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rigueur des raisonnements faits pour les interpréter dans l'intérêt d'une hypothèse absolument gratuite.

Enfin, il paraîtra toujours extraordinaire qu'un homme qui n'est point étranger à la culture des sciences naturelles, habitant près de Paris, et croyant au dégagement d'effluves électriques du sein de la terre, n'ait pas commencé par le constater au moyen de quelque électroscope physique; car, après les difficultés qu'il avait trouvées à l'usage de la furcelle, il ne devait pas croire ce moyen de reconnaître les effluves électriques plus sensible que les électroscopes.

CONCLUSION GÉNÉRALE RELATIVE A LA BAGUETTE.

Comment des idées mystérieuses se sont-elles attachées à la baguette?

Nous l'avons dit, en montrant que, dans l'antiquité la plus reculée, elle était un signe d'autorité, de puissance, de commandement, enfin un instrument de divination.

C'est comme telle qu'elle fut employée à rechercher les métaux vers le xv siècle, et les eaux souterraines dans le xvii.

Les explications qu'on a données de son mouvement rentrent dans deux catégories différentes :

La première comprend celles qui rattachent ce mouvement au monde moral, à une cause spirituelle, qui peut être Dieu, les anges, le démon ou encore l'esprit de l'homme;

La seconde comprend les explications qui se rattachent au monde physique;

1o A des propriétés dont la matière est douée.

Des péripatéticiens ont mis en avant des propriétés occultes connues sous les noms de sympathies et d'antipathies;

2° A des corpuscules, à des vapeurs, à la matière subtile;

Cette opinion a été professée par des Cartésiens;

3o A un fluide impondérable, tel que l'électricité, l'électro-magnétisme, l'électro-organique, etc.

Cette opinion est celle de plusieurs de nos contemporains.

L'examen critique des écrits les plus remarquables auxquels la baguette a donné lieu nous a conduit à rejeter toute cause du monde physique d'après les considérations émises par le père Malebranche, l'abbé de Rancé, l'abbé Pirot, le père Menestrier et surtout le père Lebrun.

En effet, les phénomènes produits par une cause du monde phy

sique se produisent d'une manière constante et comme fatale dans les mêmes circonstances.

:

Eh bien, nous avons vu les partisans de la baguette partagés en deux camps, lorsqu'il s'agit de reconnaître avec elle la nature spécifique d'un corps caché les uns prétendent que le mouvement de celle-ci est augmenté par le contact d'une matière identique à celle qui a déterminé le mouvement, tandis que le contact d'une matière différente l'arrête; les autres prétendent absolument l'inverse. Or, comme tous affirment réussir, nous demandons si, dans des circonstances aussi semblables que le sont celles de la recherche par la baguette de corps cachés, on peut admettre l'influence d'une cause physique qui produirait des phénomènes absolument contraires ?

D'un autre côté les partisans de la baguette, quels qu'ils soient, théoriciens ou exclusivement praticiens, reconnaissent en fait l'influence de la pensée, que ce soit volonté, désir ou intention, de celui qui la tient.

Cette pensée peut neutraliser l'action des corps matériels, de telle sorte, que le métal qu'on prétend actif sur la baguette est sans action si l'on cherche de l'eau, comme celle ci cesse d'agir si on cherche un métal; enfin il y a plus, c'est que toute matière cesse d'agir lorsqu'on cherche à savoir si des bornes d'héritages ont été déplacées, ou qu'on suit à la piste un voleur ou un assassin.

Les choses amenées à ce point, il est évident à nos yeux que la cause du mouvement de la baguette n'appartient pas au monde physique, mais au monde moral.

Les pères Lebrun, Malebranche et Menestrier, les abbés de Rancé et Pirot, sont unanimes pour l'attribuer au démon. Quant à nous, sans hésitation, nous pensons que, dans la plupart des cas au moins où la baguette est tenue par un homme probe et qui a foi en elle, le mouvement est la conséquence d'un acte de la pensée de cet homme. Telle est la cause, par exemple, des phénomènes décrits par M. le comte de Tristan, et de ceux dont il va être question dans l'article suivant consacré au pendule explorateur.

(La suite à un prochain cahier.)

E. CHEVREUL.

NOUVELLES LITTÉRAIRES.

INSTITUT DE FRANCE.

ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES.

M. Guérard, membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, est mort à Paris, le 10 mars.

ACADÉMIE DES SCIENCES.

M. Beautemps-Beaupré, membre de l'Académie des sciences, section de géographie et de navigation, est mort à Paris, le 16 mars 1854.

