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THERAMEN E.

Un Héraut, chargé des volontés d'Athenes, De l'État en ses mains vient remettre les renes.

Son fils est Roi, Seigneur.

HIPPOLYTE, à part.

Dieux qui la connoissez,

Est-ce donc sa vertu que vous récompensez?

THERAMÈNE.

Cependant, un bruit sourd veut que le Roi respire. On prétend que Thésée a paru dans l'Épire;

Mais moi, qui l'y cherchai, Seigneur, je sais trop

bien....

HIPPOLYTE, l'interrompant.

N'importe, écoutons tout et ne négligeons rien.
Examinons ce bruit, remontons à sa source.
S'il ne mérite pas d'interrompre ma course,
Partons; et, quelque prix qu'il en puisse coûter
Mettons le sceptre aux mains dignes de le porter.

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ACTE I I
I I I.

SCENE PREMIERE.

PHEDRE,

NON E.

Ан

PHEDRE.

H! que l'on porte ailleurs les honneurs qu'on m'en<
voie!

Importune peux-tu souhaiter qu'on me voie ?
De quoi viens-tu flatter mon esprit désolé ?

Cache-moi bien plutôt.... je n'ai que trop parlé!
Mes fureurs au-dehors ont osé se répandre ;

J'ai dit ce que jamais on ne devoit entendre....
Ciel comme il m'écoutoit! Par combien de détours
L'insensible a long-tems éludé mes discours!
Comme il ne respiroit qu'une retraite prompte;
Et combien sa rougeur a redoublé ma honte !
Pourquoi détournois-tu mon funeste dessein?
Hélas! quand son épée alloit chercher mon sein,
A-t-il pâli pour moi, me l'a-t-il arrachée ?
Il suffit que ma main l'ait une fois touchée,
Je l'ai rendue horrible à ses yeux inhumains,
Et ce fer malheureux profaneroit ses mains.

ENONE.

Ainsi, dans vos malheurs ne songeant qu'à vous

plaindre,

Vous nourrissez un feu qu'il vous faudroit éteindre?
Ne vaudroit-il pas mieux, digne sang de Minos,
Dans de plus nobles soins chercher votre repos ?
Contre un ingrat qui plaît recourir à la fuite,
Régner, et de l'État embrasser la conduite.?

PHEDRE.

Moi! régner? moi! ranger un État sous ma loi,
Quand ma foible raison ne regne plus sur moi !®
Lorsque j'ai de mes sens abandonné l'empire!
Quand sous un joug honteux à peine je respire!
Quand je me meurs!

NONE.

Fuyez.

PHEDRE.

Je ne le puis quitter.

Ο Ν Ο Ν Ε.

Vous l'osâtes bannir, vous n'osez l'éviter?

PHEDRE.

Il n'est plus tems; il sait mes ardeurs insensées.

De l'austere pudcur les bornes sont passées.

J'ai déclaré ma honte aux yeux de mon vainqueur
Et l'espoir, malgré moi, s'est glissé dans mon cœur..
Toi-même, rappelant ma force défaillante,

Et mon ame déja sur mes levres errante,
Par tes conseils flatteurs tu m'as su ranimer;
Tu m'as fait entrevoir que je pouvois l'aimer...

ENONE.

Hélas! de vos malheurs innocente ou coupable,
De quoi, pour vous sauver, n'étois-je point capable?
Mais, si jamais l'offense irrita vos esprits,
Pouvez-vous d'un superbe oublier les mépris?
Avec quels yeux cruels sa rigueur obstinée
Vous laissoit à ses pieds, peu s'en faut, prosternée !
Que son farouche orgueil le rendoit odieux !
Que Phedre, en ce moment, n'avoit-elle mes yeux!

PHEDRE.

Enone, il peut quitter cet orgueil qui te blesse.
Nourri dans les forêts, il en a la rudesse.
Hippolyte, endure par de sauvages loix,
Entend parler d'amour pour la premiere fois.
Peut-être, sa surprise a causé son silence;
Et nos plaintes, peut-être, ont trop de violence.

ENONE.

Songez qu'une barbare en son sein l'a formé.

PHEDRE.

Quoique Scythe et barbare, elle a pourtant aimé. ΟΝΟΝ Ι.

Il a pour tout le sexe une haine fatale.

PHEDRE.

Je ne me verrai point préférer de rivale.
Enfin, tous tes conseils ne sont plus de saison :
Sers ma fureur, Enone, et non point ma raison.
I oppose à l'amour un cœur inaccessible;
Cherchons, pour l'attaquer, quelque endroit plus sen-

sible.

Les charmes d'un Empire ont paru le toucher;

Athenes l'attiroit: il n'a pu s'en cacher.
Déja de ses vaisseaux la pointe étoit tournée,
Et la voile flottoit aux vents abandonnée.
Va trouver de ma part ce jeune ambitieux,
Enone. Fais briller la couronne à ses yeux.
Qu'il mette sur son front le sacré diadême....
Je ne veux que l'honneur de l'attacher moi-même.
Cédons-lui ce pouvoir, que je ne puis garder.
Il instruira mon fils dans l'art de commander.
Peut-être, il voudra bien lui tenir lieu de pere.
Je mets sous son pouvoir et le fils et la merc..
Pour le fléchir enfin tente tous les moyens.
Tes discours trouveront plus d'accès que les miens.
Presse, pleure, gémis ; peins lui Phedre mourante.
Ne rougis point de prendre une voix suppliante;
Je t'avoûrai de tout. Je n'espere qu'en toi:
Va; j'attends ton retour pour disposer de moi.
(Enone sort.)

SCENE I I.

PHEDRE, seule.

TOI, qui vois la honte où je suis descendue, Implacable Vénus! suis-je assez confondue ? Tu ne saurois plus loin pousser ta cruauté. Ton triomphe est parfait, tous tes traits ont porté ! Cruelle! si tu veux une gloire nouvelle,

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