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et partirent hors de laditte ville pour aler au devant d'eux et laissa ses gens en icelle ville pour tenir ledit siège. Et tantost après ce, s'entrencontrèrent les deux partis dessusdis et combatirent grant tamps. Mais enfin il furent les Dalphinois desconfis, et y moru bien Lhommes d'armes de leur costé, et les aultres s'enfuirent. Et che fait s'en retourna ledit de Vregy en sondit siège. Et estoit à che tamps retourné en Brabant le conte de Saint-Pol dessusdit, pour le gouvernement, qui estoit moult simple audit pais, comme dit est chy-devant.

En ce tamps arriva le Dalphin à Sanssoirre et là se tint grant tamps. Et lui firent cheux de La Charité-sur-Loirre obéissanche, et y furent mis de par ly grosse garnison de gens d'armes, faissans frontière contre les Bourguignons. Et adonc estoit le prince d'Orenge à Nevers, gardant la ville et le pais, appartenant as enfans de feu le conte de Nevers, oncle dudit duc de Bourgongne.

En la compaignie du Dalphin avoit grant nombre de gens, lesquelz furent nombrés à XX" combatans et s'en attendoit encore grant cantité de pluiseurs lointains pais comme d'Espaigne, de Gennes, de Lombardie, d'Escoche et d'ailleurs. Lesquelz il avoit mandés à ses gaiges, et pour che faire il avoit assamblé grant avoir et avoit fait lever grandes tailles et aydes par tous les pais à ly obéissans. Et le duc de Bourgongne à l'encontre manda au roy d'Engleterre que il ly envoiast certaine cantité d'archiers pour estre en sa compaignie. Lequel roy ly remanda que il ly envoieroit lesdis archiers par ly requis et tel capitaine pour les conduire dont il serroit bien comptens,

Le premier jour de jullet morut en la ville de Gand dame Michielle de France, femme et espeuse du duc de Bourgongne, et fu enterrée à Saint-Bavon lès Gand. De laquelle mort le peuple de Flandres fu moult dolant, car elle estoit plaine de humilité, de sens et de courtoisie et de toute prudence et bonté, et estoit de tous amée. Et morut sans hoir avoir du duc de Bourgongne. De laquelle mort les Flamens suspechonnèrent le sieur de Roubais et la femme de Copin de la Viesville, laquelle avoit tousjours demouret aveucq elle dès le tamps de sa jonesse, et n'avoit que bien peu de tamps que elle s'en estoit partie, par maltalent. Et sy estoit lors ledit de Robais en Bourgongne aveuc le duc, et tousjours avoit estet continuellement depuis son département d'Artois. Mais che non obstant se, fu il vannys (banni) aveuc laditte demoiselle,

nommée Ursèle, l'espasse de L ans et ung jour dudit pais de Flandres, par les quatre membres dudit pays.

En che mois de jullet fist le roy d'Engleterre partir son frère le duc de Bethefort, aveucq ly le roy d'Escoche, le duc d'Excestre et toute la fleur de sa chevalerie et très grant nombre d'archiers, pour aler en l'ayde du duc de Bourgongne. Et ly meisme, très malade, se fist mettre en une litière et parti de Meleun sur Saine pour sievir ses gens. Mais il fu sy appressé de saditte maladie que il le convient retourner, et se fist mener au castel de Beauté au Bois de Vissaine. Et ses gens s'en alèrent tous jours devers le duc de Bourgongne, à tout leur puissance. Et à ce tamps, estoient le roy de France et les deux roynes, à Senlis. Mais la royne d'Engleterre s'en ala audit Bos de Vissaine veoir ledit roy d'Engleterre, son mari.

En ce tamps partirent de Piccardie le seigneur de Croy et le maistre des arbalestriers de France, à tout III hommes d'armes, prins au pais d'Artois et en la chastelerie de Lille en Flandres, dont ledit maistre des arbalestriers estoit gouverneur. Et s'en alèrent après, lesdis Englois, au service dudit duc de Bourgongne.

