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avoir pris un développement encore plus grand, malgré les inconvénients qui ont été signalés, malgré les efforts qui ont été tentés pour l'arrêter. Aussi Paris présente-t-il de ce côté un aspect bien plus agréable que dans sa partie méridionale; son centre a été déplacé, et la Cité, son berceau, le point où autrefois affluait le commerce, ne prend plus aujourd'hui qu'une part très-minime à son activité et à ses agitations; n'était le Palais de Justice, qui entretient des relations continuelles et journalières avec les autres quartiers, il serait à craindre que la Cité ne fût plus qu'un membre mort de la ville, et que son antique cathédrale, la vieille et majestueuse Notre-Dame, ne fût, en dépit des pompes dont elle est encore le théâtre dans des occasions solennelles, jamais visitée par la population. En revanche, si les gens d'affaires, les hommes de commerce et les élégants du jour, vont se faire aux extrémités de la ville de somptueuses et riches habitations au milieu de rues larges et tirées au cordeau, de places spacieuses et richement décorées, les anciens et vieux quartiers sont encore chers à ceux qui fuient le bruit et le tumulte; ils sont surtout visités souvent par ceux qui cherchent à remonter dans les âges et à découvrir les secrets de la vie de leurs pères; car c'est là que se trouvent les lieux les plus riches en souvenirs, c'est là qu'est, en quelque sorte, notre histoire monumentale.

Tout le quartier de la Cité, bien que les dernières années y aient apporté d'importantes modifications, est encore percé de petites rues sales et étroites, surtout dans la partie qui sépare l'église Notre-Dame du Palais de Justice; et leurs détours multipliés peuvent donner une idée de l'ancien Paris. On le retrouve encore quand on quitte la Cité par le milieu, au pont Saint-Michel, pour pénétrer dans le quartier latin. C'est là qu'on voit les restes du palais des Thermes, l'hôtel Cluny, monument précieux du moyen âge, qu'on doit restaurer, dit-on, au risque de lui ôter ainsi l'un de ses plus grands charmes, le vernis de la vétusté. Tout le faubourg Saint-Marceau conserve encore le même caractère d'antiquité; mais, à mesure

qu'on s'avance sur la droite, vers le faubourg Saint-Germain, les rues s'élargissent, et bien que ce quartier garde encore un certain cachet d'ancienneté, tout y sent déjà la civilisation moderne. A l'extrémité, aux environs des ministères, s'élève un quartier tout nouveau entre la rue du Bac et l'hôtel des Invalides, et dans quelques années, le faubourg Saint-Germain ne conservera plus des anciens temps que quelques monuments, comme l'Abbaye et la célèbre église de Saint-Germain des Prés.

De l'autre côté de la Cité, les quartiers Saint-Martin, Saint-Denis, et les environs de l'hôtel de ville, peuvent servir d'intermédiaire entre l'ancienne et la nouvelle ville. Certaines parties surtout ont peu profité des améliorations modernes, et ce qu'il y a de plus singulier, c'est que c'est aux abords des quaís que se trouvent encore les rues le plus étroites et les plus tortueuses, depuis la rue de la Monnaie jusque par delà l'hôtel de ville. Il y a peu d'années qu'existait encore intacte la rue de la Mortellerie, nom sinistre, et trop bien justifié. Une fois qu'on est sorti du cercle qui part de Saint-Germain l'Auxerrois, et enferme le bas des quartiers Montmartre, Saint-Denis, Saint-Martin, de l'Hôtel de Ville et du Temple, on respire plus librement, et l'on reconnaît dans les constructions, dans l'alignement des rues, une meilleure entente pour la sécurité, la commodité des communications, et, il faut le dire, pour la santé des habitants. De là jusqu'aux boulevards, les rues s'amoncellent encore; les habitations sont cependant plus aérées. De l'autre côté des boulevards et au delà, les habitations deviennent somptueuses; un quartier surtout, celui de la Chaussée d'Antin, a une réputation méritée de coquetterie. Si nous voulions, ou plutôt si les bornes qui nous sont imposées ne nous défendaient pas d'entrer dans de trop longs détails, nous pourrions donner un aperçu des nombreux monuments que renferment tous ces quartiers, et qui tous portent le cachet de l'époque où ils ont été construits; mais il faut nous restreindre, et nous nous contenterous de donner quelques dé

tails sur les plus importants seulement. Pour plus de clarté, nous diviserons notre travail suivant la nature des monuments.

