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de la Seine depuis la Tournelle jusqu'à la tour de Nesle. La montagne SteGeneviève y était renfermée avec quarante-deux colléges, les abbayes de la Sorbonne, des Bernardins, de Ste-Geneviève, des Mathurins, de St-Benoît, des Augustins, des Cordeliers; l'hôtel de Cluny, les logis de Rome, de Nevers, de Reims, les thermes de Julien et une infinité de petites rues étroites qui subsistent encore en partie dans ce qu'on appelle le quartier latin. Ce côté de la Seine était très-peu marchand; il n'y avait à proprement parler de quais que du pont St-Michel à la tour de Nesle; le reste du bord de la Seine était une grève ou un entassement de maisons dont le pied baignait dans la rivière. Au delà de l'Université s'étendaient des prés, des champs et quelques faubourgs, entre autres celui de St-Victor avec son abbaye; celui de St-Marceau avec son couvent et trois églises; celui de StJacques avec trois églises; celui de StGermain, le plus considérable de tous, avec sa magnifique abbaye. On trouvait encore au dehors de l'Université le couvent des Chartreux.

rozet, auteur du commencement du seizième siècle :

Cette ville est de unze portes

Avec gros mur, qui n'est pas peu de chose,
Profonds fossés tout à l'entour s'estendent,
Où maintes eaux de toutes parts se rendent,
Lequel enclos sept lieues lors contient,
Comine le bruyt tout commun le maintient;
Puis après sont cinq grands ponts
Pour dessus l'eau passer et repasser
Depuis la ville en la noble cité,
De la cité en l'université.

La fin du quatorzième siècle et le quinzième furent pour Paris des époques de souffrance et d'agitation. En 1358, les Parisiens avant à leur tête Étienne Marcel, prévôt des marchands, se révoltent contre le Dauphin, pénètrent jusque dans la demeure royale et égorgent en sa présence ses plus fidèles serviteurs. Le Dauphin s'enfuit de Paris; le roi de Navarre, échappé de sa prison, y commet toutes sortes d'excès, et en est chassé à son tour. Enfin Marcel trame cette perfide trahison qui devait livrer la ville aux Anglais, et qui est heureusement prévenue par Maillard. En 1383, les impôts onéreux qui surchargent le peuple excitent un nouveau soulèvement; des bandes furieuses se saisissent de maillets de plomb déposés à l'hôtel de ville et de toutes les armes

qu'elles rencontrent, enfoncent les pri

La Ville, déjà la plus grande et la plus riche des divisions de Paris, s'étendait sur la rive droite de la Seine, sons, mettent les détenus en liberté,inasde la tour de Billy à la tour du Bois. L'hôtel Saint-Paul et le Louvre, deux sacrent les percepteurs des impôts, pillent leurs maisons et l'abbaye de Stdemeures royales; la Bastille; quarante- Germain des Prés, qui en a recelé quelquatre églises; plusieurs monastères ; le Temple, occupaient la plus grande ques-uns. Le roi revient punir les partie de ce vaste espace. Au delà des révoltés, auxquels leurs armes principaTournelles était le fameux jardin Dédales avaient fait donner le nom de Maillin, donné par Louis XI à son médecin, et sur l'emplacement duquel est aujour d'hui la place Royale.

Sur la Seine étaient cinq ponts, trois à droite, le pont Notre-Dame, le pont au Change et le pont aux Meuniers; sur la gauche, le petit Pont et le pont St-Michel.

L'Université avait six portes, nommées les portes St-Victor, Bordet, Papale, Saint-Jacques, Saint-Michel et Sainte-Geneviève. La Ville en avait six aussi, les portes St-Antoine, du Temple, Saint-Martin, Saint-Denis, Montmartre et St-Honoré; enfin, un fossé large et profond entourait les murailles. Voici le tableau que fait de Paris, Co

lotins, et rentre dans Paris au milieu des acclamations. En 1407, le duc d'Orléans est assassiné dans la rue Barbette, par les ordres du duc de Bourgogne, et là commencent ces longues querelles des Bourguignons et des Armagnacs, qui ensanglantèrent si souvent la capitale.

En 1420, la ville fut prise par les Anglais. En 1429, l'armée commandée par Jeanne d'Arc, et forte d'environ 12,000 hommes, vint attaquer Paris entre les portes St-Honoré et St-Denis. L'assaut fut très-cruel, dit le journal de Mathieu Pâris, et dura quatre heures; l'armée royale, apres quatre heures de combat, décimée par les canons de la ville et les traits des assiégés, se retira, et Paris ne put être délivré qu'en 1436.