En celle meisme saison et audit mois de jullet, bien pau devant le département dudit maistre des arbalestriers, fu traitiet fait à messire Jaques de Harcourt et à ceulx de Saint-Waleri tel : estassavoir, que se dedens le IIIIe jour de septeinbre prochain ensievant ledit de Harcourt n'estoit secourus du Dalphin de Viennois de secours sy puissans que pour combatre la puissanche du roy d'Engleterre ou dudit duc de Bourgongne, il de Harcourt feroit délivrer laditte ville de Saint-Waleri en l'obéissance du roy France et du duc de Bourgongne, et non autrement. Et par tant fu le siège levés par le consentement du roy d'Engleterre, moyennant les hostages que ledit de Harcourt en livera pour la seureté de sa promesse entretenir. Et furent les traiteurs l'évesque d'Amiens et maistre Christofre de Harcourt frère, audit messire Jaques, et ledit maistre des arbalestriers.

de

Ainsy que cy dessus est dit, s'en alèrent Englois et Picars en l'ayde du duc de Bourgongne, et meismement y ala messire Jehan de Luxembourc, tout nouvellement relevé de saditte maladie, et commist lors le seigneur de Saveuse à demourer et garder sa fortresse de Beaurevoir, à tout cent hommes d'armes et C hommes

de trait, pour frontière tenir à ceux de Guise. Et Jehan d'Obigny fu commis à garder les frontières du pais de Lannois, à tout ses gens.

Tant chevaucèrent Englois et Piccars que il arrivèrent sur la rivière de Loire, et se mirent en la compaignie dudit duc de Bourgongne nouvellement retourné de sesdis pais, desquelz il avoit amené toute la poissance de gentilesse et plus que oncques son tayon ne son père n'en avoit mené hors à une fois, et dont se trouva iceluy duc fort assés pour combattre toute la poissance dudit Dalphin. Lequel Dalphin avoit lors en sa compaignie, comme on maintenoit publicquement et pour vérité, plus de CTM hommes combatans arrivés de pluiseurs contrées, dont il y avoit beaucoup de communes du pais de Berry et d'ailleurs. Et le duc de Bourgongne n'avoit nulles communes, mais toutes gens de cheval et d'aultres de guerre. Et avoit lors ycheluy Dalphin mis siège devant Coene à toute puissance.

Quant les gens du Dalphin furent tous assamblés et passés à monstre, il sambla à ses gouverneurs que il estoit puissans assés pour combattre tous cheux de France, pour ung jour. Et pour ce il fu conseilliés de demander journée de bataille au duc de Bourgongne de puissance contre puissance. Laquelle ly fu par ledict duc acordée au XIIe jour du mois d'aoust lors ensievant. Et fu ycelle journée à entretenir par les deux princes dessus dis et en baillèrent ly ungs à l'autre leurs lettres patentes sellées de leurs seaux. Et fu la place devisée à combatre sur laditte rivière de Loire du costé devers Paris, car les Bourguignons n'avoyent point de passaige pour aler oultre laditte rivière.

Au XII jour du mois d'aoust dessus dit se mist le duc de Bourgongne en ordonance pour combattre ledit Dalphin, ainsi que promis l'avoit. Et ordonna ses gens en trois batailles, c'estassavoir avant garde, bataille et arrière garde. Et pour plus seurement faire au gré de chascun et pour oster les descors qui porroient estre meux entre les nations de sa patrie pour avoir l'onneur d'aler devant, pour quoi moult de maux sont avenus en tamps passé, il mist en chascun de ses trois batailles, par le bon conseil que il eut des princes et barons de sa compaignie, de toutes les nations qui estoient en saditte compaignie, et furent tous ensamble meslés les ungs aveuc les aultres, c'estassavoir Englois, Bourguignons et Picarr en l'avant garde, et pareillement en la grosse bataille et en l'arrière garde, tellement que on ne eust peu dire véritablement

ves là les Picars, ou les Bourguignons ou les Englois, ains estoient tous meslés ensamble. Qui fu une ordonnanche moult prisée et qui fist moult douter leurs adversaires, car chascun fu comptent de demourer ou il estoit ordonné.

