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Sous la seconde race, il y avait, selon le même auteur, qui cite à cette occasion le livre qu'Adĥalard, abbé du monastère de Corbie, composa par ordre de Charlemagne, sous le titre de Ordo sacri Palatii, dix grands officiers de la couronne, savoir: L'apocrisiaire, Le grand chancelier, Le chambrier, Le comte du palais, Le sénéchal,

Le bouteiller,

Le connétable,

Le mansionnaire,
Quatre grands veneurs,
Le fauconnier.

On voit disparaître de cette liste le maire du palais, qui était devenu, après l'extinction de la première race, un seigneur indépendant, sauf l'hommage, sous le titre de duc de France, et dont la dignité fut réunie à la couronne par l'avénement au trône de Hugues Capet, qui en était investi.

Au commencement de la troisième race, il y avait, toujours selon André Favyn, cinq grands officiers de la couronne, qui étaient :

Le chancelier,

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Le grand louvetier, sous Charles VII; L'écuyer, qui prit le titre de grand écuyer sous Louis XI;

Le général des galères, sous Charles VIII; Le colonel général de la cavalerie, créé en 1567 par Charles IX;

Le colonel général des Suisses et des Grisons, créé en 1571, par le même.

Les rois s'aperçurent à la fin que le droit de justice attaché aux grandes charges de leur couronne leur portait un notable préjudice; mais, comme les titulaires de ces charges étaient tous des seigneurs puissants, et en état de défendre leurs prérogatives, ils furent forcés de souffrir ce qu'ils ne pouvaient empêcher; toutefois, à mesure que le pouvoir royal s'accrut et s'affermit, ils supprimèrent quelques-uns de ces grands officiers, en dépouillèrent quelques autres de leur juridiction qu'ils réunirent à la leur; enfin, ils en créérent de nouveaux auxquels ils donnèrent d'anciens noms, et n'accordèrent aucune autorité judiciaire.

Cette révolution était consommée lorsque Henri III, par lettres patentes du 3 avril 1582, fixa à six le nombre des grands officiers de la couronne, qui furent:

Le connétable de France,
Le chancelier de France,
Le grand maitre,

Le grand chambellan,
L'amiral,

Et les maréchaux de France.

En 1584, ce prince ajouta un septième grand officier aux six mentionnés ci-dessus, en érigeant en charge de la couronne, sous le titre de grand colonel de France, en faveur du duc d'Épernon, la charge de colonel général de l'infanterie française, créée vers l'an 1544, par François Ier.

Henri IV augmenta encore ce nombre, en y admettant, mais sans attributions judiciaires, le grand écuyer, que grand maître de l'artillerie dont il son prédécesseur en avait exclu, et le créa la charge en faveur du duc de Sully; ce qui porta les grandes charges de la couronne au nombre de neuf.

Les charges de connétable et d'amiral ayant été supprimées en 1626, ce nombre descendit à sept; mais la seconde, qui fut rétablie, par édit de novem

bre 1669, en faveur du comte de Ver-
mandois, fils naturel de Louis XIV,
l'éleva à huit. Ainsi, à partir de cette
époque, on compta comme grands offi-
ciers de la couronne de France:
Le chancelier,

Le grand maitre,
Le grand chambellan,
L'amiral,

Les maréchaux de France,
Le grand écuyer,

Le grand maître de l'artillerie,
Les colonels généraux.

De ces huit grands officiers de la couronne, il n'y en avait à proprement parler que trois, le chancelier, l'amiral et les maréchaux, qui le fussent réellement, parce qu'ils avaient conservé leur juridiction. Des cinq autres, le grand maître, le grand chambellan et le grand écuyer, étaient des officiers de la maison du roi; quant au grand maître de l'artillerie et aux colonels généraux, c'étaient des officiers à part, dont les fonctions étaient tout exceptionnelles, et qui, malgré leur titre, n'appartenaient point à la couronne.

Louis XIV accrut le nombre des grands officiers de la couronne, du colonel général des dragons, dont il créa la charge, en 1668, en faveur de Lauzun. Sous ce prince, le chancelier devint, ou plutôt resta le chef de la magistrature, mais sans attributions qui lui fussent personnelles en fait de justice. L'ordre ainsi établi se continua sous Louis XV et sous Louis XVI, et à la révolution, il n'y avait plus de grandes charges de la couronne proprement dites, à l'exception de celles de l'amiral et des maréchaux qui avaient conservé leur juridiction; encore celle des derniers était-elle restreinte au jugement ou à la conciliation des affaires d'honneur entre gentilshommes.