T. XI. 23° Livraison. (DICT. ENCYCL., ETC.)

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Cette même année, le froid et la famine moissonnèrent une grande partie de la population. En 1437 et 1438, outre la peste et la famine, on vit des troupes de loups affamés se répandre dans la capitale et y causer d'affreux ravages. Enfin, en 1466, la mortalité fut si grande qu'on fut obligé de donner asile aux malfaiteurs, pour repeupler la ville.

Sous François Ier, inalgré les guerres d'Italie, malgré la captivité du roi en Espagne, de grands travaux furent exécutés à Paris. Outre la reconstruction de nombreuses églises et la fondation de plusieurs colleges, Paris vit s'élever l'hôtel de ville, dont la première pierre fut posée en 1533, et qui ne devait être terminé qu'en 1605 par André du Cerceau. Une maison et un jardin situés hors Paris dans un lieu voisin d'une fabrique de tuiles, furent achetés par le roi, qui les donna, en 1525, à sa mère, Louise de Savoie, et ce fut là l'origine du château des Tuileries élevé plus tard sur cet emplacement par Charles IX. Le Louvre, qui avait été réparé lorsque François Ier y reçut Charles-Quint, fut démoli en partie pour être reconstruit sur un nouveau plan.

Henri II continua les travaux de son père et en confia la direction à Pierre Lescot, l'un de nos premiers architectes. En 1548, le corps de bâtiment qu'on nomme aujourd'hui le vieux Louvre était presque entièrement terminé, et Jean Goujon fut appelé à en décorer l'intérieur de ces belles sculptures, l'un des plus anciens et des plus précieux monuments de la renaissance des arts en France. Pierre Lescot et Jean Goujon associèrent aussi leurs talents pour la reconstruction de la fontaine des Innocents, dont on admire encore les élégantes et gracieuses sculptures. L'hôpital des Petites-Maisons fut relevé par la ville en 1557. Les Enfants-Trouvés furent établis en 1552 dans l'hôpital de la Trinité. Le pont Saint-Michel, détruit pour la deuxième fois en 1547, fut reconstruit. Enfin en 1559, sous le règne si court de François II, l'hôpital de l'Oursine fut destiné à loger et soigner les pauvres atteints de la maladie vénérienne.

Sous Charles IX, Paris, ensanglanté par les horribles massacres de la StBarthélemy, s'enrichit cependant encore du palais des Tuileries, qui se composait alors du gros pavillon du centre, de deux bâtiments latéraux avec des pavillons à leur extrémité. L'Arsenal, ancienne grange que Henri II avait convertie en bâtiments destinés au logement des officiers d'artillerie et à la fabrication de la poudre, avait été détruit en partie par une explosion des poudres; Charles IX le fit réparer. Henri III, que la débauche n'empêchait pas de se livrer aux actes de dévotion les plus puérils, attira à Paris les Capucins qui vinrent s'établir, en 1574, au village de Picpus, puis dans une maison de la rue St-Honoré. Les Feuillants vinrent aussi alors s'établir rue St-Honoré en face la place Vendôme. Grâce à lui, les Jésuites virent s'agrandir et se multiplier leurs propriétés. En même temps les fortifications étaient étendues du côté de l'ouest; le jardin des Tuileries était compris dans l'intérieur de la ville; le faubourg SaintGermain, ruiné par les guerres du quinzième siècle, était rebâti en 1540 et ses rues pavées; dans la Cité, sur l'emplacement de la Ceinture de SaintEloi, on ouvrait plusieurs rues nouvelles; les environs du Louvre étant couverts de bâtiments, on établissait un bac pour communiquer avec le faubourg StGermain; enfin, en 1578, Henri III posait la première pierre d'un pont destiné à rendre cette communication plus facile. Mais la construction de ce pont fut abandonnée par suite des désordres dont la ville fut le théâtre pendant la ligue, et ne fut reprise que sous Henri IV.