Quant ces ordenanches furent faittes ainsi que dit est, le duc de Bourgongne envoya son avant garde bien matin en la place devisée à combatre, et puis parti en sa bataille, le duc de Bethefort emprès lui, et sievant leur avant garde en moult noble arroy. Et après eux chevaucha leur arrière garde moult arréément, et arrivèrent tous en laditte place. En laquelle il atendirent leurs anemis en celle ordenanche du matin jusques à III heures après disner, ou environ. Et envoyèrent leurs coureurs sy avant que ilz porent bonnement aler, mais il leur rapportèrent que ilz n'avoient veu nulle apparance que leurs dis anemis deuissent entretenir leur promesse, mais avoyent entendu que ilz estoient tous divisés et départis et que chascun s'en r'aloit en son pais. Et adont retourna le duc de Bourgongne et tous cheux de sa compaignie, et s'en rala chascun en son logis, moult dolens de che que ilz n'avoient eu la bataille, combien que les pluiseurs en avoient bien dit autant. Car oncques loyaulté ne fu trouvée esdis gouverneurs dudit Dalphin. Desquelx à che jour estoient principaux, le conte d'Aumale, le visconte de Nerbonne, Taneguy du Castel et aultres, qui furent à la mort dudit duc de Bourgongne.

Après celle journée retournèrent les ducs de Bourgongne et de Bethefort et leur compaignie envers Paris, exceptés aucuns barons et capitaines de Bourgongne et de Savoye, lesquelx en la plus grand partie retournèrent en leurs pais par le congiet du duc de Bourgongne. Et quant ilz arrivèrent audit lieu de Paris, ilz trouvèrent que le roi d'Engleterre estoit nouvellement trespassé. Et estoit mort le darrain jour d'aoust audit Bois de Vissaine, et puis fu menés en l'église de Notre-Dame audit lieu de Paris.

De celle mort furent moult dolans les princes dessus nommés. et ossy fu le peuple de France tenant le parti bourguignon. Car c'estoit ung prinche de grant hardement plain et estoit moult entreprenant, et sy avoit en luy très grant prudence, loyaulté, justice et preudommye. Et au tamps de sa mort estoyent encores le roy et la royne de France à Senlis. Lesquelz furent assez tost après ramenez à Paris. Auquel lieu fu fait un moult noble service pour l'âme dudit Roy.

Après les choses ainsi advenues, furent les princes dessus dis, avoec le conseil du Roy de France, tenans pluiseurs journées de conseil pour le gouvernement du royaume de France. Et en fin furent d'accord ensamble de entretenir la paix faicte à Troies en Champaigne, cy devant escripte. Et fu commis le duc d'Excestre à demourer à Paris pour les Englois, et le duc de Bourgongne y demoura par une espace de tamps tant que les choses furent mises en bonne ordonnance pour entretenir le peuple en bonne union. Lequel peuple avoit toute sa confidence en iceluy duc de Bourgongne.

Au IIII jour de septembre allèrent aucuns barons et capitaines de Picardie à la journée de Saint-Wallery semonre et sommer messire Jacques de Harcourt de sa promesse entretenir. Lequel de Harcourt, après lesdictes sommacions et semonce, leur fist faire ouverture de ladicte ville de Saint-Wallery et leur fu délivrée du tout en l'obéissance devant dicte. Et en fu fait capitaine messire Jehan de Blondel, seigneur de Dourier. Et furent trièves reprinses entre iceulx de Harcourt et les dis barons jusques à la Toussains ensievant. Et fist ledit de Harcourt pluiseurs courses au pais d'Artoix et en le conté d'Eu et entour ledit Crotoy. Après le service fait de Notre-Dame de Paris l'âme du roy d'Engleterre, fu le corps d'iceluy roy mené à Rouen et delà à Calaix, et puis fu menez et enterrés en Engleterre. Et le conduisy le duc de Bethefort jusques audit lieu de Calaix. Et la royne d'Engleterre se fist mener en Engleterre avec ledit corps.

pour

En ce tamps fu le seigneur de l'Ille-Adam mis hors de prison et du tout restitués de ses offices et estas, et fu commis à garder le chastel du Louvre. Et fu commune renommée que ledit roy d'Engleterre ordonna sadicte délivrance au lit mortel au Bois de Vissaine.

Après ces choses, party le duc de Bourgongne de Paris, environ le my-mois d'octobre, et s'en retourna en ses pais d'Artois et de Flandres. Et manda ses capitaines à Arras; et là fu conclud que messire Jehan de Luxembourcq et aucuns autres capitaines de Picardie se mecteroient sus pour nectoyer pluiseurs fors où Armignas se tenoient, entour Guise et Saint-Quentin. Et pour ce faire mandèrent et assamblèrent leurs gens entour Péronne.

En ce tamps se tenoit le bastard de Thian à Saint-Germain des Prez et tenoit frontière contre les Armignas estant à Marcoussy,

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