PALAIS.

tructions nouvelles qui ont fait disparaître, sur ce point, la façade de Philibert Delorme. Le côté gauche doit, dit-on, être couvert de constructions semblables. Au-devant du palais règne une vaste cour, séparee de la place du Carrousel par une grille élevée sur un mur de quatre pieds de haut.

L'intérieur, richement décoré, contient des peintures et des sculptures de maîtres français. Dans la salle des maréchaux, qui occupe tout le pavillon du milieu, est une tribune supportée par des cariatides, copiées sur celles de Jean Goujon.

Palais des Tuileries. Comme on l'a vu déjà dans le cours de cet article, ce palais a pris son nom d'une fabrique de tuiles qui se trouvait dans le voisinage de la maison achetée par François I pour sa mère, en 1544. En 1564, Catherine de Médicis acheta plusieurs bâtiments et terres qui avoisinaient cette maison, et fit élever, sur les dessins de Philibert Delorme et de J. Bullant, une partie du palais qui existe encore aujourd'hui. On construisit d'abord le gros pavillon placé au centre de la façade; les deux bâtiments latéraux, et les pavillons placés à leur extrémité. Mais, au bout de quelque temps, les travaux furent abandonnés; et ils ne furent repris que sous Henri IV, par les architectes du Cerceau et Dupérac. On prolongea alors la façade au nord et au midi, et on porta à cinq le nombre des pavillons, et à neuf celui des corps de bâtiments. Cependant les travaux commencés à cette époque ne furent entièrement achevés que sous Louis XIV. Levau fut chargé de les terminer. On exhaussa le pavillon du centre; on le décora de deux ordonnances, l'une corinthienne, l'autre composite, et d'un attique avec cariatides; au dôme circulaire qui le surmontait, on substitua le dôme quadrangulaire qui existe encore aujourd'hui; enfin, on ne laissa subsister des constructions de Philibert Delorme que l'ordonnance du rez-de-chaussée. Les deux terrasses placées sur la façade du jardin furent conservées; mais on changea la décoration des façades qui sont en arrière de ces terrasses, et l'on ajouta sur les trumeaux des gaines et des bustes. Les bas-reliefs des grands pavillons d'angles furent alors sculptés, ainsi que les ornements extérieurs de la galerie commencée par Henri IV, et qui joint ce palais à celui du Louvre. Sous la restauration, la terrasse de droite avait été transformée en galerie vitrée, conduisant du pavillon central à la chapelle. Depuis 1830, cette galerie a été remplacée par des consT. XI. 24 Livraison. (DICT. ENCYCL., ETC.)

Depuis la fête donnée par Catherine de Médicis, quatre jours avant le massacre de la Saint-Barthélemy, jusqu'à l'installation de Louis-Philippe, les Tuileries ont été le théâtre de bien des événements. Lorsque, le 6 octobre 1789, Louis XVI fut ramené de Versailles dans ce palais, il y avait près de cent ans que les rois de France n'y résidaient plus que momentanément. Louis XVI y donna une fête, le 18 septembre, pour célébrer l'acceptation de la constitution. Le 20 juin 1792, le peuple y fit invasion, et alla présenter au faible monarque le bonnet de la liberté. Le 10 août revit encore le peuple aux Tuileries; mais, cette fois, l'entrée lui en fut disputée, et des soldats étrangers essayèrent vainement d'arrêter sa marche: Louis XVI, fugitif, quitta alors ce palais pour aller demander un asile à l'Assemblée législative. Le 22 septembre, la Convention, succédant à cette assemblée, vint s'installer au palais national; le 26 octobre 1795, elle y fut remplacée par le Conseil des Anciens; enfin, le 13 février 1800, Bonaparte, premier consul, établit sa résidence aux Tuileries, auxquelles il avait rendu leur ancien nom. Quatorze ans après, le 12 avril, l'inconstante fortune y ramenait le comte d'Artois, lieutenant général du royaume pour Louis XVIII; et, le mois suivant, ce roi y rentrait à son tour, accompagné d'un cortège nombreux de ses partisans, et d'une foule toujours curieuse de nouveauté, pour le quitter au bout d'un an à peine, la nuit, sans bruit, accompagné seulement de quelques fidèles serviteurs, frappé de terreur par les succès de Napoléon, et