Avant d'arriver au règne plus tranquille de ce prince, Paris devait encore être le théâtre de bien des troubles et avoir à supporter toutes les horreurs de la guerre. C'est d'abord 12 mai 1588, la journée des barricades, coup d'essai de la ligue, qui voulait éprouver ses forces. Vainement Henri III a-t-il pris quelques mesures de prudence; ses 4,000 Suisses disséminés dans Paris sont écrasés sous les pierres qui pleuvent des toits, ou tués des coups d'arquebuse qu'on tire des fene

«

tres; ceux qui échappent ne doivent la vie qu'à l'intervention du duc de Guise, qui consent enfin à arrêter l'effusion du sang dont lui-même est la première cause. Guise paya de sa vie ce pouvoir dont il jouissait alors; mais son meurtrier Henri III périt bientôt lui-même sous le poignard de Jacques Clément. Après la mort de Henri III, Paris, livré aux ligueurs, qui s'y permettaient toutes sortes d'exces, et aux troupes espagnoles, qui se croyaient en pays conquis, vit bientôt le blocus forme par Henri IV ajouter à la misère de ses habitants.

Le 8 mai 1590, l'armée royale arriva sous les murs de Paris, s'empara, dans l'espace de deux heures, de tous les faubourgs et brûla tous les moulins des environs. La ville était dépourvue d'artillerie et de munitions de guerre; les murailles étaient délabrées; enfin il y avait peu de provisions de bouche. Le roi aurait pu s'en emparer assez facilement, mais on prétend qu'il ne voulut point exposer la capitale du royaume aux horreurs qu'éprouve une ville prise d'assaut. « Je suis « (telles sont les paroles qu'on lui prête) le vrai père de mon peuple; « je ressemble à cette vraie mère de << Salomon; j'aimerois quasi mieux « n'avoir point de Paris que de l'avoir a tout ruiné et tout attristé par la mort « de tant de personnes. » Mais le siége, tout sanglant qu'il eût pu être, n'aurait certes pas été plus cruel que la famine produite par le blocus. La ville s'était approvisionnée, mais non pas autant qu'il l'aurait fallu; il n'y avait du blé que pour un mois et 1,500 muids d'avoine le 13 mai. Chaque jour on faisait des processions pour entretenir le zèle et le courage du peuple. Le 3 juin, on fit une revue de toutes les forces que pouvaient fournir les prêtres, les moines et les écoliers, et on tenta plusieurs sorties qui réussirent. Mais la disette commença bientôt à faire d'effrayants progrès. Le peuple alors demandait la paix ou du pain; on fit défense de parler de paix sous peine de mort, et on annonça en même temps la prochaine arrivée des secours; mais ni ces promesses, ni ces défenses, non plus que les processions continuelles

ne remédiaient aux souffrances des pauvres, et l'on voyait ces malheureux se répandre dans les rues en criant: Dupain! du pain! et en se tordant dans les convulsions de la faim. Les ligueurs et les Espagnols jetaient de l'or dans les rues; mais personne ne le ramassait, car il y avait douze mille trois cents familles qui avaient de l'argent et ne pouvaient cependant trouver de pain à acheter. Bientôt on fut réduit à manger les animaux domestiques. Les pauvres mangeaient des chiens, des chats, des rats, des feuilles d'arbres bouillies dans l'eau, sans sel, avec de la chair de cheval, d'âne et de mulet; les peaux même de ces animaux se vendaient cuites, et n'en avait pas qui voulait. Un écrivain ligueur rapporte avoir vu manger à des pauvres des chiens morts tout crus, des tripes jetées dans les ruisseaux, des rats, des souris jetés aux ordures; enfin jusqu'à des os de chiens moulus. Cependant les rues se remplissaient de cadavres de gens morts de faim. En douze mois, il mourut 13,000 personnes, soit de faim, soit de maladies engendrées par la mauvaise qualité des aliments. Les bourgeois allèrent demander de nouveau au duc de Nemours, gouverneur de la ville, du pain ou la paix. Il en fit pendre deux. Alors réduits à la dernière misere, les malheureux habitants de Paris firent aliment de tout. On fit du pain avec des ardoises et des os pulvérisés. Une femme coupa par morceaux deux de ses enfants morts de faim, et s'en nourrit pendant deux jours. Les faubourgs étaient ruinés et abattus, la ville était triste et morne, l'Université était devenue un désert, l'herbe croissait dans les rues. Enfin, pressés par la necessité, les chefs de la ligue commencèrent à entrer en négociation avec Henri IV, et bientôt Brissac vendit à ce prince Paris pour 695,000 livres; il y entra le 22 mars 1594.

