l'illusion que vous étiez mon plus sincere ami, vous! un ami d'enfance presque; car Quin nous sommes ami depuis 1815, vous à qui je dois tant, même plus que la vie, et moi qui ne rêve qu'après le jour où je pourrai vous donner les preuves d'une affection plus que fraternelle. Le monde est bien méchant et bien envieux pour aller jusqu'à vouloir faire croire que vous êtez infidel à l'amitié, je pense, et même j'insiste pour que vous alliez voir D—————— et que vous lui demandiez de ma part qui à eu l'impudence de lui parler ainsi de vous. Vous direz à D que je n'ai pas pris la peine d'écrire à l'egard de L-, car je n'y attache pas d'importance. Vous c'est un cas tout particulier. D― m'ecrivait, ne comptez pas trop sur les amis d'Angleterre. Il me mettait même en garde contre A—— précisement dans le moment que je recevais deux lettres de lui dans la même semaine. Je n'ai pas pris la peine de relever aucune de ces insinuations, mais pour vous c'etait trop fort, celà m'allait droit au cœur. Voyez le donc je vous en prie.* "Je vous embrasse de tout mon cœur. "Votre affectionné ALFRED. "P.S.-J'ai obtenu pour Mr. de Cune des meilleurs places que l'on puisse obtenir en France, 16,000 francs par an, qu'on ne peut jamais lui oter; et retraite pour lui et sa veuve. Donc le mariage se fera le 22d de ce mois." "Samedi, 1846. "Quin! Blagueur imperturbable! depuis que tu vis dans un espèce de Vatican, en Mount Street, tu te donnes des airs comme les successeurs des Cæsars ne s'en donnent pas; et tu ecris que je ne fais que m'amuser, lorsque je travaille huit heures par jour. Pense donc, qu'en m'arretant à ta porte c'est mon cœur qui m'arrè 'malgré' bon gré (comme dit la celebre Step-), et que c'est une chance de hasard que je cherche pour te voir puisque tu a la petitesse de nous abandonner. Oh Quin! l'eusse te cru!! Oui je te plains comme un auf, de n'avoir pas vu ces dames depuis si long temps, et je te felicite de ne m'avoir pas recontrè, car entre mon amitié si demonstrative et mon courroux si intempestif je t'aurais remodellé, ce que aurait pu produire peut être une belle statuette pour la galerie de ton Palais Quirinale. La comtesse chaque jour dit comme refrain, comme c'est drole que Quin ne vient pas, et qu'il donne pour excuse qu'il est obligé d'aller voir des malades à Kensington. "Relis cette lettre souvent, elle te poignardera à l'endroit sensible, car tu as du cœur Quin, mais je crains qu'il engraisse. "Ton vieux pupille, D'ORSAY." * D'Orsay was laboring under an erroneous impression when he wrote this letter. all men, Dr. Quin is the last person who would be likely to prove forgetful of the obligations of friendship, either toward the absent or those present.-R. R. M. of "Octobre Gième, 1846. "Cher Quin, aimable ami, ne m'ecris pas si souvent, car réellement je n'ai pas le temps de repondre à toutes tes lettres que tu ne m'envoyes pas. Ah! tu ne trouves pas six heures de disponibles pour faire une partie de campagne avec nous, et tu te sauves pour des semaines, plantant tous tes choleras, et tous tes malades, et amis inconsolables: aurais tu suivi l'exemple de L, et serais-tu parti pour te marier? S'il en etait ainsi je te souhaite heures de bonheur-sacré vilain humbug. Ton ami malgré tout, ALFRED." "GALLANT UOмo,-Non cognosco Io il cuoco. C'est Galeotto Capece de Duci di Regina chi m'a detto ché era un stupendo ripostiere cuocissimo. Ainsi addressez vous à regina et ne me compromettez pas. Car je ne recommande les gens qu'à coup sur; et si vous voulez absolument vous assurer du merite de ce cuisinier, vous pouvez en donnant un diner chez vous, et m'invitant être assuré que je vous dirai exactement ce qu'il en est. "Reponse s'il vous plait et tout à vous. "Votre ami affectionné, D'ORSAY." "Ce Vendredis, 30cme Juillet, de l'année trente quatre de l'Homœopathie. "L'AMI QUIN,-C'est sans doute parceque je me porte comme le Pont Neuf que tu ne passes plus chez moi. Je t'en prie, fais moi la grace de penser moins à l'Homœopathie et un peu plus à l'amitié. J'y gagnerai— sans quoi, je serai obligé de retomber malade expres pour avoir le plaisir de te voir; ce n'est, certes, pas une raison parceque tes doses sont si reduites que tes visites doivent se ressentir de la methode. Adieu, brave Quin. "Est ce que tu as juré de ne jamais plus diner chez nous ? il y a si long tems qu'on ne te voit plus que ma fois je commence à le croire. 