Quand Napoléon ressuscita chez nous les institutions et le faste monarchique que la révolution avait fait disparaître, il s'entoura de grands officiers, pourvus d'attributions, décorés de titres, et dotés de riches traitements, mais étrangers à toute autorité judiciaire. Ils représentèrent les anciens grands officiers de la couronne, et furent divisés en trois catégories :

Celle des grands dignitaires de l'empire, composée de :

Un grand électeur,

Un grand connétable,

Un archichancelier de l'empire, Un architrésorier,

Un architrésorier d'État,

Un grand amiral,

Un gouverneur général des départements

au delà des Alpes,

Un vice-grand électeur,
Un vice-connétable;

Celle des grands officiers de l'empire, qui furent:

Les maréchaux de l'empire, Le colonel général des cuirassiers, Le colonel général des dragons, Le colonel général des hussards, Le colonel général des chasseurs à cheval, L'inspecteur général des côtes de la Méditerranée,

L'inspecteur général des côtes de l'Océan, L'inspecteur général du génie, L'inspecteur général de l'artillerie, L'inspecteur général des côtes de la mer du Nord,

L'inspecteur général des cótes de la mer de Ligurie;

Enfin, les grands officiers civils de la couronne, qui furent:

Le grand aumônier,

Le grand maréchal du palais,
Le grand chambellan,
Le grand écuyer,
Le grand veneur,

Le grand maitre des cérémonies.

Lors de la restauration, Louis XVIII rétablit les choses, à peu près, comme elles avaient été sous Louis XVI; il recréa les grandes charges, rappela les anciennes dénominations; mais il ne fit qu'instituer des chefs supérieurs de service et des grands officiers de sa maison, et ne rétablit point les grandes charges de la couronne, suivant l'acception ancienne et dès longtemps oubliée du mot.

OFFICIERS DE LA MAISON DU ROI (grands). Dans l'origine, toutes les grandes charges de la maison du roi furent en même temps des grandes charges de la couronne, parce que leurs titulaires possédaient en propriété et en exercice des attributions judiciaires, et étaient employés à des missions, des commandements, et autres affaires d'État. Ces

attributions leur ayant été retirées plus tard, et leurs fonctions ayant été restreintes à celles qu'ils avaient à remplir auprès de la personne du roi, ils ne furent plus, pour la plupart, que des officiers palatins, et n'eurent d'importance que dans l'intérieur des maisons royales. Il faut toutefois en excepter l'amiral, les maréchaux et le chancelier, qui eurent des attributions à part, de même que les colonels généraux, et que l'on continua à appeler de leur ancien nom, faute de savoir comment les désigner collectivement. Nous ne donnerons ici que la liste des grands officiers dont était composée la maison de Louis XVI, Louis XVIII et Charles X; on trouvera ceux des autres époques dans l'article qui précède.

La maison de Louis XVI était ainsi composée en 1789:

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OGER, dit le Danois, appelé aussi Otger ou Autcaire, était originaire d'Austrasie; il est célèbre dans les romances de chevalerie, où on le voit compagnon d'Olivier et de Roland, qui avait épousé sa sœur. Ayant embrassé le parti des enfants de Carloman, il se brouilla avec Charlemagne; mais il obtint plus tard son pardon, quitta le métier des armes, et se retira à Meaux, à l'abbaye de Saint-Faron, pour laquelle il obtint de grandes dotations, et où il mourut vers la fin du neuvième siècle (*).

OGERON DE LA BOUÈRE (Bertrand d'), fondateur de la colonie de SaintDomingue, naquit en Anjou, vers l'an 1615.Il servait depuis quinze ans, comme capitaine dans le régiment de marine, lorsque des aventuriers allant en Amérique, l'engagèrent à partir avec eux. Ogeron, qui avait de la fortune, se munit de tout ce qui était nécessaire pour former un grand établissement; mais, n'ayant pu, à son arrivée à la Martinique, s'entendre avec le gouverneur, il partit pour Saint-Domingue. En abordant à Leogano, il fit naufrage et fut obligé de vivre quelque temps avec les boucaniers. Puis il revint en France pour y chercher de nouvelles pacotilles, rencontra à son retour de nouveaux obstacles, et ce ne fut qu'après un troisième voyage au continent d'Amérique, qu'il put parvenir à fonder un établissement dans l'île Saint-Domingue. Quelque temps après, la Compagnie des Indes occidentales jeta les yeux sur lui pour lui confier l'administration de la colonie qu'elle voulait fonder dans la même ile, et le fit agréer par le ministère en 1665. Il parvint, à force de fermeté et d'adresse, à faire reconnaître son autorité dans l'île de la

Tortue, occupée par les bouca aiers. Bientôt, toute la côte de Saint-Domingue, entre le port Margot et le port de la Paix, se trouva peuplée et changea de face. Ses projets, très-vasties et basés sur l'expérience, auraient sans doute accru les possessions coloniales

(*) Son tombeau, qui a existé jusqu'au XVIIIe siècle, dans cette abbaye, renter mait une épée de grandes dimensions, qu appartient aujourd'hui à M. de Longpéricer

de la France en Amérique, mais ils furent arrêtés par un événement qui le rappela dans sa patrie : une nouvelle compagnie ayant succédé à celle des Indes occidentales, il partit pour aller s'entendre avec elle. Arrivé à Paris, il présenta plusieurs mémoires, et y mourut, en 1676, d'une affection qu'il avait contractée en Amérique.

