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donné une troisième édition en 1550 à Zurich (Tiguri), in-folio. Déjà les Italiens l'avaient traduit dans leur langue, et, en 1547, on publiait à Venise cette nouvelle traduction. Cette édition italienne est très-rare, et Maracci lui-même ne l'a pas connue. Les autres versions en langues modernes sont d'une époque beaucoup plus récente.

Sans doute, l'ouvrage de Nicétas mériterait des développements critiques et historiques, ainsi que des discussions grammaticales, pour expliquer le sens des mots arabes. L'illustre cardinal a reculé devant un travail aussi considérable: il s'est contenté de joindre une version latine au texte grec et de placer au bas des pages les notes qui lui ont paru indispensables.

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Comme complément à l'ouvrage de Nicétas de Byzance, S. Ém. le

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Basil. vulgaverant anno 1547. » Meusel, Biblioth. histor. vol. II, part. 1, p. 227: « 1543, III tomi in-fol. ibid. 1550. » Fabricius, Bibl. med. latin. s. v. Robertus Retenensis, est un peu plus exact: «Alcoranum in compendium redactum latine 1 Dans la traduction d'un « vertit, quod prodiit Norib. 1543, in Mahumeticis Bibliandri lomo I, Basil. 1543, • 1550. » Voy. la Bibliotheca orientalis de Zenker, p. 47 .. passage du Coran on lit καὶ τὸ σκυλίν, et en note : « In Alcorano arab λs canis : itaque sic interpretor Nicetam nostrum, qui cur legerit σκυλίν, alii quærant. For tasse proprium canis nomen fuerit scylin; vel idem canis ita appellatur ob mixtum ex albo rubroque colorem K.» Nous ne comprenons pas comment le savant éditeur a pu etre embarrasse pour expliquer ce mot. Σκυλίον signifie chien, d'ou la forme abrégée σκυλίν, dont Ducange, v. Σκυλη, cite un exemple auquel on peut ajouter celui-ci d'après Théodore Prodrome, Cod. Paris. 396, p. 693 : Αναπηδῶ συκώνομαι μετὰ σπουδῆς μεγάλης παρὰ ΣΚΥΛΙΝ λαγωνικὸν καλλιὰ ῥινηλατήσας. Du reste, le retranchement de l'o Ginal dans les mots en tos et en tov, qui est un des caractères du grec moderne, date de fort loin dans la langue, Coray en cite des exemples dès le temps de Plutarque. Voy. Letronne, Inscr. d'Egypte, t. II, p. 99. Quant aux mots composés, ils viennent ordinairement de σκύλαξ, ainsi σκυλακοκτόνος, σκυλακοτρόφος. On trouve aussi dans le mot σκυλλοπνίκτης un exemple du primitif oxuλdos entrant en composition. J'en puis citer un autre inconnu aux lexiques, σκυλαγωγός, venant de σκύλη, et employé par Constantin Pantechnes, Cod. Esc. 2, v. 1o, fol. 84, r. : Καὶ ἰδοὺ κραυγαὶ νεανίσκων περιεκτύπουν ἡμᾶς ἐπιθωυζόντων τοῖς σκύλαξι, καὶ τούτων αὖθις ὑλακαὶ καὶ ῥινηλασίαι, καὶ ἑωρῶντο ΣΚΥΛΑΓΩΓΟΙ, ἐφεπόμενοι τοῖς εὐπεριστρόφοις τῶν κυνῶν ἰχνοσκοπίαις, καὶ σκυ λάκων σαίνουρα, καὶ εὐγενῶν ὀρνίθων παιδαγωγοί, καὶ ἀετιδῶν προπλυσ7αὶ τιθασσεύοντες καὶ ὑποχείρια καθιστῶντες ὅσα τῶν πληνῶν κυνηγετικά. Et un peu plus loin : Αλλ' ὁ με θαύματος πίμπλησιν, οὐ τοῖς ὁδοῦσι τὸ πηραθὲν οι κύνες καταδαρ δάπτουσιν, ἀλλ' ἀγκαλιζόμενοι τοὺς ΣΚΥΛΑΓΩΓΟΥΣ ἀναμένουσι καὶ καταλαβοῦσιν ἀναδιδόασι, τῇ προπαιδεία οἶμαι πρὸς τοῦτο συνεθιζόμενοι. Le meme écrivain se sert de deux autres composés du même genre, λεον7αγωγὸς εἰ παρδαλαγωγός, qui manquent aux lexiques. Ibid. fol. 84, ν. : Ο ΛΕΟΝΤΑΓΩΓΟΣ τάχιστα τὸν ἵππον (fort. τοῦ ἵππου) καταβάς. Ibid. fol. 85, r. : Καὶ ἐμβλέπων οἷς αὐτοῦ καταμηχανᾶται ὁ ΛΕΟΝΤΑΓΩΓΟΣ. Ibid. : Ο δὲ ΠΑΡΔΑΛΑΓΩΓΟΣ ἐκεῖνος καὶ ποππυστὴς σύνηθες δι καὶ ἐφειμένον ἐκ τῆς προλαβούσης χειροηθείας αὐτῷ ἐκ τῶν ὄπισθεν ὑποκλέπτει

