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en rester possesseurs. Les Francs étendirent à leur tour leur domination sur ce pays.

Vers le commencement du huitième siècle, les Maures s'emparèrent de la Narbonnaise, et se rendirent maîtres de Nimes, qu'il gouvernèrent avec douceur jusqu'à la défaite d'Abdérame par Charles-Martel. Celui-ci, pour punir le peuple de Nîmes de l'assistance qu'il avait donnée au général maure Youssouf, fit, en 737, brûler les portes de cette ville, et essaya de détruire par le feu son amphithéâtre.

Depuis cette époque Nîmes perdit chaque jour de son importance; elle fut pendant plusieurs siècles en proie à toutes les agitations que ressentit la France; prise en 1226 par Louis VIII. elle passa en 1229 dans le domaine des rois de France, et, sous leur domination, fut gouvernée par des consuls électifs. Elle fut en 1417, sous le règne de Charles VI, occupée par les Anglais, maîtres alors d'une grande partie de la France, et désolée par les guerres civiles des Armagnacs et des Bourguignons. Pendant trois siècles, la peste et la lèpre y exercèrent des ravages affreux.

Mais, au quinzième siècle, François Ier la visita et l'aida à sortir de ses ruines; peu à peu la ville antique reparut, et dès Jors la cité nouvelle s'accrut rapidement. Les doctrines de Luther et de Calvin y firent de nombreux prosélytes, qui échappèrent au massacre de la Saint-Barthélemy. Guillaume de Villars, qui y commandait pour le roi, en recevant l'ordre d'y massacrer les protestants, fit assembler le conseil, et sans expliquer ce dont il s'a gissait, il fit jurer à tous les notables des deux religions de veiller à leur sûreté commune et de se défendre mutuellement. Il fit fermer toutes les portes, à l'exception d'une seule, dont il remit la garde à deux notables dignes de cette confiance; puis il fit part des mesures qu'il avait prises au vicomte de Joyeuse, qui commandait dans la province, et celui-ci l'approuva complétement.

Après la révocation de l'édit de Nantes, Louis XIV fit abattre le temple des protestants, et construire sur ses ruines une citadelle. La tolérance du règne de Louis XVI ramena la sécurité; les calvinistes, qui s'étaient en partie retirés

dans les montagnes des Cévennes, commencèrent à en descendre et à se fixer à Nîmes et aux environs, où, par leur industrieuse activité, ils augmentèrent considérablement la richesse publique. Les anciennes discordes se ranimèrent un moment au commencement de la révolution française, et ralentirent le mouvement industriel, qui reprit faiblement sous l'empire. En 1815, Nîmes fut de nouveau le théâtre de troubles civils et religieux, et les massacres provoqués et exécutés par le parti royaliste ne sont pas la tache la moins hideuse de son histoire. Aujourd'hui toutes les dissensions sont heureusement apaisées, et l'industrie y a pris depuis quelques années un très-grand développement. On y compte près de 42,000 habitants. C'est la patrie de Nicot, de l'archéologue Séguier, de Court de Gébelin, de Rabaud de Saint-Étienne, de Sigalon, de M. Gui

zot.

Cette ville, véritablement classique, renferme encore aujourd'hui plus de monuments entiers qu'aucune ville de l'Italie; nous citerons seulement la tour Magne, l'amphithéâtre, la Maison carrée, le temple de Diane, les portes d'Auguste et de France, etc.

NÎMES (monnaies de). La ville de Nimes jouit des priviléges monétaires depuis la période gauloise jusque sous les Carlovingiens. L'art grec, l'art gaulois, l'art gallo-romain sont représentés dans la suite des monnaies qu'elle nous a laissées.

Parmi ces monuments, nous pensons, quoi qu'en ait dit un savant antiquaire, qu'il faut placer en première ligne les drachmes d'argent qui portent pour type au droit une tête d'Apollon tournée à gauche et couronnée de laurier, et au revers le Sus gallicus courant à gauche, avec la légende NAMA

ΣΑΤ.

Vient ensuite une autre pièce d'argent, qui a tout le type des espèces gauloises calquées sur les deniers, et sur laquelle on voit, au droit, une tête jeune, imberbe et diadêmée, derrière laquelle se trouve la lettre A; au revers un Dioscure courant à cheval, et derrière lui son étoile; à l'exergue on lit NEVMAV. Il est assez difficile de dire quelle est la figure représentée au droit; quant à

l'époque de l'émission de cette pièce, on peut affirmer avec toute certitude qu'elle est antérieure à l'invasion romaine.

