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Polonais, et l'on déclara la guerre à l'Autriche, qui n'avait voulu, disait le manifeste de Louis XV, se faire la protectrice de la Pologne, que pour la rendre esclave.

<< Cependant, Stanislas avait été chassé de Varsovie par 80,000 Russes; il s'était réfugié à Dantzig, qui fut bientôt investie et bombardée. Les Polonais attendaient de la France une flotte et une armée. Fleury, qui craignait d'alarmer l'Angleterre, et dont l'économie dégénérait en lésinerie honteuse, leur envoya un vaisseau, 3 millions et 1,500 hommes. Ces 1,500 hommes débarquè rent à l'embouchure de la Vistule, essayèrent de percer les lignes des Russes, et furent tous tués oulpris (*). Alors Dantzig capitula. Stanislas ne parvint qu'après mille dangers à regagner la France; et la Pologne vaincue fut forcée de reconnaître Auguste III (1734) (**). » Enfin, la guerre, qui se prolongea encore un an, sur le Rhin et en Italie, entre la France et l'Autriche, se termina par le traité de Vienne (3 octobre 1735), en vertu duquel Stanislas, après avoir abdiqué la couronne de Pologne, recut en dédommagement les duchés de Lorraine et de Bar, lesquels devaient, à sa mort, être réunis à la couronne de France (***).

Auguste III mourut le 5 octobre 1763. La Russie avait trouvé dans ce prince et dans son père de dociles instruments pour asservir la Pologne; mais son intention n'était pas de rendre ce royaume héréditaire dans une maison indépendante par ses propres États et ses alliances avec les Etats du Midi. Maintenant que la Pologne était incapable de se défendre par elle-même, ce n'était plus un prince étranger que la cour astucieuse de Saint-Pétersbourg lui destinait; c'était un seigneur polonais, d'obscure noblesse, qui ne pourrait avoir d'appui extérieur et ne régnerait que par la volonté et les baïonnettes russes. Catherine força donc la diète, envahie par ses troupes, à élire Stanislas Poniatowski, jadis son amant, et

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dont elle connaissait les talents et le caractère.

« Les Polonais, tombés à ce degré d'humiliation, ne virent de salut pour eux que dans un changement de constitution; ils abolirent l'absurde loi de liberum veto, cause de tous les malheurs du pays, et par laquelle l'opposition d'un seul membre de la diète paralysait la volonté de tous les autres; ils renforcèrent l'autorité royale, et voulurent se donner des institutions semblables à celles des Anglais. A cet essai d'indépendance, Catherine intervint en Pologne sous un prétexte qui la fit couvrir d'applaudissements par tous les philosophes. Elle prétendit faire rendre aux protestants schismatiques grecs et autres dissidents polonais les droits politiques que les catholiques leur avaient enlevés depuis que la Pologne étant menacée dans son indépendance par la Prusse et la Russie, ils voyaient les dissidents conspirer avec les puissances étrangères pour l'asservissement du pays. La diète, qui regardait le catholicisme comme la garantie de l'indépendance nationale, essaya de résister à la demande de Catherine. Aussitôt huit sénateurs et un évêque furent saisis par les soldats russes et conduits en Sibérie; puis l'ambassadeur de la czarine dicta à la diète une sorte de code destiné à perpétuer l'anarchie de la Pologne. Les dissidents recouvraient les droits politiques, lesquels étaient concédés à une foule de seigneurs russes; le liberum veto était rétabli; l'élection des rois, l'établissement des impôts, l'augmentation de l'armée, soumis à une loi absurde; enfin, ce code ne pouvait jamais être changé ni altéré, même du consentement unanime de la nation. C'était le sceau de l'esclavage, et la république, par cela seul, se trouvait dégradée du rang d'Etat souverain.

