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( A Eriphile.)

Madame, je ne sais si, sans vous irriter,
Achille devant vous pourra se présenter ;
Mais, si d'un ennemi vous souffrez la priere,
Si lui-même souvent a plaint sa prisonniere,
Vous savez quel sujet conduit ici leurs pas?
Vous savez?....

ÉRIPHILE, l'interrompant.

Quoi! Seigneur, ne le savez-vous pas, Vous qui, depuis un mois, brûlant sur ce rivage, Avez conclu, vous-même, et hâté leur voyage?

A CHILL E.

De ce même rivage absent, depuis un mois,
Je le revis hier pour la premiere fois.

ÉRIPHILE.

Quoi! lorsqu'Agamemnon écrivoit à Mycène,
Votre amour, votre main n'a pas conduit la sienne?
Quoi vous qui de sa fille adoriez les attraits....

ACHILLE, l'interrompant.

Vous m'en voyez encore épris plus que jamais,
Madame; et si l'effet eût suivi ma pensée,
Moi-même, dans Argos je l'aurois devancée....
Cependant, on me fuit. Quel crime ai-je commis?....
Mais je ne vois par-tout que des yeux ennemis.
Que dis-je ? en ce moment, Calchas, Nestor, Ulysse,
De leur vaine éloquence employant l'artifice,
Combattoient mon amour et sembloient m'annoncer
Que, si j'en crois ma gloire, il y faut renoncer....

(A part.)

(A part. )

Quelle entreprise ici pourroit être formée?
Suis-je, sans le savoir, la fable de l'armée ?....
Entrons.... C'est un secret qu'il leur faut arracher.
(Il entre dans la tente d'Agamemnon. )

SCENE VIII.

ÉRIPHILE, DORI S.

DIEUS

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IEUX! qui voyez ma honte, où me dois-je cacher? Orgueilleuse rivale, on t'aime et tu murmures!

Souffrirai-je à la fois ta gloire et tes injures?
(A Doris.)

Ah! plutôt.... Mais, Doris, ou j'aime à me flatter,
Ou sur eux quelque orage est tout près d'éclater.
J'ai des yeux.... leur bonheur n'est pas encor tranquille.
On trompe Iphigénie; on se cache d'Achille :
Agamemnon gémit. Ne désespérons point;
Et, si le sort contr'elle à ma haine se joint,
Je saurai profiter de cette intelligence

Pour ne pas pleurer seule, et mourir sans vengeance!

Fin du second Acte.

D

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Oui, Seigneur, nous partions; et mon juste cour

roux

Laissoit bientôt Achille et le camp loin de nous.
Ma fille dans Argos couroit pleurer sa honte;
Mais lui-même, étonné d'une fuite si prompte,
Par combien de sermens, dont je n'ai pu douter,
Vient-il de me convaincre et de nous arrêter!
Il presse cet hymen, qu'on prétend qu'il differe,
Et vous cherche, brûlant d'amour et de colere.
Près d'imposer silence à ce bruit imposteur,
Achille en veut connoître et confondre l'auteur.
Bannissez ces soupçons qui troublent notre joie.

AGAMEMNON.

Madame, c'est assez. Je consens qu'on le croie.
Je reconnois l'erreur qui nous avoit séduits,
Et ressens votre joie, autant que je le puis.
Vous voulez que Calchas l'unisse à ma famille :
Vous pouvez à l'Autel envoyer votre fille

Je l'attends.... Mais, avant que de passer plus loin,
J'ai voulu vous parler un moment sans témoin.
Vous voyez en quels lieux vous l'avez amenée.
Tout y ressent la guerre et non point l'hyménéc.
Le tumulte d'un camp, soldats et matelots,
Un Autel hérissé de dards, de javelots,
Tout ce spectacle enfin, pompe digne d'Achille,
Pour attirer vos yeux n'est point assez tranquille;
Et les Grecs y verroient l'épouse de leur Roi
Dans un état indigne et de vous et de moi.
M'en croirez-vous? laissez, de vos femmes suivie,
A cet hymen, sans vous, marcher Iphigénie.
CLYTEMNESTRE.

Qui, moi! que remettant ma fille en d'autres bras,
Ce que j'ai commencé je ne l'acheve pas ?
Qu'après l'avoir d'Argos amenée en Aulide,
Je refuse à l'Autel de lui servir de guide?
Dois-je donc de Calchas être moins près que vous ?
Et qui présentera ma fille à son époux ?
Quelle autre ordonnera cette pompe sacrée ?

AGAMEMNON.

Vous n'êtes point ici dans le Palais d'Atrée;
Vous êtes dans un camp.

CLYTEMNESTRE.

Où tout vous est soumis,

Où le sort de l'Asie en vos mains est remis,

Où je vois sous vos loix marcher la Grèce entiere,
Où le fils de Thétis va m'appeler sa mere.
Dans quel Palais superbe et plein de ma grandeur
Puis-je jamais paroître avec plus de splendeur?

AGAMEMNON.

Madame, au nom des Dieux, auteurs de notre race, Daignez à mon amour accorder cette grace!

J'ai mes raisons.

CLYTEMNESTRE.

Seigneur, au nom des mêmes Dieux,

D'un spectacle si doux ne privez point mes yeux!
Daignez ne point rougir ici de ma présence!
AGAMEMNON.

J'avois plus espéré de votre complaisance;
Mais, puisque la raison ne vous peut émouvoir,
Puisqu'enfin ma priere a si peu de pouvoir,
Vous avez entendu ce que je vous demande,
Madame? je le veux, et je vous le commande.
Obéissez.

(Il sort. )

SCENE I I.

CLYTEM NESTRE, seule.

Do

"ou vient que, d'un soin si cruel,

L'injuste Agamemnon m'écarte de l'Autel?

Fier de son nouveau rang m'ose-t-il méconnoître ?
Me croit-il à sa suite indigne de paroître ?
Ou, de l'Empire encor timide possesseur,
N'oseroit-il d'Hélène ici montrer la sœur?
Et pourquoi me cacher? et, par quelle injustice,

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