66 Tout à toi, ALFRED." "Le 2d d'Avril, Kensington Gore. "MAUVAIS FARCEUR DE QUIN,-Comme tu te moques de moi hier à C——— H! et me fais avaler des bêtises et fais rire tout le monde à mes depens. Je ne sais diable comment tu fais, mais pas un dans tout le Grande Bretagne a le talent de me mettre dedans comme toi, avec tes sacrées histoires et ta mine si comiquement serieuse. J'avoue j'étais fairly sold mauvais plaisant que tu es. Mais mon bon Quin je t'en prie ne vas pas dire comme tu as fait hier→→ en riant c'est vrai que je commence à baisser c'est à dire que je n'ai plus autant d'esprit qu'autrefois; vois tu, si on repete cela dans le monde comme venant de toi, diable m'importe si on ne le croira pas? et il y a un tas d'imbecilles qui seront enchantés de te citer comme l'ayant dit, et, badinage à part, cela ne me conviendra pas de tout. Je veux conserver non seulement la reputation de l'esprit que j'ai, mais bien plus, tout l'esprit qu'on me prêtecomprends tu cela? Soit donc bon enfant, sans quoi je dirai partout que l'homœopathie ne vaut rien. Cependant, ingrat que tu es, je suis malgré tout, aujourd'hui comme toujours, ton ami à la vie à la mort, ALFRED D'ORSAY." 66 "38 Rue de la Ville l'Evêque, Paris, Mardi (Avril, 1849). "MON BON QUIN,—J'ai eu un depart imprevu, heureusement, que je suis safe de ce côté. Il a fallu que je me decide de partir à 3a de la nuit pour ne pas manquer le Dimanche. Ces dames vous raconteront qu'une de mes premières pensées ici a été pour vous Vous le voyez par ce peu de mots. Aimez moi toujours de loin, car je vous aimais bien de près. "Votre meilleur ami, ALFRED." LETTRE DE M. ALFRED DE VIGNY AU COMTE D'ORSAY. 66 'Je partais pour Birmingham, cher ami, lorsque j'ai reçu livre et billet de ta part me voici en pleine forge à present, observant les Cyclopes dans leur antre et j'en ai déjà les mains noires. J'oublie l'odeur du charbon en lisant le voyage de Lady Blessington, et il me semble que je respire un beau bouquet arrivé de Florence. Je vois passer bien des noms que je connais, et je serai heureux d'en parler avec l'auteur de ce charmant livre et des gracieuses fantaisies. "C'est une aimable chose que cette galerie de portraits qui commence par celui de la voyageuse. J'ai et le peintre et les tableaux avec moi, cela me fait bien plaisir et je y reviendrai tous les jours. "Comme la patrie nous fait toujours, Lady Blessington, au milieu de Venise, n'a pas resisté au plaisir de peindre une campagne Anglaise c'est un paysage, c'est un tableau de genre d'une verité charmante et dont l'etendu montre le plaisir qu'elle prend à cette promenade ideale qu'elle prefere bien au reel voyage. Et ce pauvre Byron, je le retrouve partout grace à elle, que je la remercie d'en parler encore et en vers si melancholiques. Je crois en verité qu'il se promene et s'assoit entre elle et toi. Gore House est son Westminster Abbey. Que c'est bien, que c'est rare de savoir se souvenir ainsi que l'on merite d'être aimé pour cela. Garde ce souvenir de bonheur toute ta vie. N'oublie pas ton ami, ALFRED DE VIGNY." No. III. LETTERS OF COUNT D'ORSAY TO R. R. MADDEN, AND SOME CORRESPONDENCE IN RELATION TO HIS STATUETTES, &c. "You must have seen by the newspapers that I have completed a great work, which creates a revolution in the Duke of Wellington's own mind, and that of his family. It is a statuette on horseback of himself, in the costume and at the age of the Peninsular war. They say that it will be a fortune for me, as every regiment in the service will have one, as the duke says publicly that it is the only work by which he desires to be known, physically, by portraits. They say that he is very popular in Portugal and Spain. I thought possibly that you could sell for me the copyright at Lisbon to some speculator, to whom I would send the mould. What do you think of it? Inquire. "D'ORSAY." "Gore House, May 9th, 1845. "MY DEAR MADDEN,-I wish that you would protect, with all your strength, power, and eloquence, the contemplated project of a rail-road between Lisbon and Madrid. The name is Vaughan et Cie; my nephew, the Duke de Guiche, is one of the directors, and Tom Duncombe and General B will be the active men with the Portuguese government, as that government owes him a great deal of gratitude for his services, and Palmella and Mare of opinion that he will succeed in obtaining the concession, because governments are very generous when they can oblige without putting their hands into their own pockets. B———— is going very soon to Lisbon; he will see you, and you must aid him, and I am sure that you will be glad to do it. We have received the Portuguese papers that you sent me, and what is very curious is, that, without knowing one word of that language or Spanish, I could understand them perfectly well. "Lord His a great friend of B; in fact, he is a great favorite at Lisbon, which will aid the undertaking. The old instituteur of the king, and who is his chamberlain, is devoted to B- ; Mr. Deutz, I think, his name is. "Lady Blessington sends you her kindest regards.