« Les Polonais se soulevèrent, et formèrent à Barr une confédération pour la défense de la liberté et de la

religion. » Les Russes, auxquels s'uninirent le roi Stanislas et les dissidents, marchèrent contre les insurgés, qui demandèrent des secours à toute l'Europe, en dévoilant le machiavélisme de Catherine. La Prusse s'était déjà engagée

secrètement avec la Russie « à ne pas « souffrir que le royaume de Pologne de« vint héréditaire, changeât sa constitu«tion, prît pour roi un prince étranger; » l'Autriche garda une neutralité hypocrite; la Suède. dominée par son aristocratie, qui était vendue à la czarine, resta immobile; le sultan Mustapha III s'indigna de l'asservissement d'un pays dont l'indépendance était sous la sauvegarde de la Porte; mais il fut arrêté dans son projet « de réduire les infi« dèles » par la décadence de son empire et la situation déplorable de ses armées. Il ne restait plus que la France qui pût sauver la Pologne; et la czarine espérait la contenir par l'Angleterre, avec laquelle elle s'était liée d'une étroite amitié.

« Choiseul avait protesté contre l'élection de Stanislas; il envoya aux confédérés de Barr des subsides, des officiers et des ingénieurs; il excita Marie-Thérèse à arrêter l'ambition des barbares du Nord; il poussa le roi de Suède, Gustave III, à secouer le joug de son aristocratie; enfin, il décida la Turquie à commencer les hostilités. Il aurait voulu que la France se déclarât ouvertement et envoyât ses flottes dans la Baltique et dans la Méditerranée; mais c'était trop de vouloir aider à la fois l'insurrection de Pologne et l'insurrection d'Amérique contre deux puissances qui allaient nécessairement unir leurs efforts et opposer peut-être à la France les armes de la Prusse et de l'Autriche. Louis XV tremblait à l'idée d'une guerre universelle; les finances étaient dans l'état le plus désastreux ; enfin, le ministre avait vaincu le parti des jésuites, mais non pas leur haine et leurs intrigues: il échoua contre ces obstacles, et sa chute fut la perte de la Pologne (*). »

« Choiseul avait fait passer aux confédérés de Barr, au mois de juillet 1770, le général Dumouriez avec un certain nombre d'officiers français; mais les soldats, les aventuriers, qui s'introduisaient avec eux en Pologne, comme en contrebande, ne pouvaient être nombreux il n'y en eut jamais plus de

(*) Lavallée, Hist. des Français, t. III,

p. 496.

quinze à seize cents; et Dumouriez, à son tour, annonçait au ministre que le nombre des confédérés polonais n'était que de 16,000 hommes, et bientôt après de 8,000 seulement. Dumouriez fut battu à Landskron par Suwarow, le 22 juillet 1771; peu après il se brouilla avec les confédérés, et revint en France.

« Pendant ce temps, le duc de Choiseul avait fait place au duc d'Aiguillon, qui, ne voulant employer aucune des créatures de son prédécesseur, chargea le baron de Vioménil, alors maréchal de camp, de la conduite des affaires du roi de France en Pologne. Vioménil partit au mois d'août 1771, avec un certain nombre d'officiers et les secours d'argent que la France destinait aux confédérés. Il ranima leur courage en débutant par la surprise du château de Cracovie, dans lequel ils soutinrent un siége glorieux. Mais ayant été obligés d'évacuer cette place, ainsi que la plupart de celles qu'ils possédaient, la Pologne resta dès lors à la merci de la Russie et de la Prusse (*); et enfin, le premier partage de la Pologne fut réglé par un traité conclu entre ces deux puissances et l'Autriche (5 août 1772). Le comte de Merci-Argenteau, ambassadeur de Joseph II, fut chargé d'en donner connaissance au duc d'Aiguillon : « Je n'aurais pas reçu cet affront, dit « Louis XV, si le comte de Choiseul << avait toujours été ici!» Et il ne fit rien pour empêcher l'exécution de cette œuvre d'iniquité.

La Pologne, réduite de plus d'un tiers, se donna, le 3 mai 1791, une constitution qui, en la sauvant de l'anarchie, en eût fait bientôt un État redoutable, si les puissances qui aspiraient à s'enrichir encore de ses dépouilles, n'y avaient mis bon ordre. Le 14 octobre 1793, la Russie et la Prusse procédèrent à un second partage; et ce malheureux pays, réduit à trois millions d'habitants, ne put plus être compté au nombre des puissances de l'Europe. La France était alors trop occupée à l'intérieur pour songer à intervenir dans les affaires des autres États. Elle laissa faire;

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mais une insurrection ne tarda pas à éclater. Les Polonais, commandés par Kosciuzko, à qui l'Assemblée nationale de France avait accordé par acclamation, le 26 août 1792, la qualité de citoyen français, remportérent des victoires et firent des prodiges de valeur; mais cela ne les empêcha pas d'être, à la fin, écrasés par le nombre; et, le 20 octobre 1795, la Russie, la Prusse et l'Autriche se partagèrent ce qui restait encore de la Pologne.

