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Calais estoit bien lontaing et en l'obéyssance de ses ennemis. Mais ce lui fist accorder et consentir, la faveur de mondit seigneur le duc d'Orliens, qui pour celle cause debvoit estre admené au dessusdit lieu de Calais. Car le Roy vouloit et désiroit qu'il fust présent, ou près du lieu où ladicte cause seroit démenée, pour y avoir son advis, ainsy que bien raison estoit, veu la prochaineté de linage à quoy ycelui duc d'Orliens actient au Roy, et aussy pour parvenir à aulcuns moyens de sa délivrance. Et, ce ne fust pour les causes dessusdictes, le Roy n'euyst point accepté le lieu de Gravelignes dessusdit. A laquelle convencion fut faite une cédulle par mondit seigneur d'Orliens et madicte dame la duchesse de Bourgongne, contenant pluiseurs poins touchans ladicte paix. Laquelle cédule fut envoyée devers le roy Charles, où il avoit lors ses Trois Estas, pour la diversité des oppinions, aussy pour la féaulté de mondit seigneur le Dauphin, auquel, comme chascun sçet, touche plus que à nul aultre après le Roy, et aussy que point n'y estoient les seigneurs et gens des pays de Languedoc, de Vienne et d'aultres pays, fut prinse une aultre journée à Bourges en Berry, ou mois de février ensievant. Auquel jour et lieu le Roy avoit intencion de estre. Mais nonobstant certaines divisions qui lors sourvindrent, ne peut venir à ladicte journée.

Item, et nientmains en entretant l'apointement de la journée prinse par mondit seigneur d'Orliens et madicte dame la duchesse de Bourgongne, envoia, à la journée emprinse au premier jour de may, solempnelle ambassade avec povoir souffisant pour besongnier au fait de ladicte paix. Et y furent et demourè

rent lesdiz ambassadeurs par l'espace de sept ou de huit mois, sans rien besongnier, par la défaulte des Anglois qui point n'y envoyèrent gens, ne povoir pour besongnier. Et tant seulement fut emprise une aultre journée au premier jour de may ensievant, qui fut l'an mil IV et XLII. Auquel jour, de rechief, le Roy envoia moult notables ambassadeurs ayans povoir souffisant comme dessus. Et n'y fut riens besongnié, pour la défaulte des Anglois qui n'y avoient envoyé que ung simple clerc; qui n'estoit point personne souffisante pour traictier de telle et si haulte matère.

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Item, et lors de rechief fut fort pourparlé par mondit seigneur le chancelier avec ma dicte dame la duchesse de Bourgongne, de entreprendre une aultre journée au premier jour de ce présent mois de may, ès marches de Beauvais, de Senlis ou de Chartres. Laquelle journée madicte dame de Bourgongne fist sçavoir au roy d'Angleterre. Et ly fut faite responce par unes lettres, lesquelles elle envoia au roy de France. Et en effect contenoient que en aultre lieu ne tendroient ne feroient tenir ladicte convencion que audit lieu de Gravelignes, auquel lieu le Roy n'a délibéré de tenir ladicte journée.. Et meismement par ce que, veu que par trois fois le Roy avoit envoyé en l'obéyssance desdis Anglois, ne debvoient yceulx Anglois refuser lieu en l'obéyssance du roy de France, où ils povoient sceurement et convenablement assambler. Et ce que le Roy consenty tant de fois assambler audit lieu de Gravelignes, a esté en faveur de la délivrance de mondit seigneur le duc d'Orliens.

Item, et nientmains le Roy, pour tous jours de plus en plus moustrer et donner à congnoistre son bon

propos et voulenté, en continuant ce que par monseigneur le chancelier avoit fait sçavoir à madicte dame la duchesse de Bourgongne, est content de tenir journée avec sesdiz adversaires les Anglois pour le bien de paix, au xxve jour du mois d'octobre prochainement venant, ès marches ci-dessoubs déclarées. C'est assavoir entre Pontoise et Mante, entre Chartres et Verneul, entre Sablé et Le Mans, jusques à la place moyenne, devisée et prinse par les ambassadeurs commis d'une part et d'aultre. Et ne puet le Roy plust tost prendre journée audit xxve jour pour deux causes très raisonnables. La première si est qu'il voelt estre retourné de la journée de Tartas au temps dessusdit, et estre près du lieu où ladicte convencion se tendra, acompaignié de messeigneurs de son sang qui estre y vouldront, ou de leurs gens, aussy des prélats, barons et grans seigneurs, et aultres notables hommes de son royaume, et meismement ceulz de la nacion de Normendie, sans lesquelz, avec les aultres dessusdiz, il n'a intencion de procéder, ne besongnier en ladicte cause et matère de paix, ainsy que raison est, veu qu'ils ont bien acquité leur loiaulté envers le Roy son père, et luy. Et tant y ont souffert qu'ils ont bien déservi de y estre appellés et de en avoir l'oppinion d'eulx et leur conseil; et aussy pour ce que la chose leur touche plus que à nulz aultres. L'aultre cause, si est pour les anciennes alliances qui sont entre les nacions d'Espaigne et de France et de celles d'Escoce, lesquelles jusques à l'eure présente se sont bien entretenues et gardées, le Roy envoiera par ycelui temps pendant devers lesdiz rois d'Espaigne et d'Escoce et ses aultres alyés, pour eulx signifier la cause de ladicte

