage pour peindre avec beaucoup de vérité les personnages de Jacques Cœur et de Charles VII, et pour tracer autour de ces principales figures un tableau aussi exact qu'intéressant de la France au xv° siècle. L'ouvrage est accompagné d'une notice étendue sur la valeur relative des anciennes monnaies françaises, et suivi de pièces justificatives dont la plupart sont publiées pour la première fois.

Dictionnaire des manuscrits, ou recueil de catalogues de manuscrits existant dans les principales bibliothèques d'Europe, concernant plus particulièrement les matières ecclésiastiques et historiques, par M. X.....; publié par M. l'abbé Migne. Imprimerie de J. P. Migne, au Petit-Montrouge, 1854, 2 volumes in-4° de 1,444 et 1,803 pages sur deux colonnes. Cet ouvrage important, qui fait partie de la nouvelle encyclopédie théologique publiée par M. l'abbé Migne, a pour base principale la reproduction du livre publié à Leipsick en 1830, par G. Haenel, sous le titre de Catalogi librorum manuscriptorum qui in bibliothecis Galliæ, Helvetia, Belgii, Britanniæ Magne, Hispaniæ, Lusitaniæ, asservantur, travail inexact et incomplet sans doute à beaucoup d'égards, mais dont l'extrême utilité a été, depuis longtemps, reconnue. L'auteur du Dictionnaire des manuscrits a fait de notables augmentations aux catalogues d'Haenel, dans lesquels on ne trouvait rien, ni sur la Bibliothèque impériale de Paris, ni sur les bibliothèques d'Italie. En ce qui concerne les bibliothèques de nos départements, il a cherché à compléter et à rectifier les listes trop souvent fautives du savant professeur allemand. Ainsi, pour les manuscrits d'Autun, d'Albi, de Laon, de Montpellier, il a fait usage des catalogues plus étendus et plus exacts qui en ont été publiés depuis Haenel par les soins du ministre de l'instruction publique. Nous regrettons, toutefois, qu'il n'ait pas mis à profit les travaux du même genre dont les manuscrits de quelques autres bibliothèques des départements ont été l'objet depuis quelques années, par exemple ceux de Cambrai, de Douai, de Lille. Quant à la Bibliothèque impériale de Paris, on ne pouvait s'attendre à trouver ici un catalogue général des manuscrits de cet immense dépôt. L'auteur s'est borné à donner, principalement d'après Montfaucon (Bibliotheca Bibliothecarum manuscriptorum nova), les listes des fonds les plus importants. Ce sont aussi les ouvrages de Montfaucon et de Haenel qui lui ont fourni la plupart de ses catalogues des manuscrits d'Angleterre, de Suisse, de Belgique, de Hollande, d'Espagne et de Por

tugal. On trouve aussi beaucoup d'extraits de Montfaucon sur les diverses bibliothèques de l'Italie. Mais ce qui donne un prix particulier à cette partie de l'ouvrage, c'est la reproduction presque entière du catalogue des manuscrits de la bibliothèque Capponi, à Florence, publié, en 1845, par M. Charles Milanesi. En résumé, malgré quelques lacunes et des fautes d'impression malheureusement assez nombreuses, ce Dictionnaire des manuscrits sera d'une grande utilité à toutes les personnes qui étudient l'histoire à ses sources. Cette utilité serait plus grande encore, si l'ouvrage était suivi, comme le livre d'Haenel, d'une table des noms d'auteurs.

