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Dans la partie méridionale étaient les clos de Ste-Geneviève, de St-Germain des Prés, de St-Victor, de St-Médard et de St-Marcel, qui contenaient ces abbayes et leurs dépendances; le Clos des vignes ou Courtille s'étendant de la rue des Saints-Pères aux rues St-Benoît et de l'Égout; le clos St-Sulpice sur l'emplacement du Jardin du Luxembourg; le clos Vignerai sur une partie de ce jardin et de l'enclos des Chartreux; le clos St-Etienne des Grès contigu à l'église de ce nom et au clos de Ste-Geneviève; les clos de Mauvoisin et de Garlande; le clos l'Évêque; le clos du Chardonnet, sur lequel fut construite l'église de St-Nicolas du Chardonnet; le clos Bruneau entre les rues de Tournon et de l'Odéon, et sur l'emplacement duquel se trouve aujourd'hui la rue de Condé; le clos St-Symphorien, grand vignoble situé entre les rues de Reims,, des Cholets, des SeptVoies et de St-Étienne des Grès; le los Tyron entre les rues St-Victor et des Boulangers; le clos St-Victor entre les rues du Faubourg St-Victor, NeuveSt-Etienne, des Boulangers et le clos des Arènes; le clos du Roi sur l'emplacement duquel a été bâti l'église StJacques du haut Pas; enfin les clos des Mureaux, des Bourgeois, des Jacobins, des Poteries.

Le bourg St-Médard contenait les clos du Breuil, du Mont-Cétard, des Mors-fossés, des Treilles, de Copeau, de Gratard, de la Cendrée, des Saussayes.

On nommait terre d'Alez un vaste terrain compris entre le clos du Chardonnet et le point où la Bièvre se jetait dans la Seine. Au quinzième siècle, on voyait encore une rue d'Alez parallèle à celle des Fossés-St-Bernard."

Dans la partie septentrionale à l'est de la Grève, étaient le clos St-Gervais entre les rues St-Gervais, Culture St-Gervais et du Temple; le clos StEloi dans l'emplacement de la rue et de l'église St-Paul et de l'Arsenal; le clos Margot, sur lequel a été ouvert la rue St-Claude au Marais; les enclos du Temple, de l'abbaye St-Martin, de St-Merry et de St-Magloire s'étendant entre la rue St-Denis et la portion orientale de Paris; les champeaux

compris entre la rue St-Denis et le Palais-Royal.

Au delà d'un vaste marais qui, venant de Ménilmontant, se prolongeait jusqu'au pied du village de Challoet ou Chaëllot, aujourd'hui Chaillot, était la Ville-l'Évéque, d'abord maison de plaisance de l'évêque, et qui ensuite devint un village.

Entre Paris et Montmartre se trouvaient encore le clos de Malevart où est aujourd'hui la Courtille; le clos Georgeau, qui a donné son nom à une rue qui joint la rue Traversière à la rue Ste-Anne; le clos Gauthier et le clos du Hallier.

Paris renfermait dans son enceinte six petits bourgs du côté du nord et quatre du côté du midi. Le plus gros de ceux du midi se nommait le Beau-Bourg, et à la suite il y en avait un autre nommé Thibout d'une ancienne famille de Paris. Les rues qui ont conservé ces noms indiquent encore aujourd'hui l'emplacement de ces bourgs."

Pour compléter la description de Paris à cette époque, il nous faut mentionner les différents édifices qui s'étaient élevés depuis l'établissement des rois francs : c'étaient presque tous des monuments religieux que les rois avaient fondés, ou de simples chapelles que leur dévotion avait agrandies et transformées en églises. Ainsi, outre ceux dont nous avons déjà parlé, se trouvaient dans l'intérieur de la Cité: Notre-Dame; la construction de cette église, dont la date précise n'est pas connue, se rapporte au règne des premiers rois merovingiens. Saint-Denis de la Chartre, édifice qui_fut rebâti aux quatorzième et quinzième siècles, et qui possédait une crypte où, dit-on, saint Denis avait été jeté en prison. On y conservait une pierre carrée percée d'un trou circulaire, que l'on regardait comme l'instrument du supplice de ce saint. Cette église fut démolie en 1810, et sur son emplacement s'ouvre aujourd'hui le quai de la Cité. St-Symphorien, chapelle située rue du Haut-Moulin, et qui porta d'abord le nom de Ste-Catherine. Rebatie et agrandie au treizième siècle, elle eut le titre de paroisse jusqu'en 1698. Códée en

