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que Lecourbe et Loison arrêtèrent pendant trois jours le nouveau conquérant de l'Italie se précipitant du haut des Alpes comme les torrens dont il suivait le cours, avec 25,000 des plus terribles soldats, accoutumés à vaincre, et irrités par des obstacles tout nouveaux pour eux.

C'était sur le point d'Ersfeld que le vieux capitaine s'obstinait avec raison à exécuter son passage de vive force : le 27 septembre, il était parvenu, sous le feu le plus meurtrier, à faire établir une solive sur les traverses du pont; le général Lecourbe, pour le détourner de cette attaque désespérée, mais décisive, osa passer lui-même la Reuss au pont de Seedorf avec un bataillon, quatre compagnie de grenadiers et deux pièces de canon: ses grenadiers tournant la petite ville d'Altorf, après avoir culbuté les avant-postes, pénétrèrent au pas de charge jusque dans le camp des Russes, et y répandirent une telle alarme, que ceux qui défendaient la ville s'enfuirent dans le plus grand désordre. Soutarow prit le change, abandonna son at

taque pour venir au secours des siens et rétablir le combat: Lecourbe le soutint jusqu'à la nuit. Le lendemain le maréchal, informé sans doute de la prise de Zurich, et des succès du général Molitor contre les divisions. autrichiennes de Lincken et de Jellachich dans le canton de Glaris, quitta sa position sur la Reuss, et traversa le val de Schachen, pour se jeter dans la Mutten-Thal.

Mais avant de suivre ce nouveau mouvement, ce changement de plan, cette résolution dont il est juste de faire honneur au généralissime russe (de marcher au-devant des corpsautrichiens qui n'avaient pu se faire jour jusqu'à lui en chassant Molitor de sa position de Glaris et de Næfels), nous devons en expliquer la cause, la victoire complète que venait de remporter le général Masséna.

Depuis que l'armée du prince Korsakow avait remplacé les troupes autrichiennes dans la position de Zurich, et que l'Archiduc avait marché au secours de Philisbourg, le général Hotze commandait la partie de

l'armée autrichienne qui était restée en Suisse, et qui consistait en vingt-neuf bataillons et quatre régimens de cavalerie. Contraint par le général Molitor d'abandonner Glaris et Naefels, il avait pris une position avantageuse derrière la Linth, entre Wesen et ·Utznach; son quartier-général était à Kaltbrunn. Les Russes s'étendaient depuis Utznach, le long du lac de Zurich et de la Limath jusqu'à Baden: ils avaient un corps campé sur le Horn devant Zurich, et un autre sur les hauteurs près de la route qui conduit à Wallishofen; le corps du général Nauendorf se trouvait vis-à-vis de Baden, et fermait l'aile droite qui s'appuyait au Rhin.

Voici quelle était, depuis le commencement de septembre, la position de l'armée de Massena :

Le général Thureau occupait le Valais avec une division. Nous venons de rendre compte de la position de l'aile droite sous les ordres du général Lecourbe depuis le sommet du Gothard jusqu'au lac des QuatreCantons,

Nous avons dit aussi comment le canton de Glaris et la Haute-Linth étaient occupés par le général Molitor, qui, détaché de l'aile droite, formait, entre lé général Lecourbe et le général Soult, une avant-garde qui tenait la tête et la clef de la position générale.

La division du général Soult appuyait sa droite à Bilten sur la Linth et sur la frontière du canton de Glaris ; sa gauche s'étendait jusqu'à Horgen.

La division du général Mortier, qui s'éten dait d'Adlitzwill à Dietikon, et celle du général Lorges de Dietikon jusqu'à Baden, formaient le centre de l'armée française; celle du général Ménard, depuis Baden jusqu'au Rhin, et la réserve que le général Klein commandait dans le Frickthal, formaient la gauche: le général Chabran commandait à Båle. A l'arrivée du général Souwarow en Suisse, les forces y étaient à peu près balancées; les deux armées russes formaient un total d'en viron 43,000 combattans, et en y ajoutant les corps autrichiens d'Auffenberg, de Linken', de Jellachich, d'Hotze et de Nauendorf,

comptés pour 28,000 hommes. L'armée alliée, si elle eût pu se réunir, eût été de 71,000 hommes. L'armée française, d'après les états de situation du corps de l'aile droite de Lecourbe, du corps détaché du général Soult, du centre et de l'aile gauche sous les ordres immédiats du général Masséna, était forte d'environ 75,000 hommes.

A l'exception des combats qu'avait livrés le général Molitor avec tant de vigueur et de succès pour s'emparer du canton de Glaris et s'y maintenir, il n'y avait eu entre les deux armées que des engagemens de peu d'importance; et quoique la guerre de poste fût vive et meurtrière, les entreprises réciproques pour se surprendre avaient été sans succès.

Cependant le général Masséna resserrait l'aile gauche de l'armée alliée pour attaquer le centre avec plus d'avantage : il cherchait à pénétrer, par la vallée des Grisons, pour tourner les positions qui couvraient la ligne du général Hotze, et se préparait ainsi peu à peu à une attaque générale. La nouvelle de

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