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ADDITIONS

A LA

CHRONIQUE DE MONSTRELET.

(Tirées du manuscrit de la Bibliothèque impériale,
coté Supp1. fr. 93.)

Lettres patentes du 12 septembre 1413,sur les troubles.
(Addition à la p. 403 du t. II.)

Charles, par la grace de Dieu roy de France. A tous ceulx qui ces présentes lectres verront, salut. Comme par l'occasion des divisions et guerres et descors, jà pieçà meuz en nostre royaume par aucuns de ceulz de nostre sang et lignage, pluiseurs choses nous euissent dampnablement et menchionnèrement esté rapportées, soubz umbre desquelles et pour ce en nostre conseil et aussy en nostre ville de Paris n'estoit pas telle franchise, et que n'estièmes pas conseilliez vrayement et loyaulment à l'onneur de Nous et au bien de nostre royaume comme il appartenoit ; car pluiseurs estoient parcial et affecté desordonnéement, et les autres avoient telle crémeur qu'ilz chéoient, en la personne meismement de grant vertu et de grant

constance, parce qu'ilz veoient que pour dire et tenir vérité, pluiseurs perdre leur estat, et ainsy pluiseurs venoient, par espécial les notables, prélas, nobles et aultres aussy de nostre conseil et de nostre ville de Paris, estre torchionnèrement et violentement prins et despouilliez de leurs biens et mis à renchon, pour quoy pluiseurs de noz bien vueillans estoient fugitifs et absens de no conseil et de nostre ville de Paris. Et furent pluiseurs lectres patentes dampnablement procurées et indeuement obtenues en nostre nom et scellées de nostre seal et envoyées à nostre très puissant père souverain seigneur des chrestiens roys, au saint college de Rome et à aultres pluiseurs grans prinches et seigneurs, contenans qu'il estoit venu à nostre congnoissance plainement et clèrement et nous teniesmes pour bien et deuement infourmés, tant par certaines lectres qui nagaires furent trouvées et apportées en noz mains et de nostre conseil, comme par envie que nous aviemez veu et veismes tous les jours, jà soit ce que de piechà nous en doubtiesmes et que la chose avoit esté grant tamps couverte soubz dissimullacion, que Jehan de Berry, nostre oncle, Charles d'Orléans et ses frères, noz nepveux, Jehan de Bourbon, Jehan d'Allenchon, Charles de Labreth, noz cousins, Bernard d'Erminac et leurs aidans et confortans, adhérens, alliiez et complices, meuz et induiz de mauvaiz pourpos, inicque et dampnable, avoient entreprins et s'estoient enforchiez de expeller, destituer et destruire Nous de nostre estat et auctorité royal, et de tout leur pooir nous et nostre genre, que Dieu ne vueille, et oultre ce faire ung nouvel roy en France. Laquelle chose est abhominable à oir et à ré

citer à tous cuers de noz bons et loyaulx subgès. Et que en ce et en aultres choses qu'il leur imposoient, inicquement et mauvaisement ilz avoient commis envers nous et nostre royal magesté grans et énormes criesmes et maléfices, tant de lèse-magesté comme aultrement. Et aussy pluiseurs libelles diffamatoires ont esté faictes et bailliés à pluiseurs personnes et atachiés aux portaux des églises et publiiés en pluiseurs lieux au grant deshonneur et en grant charge des plus grans de nostre sang et lignage, comme de nostre très cher et bien amé filz, noz très chiers et bien amez nostre oncle de Berry, noz très chiers et bien amez nepveux et cousins les ducz d'Orléans et de Bourbon, les contes de Vertus, d'Allenchon, d'Erminac et aussy de Labret, connestable de France, de pluiseurs barrons, nobles et aultres leurs bien vueillans, et conséquamment de Nous et nostre dominacion. Pour lesquelles choses, Nous, par icelles lectres abandonniesmes tous nosdis oncle, filz, nepveux et cousins avec leurs adhérens, serviteurs et bien vueillans, à prendre et destruire, avec toutes leurs terres, seignouries et biens quelzconques, en déclarant iceulx avoir fourfait envers nous corps et biens. Et encore à eulx plus grever et injurier et de nous eslongnier et esmouvoir le peuple contre eulx soubz la couleur d'unes certaines bulles, oultre XL ans impétrées et octroyées, contre les gens de compaigne lesquelz sans tisle et sans cause de leur auctorité levoyent et assambloient gens par manière de compagne contre nous et nostre royaume, lesquelles bulles ne se povoient ne se devoient, comme par le clère inspection d'icelles peut clèrement apparoir, applicquier contre noz devantdis filz, oncle, nepveux,