1704 à la compagnie des peintres, elle devint propriété nationale en 1792, et n'a pas été rendue au culte depuis cette époque. L'abbaye de St-Martial située sur l'emplacement contenu entre les rues de la Barillerie, de la Calandre, aux Fèves et de la Vieille-Draperie. Saint Éloi y fit bâtir une abbaye de femmes, qui reçut sous la seconde race le nom de son fondateur. Incendiée au onzième siècle, puis rebâtie, cette abbaye fut donnée à des moines de St-Maur les Fossés. L'emplacement et le voisinage de ce monastère ont longtemps porté le titre de Ceinture de saint Eloi. L'église de St-Christophe dans la rue de ce nom, était devenue, au neuvième siècle, un hôpital de pauvres. Au douzième, elle redevint paroisse, et fut démolie en 1747, quand on établit l'hospice des Enfants trouvés. St-Jean le Rond, bap tistère de Notre-Dame, dit-on, et qui subsista jusqu'en 1748. Sur son emplacement est aujourd'hui l'ouverture de la rue du Cloître. L'église St-Germain le vieux démolie en 1802. La chapelle de St-Leufroi détruite en 1604. St-Barthélemy située rue de la Barillerie en face le Palais de Justice. D'abord chapelle du palais, construite et réparée par Eudes qui prit le titre de roi vers l'an 890, St-Barthélemy devint alors église royale et prit le nom de St-Magloire dont elle possédait le corps. Lorsque ces corps furent transportés à l'oratoire St-George, Saint-Barthélemy reprit son nom, et elle fut érigée en paroisse en 1148. La reconstruction de ce monument, entreprise en 1772, fut interrompue par la révolution, et l'on établit, à cette époque, sur son emplacement la salle de théâtre de la Cité, auquel succéda la salle des Veillées, puis des loges de francs-maçons et enfin le Prado. L'église St-Landri, qui fut supprimée et démolie pendant la révolution. L'église Saint-Pierre-des-Arcis située rue de la Vieille-Draperie, et dont la construction paraît remonter à l'an 926; elle fut rebâtie en 1424 et démolie en 1800. Sur son emplacement est aujourd'hui une rue qui va rejoindre celle de la Pelleterie. La chapelle Sainte-Marine transformée aujourd'hui en un atelier, et qui a laissé son nom à un cul-de-sac de la Cité;

elle fut, dit-on, fondée sous le règne de Henri Ir. Ste-Geneviève des Ardents, rue Neuve-Notre-Dame, construite sous Louis VI et démolie en 1747. St-Pierre aux Bœufs situé sur l'emplacement qu'occupe aujourd'hui la rue d'Arcole. On ignore l'époque de sa construction, ainsi que le motif de son surnom. Son portail, qui existait encore lorsqu'on a percé la rue d'Arcole, a été enlevé et appliqué sur la façade de St-Severin. Ste-Croix, rue de la Vieille-Draperie, au coin de la rue du même nom, existait avec le titre de chapelle au douzième siècle. On y établit plus tard la confrérie des cinq plaies de Notre-Dame de Pitié; elle a été démolie en 1797. StDenis du Pas, église située au chevet de Notre-Dame, et qui après la révolution fut affectée au service de l'HôtelDieu; c'est aujourd'hui une salle de réception pour l'admission des malades.

Autour et en dehors de la Cité, les édifices religieux s'étaient multipliés aussi, et la plupart ont laissé leur nom à des rues, souvent à des quartiers tout entiers. Nous citerons entre autres l'abbaye de Ste-Geneviève, fondée d'abord sous le nom de basilique de StPierre et St-Paul, par Clovis et sa femme Clotilde en 508; détruite, comme on l'a vu, par les Normands, en 857, et rebâtie en 1175, vers la fin du règne de Louis VII. Les corps de Clovis et de Clotilde que l'on avait inhumés dans la sacristie, furent alors relevés et déposés au milieu du choeur, dans un tombeau de pierre, orné de cette statue couchée du roi, qui, après avoir été conservée au Musée des Petits-Augustins, fut transportée à St-Denis en 1816. Le tombeau de Ste-Geneviève, en marbre, entouré d'une grille et placé au milieu d'une crypte, avait été ouvert, et son corps déposé dans une châsse d'un grand prix, placée derrière le chœur et supportée par quatre colonnes en marbre précieux. La châsse fut portée, en 1793, à l'hôtel des Monnaies pour être fondue, et les reliques furent brûlées publiquement sur la place de Grève. A la même époque fut transporté aux Petits-Augustins le tombeau de Descartes, dont le corps avait été déposé dans un petit mausolée renfermé dans cette église, en 1666.

