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prêtre de dire plusieurs messes en un jour, à moins qu'il n'y eût été autorisé par son évêque 1. Le concile de Selingstadt (diocèse de Mayence), en 1022, défendit de célébrer plus de trois messes en un jour.

Le 13 canon du concile de Rome, en 744, défend à l'évêque et au prêtre de se servir de bâton, lorsqu'ils vont célébrer les saints mystères, ou d'avoir la tête couverte en étant à l'autel.

Le 10° canon du concile de Chelchyt, en 785, défend au prêtre d'avoir les jambes nues pendant l'office.

« Un prêtre, dit le 43° canon du concile de Mayence, en 813, ne peut chanter seul la messe; car comment pourrait-il dire: Le Seigneur est avec vous; élevez vos cœurs en haut, et d'autres choses semblables, s'il n'y a personne que lui à la messe ? »

Le 44° canon du concile de Laodicée, en 364, défendait aux femmes d'entrer dans le sanctuaire, défense renouvelée souvent chez les Latins et chez les Grecs.

Plusieurs conciles défendirent aux laïques de se tenir autour de l'autel pendant la messe, et le concile de Tours, en 566, contient à cet égard la prescription suivante: « La partie supérieure de l'église, séparée par une baJustrade, ne doit être ouverte qu'aux chœurs de clercs qui psalmodient. Cependant le sanctuaire sera ouvert aux laïques et même aux femmes pour prier (en particulier) et pour recevoir la communion. » Le concile de Rome, en 964, renouvela la même défense à la prière du pape Jean XII 2.

1 Voy. le 5o canon du concile de Tolède, en 681.

2 Un célèbre prédicateur du dix-septième siècle, le petit Père André, voyant un jour des gens jusque sur l'autel, dit en montant en chaire, <«Voilà la prophétie accomplie: Super altare tuum vitulos. » (Tallemant, t. VI, p. 49.).

« Quelques-uns de nous, disent les pères du concile tenu à Paris en 829 (canon 46o), ont appris de personnes dignes de foi, quelques-uns ont vu eux-mêmes que, dans certaines provinces, les femmes, contre la loi divine et les canons, approchent de l'autel, touchent effrontément les vases sacrés, présentent aux prêtres les habits sacerdotaux; et ce qui est beaucoup plus indécent et contre toute raison, distribuent au peuple le corps du Seigneur, et font d'autres choses honteuses à dire. On ordonne à tous les évêques de veiller à ce que de pareils abus ne se commettent plus dans leurs diocèses. »>

Cependant, dans quelques localités, on laissa longtemps les béguines et d'autres religieuses servir la messe. A la fin du dernier siècle, un ecclésiastique du diocèse du Mans, F. M. Fleury, s'avisa de se faire répondre et servir les messes par la sœur de son vicaire. L'évêque du Mans, M. de Grimaldi, averti de ce fait, interdit Fleury. Celui-ci proposa alors, dans le journal ecclésiastique du mois d'avril 1774, la question suivante : Si une femme, au défaut d'homme, peut répondre la messe? et dans le numéro du mois de juin suivant, il la traita lui-même en se prononçant pour l'affirmative; et pour répondre à une crilique qui fut faite de sa dissertation, il fit imprimer une brochure intitulée : Réponse de la messe par les femmes, ou réponse à une lettre anonyme, 1776, in-8.

Au huitième siècle, comme on le voit par une prescription du concile de Francfort-sur-le-Mein, en 794 (art.50°), à la fin de la messe solennelle, les assistants se donnaient la paix, c'est-à-dire, que les hommes entre eux, et les femmes entre elles, se donnaient mutuellement un bai

ser.

Autrefois le prêtre non-seulement se lavait les mains,

mais se peignait avant la messe 1; c'est pourquoi l'on voit figurer des peignes dans les trésors des églises. A la cathédrale de Sens, entre autres, on conserve le peigne de saint Loup, dont la description a été donnée par Millin dans son Voyage en France, t. 1, p. 97.

Pendant la célébration de la messe, deux diacres devaient se tenir auprès de l'officiant, et, au moyen d'un éventail, chasser les mouches qui s'approcheraient de l'autel et du prêtre. Du Cange, dans son Glossaire, aux mots Flabellum et Muscarium, a renvoyé à un grand nombre de textes où il est parlé de cet usage.