Lorsque la ville de Nîmes eut obtenu le titre de colonie, elle s'empressa de constater cet événement sur les espèces qu'elle avait conservé le droit de frapper. Voici la description des espèces de ce genre, qui ont été retrouvées jusqu'ici: 1o Tête casquée tournée à droite ét entourée d'un grenetis; .- dans le entourés d'une

NEM

COL

champ, les mots couronne de laurier. Cette petite pièce est en argent. 2o Même tête, et, derrière, la lettre s. R. - NEMCO, Minerve Hygie, s'appuyant d'une main sur un cippe, et de l'autre tenant une patère, avec laquelle elle verse des libations ou de la nourriture sur des serpents. 3o. Même tête, et, derrière, la lettre Q. R. NEMCO dans le champ, et au-dessus une fiole renversée; le tout contenu dans une couronne de laurier.

Les pièces no 2 et no 3 sont en bronze. La tête que l'on voit sur ces pièces est certainement la représentation de la colonie, qui, comme Rome, s'était personnifiée en Minerve; quant à la fiole renversée, on a supposé, et probablement avec raison, qu'elle faisait allusion à la consécration de la colonie. La lettre s signifie probablement semis, et la lettre Q quinarius; la médaille sur laquelle on déchiffre cette dernière lettre est en effet beaucoup plus petite que celle où se trouve la première.

Lorsque le sort de l'empire eut été décidé, et qu'Auguste devint maître du monde, le type monétaire de Nîmes fut notablement modifié; on n'y fabriqua plus que des monnaies de bronze, du module de nos sous, et qui portaient d'un côté les têtes d'Auguste et d'Agrippa accolées dos à dos, en réminiscence sans doute de la tête de Janus, qui se voit souvent sur les as romains. De ce côté de la pièce on lisait IMP. DIVI.F Ou IMP. P. P. DIVI. F; au revers se

trouvait un palmier, auquel était attaché par une chaîne un crocodile, avec la légende COL.NEM. La première légende du droit doit s'interpréter IMPerator DIVI. Filius, c'est-à-dire, en la paraphrasant, Auguste, empereur, fils du divin Jules; et IMP. Pater Patriæ,

DIVI Filius, ou, en la rapportant à Agrippa, Patronus Parens, c'est-à-dire père et patron de la colonie de Némis. Quoi qu'il en soit, il est incontestable que le type du revers fait allusion à la victoire navale d'Actium et à la conquête de l'Égypte.

Les monnaies de Nîmes à cette empreinte sont fort communes, et il n'est pas rare d'en trouver qui sont coupées par moitié. Quelques antiquaires ont vu dans ces moitiés de pièces des tisseræ hospitalitatis, c'est-à-dire, des signes que se donnaient des personnes liées par les liens de l'hospitalité. Peut-être aurait-on plus de raison de croire, avec M. de la Saussaye, que ces pièces n'ont été coupées en deux que pour former des espèces de moindre valeur.

Nous ne devons pas oublier de mentionner ici un fait, unique peut-être en numismatique, c'est qu'au siècle dernier on a trouvé, dans la fontaine de Nîmes, des pièces à l'empreinte ci-dessus décrite, et qui étaient munies de pieds de sangliers; c'étaient certainement des exvoto et des amulettes. Un exemplaire de cette rareté archéologique se trouve déposé au cabinet du roi.

Le type du palmier et du crocodile se naturalisa à Nîmes, et lorsque le droit de battre monnaie fut retiré à cette ville, c'est-à-dire probablement peu de temps après le règne d'Auguste, ce type devint l'emblème et l'insigne de la cité. Aujourd'hui encore, Nîmes le porte dans ses armes. Au seizième et au dix-septième siècle elle marquait de ces images ses poids et mesures, et elle avait sans doute agi de même pendant tout le moyen âge.

Selon toute apparence, cette ville dut frapper monnaie sous les Mérovingiens; mais on n'a encore trouvé aucun triens qui puisse lui être attribué. Du temps des Carlovingiens, elle a frappé le denier suivant:+NIMIS CIVIS X, monograme de Charles; R. CARLVS IMPER autour d'une croix. Cette pièce doit appartenir à Charlemagne ou à Charles le Chauve. Depuis cette époque, on ne trouve plus aucune monnaie de Nîmes.

Ninon de Lenclos. Voyez Lenclos. NIORT, ville de l'ancien Poitou, aujourd'hui chef-lieu du département des Deux-Sèvres.

