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et moult vaillamment. Entre lesquelx me fut dit que messire Charles de Boqueaulz y avoit esté bien veu.

CHAPITRE CCLXIII.

Comment le conte de Hontiton, anglois, et le visconte Dourse, subject au roy d'Espaigne, mirent le siége devant la ville de Tartas, appartenant au seigneur de Labreth.

Item, durant le temps dessusdit, le conte de Hontiton, anglois, le visconte Dourse, subject au roy d'Espaigne, et messire Thomas de Rameston, séneschal de Bourdeaulx, qui avoient la charge et gouvernement du pays de Guienne de par le roy Henri d'Angleterre, assambla des marches de Bordelois et du pays à l'environ, bien de cinq à six mil combatans, à tout lesquelz ils mirent le siége devant la ville de Tartas, appartenant au seigneur Charles de Lebreth. Et là devant furent ung mois ou plus, ycelle ville combatant et oppressant par pluiseurs et divers engiens. Et tellement se y maintinrent, que lesdiz asségiés se rendirent, par telle condicion que ladicte ville demourroit en la main du seigneur de Conach', et d'un fils de bourgois de Bayone, nommé Angerot de Saint-Per, qui estoient anglois. Et avec ce fut baillié en ostaige le maisné fils du seigneur de Labreth, nommé le cadet Charles, jusques au moy ensievant de l'an mil I et XLII. Lesquels le promirent à rendre à ycelui qui à ce jour seroit le plus puissant, des deux rois de France et d'Angletere, devant ycelle ville. Et promirent, oultre lesdiz

1. Coignac.

asségiés et les deux dessusdiz, que se les Anglois y estirent les plus fors, ladicte ville de Tartas et toutes les aultres villes, terres et signouries que lesdiz Anglois tenoient du seigneur de Labreth, seroient bailliés audit cadet Charles de Labreth, lequel feroit sairement de fidélité au roy d'Angleterre ou à ses commis.

Après lequel traictié, se départirent lesdiz Anglois asségans, et signifièrent brief ensievant au roy d'Angleterre ce qu'ilz avoient trouvé et besongnié, adfin que au jour dessusdit y peust pourveoir pour tant que touchier leur povoit. Et pareillement le fist sçavoir ledit seigneur de Labreth au roy de France, lequel luy promist de y aler en sa personne, avec la plus grande et la plus puissante armée qu'il pourroit finer ne trouver en toute son obéyssance.

CHAPITRE CCLXIV.

Comment le duc d'Orliens retourna de France devers
le duc de Bourgongne.

Item, en l'an dessusdit, Charles, le duc d'Orliens, retourna du pays de France devers le duc de Bourgongne, qui lors se tenoit en la ville de Hesdin. Lequel duc de Bourgongne, quand il sçeut sa venue, ala au devant de lui, et se entrefirent grand joie. Et tout ensamble s'en alèrent audit lieu de Hesdin, où le dessusdit duc d'Orliens fut par l'espace de huit jours, et y solempnisa la feste de Tous les Sains. Pendant lequel temps tinrent l'un avec l'autre pluiseurs grans et estrois consaulz sur leurs affaires et besongnes. Et conclurent de eulx assambler assés brief ensievant en

la ville de Nevers, avec pluiseurs aultres grans princes et seigneurs du royaume de France. Lesquelz jours passés, ycelui duc d'Orliens se départi d'yluecq, et par Saint Pol s'en ala en la ville d'Arras, où il fut moult haultement et honnourablement receu et festoié de tous les estas de ladicte ville, et luy furent donnés aulcuns biaus et riches dons. Et puis, partant de là, s'en ala à Paris, et de Paris à Blois.

Après lequel temps, le duc de Bourgongne fist assambler certain nombre de gens de guerre, lesquelx il conduist et mena ou pays de Bourgongne. Au devant duquel duc vinrent devers Troyes en Champaigne, grand partie des nobles dudit pays de Bourgongne, pour luy compaignier. Si renvoia les Picars qu'il avoit là amenez, et leur fist deffendre moult destroitement qu'ils ne sousjournassent et ne meffeyssent riens aux pays ne aux subgects du roy de France. Si fut en ce voiage, pour la seconde fois, abatue la forteresce du seigneur de Commarcis, assavoir est la forteresce de Montagu, laquelle ledit seigneur avoit fait réédifier.