Une fois sur le trône, Henri s'occupa de doter sa capitale d'établissements utiles. L'hôpital Saint-Louis fut fondé par lui en 1607, ainsi que l'hopital Sainte-Anne. Il fit reprendre, sous la direction de Charles Marchand, la construction du Pont-Neuf, commencée par André du Cerceau sous le

règne précédent; et en 1607, ce pont fut entièrement terminé. Le Louvre et les Tuileries furent agrandis. La place Royale fut commencée sur l'emplacement de la cour intérieure du palais des Tournelles. Plusieurs fontaines nouvelles furent construites, entre autres celle de la Samaritaine, située sur le Pont-Neuf, et qui, jusqu'en 1813, distribua les eaux de la Seine sur le côté droit de cette rivière.

A la fin du règne de Henri IV, il y avait sept portes au nord de Paris, toutes fortifiées et munies de ponts établis sur les fossés la porte Saint-Antoine, à côté de la Bastille; la porte du Temple; la porte Saint-Martin; la porte Saint-Denis; la porte Montmartre, près de la rue actuelle Neuve-Saint-Eustache; la porte Saint-Honoré, à l'endroit où la rue Saint-Nicaise débouche dans la rue Saint-Honoré; et la porte Neuve sur le bord de la Seine. Dans la partie méridionale se trouvaient neuf portes. Les faubourgs qui s'étendaient au delà de ces portes étaient défendus par les barrières. Six ponts établissaient la communication entre les différents quartiers: c'étaient le pont Notre-Dame, le Petit-Pont, le Pont-au-Change, le pont Saint-Michel, le pont Marchand, tout couvert de maisons, et le PontNeuf. Le Pré-aux-Clercs était alors la seule promenade plantée d'arbres que possédât la capitale; les rues étaient fort étroites, et presque toutes assez sales. Il y avait sur plusieurs places de Paris, outre les piloris et les potences, des échelles où on fustigeait les condamnés. Plusieurs croix étaient plantées dans divers carrefours; elles ont donné le nom aux rues qui les avoisinaient. Quand Henri IV était entré dans Paris, il y avait, dit un auteur contemporain, peu de maisons entières et sans ruine; elles étaient pour la plupart inhabitées; le pavé des rues était a demi couvert d'herbes. Quant au dehors, les maisons des faubourgs étaient toutes rasées; il n'y avait quasi un seul village qui eût pierre sur pierre, et les campagnes étaient toutes désertes et en friche. » Henri IV, aide de François Miron, avait fait sortir Paris de ses ruines.

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Le règne de Louis XIII fait naître une multitude de couvents, d'églises,

d'hôtels et de palais; c'est le Val-deGráce que fait construire Anne d'Autriche; l'église Saint-Eustache, commencée en 1532 et qui s'acheva en 1642; l'église Saint-Roch, dont Anne d'Autriche posa la première pierre en 1635; l'hôpital des Convalescents, fondé en 1631; celui des Incurables, en 1634; celui de la Pitié, en 1657; le PetilLuxembourg, que le cardinal de Richelieu éleva à côté du Luxembourg construit par Jacques de Brosse pour Marie de Médicis; le palais de Justice qui, incendié en 1618, est rebâti et agrandi par Jacques de Brosse; le Palais-Royal, commencé en 1629, terminé en 1636.

L'accroissement de la population et des constructions de toutes sortes rendent insuffisante la vieille enceinte de Paris. En 1626, Boyer, secrétaire du roi, propose de faire construire su la partie septentrionale de Paris une muraille qui, commençant près du boulevard de l'Arsenal, irait aboutir à la Seine, près du jardin des Tuileries. Mais ce projet n'a qu'un commencement d'exécution. En 1631, l'intendant Barbier propose de comprendre dans l'enceinte projetée une grande partie des faubourgs. Ce plan, dont l'étendue est le plus grand défaut, est remplacé par un autre qui fait commencer l'enceinte à la porte Saint-Denis pour aller rejoindre la nouvelle porte Saint-Honoré. On devait aussi démolir les anciens murs et combler les fossés. L'exécution de ces travaux commença en 1632, sous la direction de Charles Froger, secrétaire de la chambre du roi. L'ancienne porte SaintHonoré fut démolie. Sur son emplacement on établit une boucherie, et la nouvelle porte fut placée à l'extrémité de la rue Saint-Honoré, entre le boulevard et la rue Royale. L'ancienne porte Montmartre fut démolie pour être replacée presque en face la rue NeuveSaint-Marc, êt près de la rue Richelieu fut bâtie la porte du même nom, qui subsista jusqu'en 1701. L'enceinte de Louis XIII était à fossés et à bastions garnis de moulins à vent et avec courtines plantées d'arbres. Cette muraille occupait l'emplacement des boulevards, depuis la place de la Concorde jusqu'à la porte Saint-Denis. Quant à la partie méridionale de Paris, on laissa subsis