L'église de l'abbaye de Saint-Germain des Prés, fondée par Childebert en 543, au retour d'une expédition contre l'Espagne, sur les ruines du temple d'Isis, portait alors le nom de Sainte-Croix et de Saint-Vincent, parce que Childebert y avait déposé la tunique de ce saint et une croix d'or enrichie de pierres précieuses. Elle ne prit le nom sous lequel on la désigne encore aujourd'hui qu'après la canonisation de Germain, évêque de Paris et conseiller de Childebert. Ce prince dota richement son église, ainsi qu'il l'appelait, lui donna le bourg d'Issiacum (Issy) et ses dépendances, le cours de la Seine, ses deux rives, des bois et des prés, plusieurs terres, etc. Pour la décoration de l'église elle-même, Childebert, fit des dépenses considérables. Suivant Grégoire de Tours, les voûtes s'appuyaient sur des colonnes de marbre, les lambris étaient dorés, les murailles ornées de peintures faites sur des fonds d'or, le pavé en mosaïque, enfin la toiture en cuivre doré, ce qui lui fit donner le surnom de Saint-Germain le Doré. Childebert étant mort peu de temps après la dédicace de son temple, y fut enseveli; sa veuve Ultrogothe et ses deux filles y furent réunies plus tard. Sur son tombeau fut sculptée son image, et ce tombeau, conservé au Musée des Petits-Augustins pendant la révolution, a été transporté à SaintDenis lors de la restauration. L'église de Saint-Germain servit à la sépulture des rois et de la famille royale, jusqu'à l'époque où Dagobert affecta à cette destination l'abbaye de Saint-Denis. Dans le chœur de l'église on voyait sur leurs tombes les figures de Chilpéric, de Frédégonde sa femme, de Clotaire II et de sa femme, de Childéric II et de sa femme. Cette église, ruinée à plusieurs reprises par les Normands, conserva peu de restes de sa première construction: il n'en subsiste plus qu'une tour carrée, dont la partie inférieure paraît remonter au cinquième siècle..

Outre ces monuments religieux, Paris avait vu se former quelques établissements qui devaient répondre aux premiers besoins d'un peuple sorti de la barbarie, tels que les écoles fondées par Charlemagne, et dont la plus cé

lèbre était celle de Saint-Germain des Prés; l'hôpital Saint-Gervais, situé d'abord au parvis de l'église SaintGervais, fondé, en 1171, pour donner asile aux pauvres voyageurs : au quatorzième siècle, il reçut les religieuses hospitalières de Sainte-Anastase, qui peu à peu le transformèrent en un monastère.

Avec le règne de Philippe-Auguste commence une ère nouvelle pour Paris. Les établissements de tous genres se multiplient; la police de la ville se régularise; un port est construit pour recevoir les marchandises qui arrivent par la Seine. Aux aqueducs romains, détruits par le temps et par les invasions, succèdent de nouveaux aqueducs: celui de Saint-Gervais va prendre les eaux des hauteurs de Menilmontant et de Romainville, et les apporte dans Paris, où elles sont recues par les fontaines Saint-Lazare et des Filles-Dieu, dans le faubourg SaintDenis; par celle des Saints-Innocents, adossée alors à la rue Saint-Denis et à la rue aux Fers. Un autre aqueduc prend les eaux de Belleville et les amène à l'abbaye de Saint-Martin des Champs. Les rues de la ville sont pavées. De tous côtés s'élèvent des monuments où l'architecture appelée gothique remplace une architecture lourde et sans goût. Bientôt s'élèvent les colonnes déliées, les ogives élancées et les flèches hardies de Notre-Dame, que fait reconstruire Maurice de Sully, devenu, de simple écolier, évêque de Paris; l'église Saint-Thomas du Louvre; enfin, celle de Saint-André des Arcs, fondée par les moines de St-Germain des Prés. Près de là, au coin des rues de la Harpe et de l'École de Médecine, est fondée l'église de Saint-Côme et St-Damien. Déjà s'élève la tour du Louvre, germe de l'un de nos plus remarquables monuments. A l'entour, Philippe-Auguste élève une muraille; un mur enceint aussi le cimetière des Innocents et enferme la tour du Bois, corps de garde qui sert de phare pendant la nuit; enfin, la ville elle-même est entourée d'une nouvelle enceinte qui, partant de la Seine un peu au-dessus de l'emplacement actuel du Pont des Arts, va passer par la porte Saint-Honoré,