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au moment même où son plénipoten tiaire au congrès de Vienne, M. de Talleyrand, luí écrivait une lettre pour le féliciter de sa bonne contenance et de sa persistance à ne pas quitter sa capitale. Le 20 mars 1815, à neuf heures du soir, Napoléon rentrait aux Tuileries. Les cent jours passèrent rapidement, et le gouvernement provisoire, ou plutôt Fouché, prépara, dans ce palais même, la chute de celui qui y régnait encore, peu d'instants auparavant. Chassé lui-même par les baïonnettes prussiennes, ce gouvernement ceda la place à Louis XVIII, qui vint, pour la deuxième fois, reprendre possession des Tuileries où l'avaient précédé ses protecteurs les alliés. Plus tranquille alors, ce palais vit se succéder, pendant quinze ans, les fêtes de la restauration; puis éclatèrent les trois journées, et il tomba, le 29 juillet 1830, au pouvoir de la population parisienne. Quelque temps après, Louis-Philippe Ier quittait le Palais-Royal pour y venir établir sa de

meure.

Jardin. Sous le règne de Louis XIII, une rue, qui portait le nom de rue des Tuileries, séparait le jardin du palais. Ce jardin contenait une voliere, un étang, une ménagerie, une orangerie, une garenne, l'hôtel de mademoiselle de Guise et un jardin public qui servait de rendez-vous aux seigneurs de la cour. Une forte muraille, un fossé et un bastion, qui en embrassait toute la largeur, lui servaient de limites. Vers 1665, Louis XIV chargea Lenôtre de le disposer sur un nouveau plan, et cet habile artiste en fit, à peu de chose près, le jardin que nous avons aujourd'hui. Ce jardin fut alors réuni au palais; une vaste esplanade s'étendait devant le château, sur l'emplacement de l'ancienne rue; puis venaient des parterres, au milieu desquels étaient creuses trois bassins. Au delà, un bois de marronniers offrait un épais ombrage; il était séparé dans le milieu par la grande allee qui fait face à la porte principale du château; à l'extrémité du bois et de cette allée, fut creusé un immense bassin; deux terrasses encadrèrent le jardin, et, se contournant aux extrémités, vinrent s'abaisser par des pentes douces jusqu'au-devant du bassin. L'espace

laissé entre les deux terrasses fut fermé par une grille, qui laissa apercevoir la longue avenue des Champs-Elysées.

L'absence de la cour fit ensuite négli ger les Tuileries. Cependant, au commencement du règne de Louis XV, on jeta sur le fossé d'enceinte un pont tournant, qui a laissé son nom au pont de pierre qui l'a remplacé. Mais lorsque Louis XVI vint prendre possession des Tuileries, il trouva des allées mal entretenues, des bassins souvent à sec; et de tous côtés des mares d'eau sans écoulement, qui arrêtaient les pas des promeneurs. Sous la Convention, le jardin des Tuileries reçut de nouveaux embellissements. Les vieux tilleuls du bord de l'eau furent remplacés, la grande allée fut élargie, et la terrasse des Feuillants replantée et bordée d'une rampe en fer. A l'extrémité occidentale du jardin, Lenôtre avait laissé de chaque côté, en dehors de son plan, un espace occupe par l'orangerie et par d'autres bâtiments. Sur ce double espace, Napoléon fit prolonger les terrasses, qui se terminerent alors aux fossés; enfin, la muraille, qui existait encore le long de la terrasse des Feuillants, fut démolie, et une grille en fer permit de voir la rue de Rivoli, qui s'élevait alors sur les ruines du manége de la cour et de l'enclos des Capucins. Napoléon, qui se souvenait du 10 août, avait, en prenant possession des Tuileries, isolé le palais, en déblayant la place du Carrousel. On prétend que c'est le souvenir des journées de juillet qui a engagé Louis-Philippe à faire isoler le palais du jardin, en établissant sous les fenêtres du château des parterres que termine un-fossé de 6 pieds de profondeur avec un grillage à hauteur d'appui. Quoi qu'il en soit, on a regretté qu'on n'ait pas laissé dans sa belle nudité la terrasse qui se trouvait au-devant du château; le monument en recevait un certain air de grandeur et de majesté, que lui ont ravi ces platesbandes, un peu bourgeoises malgré le Laocoon et les autres statues dont on les a décorées.