FRANCE.

ter l'ancienne enceinte, qui était celle de Philippe-Auguste. Les anciens faubourgs Saint-Honoré et Montmartre furent compris dans la nouvelle enceinte septentrionale, et on y ouvrit un grand nombre de rues. La butte des Moulins, garnie de moulins à vent, s'élevait encore, cependant, au milieu des nouvelles constructions, et a subsisté aussi jusqu'en 1667. Le Marais participa à l'embellissement de la ville; les terrains et vastes enclos, encore en culture, disparurent pour faire place à des rues nombreuses. Dans la Cité, de nouvelles rues vinrent donner plus de facilité aux communications, plus d'air aux habitants; enfin les prairies et jardins du Pré-aux-Clercs disparurent peu à peu sous les constructions, tandis qu'à l'autre extrémité de la ville, l'île SaintLouis se couvrait de maisons.

A cette époque, Paris présentait un aspect très-bizarre. A côté de ces nouvelles constructions, on voyait encore le Louvre conserver ses fossés alimentés

les eaux de la Seine. La tour de Nes

le, le grand et le petit Châtelet, le Temple, la Bastille, les tours et les portes de l'enceinte méridionale conservaient encore le caractère des constructions féodales. La Seine, bordée de quais sur une partie de son cours, allait dans d'autres endroits battre la grève sans défense, et, dans les hautes eaux, baigner les pieds des maisons et envahir les rues voisines; enfin, tandis que les nouvelles constructions, bien alignées et bien bâties, formaient aux extrémités de la ville de beaux et brillants quartiers, la partie centrale était couverte de maisons grossièrement bâties, que séparaient à peine des rues sales et tortueuses. Cependant, dans la partie méridionale qui participait si peu aux embellissements, il faut signaler l'amélioration apportée par les constructions de l'aqueduc d'Arcueil, qui vint alimenter quatorze fontaines, et, traversant la Seine au pont NotreDame, apporta de l'eau à une fontaine située sur la place de Grève.

Sous le règne de Louis XIII, si l'on en excepte les premières années, troublées par l'insolente fortune et la terrible punition du maréchal d'Ancre, Paris avait été assez tranquille. L'inflexible cardinal avait fait taire toutes les

PARIS

prétentions, tout le bruit, toutes les 357 rumeurs; mais après sa mort et celle près, l'agitation reparut plus bruyante de son royal maître, qui le suivit de que jamais. Mazarin était loin d'avoir la force de Richelieu; la Fronde vint de siens, et l'on vit une seconde journée nouveau remuer et soulever les Parides barricades, le 26 août 1648. Mazarin, objet de la haine des Parisiens, fut obligé de fuir. Mais il revint en 1652, et fut harangué et reçu comme un souverain. Trois ans après, Louis XIV saisissait de sa main ferme déjà les rênes de gré ses fautes, devait répandre sur la l'État, et commençait un règne qui, malFrance un éclat impérissable.

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dre un immense développement, se Avec le grand roi, Paris allait prencouvrir de nombreux et riches monuments. Les célèbres architectes qui concoururent pour leur part à l'illustration de ce règne, purent donner champ aux plus vastes conceptions, et il nous suffira de nommer les principaux monuments construits à cette époque pour donner l'idée de l'accroissement et de l'embellissement de la ville. En faut placer l'hôtel des Invalides, comtête de la liste de ces monuments, il béral-Bruant, et terminé par le célèbre mencé en 1671, par l'architecte LiQuatre-Nations, fondation de MazaMansard; puis vinrent le palais des rin, et dont les travaux furent commencés en 1662, sur les dessins de Levau; le Louvre, reconstruit et achevé par Claude Perrault; le palais des Tuiréuni au jardin que Lenôtre dessina sur leries, réparé et terminé par Levau, productions de la sculpture, tandis un nouveau plan et qu'embellirent les que les Champs-Elysées, dont les travaux commencèrent en 1670, venaient temps de vastes places s'ouvraient dans y ajouter un nouveau charme. En même tous les quartiers de la ville; c'était de cette fameuse fête donnée en 1662 celle du Carrousel, qui recevait son nom par Louis XIV; la place Vendôme, commencée par Louvois, et terminée Mansard; la place des Victoires, due à par Pontchartrain, sur les dessins de Feuillade pour les bienfaits de Louis la reconnaissance du maréchal de la XIV. Aux extrémités de la ville s'éle

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