* "Believe me always yours most faithfully, COUNT D'ORSAY." "Gore House, Thursday. "I was fain to believe that you had bolted at once to Ireland, particularly without saying adieu. "I hope that you won't find a ship direct for Havre. "Miss Power has communicated your letter to me. It was precisely about Tojalt that I wanted to speak to you. I know his man of business in the * Count D'Orsay, in the difficulties of his position in 1845, vainly looked to various visionary speculations for the means of extricating himself from embarrassments that were, in fact, overwhelming and insurmountable. A schedule of his liabilities, which I have seen, was prepared by him in 1845, with a view to some arrangement with his creditors, whose claims then amounted to £107,000 (and these claims did not comprise many debts to private friends, which were not likely to be pressed, or which could not be enforced, probably amounting to about £13,000 more). In the event of such expected arrangement being made, an idea was entertained of procuring for him "the benefit of the act"-in plain terms, of declaring him a bankrupt; but there were difficulties in the way of identifying him with some legitimate commercial or agricultural pursuit. One of the most remarkable illusions at the period above referred to, which took possession of his mind, was the hope of making a vast and rapid fortune by succeeding in the attempt of the alchymists of old, of converting the baser metals into gold! Some foreign schemers and impostors had persuaded the count they had discovered the great arcana of alchymy, and all that was wanted was the necessary funds to set to work. The poor count lived to see the folly of this speculation; like that of many other schemes suddenly adopted in his difficulties, they began brilliantly, and ended in a bubble.-R. R. M. + The Minister of Finance in Portugal in 1845. city, who deals largely for him in the funds. He has, I think, £200,000 in the Portuguese, and never gave the slightest hint as to any chance of discomfiture in that market. Certainly he must be wide awake as to his own interests, and must be in a good position to feel the pulse of the administration. Does he see only one side of the question, or is he one of those men who like to be blind? Let me have a resumé of the letter you showed me. "Believe me yours most faithfully, COUNT D'ORSAY." "Paris, May -, 1852. "MY DEAR MADDEN,-You go to St. Germain by the half past twelve o'clock train from the Rue St. Lazare. You find a carriage at the station at St. Germain, which will take you for three francs to Chambourcy and back. "Go to the curate, Mr. Penon, and say you come from me. Send for the beadle, who will take you to the tomb. Yours ever, D'ORSAY."* No. IV. LETTERS FROM R. R. MADDEN TO COUNT D'ORSAY. "(1841), Sloane Square. "MY DEAR COUNT,—I suppose a man like your classical friend, who had made the grand tour, and had sojourned a long time especially in Southern Italy, finding himself alone in a sponging-house in London, might thus soliloquize: I have been all over Italy, traveled in vetturas, swum in gondolas, sailed in feluccas, rode on cuccias, performed divers pedestrian feats in Romagna and Liguria. I have seen St. Peter's, Pompeii, Herculaneum, Vesuvius; sauntered through the Vatican, made pilgrimages to lovers' tombs and the sites of poets' birth-places. I have wandered among ruins of shrines and temples, lost myself in gorgeous palaces and great Gothic wildernesses of cathedral churches. I have been dazzled with the glories of the rising and the setting sun on the Bay of Naples, the Lago Maggiore, the Gulf of Spezia, the sea of the Mediterranean. I have drunk in odors, without stint or measure, of sweet and fragrant flowers. I have been inebriated in orange groves with the perfumed air of those trellised walks, with the interwoven branches of the vine, and mingling rose-buds. I have lived in the sweet South, and felt some influences thereof in waking dreams and reveries, feeling as if my senses were overpowered with the ecstasy of their enjoyments, and my soul gave itself up to the illusions of this Italian life, as if it would never awaken to encounter its realities in a gloomy sponging-house in a narrow street in London, redolent with vapors of stale porter and English gin, with fumes of tobacco, with which the dingy red curtains are thoroughly saturated, presenting from every dirty window a boundless contiguity of shade afforded by the *The above note, the last I received, was written to me while on a visit to Paris, in the latter part of May, 1852, a few weeks only before the death of poor D'Orsay: with it I received the key of the inner door of that tomb in which the remains of Lady Blessington were deposited. |