OIHENART (Arnault), né à Mauléon, vers la fin du seizième siècle, fut avocat au parlement de Navarre, et s'occupa beaucoup de la recherche des antiquités méridionales. Ou a de lui: Notitia utriusque Vasconiæ, tum iberecæ, tum aquitanicæ, etc., 1638, in-4. Proverbes basques, recueillis par le sieur Oihenart, plus les poésies basques du même auteur, in-8°, 1657.

OISE (département de l'). Ce département, qui tire son nom de la rivière d'Oise, a été formé de portions de l'Ilede-France et de la Picardie. Il est borné au nord, par le département de la Somme; à l'est, par celui de l'Aisne, au sud, par ceux de Seine-et-Oise et de Seine-et-Marne; à l'ouest, par ceux de la Seine-Inférieure et de l'Eure. Son sol est semé de collines, dont les plus hautes ne dépassent guère deux cents mètres. Sa superficie est de 582,569 hectares, dont 389,486, sont en terres labourables, 80,579 en bois et forêts, 29,928 en prairies, 15,709 en landes, pâtis, bruyères, 15,388 en vergers, pépinières, jardins, etc. Son revenu territorial est évalué à 25,609,000 fr. En 1839, il a payé à l'État, 3,557,448 fr. d'impôts directs, dont 2,702,229 fr. pour la contribution foncière.

Les rivières navigables de ce département sont l'Oise et l'Ourcq. Il possède en outre deux canaux, celui de l'Ourcq, dont la tête se trouve à la limite du département, et le canal latéral de l'Oise. Ses grandes routes sont au nombre de trente, dont douze royales et dix-huit départementales.

Il est divisé en quatre arrondissements, dont les chefs-lieux sont: Beauvais, chef-lieu du département, Clermont, Compiègne et Senlis. Il renferme trente-deux cantons. Sa population est de 398,641 habitants, parmi lesquels on compte 3,105 électeurs. Il envoie à la chambre cinq députés.

Ce département forme le diocèse d'un évêché, celui de Beauvais, suffragant de l'archevêché de Reims. Il est compris dans le ressort de la cour royale d'Amiens, et dans celui de l'académie universitaire de la même ville. Il fait partie de la 1 division militaire et du er arrondissement forestier, qui ont Paris pour chef-lieu.

Le département de l'Oise a donné naissance à Haüy, à Dupuis, l'auteur de l'Origine de tous les cultes, etc., etc.

OLERON (île d'). Cette île, dont plusieurs géographes anciens font mention sous les noms d'Uliarus ou Olerum, se trouve à une demi-lieue du continent, et est comprise aujourd'hui dans le département de la Charente-Inférieure. Les marins d'Oleron ont toujours joui d'une grande célébrité; leurs lois connues sous le nom de Jugements d'Oleron sont un curieux monument de la jurisprudence maritime du douzième siècle. Eléonore d'Aquitaine, à son retour de la terre sainte, les fit rédiger par un habile jurisconsulte dont le nom n'est pas parvenu jusqu'à nous. Voyez

DROIT MARITIME.

OLHAGARAY ( Pierre ), né dans le Béarn, au seizième siècle, d'une famille protestante, fut pasteur à Mazères, et obtint de Henri IV le titre de son historiographe. On a de lui une Histoire de Foix, Béarn et Navarre, Paris, in-4,1609.

OLIVENÇA (prise d'). Au commencement de janvier 1811, le maréchal Soult, se voyant maître de toute l'Andalousie, passa en Estramadure avec cinq ou six mille hommes. Les généraux espagnols Mendizabad et la Carrera chercherent vainement à lui tenir tête. Bientôt même, car son principal but était de forcer les Anglais à dégarnir le Portugal, en leur faisant craindre sa jonction avec le prince d'Essling, il dirigea la majeure partie de ses forces contre la place portugaise d'Olivença, qui renfermait une garnison de 3,000 Anglo-Portugais. La division Girard arriva le 11 sous les murs de la ville. Le 12, la tranchée fut ouverte; le 21, le chemin couvert était couronné devant un des bastions. La veille, un fort parti de cavalerie ennemie avait tenté une diversion; mais il avait été vigoureusement repoussé jusque près de Badajoz. Le 22, à la pointe

