ne les enterrer qu'à 8 pouces, les couder de manière à ce que l'œil le plus bas laisse échapper la racine, s'attacher à un plant unique, le bourguignon noir, d'où sort notre excellent vin rouge. Le gamet, dit pommiers ou labroude, produit beaucoup, mais s'épuise promptement. Le gamet, dit bourguignon blanc, donne beaucoup de vin qui ne vieillit point. Le chardonnet fait d'excellent vin blanc dans quelques cantons, le lunel dans d'autres. On doit espacer les ceps de 20 pouces dans les terrains fertiles, de 25 dans les maigres. La taille doit se faire après les fortes gelées. Dans l'automne on bute pour enterrer les feuilles et ménager l'écoulement des eaux; on provigne ensuite. La fosse à provins doit être de 4 pouces plus profonde que le point d'insertion dont on les tire, être garnie de bon terreau, etc. Les provins coudés avec précaution, sortis de terre, protégés par un échalas, seront taillés avec les autres vignes sur deux yeux, la première année, et dès la deuxième, détachés de leur mère. Dans l'hiver on porte des terres, on élague le vieux bois, la mousse. II faut attendre, pour tailler, que le soleil ait de la vigueur, et choisir la nouvelle lune, laisser à chaque sarment trois yeux au plus, et neuf bourgeons. Le travail de la pioche doit succéder à celui de la taille et se faire de ma nière nière à prévenir la formation des racines traçantes et superficielles. Avant la seconde façon, on a enlevé les bourgeons stériles ou tardifs. Celle-ci a pour objet principal de niveler le terrain; la troisième, qui se donne en août, est pareillement à plat. La jeune vigne est protégée par un tuteur, et quand, dans un âge plus avancé, des sarmens s'étendent trop, on les attache au moyen de la paille de seigle. Non content de donner de sages conseils sur la culture de la vigne, M. de Monspey expose quelques procédés de vinification. Le raisin cueilli après l'évaporation de la rosée, mondé de tous les grains pourris, est foulé dans un cuveau, égrappé et jeté dans la cuve qu'on recouvre des grappes avec précaution. Quand le chapeau cesse de s'élever, on tire le vin, après quoi on enlève doucement les grappes restées sur le moût, et on en obtient une boisson secondaire. Les graines sont ensuite portées sous le pressoir; le vin qui en sort est mêlé avec celui de la cuve dans une proportion telle qu'il y en ait un tiers dans chaque tonneau. On veille attentivement à ce que ces vases soient toujours remplis. On soutire à la pleine lune de mars, on colle le même jour pour soutirer encore huit jours après. A la pleine lune de juillet on renouvelle de la même manière Topographie du Rhône; par M. Cochard. ces deux opérations. A la deuxième année, on choisit la pleine lune de janvier ou de février pour un nouveau collage et la mise en bouteille. Tels sont, dit M. de Monspey, les procédés qui nous ont constamment réussi, et nous avons observé de plus, que les vins qui ont naturellement un goût de terroir le perdent, si on a eu la précaution de jeter du sucre dans la cuve à la dose d'une livre par cent bouteilles de moût. On a vu que M. Paul de Monspey avait cru du départem. devoir placer quelques détails de topographie au commencement de son travail de statistique agricole. M. Cochard en a donné de plus étendus dans un mémoire dont l'almanach de Lyon s'enrichit en 1808. Il y avoit promis de traiter successivement de la population, de l'état des citoyens, de l'agriculture, de l'industrie, des arts et du commerce dans notre département. Espérons qu'il tiendra complètement sa promesse. En attendant je remplirai vos vues, Messieurs, en consignant ici les principaux résultats des recherches topographiques de notre savant confrère. 1.° L'étendue superficielle du département est de 2,840 kilomètres carrés, sur lesquels Lyon occupe 381 hectares 60 ares. Sa population est de 340,980 habitans, parmi lesquels Lyon, sans ses fauxbourgs, en renferme 101,800. Son impôt direct est de 4,445,725 fr, 23 cent., sur lequel Lyon supporte 2,100,800 fr. 12 cent. Ainsi la population entière du Rhône donne 120 habitans par kilomètre carré et celle des campagnes, considérée seule, 84. Lyon paye par hectares de superficie 5,505 fr. la campagne 15 fr. 65 cent., terme moyen. Les habitans de Lyon sont imposés à 20 fr. 64 c.; ceux de la campagne à 9 fr. 80 cent. 2.° Parmi les routes qui traversent le département, deux sont de première classe; l'une de Paris à Turin par Mâcon, l'autre de Paris à Marseille par Moulins et Tarare; quatre sont de deuxième, elles partent de Lyon pour se rendre à Toulouse, à Genève, à Bordeaux, à Montbrison; quatre sont de troisième, celle de le Saône à la Loire, celle de halage de la Saône, celle du port de Riotier sur Saône à Roanne par Villefranche et Thisy, celle de St. Symphorien sur Coise à Anse. Quarante cantonniers, disséminés sur ces routes, sont chargés de réparer les dégradations journalières. 3.o En outre du Rhône et de la Saône, le département est arrosé par un canal navigable, celui de Givors, et onze rivières, l'Yseron, le Garon, le Gier, qui se jettent dans le Rhône; l'Ardière, le Morgon, l'Azergues, la Brevenne, la Turdine, qui se rendent à la Saône; le Sornin et la Coise qui aboutissent à la Loire. 4.o Une chaîne de montagnes, échappée de Pila, court à la Saône et enceint le département comme un amphithéâtre; les eaux qui en descendent vont les unes à l'Océan par la Loire, les autres à la Méditerrannée par le Rhône. M. Cochard évalue ainsi l'élévation de la plupart de ces sommités au-dessus du niveau de la Saône, le plus près de ces montagnes : Le Torvéon, 764 mètr. (392 toises. ) L'Aujou 828 m. 33 c. (425 t. ) La Millionière, près de St-Bonnet, 713 m. ( 366 toises.) Le Poppey, près de Tarare, 779 m. 6o c. (400 toises.) Le Brouilly, près d'Odenas, 267 m. (137 t.) Séparé des autres montagnes, le Mont-dOr se termine par trois mamelons; le Verdun qui a 471 m. 66 c. (242 t.): le Montoux, élevé de 144 m. 37 c. (75 t.) et le Mont-Cindre dont la hauteur est de 306 m. ( 157 t. ) Sur le sommet du Torvéon, près de Chenelette, existent les ruines d'un vieux château fort où l'on croit que Ganelon s'était renfermé. Le mont Aujou tire son nom de ara Jovis, parce que les Romains y avaient élevé un autel à Jupiter. |