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la marche et des progrès du général Souwarow, qui pouvait en peu de jours faire sur les derrières de la droite des Français, à l'ouest de la Suisse, le même mouvement que Masséna méditait aux frontières de l'est contre la gauche des Alliés, précipita ses dispositions; il profita du dernier moment qui lui restait.

La position du prince Korsakow à Zurich, sur les hauteurs et sur les deux rives de la Limath était le centre, ou, si l'on veut, la tête de la ligne générale, occupée par les trois corps de l'armée alliée, depuis le poste de Wesen, entre le lac de Wallenstadt, et la Linth jusques au Rhin. On voit que, dans cet intervalle d'environ dix-sept lieues, le lac de Zurich, et la rivière de Linth, qui le forme en sortant de la vallée de Glaris, avaient permis aux Alliés d'étendre, ou plutôt de détacher leur aile gauche jusqu'à près de dix lieues de la tête de la position centrale, qui, jusque-là, avait paru inexpugnable.

Quoique cet intervalle paraisse considérable, le général Hotze avait eu raison de se

porter jusqu'aux revers des hauteurs qui séparent le cours de la Linth de celui de la Thur. Il avait son quartier-général à Kalt-brunn, et par cette position resserrée, entre ces hauteurs et la Linth, il pouvait défendre pied à pied l'entrée des deux vallées de la Glatt et de la Tosse, dont le cours du sud-est au nord-ouest, parallèle à celui de la Limath, coupait par la plus courte direction les derrières du centre et de la droite de l'armée alliée.

Tel était l'avantage évident de la position de Hotze, et l'objet des premières manoeuvres de Masséna, fut de l'en déposter dès le commencement de l'action générale; premièrement, pour le séparer d'avec le général Jellachich, et rendre impossible toute jonction avec Souwarow par les cantons de Schweitz et Glaris; et secondement, pour attaquer le centre avec plus de confiance, quand les derrières seraient menacés.

Pour atteindre son but, le général Masséna fit sur sa gauche, dans le Frickthal et sur l'Aar, diverses démonstrations. Enfin,

le 24 septembre, après avoir attiré l'attention de l'ennemi, par une fausse attaque dirigée sur Bruck, par le général Ménard, il ordonna au général Lorges de passer la Limath au-dessus de Baden, avec sa division, et d'attaquer le camp des Russes sur la rive opposée.

La division du général Mortier, et la réserve commandée par le général Klein, marchèrent pour s'emparer des hauteurs à l'ouest de Zurich, et attaquèrent de front. Le général Masséna avait aussi donné l'ordre au général Soult de passer la Linth au moment ou l'attaque commencerait du côté de Zurich, et d'attaquer vivement les avant-postes des Autrichiens dans cette partie.

Le général Hotze, surpris de cette attaque impétueuse, et informé que les Français avaient déjà passé la Linth, courut avec quelques officiers aux avant-postes, pour faire une reconnaissance entre Schennis et Kaltbrunn. Il s'avanca témérairement; le. groupe fut enveloppé, attaqué, et le gé

néral Hotze resta sur le champ de bataille. Il fut aussi regretté par les Alliés que le général Joubert, tué de la même manière à la bataille de Novi, l'avait été par les Français.

L'armée impériale de Suisse ne pouvait faire une plus grande perte que celle du défenseur de Feldkirch, ni dans un moment où les talens de ce général et la connaissance particulière du terrain difficile sur lequel il se trouvait fussent plus nécessaires; les généraux russes perdaient leur guide. Hotze, né à Zurich, fut frappé de mort presque sur ses propres foyers.

Les Français poussèrent vivement leur premier avantage; ils emportèrent d'abord le pont de Grynau au pied du Brun-Berg, à l'entrée de la Linth, dans le lac de Zurich ; le prince de Wurtemberg, accouru de Rapperschweil avec trois bataillons russes, reprit ce poste, mais ne put s'y maintenir contre une nouvelle attaque : le pont resta aux Français ; et dès ce moment, les troupes autrichiennes, parmi lesquelles la perte de

leur général avait déjà mis quelque confusion, ne purent se maintenir dans la position d'Utznach, dont le flanc droit allait être tourné. Le général Soult, ayant battu les divisions du général Hotze, les força, par la suite des combats du lendemain, à se retirer en désordre, par le Goldiner-Thal, sur Lichtenstein dans le Toggenbourg.

Cette aile gauche, dont le général Petrasch prit le commandement après la mort du général Hotze, se trouva donc ainsi, du 25 au 26 septembre, entièrement séparée du centre de l'armée, dont le flanc gauche et les derrières restèrent découverts.

Les attaques contre Zurich n'avaient pas eu moins de succès; la division de Lorges avait enlevé tous les postes qui lui étaient opposés, forcé le camp, et repoussé les Russes jusque sous les murs de Zurich. Les hauteurs de l'ouest avaient été emportées par les généraux Mortier et Klein.

Les Français attaquèrent avec tant de résolution; les Russes, presque entourés, sc défendirent avec tant de valeur, gardèrent

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