Le jardin des Tuileries sert d'asile à une foule de morceaux de sculpture, dont plusieurs sont d'un grand mérite. Coysevoix, Lepautre, Coustou, Marsy, Le

gros, y sont tous représentés. Parmi les statues des sculpteurs modernes, on remarque surtout le Spartacus de Foyatier, statue pleine d'énergie et de vérité. C'est dans le jardin des Tuileries que commença, pour ainsi dire, la révolution de 1789. Le 13 juillet, il y avait déjà du tumulte dans Paris; le prince de Lambesc, à la tête des cavaliers de royal-allemand, fondit dans le jardin, par le pont tournant, et blessa griève ment un vieillard; le lendemain, le peuple en armes courait à la Bastille et s'en emparait; deux ans après, Louis XVI traversait le jardin pour aller demander la protection de l'Assemblée législative. Vinrent les temps de disette, et pendant un an le jardin des Tuileries fut planté de pommes de terre. Le 11 juin 1794, on y célébra la fête de l'Etre suprême. En 1815, alors que la place du Carrousel était devenue un immense bivouac pour les troupes ennemies, des femmes, des jeunes filles, appartenant, dit-on, à la haute aristocratie, y accueillaient les vainqueurs avec une joie folle, et formaient des danses, où les femmes allaient elles-mêmes prendre par la main les officiers étrangers pour leur faire prendre place aux quadrilles. L'une d'elles, et non des plus inconnues, s'adressa à Blücher, qui, malgré sa haine contre Napoléon, restait stupéfait devant ces indécentes manifestations. « Madame, répondit-il d'un ton rude, si l'armée française entrait à Berlin, même en amie, les dames de « Berlin prendraient le deuil. »

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Aujourd'hui, le jardin des Tuileries est une des promenades les plus fréquentées de Paris. Tandis que les enfants y viennent de tous côtés respirer un air pur, les poëtes vont rêver sous ses épais ombrages; les femmes élégantes et les dandys, ce qu'on est convenu d'appeler le beau monde, va se montrer et faire galerie dans l'allée des Orangers, tandis que les vieillards vont réchauffer leurs membres refroidis à l'extrémité du jardin, qui a reçu le nom de Petite-Provence. Du reste, à toute heure du jour, on y rencontre des promeneurs et des passants de toutes sortes. Pour les habitants de Paris, ce jardin est un trésor; pour les étrangers, c'est une merveille!

Le Louvre. On ne connaît pas l'époque précise de la construction du Louvre, ni l'origine de son nom. Sous le règne de Philippe-Auguste, c'était un château que ce prince dégagea de diverses redevances, annuellement payées aux religieux de Saint-Denis, à l'évêque et au chapitre de Paris; il en fit une citadelle environnée de larges fossés et flanquée de tours. La grosse tour était isolée et bâtie au milieu de la cour et de tout l'édifice. Il semblait que ce prince eût voulu donner à ce château, centre de l'autorité royale et d'où relevaient tous les grands feudataires de la couronne, un aspect capable de les intimider, et de leur rappeler que là ils trouveraient leur punition s'ils manquaient à leurs serments. En effet, la tour du Louvre servit longtemps de prison d'État. Philippe-Auguste y renferma Ferdinand, comte de Flandre, qu'il avait fait prisonnier à la bataille de Bouvines, en 1214, et qu'il retint captif jusqu'à ce qu'il eût consenti à lui ceder tous ses États. Plusieurs princes y furent aussi prisonniers; entre autres les comtes Guy et Louis de Flandre, Jean, duc de Bretagne, les comtes de Richemont et de Montfort, Enguerrand de Coucy, Enguerrand de Marigny, Charles le Mauvais, le fameux captal de Buch, Jean de Grailli, qui y mourut de chagrin. Sous Charles VI, les Parisiens révoltés y enfermerent Charles des Essarts, le duc de Bar et le comte de Dammartin. Le dernier prisonnier de marque qui y ait été enfermé, fut Jean II, duc d'Alençon. La tour du Louvre fut aussi destinée à contenir les trésors des rois. Cette tour avait 144 pieds de circonférence, et 96 de hauteur; les murailles avaient 13 pieds d'épaisseur près du sol, et 12 dans les étages supérieurs.

Les bâtiments qui entouraient la cour principale du Louvre, étaient surmontés de tours et de tourelles, qui toutes avaient un nom particulier. C'étaient la tour du Fer à Cheval, celle des Porteaux, celle de Windal, sur le bord de la Seine, celles de l'Étang, de l'Horloge, de l'Armoirie, de la Fauconnerie, de la Grande et de la Petite-Chapelle, de la Tournelle, où siégeait le conseil, de l'Écluse, etc.; il y avait aussi la tour de la Librairie, où Charles V réunit

jusqu'à neuf cents volumes, collection qui fut le germe de la Bibliothèque royale.