Niort était déjà considérable sous les rois de la seconde race, car elle donnait alors le nom de Pagus niortensis à une division territoriale de la province du Poitou. Elle fut assiégée onze fois, en 1223, en 1230, en 1345, en 1355, en 1371, en 1373, en 1558, en 1559, en 1576, en 1588 et en 1689. En 1285, sous Philippe le Hardi, son port fut déclaré franc. Elle fut, en 1360, livrée aux Anglais, en exécution du traité de Brétigny; mais du Guesclin la leur reprit en 1371. On y creusa, en 1377, un nouveau port. Enfin Louis XI lui donna, en 1461, des lettres patentes qui conféraient la noblesse au maire, aux douze échevins et aux douze conseillers communaux, pour en jouir à perpétuité eux et leurs descendants.

C'est la patrie de madame de Maintenon, de Beausobre et de Fontanes; on y compte 18,000 habitants.

NIQUET. Du temps de Charles VI, et à l'époque où les Anglais étaient maîtres d'une partie de la France, on frappa à Paris une monnaie qui fut appelée Niquet. C'était sans doute une monnaie de peu de valeur et d'un aloi fort bas, car le proverbe, je n'en donnerais pas un niquet, pour signifier qu'on prise bien peu une chose, est resté parmi nos dictons populaires. Leblanc, qui parle des niquets, dans son Traité des monnaies de France, avoue qu'il ignore ce que c'était et d'où venait ce nom. Ce nom n'est cependant pas difficile à expliquer: Niquet, abréviation de Nicolas, est certainement le nom du monnayeur qui fut chargé de fabriquer ces especes. Il arrivait en effet souvent au moyen âge, qu'on appelait les espèces du nom de celui qui avait eu l'entreprise de leur fabrication. C'était ainsi qu'à la fin du treizième siècle et au commencement du quatorzième, les gros de Flandre étaient appelés baudequins et claisquins, des noms de Baude et de Clayes de Quins, qui les avaient frappés. Il devait en être de même des niquets au quinzième siècle. Quant à la nature de ces pièces, ce devaient être nécessairement de petites monnaies taillées conformément aux systèmes tournois ou parisis.

NITHARD naquit vers 785. Il était

par sa mère petit-fils de Charlemagne; son père Angilbert était comte de la côte maritime, et tout fait présumer que Nithard lui succéda dans cette charge. Vers 840, il fut député par Charles le Chauve vers l'empereur Lothaire, son frère, pour tâcher de conclure la paix entre eux, et deux ans après il fut chargé de régler le partage des terres. avec Louis le Germanique; il ne put, malgré tous ses efforts, faire cesser la guerre entre les trois frères. Quelque temps après, ayant pris les armes pour repousser une invasion de Normands, il reçut une blessure à la tête, et mourut vers l'an 859 Nithard a laissé l'Histoire des divisions entre les fils de Louis le Débonnaire. Cette histoire, très-intéressante par rapport à l'époque qu'elle décrit, a été éditée pour la première fois par Pithou en 1588. Duchesne en a donné une autre édition en 1636, et enfin dom Bouquet l'a insérée en 1749 dans le Recueil des historiens des Gaules et de la France.

NITIOBRIGES, peuple gaulois qui fut considéré comme faisant partie de la Celtique jusqu'à ce qu'Auguste l'eût réuni à l'Aquitaine, ainsi que nous l'apprend Strabon. Il avait pour capitale Aginnum, l'Agen moderne.

NIVERNAIS. Vovez NEVErs.

NOAILLES, nom d'une illustre famille du Limousin qui a fourni un grand nombre d'hommes célèbres, surtout dans les armes. Les plus importants sont :

Antoine, né en 1504. Il entra fort jeune dans la carrière des armes; accompa gna (1530) en Espagne le vicomte de Turenne, son parent, chargé d'épouser, pour François I", Eléonore d'Autriche; se distingua pendant la seconde guerre de François Ier contre Charles-Quint, notamment à la bataille de Cérisolles en 1544; recut le titre d'amiral de France à l'avénement de Henri II; fut ensuite envoyé en ambassade en Angleterre; négocia la trêve de cinq ans conclue à Vaucelles, en 1556, entre l'empereur et le roi de France, et mourut dans son gouvernement de Bordeaux en 1562. Ses négociations en Angleterre ont été publiées par l'abbé de Vertot, avec celles de son frère, 1763, 3 vol. in-12.