M. Mauvais, membre de l'Académie des sciences, section d'astronomie, est mort à Paris, le 23 mars.

M. Roux, membre de l'Académie des sciences, section de médecine et de chirurgie, est mort à Paris, le 24 mars.

LIVRES NOUVEAUX.

FRANCE.

L'Acropole d'Athènes, par E. Beulé, ancien membre de l'École d'Athènes, publié sous les auspices du ministère de l'instruction publique et des cultes. Tome I, Paris, imprimerie et librairie de F. Didot, 1853, in-8° de iv-354 pages, avec quatre planches. M. Beulé se propose de rendre compte, dans cette publication, de la découverte déjà célèbre qu'il a faite récemment de plusieurs parties importantes de l'Acropole d Athènes. Le premier volume de son ouvrage est consacré à l'histoire et à la description du monument à ses différents àges. Après avoir exposé et discuté tout ce que nous ont transmis les anciens sur l'Acropole avant les guerres médiques, au siècle de Périclès, et ses transformations jusqu'aux temps modernes, il décrit successivement l'Acropole, les Propylées, la Pinacothèque, le piédestal d'Agrippa, le temple de la Victoire sans ailes, l'enceinte de Diane Brauronia, celle de Minerve Ergané et la route des Propylées au Parthenon.

Les derniers Valois, les Guise et Henri IV, par M. le marquis de Sainte-Aulaire, ancien député. Paris, imprimerie de Raçon, librairie de Michel Lévy, 1854, in-12

de 407 pages. En étudiant l'histoire des crises politiques qui ont agité notre pays au xvi siècle, M. le marquis de Sainte-Aulaire a été particulièrement frappé des inconvénients de l'intervention des masses populaires dans la conduite des affaires publiques. Démontrer ces inconvénients, combattre le principe de l'autorité du nombre, tel est le but, l'idée fondamentale de son livre. Il s'agit donc d'une donnée historique et politique qui pourra être appréciée diversement, et que nous n'avons pas à examiner ici. Ce que l'on ne contestera pas, c'est le talent avec lequel l'auteur a soutenu cette thèse dans son chapitre préliminaire sur la souveraineté du peuple au xvi° siècle, et l'intérêt qu'il a su répandre dans ses divers chapitres, dont nous donnerons ici les titres le Chancelier de l'Hospital, la SaintBarthélemy, la Ligue, les Premiers États de Blois, la Journée des barricades, la Mort du duc de Guise, la Réconciliation des princes, le Rétablissement de la monarchie. M. le marquis de Sainte-Aulaire a fait un livre instructif et agréable, et, dans ce premier ouvrage, continue dignement un nom que les lettres ont adopté, et qui tiendra une place si honorable dans l'histoire diplomatique de notre temps. Etude de l'homme, par M. de Latena, conseiller maître à la cour des comptes. Paris, imprimerie de Raçon, librairie de Garnier frères, 1854, in-8° de xxiv525 pages. Cet ouvrage se compose d'une suite d'observations détachées, de pensées justes et ingénieuses qui décèlent une étude approfondie des sentiments et des passions de l'homme. En les coordonnant, l'auteur a divisé son travail en trois livres, qui traitent de l'homme sensitif, de l'homme intelligent, de l'homme moral et de l'homme social. Ce recueil de pensées est précédé d'une introduction contenant des aperçus philosophiques sur la vérité dans l'ordre physique et dans l'ordre moral, sur Dieu et les lois générales de la création, sur l'âme et son immortalité, sur le sentiment religieux et sur la morale.

OEuvres d'Oribase, texte grec en grande partie inédit, collationné sur les manuscrits, traduit pour la première fois en français, avec une introduction, des notes, des tables et des planches, par les docteurs Bussemaker et Daremberg. Tome II; Paris, imprimé, par autorisation du Gouvernement, à l'Imprimerie impériale. Se trouve à la librairie de Baillière, 1854, in-8° de x11-924 pages. (Collection des médecins grecs et latins, publiée sous les auspices du ministère de l'instruction publique le docteur Ch. Daremberg.) par Ce volume, dont il sera rendu compte dans le Journal des Savants, comme il a été fait du tome I", contient le texte et la traduction des livres VII-XV de la collection médicale d'Oribase, et d'un fragment du livre XVI, précédés de l'indication des livres et des chapitres de Galien, d'où Oribase a fait ses extraits. Des scholies et des notes nombreuses accompagnent le texte, et le volume est terminé par deux tables, l'une pour les chapitres, l'autre pour les notes.