La Syrie, la Palestine et la Judée; pèlerinage à Jérusalem et aux lieux saints, par le R. P. Laorty-Hadji. Paris, imprimerie de Morris; chez Bolle-Lasalle, éditeur, 1854, in-12 de 500 pages. L'auteur de ce livre a visité lui-même les lieux qu'il décrit, et il appuie ses propres observations d'un grand nombre de citations empruntées aux historiens et aux voyageurs anciens et modernes. L'ouvrage se divise en deux parties, dont la première traite de la Syrie. On y trouve un résumé de l'histoire de ce pays et une description étendue des quatre pachaliks qui en forment les divisions territoriales. La seconde partie, plus développée que la première, est consacrée à la description de la Terre sainte. Tout ce qui concerne Jérusalem et ses monuments, Bethleem, Nazareth, la mer Morte, le mont Sinai, y est traité surtout avec un grand soin. On trouve dans les derniers chapitres un tableau des mœurs des Turkomans, des Kourdes, des Arabes du désert, et des remarques sur le sol, le climat, l'industric de la Palestine, sur l'état des chrétiens dans cette partie de l'empire ottoman et sur l'influence du gouvernement des Turcs.

Mémoires de la Société dunkerquoise pour l'encouragement des sciences, des lettres et des arts. Dunkerque, imprimerie de Vandalle, 1853, in-8° de 236 pages. - Fondée en 1851, celte Société a déjà fait beaucoup pour propager dans la Flandre maritime le goût des études sérieuses. Les résultats de ses travaux sont consignés dans une série de bulletins et dans le recueil de Mémoires dont nous annonçons le tome premier. Parmi les mémoires que contient ce volume, on remarque une notice de M. Carlier sur don Louis Velasco, comte de Salazar, un des généraux les plus renommés de l'armée espagnole dans les Pays-Bas, mort à Dunkerque en 1625; un rapport de M. Cousin sur deux manuscrits de l'abbaye de Watten; des considérations et des recherches de M. Derode sur le blason, particulièrement sur celui de la ville de Dunkerque et sur les armoiries de Jean Bart; des souvenirs d'un voyage en Morée, par M. Bobilier; des observations météorologiques sur le climat de Dunkerque, par le même; une notice sur un météore igné observé près de cette ville, par M. Ortille.

TABLE.

Bibliographie des mazarinades, etc. (Article de M. Avenel.)..

Pages.

389

Le Lotus de la bonne loi, traduit du sanscrit par M. E. Burnouf, etc. (3' article de M. Barthélemy Saint-Hilaire)....

409

Examen d'écrits concernant la baguette divinatoire, le pendule dit explorateur, et
les tables tournantes, etc. (8° et dernier article de M. Chevreul.)..
Nouvelles littéraires....

427

453

FIN DE LA TABLE.

DES SAVANTS.

AOÛT 1854.

DES CARNETS autographes du cardinal Mazarin,
conservés à la Bibliothèque impériale.

PREMIER ARTICLE.

La justice de l'histoire a commencé pour Mazarin. On reconnaît aujourd'hui que cet étranger, longtemps sujet et serviteur du pape, et passé assez tard au service de France, avec tous les défauts et même les vices que ses ennemis lui ont reprochés, a été pourtant le digne héritie de Richelieu; que, comme lui, il a porté au plus haut point la passior. du nom français, et poursuivi, par des moyens différents, mais avec un succès pareil, les deux mêmes objets, à savoir, la suprématie de l'autorité royale et l'agrandissement du territoire. Inférieur à Richelieu pour tout ce qui regarde l'administration intérieure du royaume, il l'a égalé dans la conduite des affaires militaires et des affaires diplomatiques. Si son esprit était moins élevé et moins vaste, il n'était ni moins pénétrant ni moins ferme; et le cœur peut-être était encore plus résolu : une fois au moins Richelieu a été tout près de désespérer de sa fortune; Mazarin jamais. Ils avaient tous deux la même foi dans l'excellence de leur cause, et tous deux ils la servirent avec la même constance, avec la même infatigable puissance d'attention et de travail. On admire la prodigieuse quantité de pièces d'État, de mémoires publics et privés, de lettres de toute espèce, sortis de la plume de Richelieu. Mazarin n'a guère moins écrit. Ç'a été une des plus heureuses pensées du ministère de M. Ville

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