convencion, adfin de avoir leur advis, conseil et consentement. Car par les anciennes alliances que ilz ont ensamble, ilz ne pueent ne doibvent faire paix finalle, ne prendre longues trêves auxdis Anglois, sans le consentement les ungz des aultres. Car tous jours depuis lesdictes alliances faites entre les dessusdiz rois de France, d'Espaigne et d'Escoce et aultres, elles ont esté bien gardées et entretenues et de par le Roy, qui à l'eure présente est confermée, pour riens ne les vouldroient enfraindre, ne aler au contraire. Et bien a cause de ce faire, car il a trouvé lesdictes alliances entre eulx bonnes et seures envers luy et les gens de leurs pays. Et ont fait leurs subgects de grans services à la maison de France. Et pour ce que le Roy doibt désirer et désire que les debvoirs en quoy il s'est mis et voelt mettre, lesquelz comme luy samble doibvent estre tenus de toutes gens très licites et raisonnables, et soit congneu partout maintenant et pour le temps advenir pour son acquit et descharge envers Dieu et le monde, il a intencion de signifier les debvoirs dessusdiz en quoy il s'est mis, et le offre que de présent il fait de tenir convencion avec sesdiz adversaires pour le bien de paix, ès lieux dessusdiz, qui autant ou plus sont à l'advantaige et seurté de partie adverse, comme du Roy, à nostre Saint Père le pape, auxdis rois d'Espaigne et d'Escoce, et aultres seigneurs, ses alyés. En oultre, le Roy le fera sçavoir à la partie d'Angleterre adfin qu'ils y envoyent. Et requiert le Roy à monseigneur le duc d'Orliens, les ducs de Bourgongne et de Bretaigne, et à madame la duchesse de Bourgongne, qui en ceste matière se sont employés, que devers ladicte partie d'Angleterre ils voellent envoyer aulcuns

de leurs gens pour exploitier, induire et mouvoir à renvoyer leurs ambassadeurs solempnelz, avec bon souffisant povoir, au jour et l'un des lieux dessusdiz, pour yluecq besongnier au bien de la matère de paix. Auquel temps n'y aura point de faulte que le Roy n'y envoie gens notables, ayans povoir souffisant.

Item, le Roy voelt dès maintenant ouvrir et descouvrir de sa volenté à messeigneurs, comme à ceulx de qui il doibt estre seur et certain qu'ils voellent l'onneur de luy et de sa couronne ainsy que raison est, comme ceulx qui en sont descendus et prouchains, touchant certaines parolles qui y furent dictes, dont le Roy est informé, qui servent biaucop à la matière de paix. Lesquelles sont, que à la première assamblée qui fut tenue entre Gravelignes et Calais, présent madame la duchesse de Bourgongne et le cardinal d'Angleterre, il fut prononcié par la bouche de l'archevêque d'Yorch que Usque in ultimo flactu1, toute la nacion d'Angleterre ne soufferroit pas, ne consentiroit que leur roy tenist riens en hommage, ressort ne souveraineté, de nul aultre roy ou prince, que de luy meisme. Qui estoit chose mal accordable pour parvenir à quelconque traictié de paix, et n'est point chose qui se puist, ne doibve faire. Et pour ce, le Roy est délibéré et arresté que pour riens il ne baillera, ne délaissera aulcune chose auxdiz Anglois, que ce ne soit en foy et en hommage, souveraineté et ressort, comme les aultres vassaulx de son royaume et ses subgectz. Car il ne voelt pas que ce que ses prédécesseurs ont augmenté et acreu par la vaillance et bon gouverne

1. Sic. Lis. flatu.

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