Etudes sur la comédie de Ménandre, par A. Ditandy, licencié ès lettres. Paris, imprimerie et librairie de Lenormant, 1854, in-8° de xiv-404 pages. Dans ce livre intéressant, œuvre d'un esprit très-éclairé, Ménandre est surtout considéré comme moraliste : c'est à la pensée de l'écrivain plutôt qu'aux formes de son style que s'attache M. Ditandy. On trouve dans ces études des recherches savantes et d'ingénieux aperçus sur le but général de la comédie de Ménandre, sur les passions et les caractères chez ce poëte, considéré comme élève ou imitateur de Théophraste; sur son génie et son influence. Le volume est terminé par un dialogue intitulé: Callias, ou de la morale de Ménandre.

Refutation inédite de Spinosa par Leibniz, précédée d'un mémoire, par A. Foucher de Careil. Paris, imprimerie de Brière, 1854, in-8° de CVI-77 pages. L'ouvrage

de Leibniz, dont M. Foucher de Careil donne le texte latin et la traduction, est conservé en manuscrit dans la bibliothèque de Hanover, et a pour titre : Animadversiones ad Joh. Georg. Wachteri librum de recondita Hebræorum philosophia. Cette critique inédite, entièrement de la main de Leibniz, renferme une réfutation de Spinosa, dont Wachter était accusé de soutenir les opinions. Dans le mémoire développé qui précède ce travail, l'éditeur fait ressortir l'intérêt du document qu'il public et s'attache à démontrer que les principales opinions philosophiques de Leibniz ont été contraires à celles de Spinosa.

OEuvres sociales de W. E. Channing, traduites de l'anglais, précédées d'un essai sur la vie et les ouvrages de Channing, et d'une introduction par M. Ed. Laboulaye, professeur au collège de France, membre de l'Institut. Paris, imprimerie de Grimaux, librairie de Comon, 1854, in-12 de LV-312 pages. — Williams-Ellery Channing, ministre de la secte des unitaires, né à Newport, dans l'État, de RhodeIsland, le 7 avril 1780, mort en 1842, jouit d'une grande célébrité aux États-Unis ; il a publié un assez grand nombre d'ouvrages où il traite des questions sociales à son point de vue religieux, c'est-à-dire en rationaliste chrétien. La traduction de M. Laboulaye comprend cinq de ces écrits de Channing, intitulés : de l'Éducation personnelle ou de la culture de soi-même; de l'Élévation des classes laborieuses; Discours sur la tempérance; Ministère pour les pauvres; de l'Obligation pour les municipalités de veiller à la santé morale de leurs membres.

Essai sur l'inégalité des races humaines, par M. A. de Gobineau, premier secrétaire de la légation de France en Suisse, membre de la Société asiatique de Paris, tomes I et II. Paris, imprimerie et librairie de Didot, 1853, 2 vol. in-8° de x1-492 et 512 pages. L'auteur de cet ouvrage pose en principe que l'inégalité des races, dont le concours forme une nation, suffit à expliquer tout l'enchaînement des destinées des peuples. Après avoir exposé dans ses préliminaires les lois qui régissent le monde social, il retrace la généalogie et l'histoire des races humaines dans l'antiquité, depuis les premiers temps jusqu'à l'empire romain.

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Recherches numismatiques concernant principalement les médailles celtibériennes, par Gust. Dan. de Lorichs, chambellan et chargé d'affaires de S. M. le roi de Suède et de Norwége près S. M. catholique, etc. Tome I, Paris, imprimerie et librairie de Didot, 1854, grand in-4° de 248 pages, avec 81 planches. L'auteur de ces recherches adopte pour l'interprétation des médailles celtibériennes un système fondé principalement sur les deux points suivants : 1° Les fonctionnaires romains employés en Espagne et dans plusieurs autres provinces sont les auteurs des légendes dites celtibériennes; 2° le sujet de ces légendes consiste dans le numéro d'ordre des ateliers où les médailles ont été frappées; dans la désignation du genre de métal qu'on y employait; dans la qualification très-variée des monétaires chargés de cette fabrication; dans la dénomination des différentes espèces de pièces de monnaie; dans la désignation des provinces à l'usage desquelles on les destinait. C'est tout à fait gratuitement, selon M. de Lorichs, qu'on a presque toujours cherché sur ces médailles des noms de villes espagnoles.

Cartulaire de l'abbaye de Savigny, suivi du petit Cartulaire d'Ainay, publiés par Aug. Bernard. Paris, Imprimerie impériale, 1853, 2 volumes in-4° ensemble de CXXVI et 1167 pages, avec une carte. (Collection des documents inédits sur l'histoire de France, publiés par les soins du Ministre de l'instruction publique.) - Le cartulaire de l'abbaye de Saint-Martin de Savigny, au diocèse de Lyon, forme la partie la plus importante de cette publication, et occupe, avec l'avant-propos et l'introduction, tout le premier volume. It contient neuf cent soixante chartes, dont la

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