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défendre , si elle consent à donner la main au défenseur. Après les plus rudes combats, elle se voit forcée à acheter à ce prix les jours d'Astyanax, bien déterminée à trancher les siens, dès que, par ce fatal hyménée , elle se sera assurée d'avoir conservé son fils. Cependant Hermione, qui aime Pyrrhus , ne peut , sans la plus cruelle jalousie , le voir épouser Andromaque, et elle exige d'Oreste , dont elle est airnée depuis long-tems , de sacrifier Pyrrhus à sa ven. geance, avant qu'il ait pu serrer ses nouveaux neuds , proinettant de se donner enfin à Oreste pour s'acquitter de ce service. Oreste , aveuglé par son amour et par l'espérance de posséder Hermione , se met, avec Pylade, à la tête des Grecs qui les ont accompagnés à cette ambassade, et pénetre dans le Temple où se célebre l'odieux hymen du meurtrier de Priam et de la déplorable veuve du plus grand des fils de ce malheureux Roi de Troie. Les Grecs fondent sur I'yrrhus et l'immolent aux pieds de l'autel. Andromaque , devenue une seconde fois veuve, rend les derniers devoirs à son nouvel époux , et s'efforce à venger sa mort et à empêcher celle

d'Astyanax,

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d'Astxanax, en poursuivant les Grecs ; mais Hermione apprenant de la bouche même d'Oreste le succès de l'attentat qu'elle lui a ordonné, et voyant qu'elle n'a plus d'espoir d'être jamais à Pyrrhus, désavoue tout ce qu'a fait Oreste , l'aca cable de reproches et se tue sur le corps de Pyrrhus. Oreste , dont un tel prix de sa coupable obéissance trouble l'esprit et les sens, devient furieux et tombe dans les bras de Pylade , qui l'emmene , prend soin de ses jours, et tâche de le rappeller à la raison en même tems qu'à la vie,

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JUGEMENS ET ANECDOTES

SUR

ANDRO MA QUE.

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LE

commentateur Brossette dit, dans ses Notes sur l’Epitre de Boileau à Racine , qu'en voyant Andromaque « on jugea que son Auteur, qui étoit encore fort jeune, puisqu'il n'avoit que vingt-sept ans, égaleroit un jour, et peut-êrre surpasseroit le grand Corneille. Néanmoins l’Andromaque trouva des censeurs. On condamna sur-tout le caractere de Pyrrhus, qu'on trouvoit trop violent, trop emporté, trop farouche. Ce fut le jugement qu'en porterent quelques personnes judicieuses, particuliérement le grand Prince de Condé. »

« On fit alors une critique de l'Andromaque , en forme de Comédie , intitulée La Folle querelie, ou La Critique d’Andromaque , par le sieur

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de Subligny, dans laquelle on accusoit encore

Pyrrhus de brutalité , et même d'être un malhon. i nête homme, parce qu'il manquoit de parole à

Herinione , » ajoute Brossette.

Cette Piece, en trois actes, en prose , fut représentée au Théatre du Palais-Royal, le 18 Mai 1668, et eut beaucoup de succès. Quoique l'Auteur s'en fût fait connoître d'abord, plusicurs personnes l'attribuerent à Moliere. Racine fut de ce nombre ; ce qui alimenta encore la mésintelligence qui régnoit entre lui et Moliere , depuis les premieres représentations de la Tra. gédie d'Alexandre.

Subligny fit imprimer sa Piece, qu'il dédia à la Maréchale de l'Hôpital, avec une longue Préface, dans laquelle il combat l'opinion que l'on a qu'il n'étoit pour cette Piece que le prêtenom de Moliere. Au reste , on la regarde comme la premiere Critique dialoguée, et la premiere Parodie qui aient été faites des Ouvrages Dramatiques.

« L’Andromaque de Racine est la premiere Tragédie sur laquelle on ait fait une Comédie critique, et même une espece de Parodie , rcmarquent les freres Parfaict. Voilà deux noua veaux genres en un que présente la Folle querelle. C'est une obligation que les Auteurs qui ont travaillé depuis dans le même goût ne croient pas avoir à Subligny ; et il est à présumer qu'ils

3 ont lieu de penser ainsi, car cette Comédie est assez ignorée. Le sujet en est petit et foible. ment imaginé. »

« Hortense, prête à épouser Éraste , qu'elle n'aime point , mais que sa mere l'oblige d'accepter, se brouille avec lui , sous prétexte qu'il est le partisan déclaré de la Tragédie d’Andromaque , qu'elle trouve pleine de défauts , tant dans la conduite que dans la versification. »

« Voilà ce qui donne lieu au titre de la Piece, et à la Critique qui y est répandue. Subligny rapporte beaucoup de vers d'Andromaque , qu'il critique quelquefois assez bien, mais plus souvent mal-à-propos. Cependant Racine profita de quelques-unes de ces corrections ; inais il eut bien tort d'attribuer cette Piece à Moliere , car rien ne ressemble moins au style et au talent de cet inimitable Auteur. »

Dans la premiere édition que Racine donna

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