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Je pressai son exil; et mes cris éternels
L'arracherent du sein et des bras paternels....

Je respirois, none; et, depuis son absence,
Mes jours moins agités couloient dans l'innocence.
Soumise à mon époux, et cachant mes ennuis,
De son fatal hymen je cultivois les fruits....
Vaines précautions! cruelle destinée !
Par mon époux lui-même à Trézene amenée,
J'ai revu l'ennemi que j'avois éloigné.
Ma blessure trop vive aussi-tôt a saigné.

Ce n'est plus une ardeur dans mes veines cachée :
C'est Vénus toute entiere à sa proie attachée....
J'ai conçu pour mon crime une juste terreur.
J'ai pris la vie en haine, et ma flamme en horreur.
Je voulois, en mourant, prendre soin de ma gloire,
Et dérober au jour une flamme si noire

Je n'ai pu soutenir tes larmes, tes combats.
Je t'ai tout avoué... je ne m'en repens pas,
Pourvu que de ma mort respectant les approches,
Tu ne n'affliges plus par d'injustes reproches
Et que tes vains secours cessent de rappeler
Un reste de chaleur, tout prêt à s'exhaler.

SCENE I V.

PANOPE, PHEDRE, NONE.

PANOPE, à Phedre.

JE voudrois vous cacher une triste nouvelle,

Madame mais il faut que je vous la révele.
La mort vous a ravi votre invincible époux,
Et ce malheur n'est plus ignoré que de vous.

Panope, que dis-tu ?

ENONE.

PANOPE.

Que la Reine abusée

En vain demande au Ciel le retour de Thésée
Et que par des vaisseaux arrivés dans le port,
Hippolyte son fils vient d'apprendre sa mort.

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Pour le choix d'un maître Athenes se partage. Au Prince votre fils l'un donne son suffrage, Madame; et, de l'Etat l'autre oubliant les loix, Au fils de l'étrangere ose donner sa voix. On dit même qu'au trône une brigue insolente Veut placer Aricie et le sang de Fallante. J'ai cru de ce péril vous devoir avertir. Déja même Hippolyte est tout prêt à partir

Et l'on craint, s'il paroît dans ce nouvel orage,
Qu'il n'entraîne après lui tout un peuple volage.

NONE.

Panope, c'est assez. La Reine qui t'entend
Ne négligera point cet avis important.

(Panope sort.)

M

SCENE V.

PHEDRE, NON E.

NONE.

ADAME, je cessois de vous presser de vivre;
Déja même au tombeau je songeois à vous suivre :
Pour vous en détourner je n'avois plus de voix;
Mais ce nouveau malheur vous prescrit d'autres loix.
Votre fortune change et prend une autre face.
Le Roi n'est plus, Madame; il faut prendre sa place.
Sa mort vous laisse un fils à qui vous vous devez,
Esclave, s'il vous perd, et Roi, si vous vivez.
Sur qui, dans son malheur, voulez-vous qu'il s'ap-
puie ?

Ses larmes n'auront plus de main qui les essuie;
Et ses cris innocens, portés jusques aux Dieux,
Iront contre sa mere irriter ses ayeux.

Vivez vous n'avez plus de reproche à vous faire
Votre flamme devient une flamme ordinaire.

Thésée, en expirant, vient de rompre les nœuds

Qui faisoient tout le crime et l'horreur de vos feux.
Hippolyte pour vous devient moins redoutable,
Et vous pouvez le voir sans vous rendre coupable.
Peut-être, convaincu de votre aversion,

Il va donner un chef à la sédition.

Détrompez son erreur, fléchissez son courage.
Roi de ces bords heureux, Trézene est son partage.
Mais il sait que les loix donnent à votre fils
Les superbes remparts que Minerve a bâtis.
Vous avez l'un et l'autre une juste ennemie :
Unissez-vous tous deux pour combattre Aricie.

PHEDRE.

Eh bien, à tes conseils je me laisse entraîner.
Vivons, si vers la vie on peut me ramener,
Et si l'amour d'un fils, en ce moment funeste,
De mes foibles esprits peut ranimer le reste.

Fin du premier Acte.

ACTE II.

ACTE I I.

SCENE PREMIERE.

H.

ARICIE, IS MEN E.

ARICIE.

IPPOLYTE demande à me voir en ce lieu?
Hippolyte me cherche et veut me dire adieu?
Ismene, dis-tu vrai? n'es-tu point abusée ?
IS MENE.

C'est le premier effet de la mort de Thésée.
Préparez-vous, Madame, à voir de tous côtés
Voler vers vous les cœurs par Thésée écartés.
Aricie à la fin de son sort est maîtresse,
Et bientôt à ses pieds verra toute la Grecc.
ARICIE.

Ce n'est donc point, Ismene, un bruit mal affermi,
Je cesse d'être esclave et n'ai plus d'ennemi.

ISMENE.

Non, Madame, les Dieux ne vous sont plus contraires, Et Thésée à rejoint les mânes de vos freres.

ARICIE.

Dit-on quelle aventure a terminé ses jours?

C

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