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Poppey est ainsi nommé, dit-on, d'un palais que Néron y avait fait bâtir pour sa femme Poppée. Quoiqu'il en soit, tout dans la campagne de Lyon, comme dans l'enceinte de cette ville, offre des traces de la grandeur des maîtres du monde. Ces ruines imposantes, vous le savez, Messieurs, sont depuis long-temps l'objet des recherches de M. Cochard; mais leur étude ne se rattachant qu'indirectement à l'objet de vos travaux, il ne m'est pas permis de parler ici des belles découvertes archéologiques de notre Confrère, et je dois me borner en ce moment à mettre sous vos yeux les analyses succintes de quelques autres ouvrages de statistique du département, publiés avant l'époque où les comptes-rendus de vos travaux ont commencé à voir le jour. Je vais vous rappeler ce qu'ont dit de plus remarquable sur la situation de notre agriculture MM. de Verninac, d'Herbouville, et Chaptal.

C'est dans une mince brochure d'un peu plus de cent pages (1) que M. de Verninac a

Satistique du renfermé la description physique, politique, Rhône; par M. agricole, industrielle et commerciale de l'un de Verninac.

(1) Description physique et politique du département du Rhône; par le C. Verninac, Préfet ; publiée par ordre du ministre de l'intérieur, Paris: an X, in-8 de 129 pag.

des départemens les plus importans de la France. La dixième partie d'un espace aussi étroit a été donnée au premier des arts. Toutefois, comme l'auteur écrit avec une précision qui accompagne toujours l'élégance et la clarté, il a pu exposer en dix pages un assez grand nombre de faits agronomiques.

Il divise en quatre zônes, le climat du département; la première du nord au sud, le long de la Saône et du Rhône, depuis Belleville jusqu'à Condrieu, s'étend sur les prairies de la Saône et les flancs du Mont-d'Or où, par les ordres d'un empereur romain, furent plantées les premières vignes qui ayent mûri dans les Gaules, et où l'on élève cet immense troupeau de chèvres sédentaires dont les fromages sont si renommés. En suivant la même zône au-dessous de Lyon, on parcourt les vignobles précieux de Ste-Foy, de St-Genis, Millery, Charly, et plus loin ceux de Ste-Colombe, Ampuis, Condrieu. On arrive jusqu'à Loire où sont récoltés les marrons de Lyon.

La 2, zône, depuis les environs de Belleville jusqu'à Mornant , passe au-dessus de la grande et fertile plaine du Beaujolais, des montagnes de Polémieux, Montoux, des côteaux de la Chassagne qui se lient à une chaîne de coteaux dont les vins sont sans réputation.

La 3., depuis Beaujeu jusqu'au mont Pila, marque une surface hérissée d'élévations, dont les moins considérables sont couvertes par les vignobles de Juliénas, Blacey, Odenas et Brouilly; dans le même espace sont les mines de St-Bel et de Chessy, connues du temps des Romains, sources de l'étonnante fortune de Jacques Coeur, rouvertes par les ordres du cardinal de Richelieu, abandonnées de nouveau sous Louis XIV, exploitées savamment par l'un de nos respectables dévanciers (1).

La 4. part de Montsol pour aboutir à StSymphorien. Sous elle la vigne refuse de mûrir, les arbres résineux croissent avec vigueur; tantôt le sol, toujours montagneux, est aride et manufacturier comme à Tarare et à Thysi, tantôt agricole et productif comme à St-Symphorien et à St-Laurent de Chamousset.

Le blé qu'on récolte sous ces quatres zônes fournit à peine, année commune, au tiers de la consommation. Le Rhône achète cette denrée aux départemens qui l'avoisinent et il vend principalement à la capitale ses vins exquis. Les Brouilly, les Côte-Rotie, les la Chassagne,

(1) M. Jars, correspondant de l'Académie des sciences célèbre métalurgiste, auteur d'un ouvrage sur les mines, 4 vol. in-4.

Rapports administratifs; par M. d'Herbouville.

les Ste-Foy, etc., s'y produisent sous leurs noms, les autres passent pour des vins ordinaires de Bourgogne (1). Au premier rang des améliorations introduites dans nos vignobles on peut placer l'usage de la greffe.

Faut-il nous contenter de perfectionner nos vignes? et parce qu'elles donnent notre plus riche produit agricole, négligerons-nous les autres branches de l'agriculture, l'éducation des troupeaux, l'extension des prairies, la culture des arbres, celles des plantes oléagineuses, ou tinctoriales ou économiques, ou industrielles?

Le vœu philantropique exprimé à cet égard par le premier des préfets du Rhône commence à s'accomplir, les races de bétail s'améliorent, les prairies artificielles s'étendent, des arbres étrangers se naturalisent, les mûriers se propagent, la gaude, le garance, le ricin, le pavôt s'introduisent; de nouveaux engrais sont fabriqués, et la plus grande partie de ces améliorations sont votre ouvrage.

Vous vous rappelez avec reconnaissance l'administration de M. le marquis d'Herbouville, et

(1) M. de Verninac ignorait que le vin de Côte-rotie se vend en grande partie à des négocians de Tain qui le font passer à Bordeaux avec celui de l'Hermitage, et qui souvent mélangent ces deux vins pour les vendre aux Anglais.

vous n'avez pas oublié quelle étoit sa sollicitude pour les progrès de l'agronomie. Il a déposé un témoignage de ce sentiment dans des mémoires qu'il a communiqués au Conseil général du département en 1807 et 180g (1).

» Le département du Rhône, dit-il, malgré >> les difficultés d'un sol montagneux et peu fer» tile, est généralement bien cultivé. Les béné>>fices considérables qu'on a faits sur les vins » il y a quelques années, ont déterminé des » propriétaires du Beaujolais à planter trop de » vignes, qu'un motif contraire leur fait arra> cher maintenant. Il est désirable que ces >> fluctuations aient un terme, et que mettant » à part tout espoir et tout découragement >> exagérés, on maintienne la vigne sur les co» teaux, et qu'on abandonne les plaines à la >> culture des céréales ou des prés.

>>

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>> La plantation des bois est beaucoup trop » négligée. Les sommets des montagnes, nus, » décharnés, attristent la vue; leurs flancs dé. >> chirés à longs intervalles pour produire une

(1) Ces mémoiress ont été imprimés sous le titre de Rapports administratifs présentés les 15 octobre 1807 et 10 janvier 1809, au conseil général du département du Rhône ; par M. d'Herbouville, préfel. Lyon, 1809, in-4., 77 P. plusieurs tableaux.

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