Kosciuzko, tombé au pouvoir des Russes, à la bataille de Maciéiowicé, languit deux ans dans les prisons de Saint-Pétersbourg. Un grand nombre de ses compagnons eurent le même sort, ou furent déportés en Sibérie, et enfermés dans les cachots de la Prusse et de l'Autriche. D'autres, plus heureux, parvinrent à gagner la France ou l'Italie. Le Directoire leur avait promis de rétablir leur patrie; le traité de Bâle, entre la France et la Prusse, fit évanouir les espérances que cette promesse avait pu faire concevoir: il n'y était pas question de la Pologne. Mais l'armée témoigna aux exilés polonais plus de sympathie que le gouvernement; le général Dombrowski vint alors les joindre, et, après avoir consulté les généraux Jourdan, Bernadotte et Championnet, il proposa au gouvernement de former, avec les débris de l'armée polonaise, un corps destiné à combattre la Russie. Le Directoire accepta cette offre; mais, comme une loi lui défendait de prendre à son service des trou pes étrangères, il engagea Bonaparte, qui venait d'organiser la république cisalpine, à tirer parti des propositions de Dombrowski; et ce dernier se rendit immédiatement auprès du vainqueur de Montenotte.

Bonaparte recommanda le général polonais au congrès de Milan, et Dombrowski conclut, le 9 janvier 1797, avec le gouvernement de Lombardie, un traité dont voici les principales clauses : « 1o Les corps polonais qui se for << meront auront le titre de légions po« lonaises auxiliaires de la Lombardie; « 2° ils auront l'organisation, l'uniforme « et les insignes polonais; 3° ils porte«ront des épaulettes avec cette inscrip« tion: Gli uomini liberi sono fratelli

a

« (les hommes libres sont frères); et « tous les officiers et soldats porteront la « cocarde française, comme étant celle « d'une nation protectrice des hommes « libres; 4o leur solde et leur nourri « ture seront celles de l'armée fran«çaise; 5° la nomination aux grades « d'officiers et d'employés dans ces lé«gions appartiendra au gouvernement .lombard, et la confirmation en aura « lieu par un général délégué ad hoc << par le général en chef de l'armée d'Ita« lie; 6° la nation lombarde considérera « les Polonais comme des frères, et non « comme des soldats étrangers. L'ad« ministration générale leur accorde le droit de citoyen, avec liberté de re« tourner dans leur patrie une fois la << guerre terminée. » Ces diverses clau. ses furent ratifiées par Bonaparte.

a

Telle fut l'origine des légions polo

naises.

Dombrowski, se mettant sans retard à l'œuvre, adressa une proclamation chaleureuse à ses anciens compagnons d'armes; et, vingt jours après, douze cents Polonais étaient déjà sous les armes. Ils formèrent deux bataillons. La première affaire à laquelle ils prirent part fut celle de Rimini. Les légions s'accrurent rapidement; et, quelques mois après, elles comptaient cinq mille hommes. Ce fut alors que Dombrowski conçut le projet de faire insurger par des émissaires, et avec l'appui de la Porte Ottomane, la Hongrie, la Dalmatie, la Gallicie. Son plan allait être approuvé par Bonaparte et le Directoire, quand les préliminaires de paix signés à Léoben, le 18 avril 1797, le forcèrent à y renoncer.

Les Polonais, qui venaient de verser leur sang pour la cause de la France, sollicitèrent l'admission d'un représentant de leur nation au congrès qui devait suivre la paix de Campo-Formio. Ce fut en vain; mais les légions ne s'en augmentèrent pas moins; et, à la fin de 1797, leur effectif s'élevait à sept mille cent quarante-six hommes.

