vor! vous voulez , au gré de votre impatience?...
Non, je ne prétends point troubler votre alliance : Éphestion, aigri seulement contre moi, De vos soumissions rendra compte à son Roi. Les troupes d’Axiane , à me suivre engagées , Attendent le combat sous mes drapeaux rangées ; De son trône et du mien je soutiendrai l'éclat , Et vous serez , Seigneur, le juge du combat : A moins que votre cœur, animé d'un beau zele , De vos nouveaux amis n'embrasse la querelle.
A XIANE, à Taxile. A.
H! que dit-on de vous, Seigneur ? Nos enneinis Se vantent que Taxile est à moitié soumis, Qu'il ne marchera point contre un Roi qu'il respecte !
TAXI LE. La foi d'un ennemi doit être un peu suspecte, Madame; avec le tems ils me connoîtront mieux.
A XI A NE. Démentez-donc , Seigneur, ce bruit injurieux ; De ceux qui l'ont scmé confondez l'insolence: Allez, comme Porus , les forcer au silence, Et leur faire sentir, par un juste courroux , Qu'ils n'ont point d'ennemis plus funestes que vous.
TAXILE. Madame, je m'en vais disposer mon armée. Ecoutez moins ce bruit qui vous tient alarmée. Porus fait son devoir , et je ferai le mien.
(Il sort.)
AXIANE, à part. CETTE sombre froideur ne m'en dit pourtant rien Lâche ; et ce n'est point là, pour me le faire croire, La déinarche d'un Roi qui court à la victoire,
(A Porus.) Il n'en faut plus douter , et nous sommes trahis. Il immole à sa scur sa gloire et son pays; Et sa haine, Seigneur , qui cherche à vous abattre Attend pour éclater que vous allicz combattre,
POR US. Madame , en lc perdant, je perds un foible appui: Je le connoissois trop pour m'assurer sur lui. Mes yeux sans se troubler ont vu son inconstance : Je craignois beaucoup plus sa molle résistance. Un traître en nous quittant, pour complaire à susaur, Nous affoiblit bien moins qu’un lâche défenscur.
AXIAN E. Et cependant, Seigneur , qu’allez-vous entreprendre ? Vous marchez sans compter les forces d'Alexandre ; Et courant, presque seul , au-devant de leurs coups , Contre tant d'ennemis vous n'opposez que vous.
PORUS. Eh ! quoi, voudriez-vous qu'à l'exemple d'un traître Ma frayeur conspirât à vous donner un maître ? Que Porus, dans un camp se laissant arrêter, Rcfusât le combat qu'il vient de présenter ? Non, non, je n'en crois rien ; je connois inieux, Ma
Ic beau feu que la gloire alluine dans votre ame. C'est vous, je m'en souviens , dont les puissans appas, Excitoient tous nos Rois, les traînoient aux combats, Er de qui la fierté refusant de se rendre , Ne vouloit pour amant qu'un vainqueur d'Alexandre. Il faut vaincre; et j'y cours, bien moins pour éviter Le titre de captif que pour le mériter. Oui , Madame, je vais, dans l'ardeur qui m'entraîne, Victorieux ou mort, mériter votre chaîne ; Et, puisque mes soupirs s'expliquoient vainement A ce caur que la gloire occupe seulement
Je m'en vais , par l'éclat qu’une victoire dorine , Attacher de si près la gloire à ma personne Que je pourrai peut-être amener votre cœur De l'amour de la gloire à l'amour du vainqueur.
Ih! bien , Seigneur, allez. Taxile aura peut-être Des sujets dans son camp plus braves que leur maître. Je vais les exciter
, par un dernier effort: Après, dans votre camp, j'atiendrai votre sort. Ne vous informez point de l'état de mon ame; Triomphez et vivez.
PORUS.
Qu'attendez-vous, Madaine , Pourquoi, dès ce moment, ne puis-je pas savoir si mes tristes soupirs ont pu vous émouvoir? Voulez-vous, car le sort, adorable Axiane, A ne vous plus revoir peut-être me condamne, Voulez-vous qu'en mourant un Prince infortuné Ignore à quelle gloire il étoit destiné ! Parlez,
Ah! divine Princesse, Si vous senticz pour moi quelque heurcusu foiblesse , Ce cæur, qui me promet tant d'estime en ce jour, Me pourroit bien encor promettre un peu d'amour.
Contre tant de soupirs peut-il bien se défendre? Peut-il...
AXIANE. Allez , Seigneur , marchez contre Alexandre. La victoire est à vous, si ce fameux vainqueur Ne se défend pas mieux contre vous que mon cour.
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