T. XI. 16° Livraison. (DICT. ENCYCL., ETC.)

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du jour, la batterie de brèche fut démasquée, et deux heures après, elle avait déjà produit un si grand effet, que le gouverneur, dont les faibles provisions s'épuisaient, demanda à capituler; mais comme il avait refusé, le 11, les propositions qu'on lui avait faites, on ne consentit à le recevoir qu'à discrétion. Au mois d'avril suivant, les Anglais, instruits que Soult n'avait laissé dans la place que deux ou trois cents hommes, la surprirent; mais ils ne purent eux-mêmes y placer une garnison plus nombreuse, et, dans le courant de juin, Soult la fit réoccuper.

OLIVET (Nicolas Fabre d'), littérateur et musicien, naquit en 1768 à Ganges, où il fut élevé dans la religion protestante. Il vint à Paris en 1780, et, au lieu de suivre le vœu de sa famille, qui le destinait au commerce, il se lança dans la carrière des lettres. Il débuta par quelques pièces de théâtre, dont plusieurs, telles que Toulon soumis, opera, et le Sage de l'Indostan, drame philosophique, eurent un certain succes. En 1801 il fit paraître des Lettres à Sophie sur l'histoire, et, en 1804, le Troubadour, recueil de poésies occitaniques, œuvre évidemment supposée, mais qui ne manque ni d'imagination ni d'élégance. Étant sans fortune, il avait pris en 1802 un petit emploi dans les bureaux du gouvernement. Il donna sa démission, pour ne pas rédiger une pièce en opposition avec ses principes. L'Histoire philosophique du genre humain, où l'on trouvait, entre autres idées assez extraordinaires, le projet de soumettre l'Europe au pape, n'était pas de nature à concilier à l'auteur la faveur impériale. C'était à l'étude de l'hé breu que Fabre d'Olivet se livrait avec le plus de prédilection. Il s'imaginait y retrouver le plus pur idiome des anciens Égyptiens; puis ressuscitant les rêves de la cabale, il cherchait un sens mystérieux à chaque syllabe, à chaque lettre, et Dieu sait à quelles étymologies il arrivait. Aussi, pour lui, la plupart des interprétations vulgaires étaient-elles fausses: Adam était la personnification du genre humain, Noé celle du repos éternel; enfin les principes de toutes les sciences devaient se trouver renfermés dans la cosmogonie

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de Moïse. A l'appui de sa doctrine, il prétendit y avoir découvert le moyen de rendre l'ouïe aux sourds-muets, et publia, en 1811, sous le titre de Notions sur le sens de l'ouïe en général, et en particulier sur le développement de ce sens opéré chez Rodolphe Grivel, des résultats sur la nature desquels il fut sans doute le premier à s'abuser. Le rapport de Sicard et de Rosny sur ses expériences lui fut peu favorable. Fabre d'Olivet publia encore, en 1813, une Traduction des vers dorés de Pythagore, précédée d'un discours sur l'essence et la forme de la poésie chez les principaux peuples de la terre; en 1815, la Langue hébraïque restituée; enfin le Caïn de lord Byron, traduit en vers blancs, avec une réfutation des principes de l'auteur. Comme musicien, Fabre d'Olivet composa, outre un grand nombre de romances qui ne portent pas son nom, quelques concertos et la musique de ses propres pièces. Il crut avoir retrouvé l'ancien système musical des Grecs, et fit exécuter sur ce mode un oratorio de sa composition. Il mourut en 1825, ne laissant, malgré une érudition incontestable, que la renommée d'un visionnaire.

OLIVET (Pierre-Joseph Thoulier d'), grammairien célèbre, naquit à Salins le 1er avril 1682. Il entra chez les jésuites, mais les quitta à trente - trois ans, pour conserver son indépendance littéraire et se soustraire, dit-on, à la tâche qui lui avait été imposée par ses supérieurs, de continuer l'Histoire de l'ordre; il refusa même le poste de précepteur du prince des Asturies, qu'ils lui offraient pour le retenir. Des travaux de traduction et l'étude de notre langue furent l'occupation de sa vie; mais il s'y fit une telle réputation, qu'en 1723, il fut élu de l'Académie française, pendant son absence, et sans qu'il se fût mis sur les rangs. Ce fut avec les œuvres posthumes de Maucroix que parut, en 1710, la première édition de sa Traduction des Philippiques et des Catilinaires; aussi eut-il dans la suite quelque peine à s'en faire reconnaître l'auteur. Celle du De Naturâ Deorum parut en 1721, avec des remarques du président Bouhier. En 1729, il publia, pour faire suite au travail de Pélisson, une His

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