La coutume des oblations faites par les fidèles à l'église les dimanches et les fêtes, remonte à une haute antiquité. Il en est fait mention dans les canons apostoliques, dans Tertullien et dans saint Cyprien. Ces oblations consistant en pain, vin, et argent, se faisaient après l'offertoire. Les diacres les recevaient du peuple; toutefois, dans quelques églises, l'évêque allait lui-même les recevoir des mains des grands personnages qui assistaient à l'office. « On voulait, dit l'abbé Fleury, que tous les fidèles offrissent, au moins tous ceux qui devaient communier, et on trouvait mauvais que les riches voulussent communier de ce qu'avaient offert les pauvres ; l'évêque lui-même donnait son offrande, et il y avait à Rome, pour cet effet, un sous-diacre oblationnaire. Les pains offerts étaient en si grande quantité, que l'autel en était comblé, comme disent quelques oraisons. C'était le soin de l'archidiacre de couvrir l'autel de tous ces pains, en les arrangeant proprement, ce que l'on appelait dresser l'autel 2. »

1 Voy. Dominici Macri hierolexicon, t. I, p. 191, vo PECTEN, et du Cange, au même mot.

2 Maurs des chrétiens, me partie, ch. 9.

Quant aux offrandes en argent, elles étaient partagées entre les membres du clergé qui avaient assisté à l'office. Le 14° canon du concile de Mérida, en 666, ordonna qu'elles fussent divisées en trois parts: l'une pour l'évêque, la seconde pour les prêtres et les diacres, la troisième pour les sous-diacres et les clercs inférieurs.

Le concile de Lambeth (diocèse de Cantorbéry), en 1281, ordonna (canon 1°) de sonner les cloches au moment de l'élévation, « afin que ceux qui ne peuvent assister tous les jours à la messe, se mettent à genoux, quelque part qu'ils soient, en ville ou aux champs, et gagnent ainsi les indulgences accordées par les évêques. »

En 1223, les funérailles de Philippe-Auguste, célébrées à Saint-Denis, furent marquées par une particularité qui, probablement, ne s'est jamais représentée. Le légat du saintsiége, Conrad, évêque d'Ostie, et Guillaume, archevêque de Reims, célébrèrent simultanément la messe des morts à deux autels voisins, pendant que le reste du clergé et les assistants leur répondaient comme à un seul officiant 1.

«Nous défendons, sous peine de suspension, dit le concile de Paris en 1213, qu'aucun prêtre, violant les prescriptions canoniques, célèbre, soit dans les foires, soit ailleurs, des messes à double face. » L'abus condamné ici consistait à dire, l'une après l'autre, plusieurs messes jusqu'à l'offertoire, et à ne réciter ensuite qu'un seul canon pour toutes ces messes, qui, suivant leur nombre, étaient désignées sous le nom de messes à deux faces, à trois faces, à quatre faces, etc. (bifaciata, trifaciatæ, quadrifacialœ).

C'était une superstition fort répandue en Espagne au septième siècle, de faire dire des messes des morts en les

1

Voy. Guillaume le Breton, Vie de Philippe-Auguste, in fine.

appliquant à des vivants que l'on espérait ainsi envoyer dans l'autre monde. Le 6o canon du concile de Tolède, en 694, défend ce sacrilége, prononce la déposition du prêtre qui s'en sera rendu le complice, et le punit ainsi que celui qui l'y aura poussé, de la prison perpétuelle et de l'excommunication jusqu'à la mort.

Le 10° canon du concile de Selingstadt, en 1025, parle d'une superstition plus innocente, employée surtout par les femmes. Elle consistait à lire ou à entendre lire tous les jours l'évangile In principio erat verbum, et à faire dire des messes de la Trinité et de Saint-Michel, dans un but de divination.

La communion sous les deux espèces fut longtemps en vigueur, et se donnait de plusieurs manières. En France, du temps de Grégoire de Tours, on présentait aux fidèles le calice où était le vin consacré, et on leur en faisait boire. Plus tard les fidèles se servirent d'un chalumeau pour puiser la liqueur dans le calice. Ensuite on donna les deux espèces en une seule, en mettant dans la bouche des communiants le pain trempé dans le vin 1.

Après avoir été longtemps autorisée, la communion sous les deux espèces fut enfin défendue, en 1415, à l'occasion de l'hérésie des Hussites, par le concile de Constance, qui donna plusieurs raisons de cette décision, et entre autres les suivantes : 4° l'adoption générale de la communion sous une seule espèce dans tout l'Occident; 2o la répugnance d'un grand nombre de personnes qui ne pouvaient souffrir l'odeur du vin ; 3o le dégoût qu'on avait de boire

1 Ce dernier mode de la communion sous les deux espèces fut défendu plusieurs fois, entre autres, par le concile de Braga (Portugal), en 675 (2o canon), et celui de Rouen, en 1189 (16o canon). Le premier concile allègue pour raison que le Seigneur a donné séparément le pain et le vin.

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