cardinal Mai a donné à la suite, en grec et en latin, un chapitre intitulé De superstitione Agarenorum, tiré de la Panoplie dogmatique de Nicétas Choniate, fragment qu'il avait déjà publié en grec dans le quatrième volume du Spicilegium, page 483, et un extrait d'Euthymius Zygabenus sur le même sujet.

La seconde partie du quatrième volume commence par un ouvrage de Pierre de Sicile1, intitulé Histoire et réfutation de l'hérésie dite des Manichéens. Cet ouvrage se composait d'une partie historique et de six discours consacrés à l'examen et à la discussion de la doctrine de cette secte. La première partie avait déjà été publiée par Mathieu Rader2; quant aux discours, l'illustre cardinal n'a pu retrouver que les trois premiers, qu'il nous donne aujourd'hui, avec la portion de Rader. Sans doute la perte des trois derniers discours est très-regrettable au point de vue du dogme et de la doctrine, mais elle le serait beaucoup moins, si l'on considérait uniquement le mauvais goût et l'enflure byzantine de cet écrivain.

Le volume se termine par le Commentaire presque complet de Dydyme d'Alexandrie sur la seconde épître aux Corinthiens. Ce commentaire est très-précieux. Quant aux fragments de saint Jean Chrysostome sur les Proverbes, ils ont été très-maltraités par les eclogari, et ils sont trop morcelés pour qu'on puisse les apprécier. Rarement on y rencontre, pendant plus de trois ou quatre lignes de suite, le tour et le charme du célèbre orateur; on se trouve presque aussitôt choqué par des paroles étrangères ou arrêté par une lacune. Le passage sur le verset 24, Aéyε wepl...., est à peu près le morceau le plus long qui semble sorti tout entier de la plume de saint Jean Chrysostome.

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τοὺς πόδας αψοφητί. Ce dernier composé me rappelle le mot nouveau παρδοκόμος, qu'on trouve aussi dans l'opuscule de Constantin, fol. 84, v. : Éàv de λaywòs ποθὲν ἐκπηδήσοι καὶ δοκῇ τῷ ΠΑΡΔΟΚΟΜΩ κατ ̓ αὐτοῦ ἐκπέμψαι τὴν πάρδαλιν. Ibid. fol. 85, r. : Καὶ οἵαν τράπεζαν ΠΑΡΔΟΚΟΜΟΣ τῷ δαιτύμονι περὶ παρατίθησι. Sur cet écrivain, voyez Mongitor, Sicul. Biblioth. t. II, p. 158-159.-' Ingolstadt, 1604, in-4°, gr. lat. Dans le manuscrit grec n° 852 de la Bibliothèque de Paris, on trouve, au folio 81, r°, un recueil moral extrait des saintes Écritures et des Pères de l'Église, en dix-sept chapitres. Le dernier, folio 144, r°, est intitulé: Πέτρου ἐλαχίστου μοναχοῦ καὶ ἡγουμένου. Περὶ Παυλικιανῶν τῶν καὶ Μανι zalov. Ce Pierre n'est peut-être autre que Pierre de Sicile. Quant à ce fragment purement historique, il est beaucoup moins développé que celui de Photius publié dans la Biblioth. Coislin. p. 349, avec lequel cependant il a du rapport. La notice imprimée du manuscrit grec en question n'est pas exacte: les numéros 5, 6 et 7 n'en doivent faire qu'un seul, les opuscules de Ménas et de Pierre formant les articles 16 et 17 du recueil moral cité plus haut.

Des tables des matières complètent ce volume auquel se trouve joint le fac-simile d'un très-beau manuscrit grec écrit en onciales, et qui contient le texte des Prophètes.

Dans un prochain article nous rendrons compte des deux derniers volumes de la nouvelle collection du Vatican.

(La suite à un prochain cahier.)

E. MILLER.

NOUVELLES LITTÉRAIRES.