François, frère du précédent, et le

plus habile diplomate de son siècle, né
en 1519, embrassa l'état ecclésiastique
et se trouvait pourvu de l'évêché d'Aqs
lorsque Henri II l'envoya en ambassade
à Venise en 1558. Il fut ensuite succes-
sivement chargé des ambassades de
Londres, de Rome et de Constantino-
ple. Pendant qu'il était en Turquie, il
rétablit la paix entre Sélim II et les Vé-
nitiens. De retour en France, il conti-
nua de jouir d'une grande considéra-
tion à la cour, et mourut à Bayonne en
se rendant aux eaux des Pyrénées, en
1585.

Louis-Antoine, cardinal, archevêque
de Paris, né en 1651, fut promu de
bonne heure aux premières dignités de
l'Église. Dans la controverse du quié-
tisme entre Bossuet et Fénelon, il joua
d'abord le rôle de médiateur, puis il se
rangea du côté de Bossuet. En 1697, il
fut nommé commandeur des ordres du
roi; créé cardinal, en 1700, il n'eut pas
assez de fermeté pour prendre un parti
dans les troubles qui agitaient l'Église
à l'occasion des jésuites; en sorte qu'à
sa mort, en 1720, son diocèse était en
proie à une agitation extrême. Dans la
désastreuse année de 1709, il avait fait
fondre son argenterie pour venir au
secours des pauvres. On peut consulter,
pour de plus amples renseignements sur
ce prélat, les Mémoires chronologiques
du P. d'Avrigny, et l'Histoire de Fene-
lon, par le cardinal de Bausset.

Anne-Jules, frère du précédent, né fit en 1650, embrassa l'état militaire, sa première campagne en 1664, et commanda les quatre compagnies des gardes du corps dans la conquête de la Franche-Comté en 1668. Pendant la guerre de Hollande, en 1672, il donna de ses talents une si haute opinion que le roi lui confia le gouvernement du Languedoc. Lors de la révocation de l'édit de Nantes, il essaya les moyens de douceur contre les rebelles, puis fut rappelé, en 1689, pour être mis à la tête d'une armée destinée à seconder les Catalans, qui voulaient secouer le joug de l'Espagne et se mettre sous la protection de la France. Il se signala par quelques expéditions préparées avec prudence et exécutées avec adresse, telles que la prise du château de Campredon. Il gagna la bataille du Ter, le 27 mai

1694, prit Palamos et Girone, ainsi que le château d'Hostalrich, le 20 juillet 1694. En 1695, sa santé l'obligea à quitter l'armée; il revint à la cour, y passa plusieurs années, et mourut en 1708.

Adrien-Maurice, duc de NOAILLES, fils du précédent, né en 1678, fit ses premières armes en Catalogne sous les ordres de son père, et fut choisi en 1700 pour accompagner le duc d'Anjou à Madrid. Pendant la guerre de la succession, il se distingua par ses talents militaires. Lieutenant général en Roussillon, il tenta dans différentes circonstances des diversions en Espagne; remporta, en 1708 et 1709, plusieurs avantages sur l'ennemi; prit Girone au milieu de l'hiver de 1710, et força, par cet exploit, le reste de l'Aragon à poser les armes. La grandesse d'Espagne de première classe et le titre de duc et pair furent la récompense de ses services. Après la mort de Louis XIV, il devint membre du conseil de régence; fut ensuite nommé président du conseil des finances (1718), et fit des réformes utiles. L'entrée de Dubois dans le conseil fut pour lui la cause d'une disgrâce à laquelle mit un terme la mort de ce ministre (1723). Dans la guerre de 1733, il força les Allemands à évacuer Worms. Il fit ensuite la guerre en Italie et en dernier lieu en Allemagne (1743). Après cette campagne, il entra au ministère, et mourut à Paris en 1766. On a de lui des Mémoires publiés en 1777, par l'abbé Millot, 6 vol. in-12.

Louis, duc de NOAILLES, fils aîné du précédent, né en 1713, d'abord comte, puis duc d'Ayen, parcourut la carrière des armes, succéda à son père dans le gouvernement de Saint-Germain en Laye en 1754, et fut créé maréchal de France l'année suivante. Il mourut à Saint-Germain en Laye, le 22 août

1793.