Après la rupture de la paix de CampoFormio, qui ne fut pas de longue durée, elles eurent l'occasion de se signaler en Italie, où elles contribuèrent à l'établissement des républiques de Rome et de Naples. Mais ces premiers succès

furent malheureusement sulvis de revers. Les efforts de l'Angleterre, de l'Autriche et de la Russie, soulevèrent contre nous toute l'Italie méridionale; et ce fut alors qu'eurent lieu, sous le commandement de Macdonald, les rencontres de Civita-Castellana et de Nepi, où six mille hommes de troupes cisalpines luttèrent contre quarante mille ennemis, et où le général Kniaziewicz, qui, peu de temps auparavant, avait enlevé d'assaut les villes de Fabricca et de Fallari, fit trois mille prisonniers et prit seize canons.

Après avoir désarmé Rome, Championnet marcha sur Capoue à la fin de décembre 1798. De nouvelles rencontres sanglantes eurent lieu à Traetti, à Sezza, à Castano, à Terracine; et partout les Polonais se couvrirent de gloire. Aussi Championnet, voulant rendre un hommage public à leur intré pidité et à leur dévouement, envoya le général Kniaziewicz porter à Paris les étendards pris sur l'ennemi. Cependant les despotes du Nord tentèrent de nouveaux efforts; la coalition mit sur pied une armée de trois cent mille hommes, sans compter les contingents de l'Angleterre et de la Russie. La France n'avait pour garder ses frontières, depuis la Hollande jusqu'en Italie, qu'une armée de cent soixante mille hommes. Le Directoire n'en donna pas moins l'ordre de marcher en avant; le 5 germinal an VII (25 mars 1799), l'armée franco-polonaise occupa la ligne de l'Adige, et le lendemain, elle attaqua l'ennemi sur tous les points. Quelque temps après, les Polonais cueillirent de nouveaux lauriers à la bataille de Magnano, où périrent le général Rymkiewicz et trois cents de ses compatriotes.

Les revers de Schérer et de Moreau qui lui succéda, contre l'armée austrorusse, commandée par Suwarow, forcèrent à la retraite l'armée napolitaine que commandait Macdonald, et Dombrowski fut rappelé à Florence. soutenir dans les Apennins diminuerent les légions de plus de mille hommes. Les affaires de Grassano, de la Trebbia, de Tidone, de Rivalta, enlevèrent à l'armée franco-polonaise plus de sept

Les combats que ce général eut à

mille combattants; la seule journée de Novi coûta quinze cents hommes aux Polonais. Ce fut là que finit la première légion.

La deuxième faisait partie de la gar. nison de Mantoue, qui fut obligée de se rendre à l'armée austro-russe le 28 juillet 1799; ceux de ses soldats qui n'avaient pas péri par le feu des batteries ennemies furent faits prisonniers de guerre. Cette légion n'eut donc pas un sort plus heureux que la première.

Après le 18 brumaire, Bonaparte, devenu premier consul, fit rapporter la loi qui défendait d'accepter les services de troupes étrangères, et donna à Dombrowski l'ordre de rassembler ce qui restait en France de ses compagnons d'armes, et d'en former sept bataillons qui seraient à la solde de la France et auraient l'assurance d'une retraité aux Invalides, pour les soldats mis hors de service. Marseille fut indiquée comme le lieu de réunion et d'équipement du nouveau corps, et Dombrowski présida lui-même à son organisation. A la même époque, une seconde légion, dite du Danube, fut formée des débris que ramena de l'armée d'Italie le général Kniaziewicz.

La légion de Dombrowski se distingua aux batailles de Montebello et de Marengo, et partout où elle en trouva l'occasion dans cette campa gne. Mais elle éprouva plusieurs fois de si grandes pertes, qu'elle fut bientôt réduite à un effectif de huit cents hommes. Dombrowski, sans se décourager, présenta au premier consul un plan pour la formation d'un corps polonais, fort de trente mille hommes, qui opérerait une diversion du côté de la Gallicie. Masséna, qui commandait en Italie, appuya ce plan; et, grâce aux recrues faites par Garbinski et Wielhorski, échappés aux mains des Autrichiens qui les avaient faits prisonniers lors de nos revers en Italie, et à l'argent de la république cisalpine, les légions réparèrent rapidement leurs

pertes. Le 20 novembre 1800, elles s'élevaient à cinq mille hommes. Quelque temps après, elles se signalèrent à Čalvacello, sous Dombrowski, et au siége de Peschiera, sous Klopicki.