INSTITUT IMPÉRIAL DE FRANCE.

ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES.

M. le marquis Séguier de Saint-Brisson, membre libre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, est mort à Paris le 22 mai 1854.

ACADÉMIE DES SCIENCES.

Dans la séance du 26 juin, M. Claude Bernard a été élu membre de l'Académie des sciences (section de médecine et de chirurgie), en remplacement de M. Roux, décédé.

ACADÉMIE DES SCIENCES MORALES ET POLITIQUES.

M. Vivien, membre de l'Académie des sciences morales et politiques, section de législation, de droit public et de jurisprudence, est mort à Paris le 8 juin 1854.

LIVRES NOUVEAUX.

FRANCE.

Madame de Sablé; études sur les femmes illustres et la société de XVII siècle, par M. Victor Cousin. Paris, imprimerie de Claye, librairie de Didier, 1854, in-8° de XII-464 pages. Dans ce nouveau livre, M. Cousin continue, avec toute la puis

sance et tout l'éclat de son talent, ces études sur les femmes illustres du xvir siècle, où nous voyons revivre, dans ce qu'elle eut de plus aimable et de plus brillant, la société la plus accomplie qui fut jamais. Madame de Sablé dans le monde et à Port-Royal, ses liaisons avec mademoiselle de Scudéry, avec Mademoiselle, avec madame de Longueville et La Rochefoucauld, son influence sur un nouveau genre de littérature, les Pensées et les Maximes, l'appréciation de La Rochefoucauld comme philosophe et comme écrivain, fournissent à l'auteur un grand nombre de pages brillantes et de portraits achevés. Mais madame de Longueville est encore ici la véritable héroïne du livre. Après nous avoir fait connaître sa première jeunesse, dans une publication précédente, M. Cousin nous la montre aujourd'hui, ou plutôt elle se montre elle-même, dans sa précieuse correspondance avec madame de Sablé, aux derniers jours de sa vie. Commençant vers 1660, au retour de Condé en France, et se prolongeant quelques années après la mort du jeune duc de Longueville, cette correspondance, dit M. Cousin, fournit plus d'un document nouveau sur les affaires de Port-Royal, où les deux amies jouent un si noble rôle ; elle met à découvert pour la première fois l'intérieur de madame de Longueville et les luttes douloureuses qu'elle eut à soutenir au sujet de ses enfants; elle nous fait vivre dans son commerce intime. Nous osons même soutenir qu'au point de vue purement littéraire, cette correspondance a aussi son importance. Madame de Longueville y paraît bien ce qu'elle est, une femme d'un grand esprit et d'un grand cœur, qui, sans avoir reçu l'éducation classique de madame de Sévigné, de madame de La Fayette, de madame de Malnoue, de madame de Fontevrault, s'est formée à l'école de la plus parfaite compagnie et parle la meilleure langue, celle qu'elle entendait parler autour d'elle aux plus beaux génies de son temps.» L'appendice placé à la fin du volume contient, dans une première partie, les lettres diverses de madame de Sablé ou à madame de Sablé, tirées des manuscrits de Conrart et des portefeuilles de Valant; et, dans la seconde partie, les lettres de madame de Longueville à madame de Sablé, tirées des papiers de Valant.

De Frontonis reliquiis, par A. Philibert Soupé. Amiens, imprimerie de Lenoël Herouart, 1853, in-8° de 125 pages.

De personis Platonicis, par H. Taine. Paris, imprimerie de Guiraudet et Jouaust, librairie de Joubert, 1853, in-8° de 86 pages.

Essai sur les fables de La Fontaine, par le même. Paris, même imprimerie, même librairie, 1853, in-8° de 198 pages.

De Tiberio imperatore, par V. Duruy. Paris, imprimerie de C. Lahure, librairie de L. Hachette, 1853, in-8° de 98 pages.

Etat du monde romain vers le temps de la fondation de l'Empire, par le même. Paris, même imprimerie, même librairie, 1853, in-8° de 262 pages.

An vulgaris lingua apud veteres Græcos exstiterit, par E. Beulé. Paris, imprimerie de Firmin Didot, 1853, in-8° de 53 pages.

Les arts et la poésie à Sparte sous la législation de Lycurgue, par le même. Paris, même imprimerie, 1853, in-8° de 137 pages.

De Themistio sophista et apud imperatores oratore, par E. Baret. Paris, imprimerie de Firmin Didot, Librairie de A. Durand, 1853, in-8° de 66 pages.