Charles V laissa le Louvre en dehors de l'enceinte que fit bâtir le prévôt des marchands Étienne Marcel; mais il en répara et augmenta les constructions, et confia la direction de ces travaux à Raymond du Temple.

On entrait dans le palais par quatre portes fortifiées; la principale entrée se trouvait au midi, sur le bord de la Seine. Une porte, flanquée de tours et de tourelles, menait dans une avantcour, au bout de laquelle était une autre porte, donnant accès dans l'intérieur, et fortifiée par deux grosses tours. Sur cette porte était la figure de Charles V, attribuée à Jean de Saint-Romain.

Il y avait dans l'enceinte quelques jardins, un arsenal et plusieurs cours entourées de bâtiments, qu'on nommait, d'après leur usage, maison du four, paneterie, saucerie, épicerie, pâtisserie, échansonnerie, etc.

Les pieces principales de l'intérieur étaient la salle Neuve du Roi, la salle Neuve de la Reine, la Chambre du Conseil, et une salle basse, dont les murs étaient ornés de peintures, et où les princes recevaient à dîner les grands seigneurs dans les jours de cérémonie.

Le Louvre, tel que le trouva François Ier, avait été très-négligé depuis longtemps, et n'offrait pas une habitation digne du goût de ce monarque. Lorsqu'en 1539, il voulut recevoir Charles-Quint, on fut obligé de faire de grandes réparations. On abattit plusieurs bâtiments, et enfin on put y loger convenablement l'empereur et sa suite, le roi et la reine, le dauphin et la dauphine, le roi et la reine de Navarre, les enfants de France, le cardinal de Tournon, le connétable Anne de Montmorency et la duchesse d'Étampes. Déjà, en 1527, la grosse tour avait été abattue. Mais bientôt François Ier conçut le projet de démolir entièrement l'ancien palais et de le reconstruire en entier. Les travaux, commencés sous la direction de Pierre Lescot, furent continués sous Henri II. En 1548, le corps de bâtiment, qu'on nomme aujourd'hui le Vieux Louvre, était pres

que terminé. Pierre Lescot construisit aussi une partie du bâtiment en retour du côté de la Seine, et une aile qui. communiquant au Louvre, s'avançait jusqu'au bord de la rivière, dont elle est aujourd'hui séparée par le quai. C'est d'une fenêtre de ce bâtiment avancé qu'on prétend, quoique rien ne soit moins prouvé, que Charles IX tira sur les protestants pendant la nuit de la Saint-Barthélemy.

On conserva cependant quelques parties de l'ancien palais. La façade du côté de Saint-Germain-l'Auxerrois était fort simple, et défendue par un fossé, qui entourait l'édifice de trois côtés. Au centre, une porte s'ouvrait sur un pont-levis, que protégeaient deux tours rondes.

Au moment où Henri IV monta sur le trône, le Louvre présentait un aspect bizarre. Du côté des Tuileries, ce que l'on devait à Henri II et à Lescot était d'une architecture sans faste, mais assez régulière; tandis que la façade du côté de Saint-Germainl'Auxerrois rappelait encore la forteresse et la prison. A l'extrémité de la façade orientale, vers la Seine, l'architecture élégante de Lescot venait se rattacher aux constructions gothiques de Philippe-Auguste et de Charles V. Près de riches sculptures, d'ordres décorés avec recherche, de portes et de fenêtres ornées dans le goût florentin, l'intérieur de la cour offrait des murs charges d'ornements gothiques, des portes écrasées et des fenêtres petites, étroites, percées çà et là, sans régularité. Vers la rivière, la façade n'était pas terminée. Dans le côté du nord, l'aile du château de Charles V existait encore en entier; François Ier et Henri II n'y avaient pas touché. Henri IV, à l'époque de son mariage avec Marie de Médicis, commença à s'occuper des constructions du Louvre, dont la direction fut confiée à du Cerceau, puis à Dupérac. Les travaux furent continués pendant la régence de Marie de Médicis, mais ils se ralentirent vers 1615.

Le règne de Louis XIII, auquel nous sommes arrivés, apporta de grands changements dans le Louvre, et d'un château peu considérable ce palais devint une des habitations royales les

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