La légion du Danube, adjointe, après

sa formation, au corps d'armée du BasRhin, s'était aussi couverte de gloire, surtout aux journées de Francfort, d'Offenburg, et de Hohenlinden. Moreau lui témoigna publiquement sa satisfaction, en constatant dans son rapport que l'armée devait en partie le succès « de la glorieuse journée de Hohenlin« den à l'inébranlable constance du général Kniaziewicz, dont les sol« dats venaient de combattre sous ses "yeux pour la première fois. »

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Après la trêve de Styrie (25 décembre 1800), qui mit fin à cette brillante campagne, les légions polonaises se réunirent dans le Milanais. Elles formaient alors quinze mille hommes; mais les événements ne tardèrent pas à les disperser.

Une partie fut embarquée et envoyée à Saint-Domingue, où elle périt presque tout entiere.

Une autre partie fut incorporée dans l'armée de la république cisalpine.

Un article secret de la paix d'Amiens (27 mars 1802) ayant stipulé le licenciement des légions polonaises, Dombrowski entra dans l'armée de la république cisalpine, puis passa dans celle de Naples, et y resta jusqu'à la campagne de 1806, en Prusse; campagne à laquelle il prit une part importante.

Quand la Prusse eut été vaincue à Iéna, Napoléon songea à tourner ses armes contre la Russie. Il devait trouver, pour cette nouvelle lutte, des alliés naturels dans les Polonais. Au premier appel qu'il leur fit, trente mille se levèrent, et vinrent combattre, sous les ordres de Dombrowski, à Dantzig, à Eylau, à Friedland, et le soulèvement, qui ne s'était d'abord opéré que dans la Pologne prussienne, allait s'étendre à la Pologne russe, quand la paix de Tilsitt vint en garantir les possessions du czar. Cette paix rendit une existence politique à cette partie de la Pologne que la Prusse avait envahie; voici l'article 5 du traité qui avait trait à ce sujet :

« Les provinces qui, le 1er janvier «< 1772, formaient une partie de l'ancien << royaume de Pologne, et qui, plus « tard, à diverses époques, passèrent « sous la domination prussienne, appar<< tiendront à l'avenir (excepté celles qui « sont mentionnées dans l'article pré

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« cédent et dans l'article 9), en toute propriété au roi de Saxe (*), sous le titre de duché de Varsovie, et seront régies par une constitution garantis«sant la liberté et les priviléges natio« naux de ce duché, d'accord avec la tranquillité des États limitrophes. » L'article précédent garantissait à la Russie et à l'Autriche la propriété des parties du territoire polonais qu'elles avaient envahies; l'article 9 faisait de Dantzig une ville libre, avec un cercle de deux lieues.

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Ces arrangements étaient loin de réaliser les espérances que l'arrivée des Français avait fait concevoir aux Polonais; mais la constitution qui fut donnée au nouveau duché fut, pour le peuple, un véritable bienfait; car cette constitution abolissait le servage, ce que n'avait pas fait la constitution de 1791, ce que ne firent pas non plus depuis les auteurs de la révolution polonaise de 1830.

L'armée polonaise fut bientôt organisée; douze régiments d'infanterie et six de cavalerie étaient à la solde du trésor polonais; la légion de la Vistule, composée de quatre régiments, restait au service de la France, et était payée par elle.

En 1808, au commencement de cette guerre d'Espagne si impolitique et si funeste à la France, Napoléon appela, pour y prendre part, la légion de la Vistule, trois régiments d'infanterie, deux régiments de lanciers, et le régiment de la garde impériale polonaise à cheval. Là, comme en Italie, comme sur le Rhin, les Polonais rendirent d'utiles services, et déployèrent la plus grande valeur. « Les deux siéges de Saragosse donnèrent à Klopicki cette célébrité qui devait le conduire depuis à la suprême dictature. Commandé par Kozietulski, le régiment de lanciers de la garde impériale se distingua aussi particulièrement au passage de Somo-Sierra, les Thermopyles espagnoles. Ce ravin, situé entre deux montagnes hérissées de canons et couvertes d'innombrables guérillas, ne pouvait être franchi que par une colonne à quatre hommes de

(*) Le même prince qui avait été proclamé héritier du trône par la constitution de 1791.

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