Études sur la rédaction espagnole de l'Amadis de Gaule de Garcia Ordoñez de Montalvo, par le même. Paris, même imprimerie, même librairie, 1853, in-8° de 204 pages.

De fluminibus inferorum, par A. Mézières. Paris, imprimerie de Thunot, librairie de Joubert, 1853, in-8° de 53 pages.

Étude sur les œuvres politiques de Paul Paruta, par le même. Paris, même imprimerie, même librairie, 1853, in-8° de 153 pages.

De monarchia Dantis Aligherii Florentini, par H. Ouvré. Poitiers, imprimerie de A. Dupré; Paris, librairie de Aug. Durand, 1853, in-8° de 55 pages.

Aubery du Maurier, étude sur l'histoire de la France et de la Hollande, 1565-1636, par le même. Même imprimerie, même librairie, 1853, in-8° de 355 pages.

De Gothescalci et Johannis Scoti Erigene controversia, par Fr. Monnier. Beaugency, imprimerie de Gasnier; Paris, librairie de Aug. Durand, 1853, in-8° de 163 pages. Alcuin, par le même. Paris, imprimerie de Rignoux, librairie de Aug. Durand, 1853, in-8° de 268 pages.

Geographia Græcorum antiquissima qualis ab Homero, Hesiodo, Eschylo tradita, ab Hecateo digesta et concinnata fuerit, par C. Hanriot. Napoléon-Vendée, imprimerie de Ivonnet, 1853, in-8° de 64 pages.

De epistolis consolatoriis beati Hieronymi, par P. J. Jallabert. Paris, imprimerie de Firmin Didot, 1853, in-8° de 85 pages.

Examen du livre des Philosophumena, par le même. Paris, même imprimerie, 1853, in-8° de 146 pages.

Quid de puerorum institutione senserit vir apud Anglos clarissimus Chesterfield, par F. T. Perrens. Montpellier, imprimerie de J. Martel aîné, 1853, in-8° de 72 pages. Jérôme Savonarole, sa vie, ses prédications, ses écrits, d'après les documents originaux et avec des pièces justificatives en grande partie inédites, par le même. Montpellier, même imprimerie; Paris, librairie de L. Hachette; Turin, librairie de Giannini et Fiore, 1853, in-8° de L11-506 pages. Ces vingt ouvrages complètent, pour l'année 1853, les listes données par nous, depuis 1840, des thèses soutenues devant la Faculté des lettres de l'Académie de la Seine. (Voyez le Journal des Savants, août 1840, p. 507; décembre 1843, p. 770; juillet et septembre 1844, p. 441 et 576; avril 1845, p. 507; mai 1846, p. 316; avril 1847, p. 254; mai 1848, p. 191; septembre 1849, p. 570; février 1850, p. 127; février 1851, p. 126; janvier 1852, p. 60; février 1853, p. 130.)

Lettres sur Bossuet à un homme d'Etat, par M. Poujoulat. Paris, imprimerie de Bonaventure et Ducessois, librairie de Vaton, 1854, in-8° de x-503 pages. Ce remarquable ouvrage est moins une histoire de la vie de Bossuet qu'une lumineuse appréciation de ses œuvres, de son génie et de son caractère. M. Poujoulat examine successivement les Sermons, les Oraisons funèbres, l'Histoire des variations, la Politique tirée de l'Écriture sainte, le Discours sur l'Histoire universelle, l'Élévation sur les mystères, les Méditations sur l'Évangile, le Traité de la connaissance de Dieu et de soi-même, les Maximes et réflexions sur la comédie, les traités du Libre arbitre et de la Concupiscence, e Catéchisme de Meaux. La grande lutte de Bossuet contre le protestantisme donne à l'auteur de ces lettres l'occasion d'exposer avec un développement particulier ses vues sur la réforme et sur la révocation de l'Édit de Nantes, et de démontrer que l'illustre évêque de Meaux ne prit aucune part aux mesures rigoureuses adoptées par Louis XIV contre les protestants. Ailleurs M. Poujoulat, comparant ce grand génie aux moralistes anciens et modernes, le juge bien supérieur à Sénèque, à La Rochefoucauld, à La Bruyère, à Pascal. Nous citerons encore comme renfermant d'intéressants détails la dernière de ces lettres, qui traite des souvenirs de Bossuet à Meaux.

Traduction des discours d'Eumène, par M. l'abbé Landriot et M. l'abbé Bochet, accompagnée du texte, précédée d'une notice historique et suivie de notes critiques et philologiques sur le texte et d'un précis des faits généraux, par M. l'abbé Bochet;

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