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cousins et aultres devantdis, et tout par deffaulte de bon et vray conseil et sans ce que par nostredit et souverain très saint père le pappe, et sans délibéracion de notables personnes comme il appartenoit au cas, et sans ordre de droit, de procès ou monicion ad ce requises ne observées, et sans prédédent délibéracions quelzconques, furent indeuement par force, faveur et volenté desordonnées, déclarées aucunes sentences d'excommuniement contre les devantdis de nostre sang et lignage, leurs officiers, subgetz, adhérens et complices, par lesquelles ilz furent contre vérité publiiées comme excommuniez par tout nostre royaume. En oultre furent de rechief proclamé à paine de ban comme traictres et malfaicteurs, et de fait bany de nostre royaume et despoinctié de leurs bénéffices et offices. A l'occasion desquelles choses furent dictes, semées et publiées pluiseurs erreurs, et exerceez pluiseurs inhumanitez et crueuses contre pluiseurs, lesquelz à l'occasion des choses devantdictes furent prins et mis à mort au regart du salut del ame comme de celle mort naturelle et piteuse, comme gens hors de loy et sans confession, comme bestes brutes, sans avoir administracion de quelque sacrement de sainte église, et enfouys aux champs et jettés aux bestes nues et aux oysiaulx comme se ce feussent chiens. Lesquelles choses sont moult dures et inhumaines, dampnables, inicques, crueuses et moult destrecheuses et par espécial entre crestiiens et vrays catholiques. Lesquelles choses devantdictes ont esté faictes à l'instigacion, impression, violence et importunité d'aulcuns sédicieurs, troubleurs de paix et malveillans de noz oncle, filz, nepveux et cousins, contre raison et vérité

machinacion et dampnables fictions et pour venir à leurs faulces et mauvaises entreprinses, comme nous avons esté depuis et sommes de présent informez plainement. Et pour ce, Nous qui ne voulons [ne] par raison povons telz choses et telz blasphèmes non vrayes et ainsy faictes et procurées comme dit est en la deshonneur et charge de ceulx de nostre sang et lignaige et d'aultres devantdis, demourer ainsy, et qui tousjours désirons et avons désiré la vérité des choses dessusdictes estre congneue et réparée, laquelle par inadvertence et autrement indeuement a par nous esté faicte au préjudice, à la charge et deshonneur d'aultruy et meismement de ceulx de nostre sang et lignaige et des aultres devantdis, comme nous sommes obligiez, savoir faisons Nous estre plainement informez de nosdis oncle, filz, nepveux et cousins, prélas, barons, nobles et aultres leurs bien vueillans avoir eu tousjours devers nous bonne et loyalle intencion et avoir esté noz bons et vrays parens obéissans et subgetz et telz que doivent estre envers nous, et que tout ce qui a esté fait maisement, dampnablement et surreptichement impétré contre vérité et raison, à l'instance, impression, instigacion, importunité et violence d'aulcuns sédicyeux, troubleurs de paix et malveillans comme dit est. Pour laquelle cause toutes les lectres et mandemens qui contre leur honneur et à leur charge ont esté faicles touchans les choses dessusdictes ou leurs deppendences, Nous, icelles déclairons et par ces présentes avons déclaré avoir esté torchonnièrement et de nulle valleur faictes et passées, et surrepticement impétrées par leurs faulx et malvullans accuseurs, et en ce avons esté déceu et non bien advertis

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