près du temple actuel de l'Oratoire, s'ouvre à la porte Coquillière, où est aujourd'hui la rue de ce nom, à la porte Saint-Denis, au coin de la rue Mauconseil, à la porte Barbette dans la rue Vieille-du-Temple, entre les rues des Francs-Bourgeois et des Rosiers, à la porte Baudoyer, puis s'arrête au quai des Célestins. Elle reprend du côté méridional à la Tournelle, et s'ouvre encore aux portes Saint-Victor, Bordet, Saint-Jacques, Saint-Michel, des Cordeliers près la Cour du commerce, de Bussy, et vient enfin s'achever à la Tour de Nesle, située sur l'emplacement de la rue Mazarine. Au dehors de la ville, sur l'emplacement qui répond au quartier Saint-Denis, se fonde un hôpital pour les pèlerins et les voyageurs attardés, et qui doit recevoir plus tard, sous le nom d'Hospice de la Trinité, les enfants des pauvres ouvriers.

Louis VIII, dans son règne si court, et tout occupé de la guerre des Albigeois, ne put continuer les travaux de son père. Louis IX, au retour de sa première croisade en 1252, fit bâtir près de son palais une chapelle royale pour y deposer la couronne d'épines et les autres reliques achetées à l'empereur Baudouin : ce fut la SainteChapelle. En 1791, les reliques furent envoyées à Notre-Dame, et les pierres précieuses qui les accompagnaient, à la Monnaie. Saint Louis fonda les Célestins pour six moines qu'il avait ramenés avec lui de la terre sainte; fit bâtir, en 1254, l'hôtel des Quinze-vingts, pour 300 pauvres aveugles, restaurer 'Hôtel-Dieu, qu'on nommait alors la Maison de Dieu, élever l'église des Frères Mineurs, sur l'emplacement qu'occupent aujourd'hui la rue de l'Observance et la place de l'École de Médecine. Au règne de ce roi se rapporte encore la fondation de la Maison de Sorbonne, destinée alors à recevoir de pauvres écoliers, et qui dans la suite reçut de si notables agrandissements de la générosité du cardinal de Richelieu. Quelques années plus tard, Paris comptait de nombreux colléges, celui de Cluny, fondé en 1269, par Yves de Vergy, abbé de Cluny; celui d'Harcourt, fondé en 1280, par Raoul d'Harcourt, et devenu de nos jours le college

Saint-Louis; celui de Bayeux, dont la fondation remonte à 1308; le collége de Justice, ainsi nommé du nom de Jean Justice, son fondateur; dans la rue de la Harpe, le collége des Cholets, devenu collége Louis-le-Grand; le collége du cardinal Lemoine, rue SaintVictor.

Désormais l'impulsion est donnée : Paris va s'agrandir continuellement ; chaque jour apporte avec lui sa création nouvelle, et ce serait entreprendre une tâche impossible que d'essayer de décrire exactement et méthodiquement ces accroissements graduels quí, du Paris de saint Louis ont fait le Paris actuel. Chacun apporte sa pierre au grand édifice qui s'élève. Saint Louis a créé de nouvelles congrégations religieuses et enrichi celles qui existaient déjà. Les Jacobins, ou Dominicains de la rue Saint-Jacques, ont éprouvé sa libéralité, et commencent, ainsi que les Cordeliers, une longue lutte avec l'Université naissante; les Frères Sachets lui doivent leur existence; les GrandsAugustins sont venus sous son règne s'établir à Paris et donner leur nom à un quartier de la ville; les Carmes du Grand Couvent ont été amenés par lui de l'Orient; enfin, les Chartreux ont obtenu la cession du château de Vauvert, sur l'emplacement duquel s'est formé depuis le jardin du Luxembourg.

Sous les successeurs de saint Louis, de nouveaux colléges s'élèvent. Les égli ses, déjà si nombreuses, se multiplient encore; les monastères, les hôtels, les maisons particulières, prennent la place des espaces vides et des terrains cultivés contenus dans l'enceinte de Philippe-Auguste. Enfin, sous Jean II, cette enceinte, qui tombe en ruine, ne suffit plus à renfermer les constructions, et, en 1256, Étienne Marcel, prévôt des marchands, entreprend de la reconstruire. La partie méridionale ne subit que de grandes réparations; mais la partie septentrionale s'agrandit considérablement. Partant de la porte Barbette, située à l'extrémité orientale du quai des Ormes, elle remonte la Seine jusqu'à l'endroit où se trouve le fossé de l'Arsenal, et à l'angle foriné par le fossé et le cours de la Seine, se dresse la tour de Billy, qui subsista jusqu'en