CHAPITRE CCLXV.

S'ensieut la copie des instructions envoiées au roy Charles de France par les segneurs du royaume qui s'estoient assamblés à Nevers. Et les responces que le Roy et ceulx de son grand conseil firent sur ycelles instructions et les requestes faites par les dessusdiz.

Premièrement recitèrent quatre articles aultre fois proposés par les ambassadeurs du Roy par luy envoyés à Nevers devers lesdiz seigneurs, avec les responces servans à ung chascun article.

Item, remoustrèrent au Roy la nécessité de la paix généralle du royaume de France, et en ensievant ce que par luy avoit esté accordé, il debvoit, pour éviter charge, faire entretenir la journée de la paix au lieu acoustumé, sans soy arrester à la différence du lieu où on véoit point de intérest souffisant pour empeschier ladicte journée de paix. Et aussi que la journée de Tartas et celle de ladicte paix se peussent bien estre

entretenue.

Responce faite par le Roy auxdiz articles.

Quand est au premier point, il ne s'i fault point arrester. Car il n'a point esté récité des responces faites à Nevers par les seigneurs à monseigneur le chancelier de France, à messire Loys de Beaumont, et à aulcuns aultres envoyés audit lieu de Nevers par le Roy.

Audit second article touchant les remoustrances de la paix, etc., le Roy a eu et a tousjours bon vouloir de y entendre et procéder par effect, par tous moyens licites et raisonnables, comme il sçet bien que lesdiz seigneurs ainsy l'entendent. Et veus les debvoirs qu'il a fais en ceste matière, il s'en tient bien estre acquitié envers Dieu et le monde. Car, comme il est notoire, quand le traictié fut fait d'entre le Roy et monseigneur le duc de Bourgongne en la ville d'Arras, le Roy fist, par l'advis de mondit seigneur de Bourgongne, qui désiroit le bien et union desdiz royaumes, offres bien grandes et plus qu'il ne debvoit, aux Anglois qui pour lors estoient envoyés par le roy d'Angleterre pour traictier la paix desdiz deux royaumes. Lesquelles offres furent par eulx refusées. Et pour ce, et

aultres choses, sambla aux cardinaulx et aultres yluecq envoyés pour ladicte matière par nostre saint père le pappe et le saint concille de Basle, aussy aux parens, seigneurs et serviteurs que mondit seigneur de Bourgongne avoit assamblés de tous ses pays en bien grand nombre, que veue la desraison qui estoit en la partie d'Angleterre refusant telles offres, ledit seigneur de Bourgongne ne se debvoit plus tenir à leur loyaulté, mais, tant pour ce que pour aultres causes, s'en povoit desjoindre et faire paix avec le Roy, son naturel et souverain seigneur et chief.

Item, et depuis, le Roy, à la requeste de monseigneur d'Orliens et le duc de Bretaigne, et du consen tement de mondit seigneur de Bourgongne, sans lequel jamais ladicte paix d'Arras n'a volu entendre, ne procéder à nulz moyens de paix avec lesdiz Anglois, jà soit ce que de leur part aulcunes ouvertures luy en ayent esté faites, mais pour tousjours soy mettre en son debvoir, envoia envers mondit seigneur de Bretaigne ses ambassadeurs sollempnelz, à tout povoir souffisant pour prendre lieu de convencion où les ambassadeurs solempnelz de la part du roy de France et d'Angleterre peussent aler, et mondit seigneur le duc d'Orliens, qui debvoit estre amené à Chierebourg, y peust estre. Laquelle chose pour lors ne prist aulcun effect.

Item, depuis la requeste de monseigneur d'Orliens et de madame la duchesse de Bourgongne, le Roy consenti tenir journée entre Gravelignes et Calais pour le fait de ladicte paix, à certain jour. Auquel lieu et temps il envoia ses ambassadeurs à povoir souffisant, non obstant que ledict lieu d'entre Gravelignes et

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