Jean-Louis-François-Paul, duc de NOAILLES, fils aîné du duc d'Ayen, naquit en 1739. En 1755, colonel du régiment de cavalerie du nom de sa famille, il fit à la tête de ce corps la guerre de la succession d'Autriche et les quatre dernières campagnes de la guerre de sept ans. A la révolution, il émigra; mais dès qu'il sut que le roi était en

danger, il revint à son poste, et se tint constamment près de sa personne pendant la journée du 10 août. Voyant toutefois qu'il ne pouvait lui être d'aucune utilité, il émigra de nouveau et se retira en Suisse, où il demeura trente ans. Il reparut un moment en France à l'époque de la restauration, siégea quelquefois à la chambre des pairs, et mourut en 1824 à Fontenay-en-Brie. Il avait été reçu en 1777 membre de l'Académie des sciences. Il fut compris, en 1816, dans la réorganisation de l'Institut, avec le titre d'académicien libre.

Philippe, comte de NOAILLES, puis duc de MOUCHY, deuxième fils d'Adrien Maurice, naquit à Paris, en 1715. Il entra fort jeune au service, comme colonel du régiment de son nom, et fit avec distinction toutes les guerres qui eurent lieu depuis 1733 jusqu'en 1759. Dans la campagne de 1742, le duc d'Harcourt, qui commandait la retraite de l'armée de Bavière, manda à la cour que c'était au comte de Noailles (le duc de Mouchy portait alors ce nom), qu'il avait l'obligation du salut de son armée. Dans la campagne de Flandre, le duc de Mouchy fut auprès de Louis XV, en qualité d'aide de camp, et en 1748, il fut fait lieutenant général. Il obtint peu de temps après le gouvernement de la Guienne, et s'y fit généralement aimer par sa générosité et sa bienfaisance. En 1787, il fit partie de l'assemblée des notables, puis il se retira dans ses terres, d'où il ne sortit qu'en 1792, pour se rendre auprès de Louis XVI. Arrêté, et accusé d'avoir donné des secours aux prêtres réfractaires, il fut conduit à la Force, avec sa femme, et condamné à mort en juin 1794.

Louis-Marie, vicomte de NOAILLES, second fils du précédent, naquit en 1756. Il fit une étude particulière de la tactique; fit la guerre d'Amérique sous Washington; fut un des plus zélés partisans de la révolution, qu'il n'approuva cependant pas dès le principe, car ce ne fut qu'après la réunion de la noblesse au tiers état qu'il se plaça au côté gauche de l'assemblée nationale. Dans la nuit du 4 août 1789, il proposa l'égale répartition des impôts, le rachat des droits féodaux et la suppression des

servitudes personnelles. Ses talents lui donnèrent de l'influence, surtout dans le comité militaire; ce fut sur ses rapports que l'on décréta l'organisation de l'armée et de la gendarmerie. Après le départ de Louis XVI pour Varennes, il prêta serment de fidélité à la nation et à l'assemblée; fut employé ensuite comme maréchal de camp à l'armée des Ardennes, puis enfin chargé du commandement des avant-postes du camp de Valenciennes en 1792. Peu après, il donna sa démission et passa en Angleterre. Il revint en France sous le consulat, se fit rayer de la liste des émigrés et partit pour Saint-Domingue en qualité de général de brigade. Chargé de la défense du môle Saint-Nicolas, et réduit à la dernière extrémité, il s'embarqua pour la Havane avec ses troupes, et parvint à échapper à la surveillance de l'ennemi; ayant rencontré dans la traversée une corvette anglaise, il l'attaqua avec audace, monta le premier à l'abordage et s'en rendit maître; mais il reçut dans ce combat une blessure dont il mourut à la Havane, le 9 jan

vier 1804.

NOBLESSE. On est frappé de stupéfaction quand on lit ce qui a été écrit sur la noblesse, par des hommes qui ne manquaient point d'érudition, mais étaient complétement dépourvus de critique et de jugement. Il en est qui ont affirmé sérieusement qu'elle est aussi ancienne que le monde; qu'Adam, sa femme et ses enfants étaient nobles, et que Caïn, l'aîné de la race, ayant flétri son écusson par le meurtre de son frère Abel, fut dépouillé par Dieu des priviléges de sa naissance, réduit en servage, et que c'est de lui que descendent les roturiers. D'autres, se contentant de dater du déluge, ont écrit que Noé et les siens étaient décorés de la noblesse, et que s'il y a des hommes de roture, ils sont issus de Chanaan, que le patriarche maudit et condamna à la servitude pour punir Cham, dans son fils et dans toute sa postérité, de l'irrévérence qu'il avait commise. Enfin, Jésus-Christ a beau avoir voulu naître dans une étable et être fils d'un artisan, selon le P. Ménestrier, il n'en fut pas moins noble par son père Joseph, bon gentilhomme, issu de la maison royale

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