1538. De ce point, la muraille, flanquée de tours carrées, suit la direction du fossé jusqu'à la rue Saint-Antoine, où est construite cette porte for tifiée, qui, agrandie dans la suite par Charles V, devint la Bastille SaintAntoine (*). De cette porte, la muraille laissant le boulevard actuel en dehors, suit la direction de la rue Jean de Beauvais jusqu'à la rue du Temple, la rue Meslée jusqu'à la rue Saint-Martin où se trouve la porte de ce nom, puis la rue Sainte-Apolline; elle forme ensuite la porte ou Bastille Saint-Denis, et revenant par les rues de Bourbon-Villeneuve et Neuve-Saint-Eustache, elle arrive à la porte Montmartre, traverse la place des Victoires, se rend au jardin du Palais-Royal, vers le milieu de sa longueur, suit la rue du Rempart et aboutit à la porte Saint-Honoré, d'où elle se prolonge jusqu'à la Seine, dans la direction de la rue Saint-Nicaise; elle s'arrête enfin à la tour du Bois, qui subsistait encore sous Louis XIV. Charles V, sans agrandir cette enceinte, y fit de grandes réparations, rehaussa les murailles qu'il garnit de tours, fortifia de nouveau les portes, et fit de la Bastille Saint-Antoine une forteresse. A l'intérieur de la ville, il construisait l'hôtel Saint-Paul, qui s'étendait de la rue Saint-Antoine au cours de la Seine, et de la rue Saint-Paul à la Bastille; agrandissait le palais de la Cité et le Louvre. Ces demeures royales étaient du reste autant de forteresses et presque de petites villes. Car le logement royal proprement dit y tenait peu de place, et tout l'emplacement était occupé par des jardins potagers, des colombiers, des poulaillers; les bâti ments par la paneterie, l'épicerie, la pâtisserie, la fruiterie, l'échansonnerie, etc.

Pendant la période qui s'étend du règne de Charles V à celui de Louis XII, on s'occupa d'assainir Paris, où des eaux stagnantes qui séjournaient dans les rues, entretenaient des foyers constants de corruption et de maladies. L'ancien lit dù ruisseau de Ménilmontant offrit un canal naturel, qu'on nomma le grand égout, et où allèrent s'écouler plusieurs égouts particuliers qui parcouraient les rues de (") Voy. BASTILLE

Paris; mais ces égouts étaient à ciel ouvert et sans maçonnerie, à l'exception d'une partie de celui du Pont Perrin, qui, passant sous la Bastille Saint-Antoine, fut en 1412 détourné et dirigé dans les fossés du Temple. Un grand nombre de rues furent pavées; plusieurs beaux édifices s'élevèrent, entre autres l'église Saint-Étienne du Mont, les hôtels de Cluny et de la Trémouille; quatre boucheries furent établies, et plusieurs ports furent disposés sur les rives de la Seine, le port des Barrés, devenu le port Saint-Paul, le port au foin, le port Saint-Gervais, depuis le port au blé, le port de Bourgogne, le port de la Saunerie et le port du Louvre. Dans la Cité se trouvaient les ports Notre-Dame et de Saint-Landri; sur la rive gauche de la Seine, étaient ceux de Saint-Bernard, de Saint-Jacques et de Nesle.

Le pont Notre-Dame avait été reconstruit en 1413. Il résista aux grandes inondations de 1426, 1427 et 1493; mais en 1499, le 25 octobre, il s'écroula avec soixante maisons qui le couvraient. Le cordelier Jean Joconde fut chargé de le reconstruire en pierre, et il termina, en 1512, celui qui existo encore aujourd'hui, et qui resta couvert de maisons jusqu'en 1786. Le petit pont, emporté en 1408, fut reconstruit aussi en pierre en 1499, par le même cordelier Jean Joconde.

A cette époque, seize fontaines publiques existaient dans Paris et dans ses faubourgs. La fontaine Maubuée, celles de la rue Salle au Comte, des rues Ste-Avoye et Bar du Bec, et de la porte Baudoyer, étaient alimentées par l'aqueduc de Belleville; celles des Innocents et des halles, du Ponceau, de la Reine, de la Trinité, de la rue des Cinq-Diamants, de St-Lazare, des Filles-Dieu, des Cultures Saint-Martin et du Temple recevaient les eaux de l'aqueduc du pré St-Gervais.

Paris était divisé en trois villes distinctes et séparées, la Cité, l'Université, la Ville. La Cité était la plus petite des trois; et la Ste-Chapelle, Notre-Dame, vingt et une églises, l'Hôtel-Dieu, le Palais, couvraient, avec quelques misérables rues, cet étroit espace.

L'Université occupait la rive gauche

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