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l'Engelberg, de marcher sur Lucerne et sur Berne, pour forcer le général Masséna à quitter sa position, et à passer l'Aar pour assurer ses derrières.

A mesure que les Russes s'avançaient vers les frontières de la Suisse méridionale, le corps du général Strauch, soutenu par le général Laudon, se porta en avant et reprit ses anciens postes.

Le corps du général Lecourbe, fort d'environ 12,000 hommes, était composé de trois divisions, ou plutôt de trois brigades..

La première, commandée par le général Gudin, dont le quartier général était à Hospital, au pied du Saint-Gothard, appuyait sa droite au Tesin, et sa gauche à l'Ober-Alp, dans la vallée de Dissentis,

La deuxième, commandée par le général Loison à Steig, gardait le Maderaner-Thal et le Schachen-Thal.

La troisième, commandée par le général Molitor, venait d'être détachée par le général en chef Masséna pour occuper la vallée de Glaris : le général Molitor pénétra par le

mont Braguel et le Klön-Thal, après avoir surmonté les plus grandes difficultés, et combattu pendant trois jours contre des forces supérieures.

L'occupation du canton de Glaris et des hautes vallées de la Linth, que le général Masséna, ignorant encore la marche dú général Souwarow, ordonna dans la vue d'assurer son passage de la Limath, devint bientôt après un objet si important par rapport à l'exécution du nouveau projet de Souwarow et à la retraite de l'armée russe, que nous aurions présenté ici à nos lecteurs les détails de cette entreprise audacieuse du général Molitor, s'ils n'avaient suspendu la narration principale; mais nous avons conservé deux rapports authentiques du général Molitor, que nous avons inséré dans la note

à la fin de ce volume; et nous les offrirons à nos lecteurs comme un exemple remarquable de ce qu'une forte résolution, et la parfaite connaissance du terrain dans la guerre de montagnes, peuvent faire entreprendre et obtenir de la valeur et de la constance des troupes.

Le 23 septembre, le maréchal Souwarow ayant remonté la Levantina, ou vallée du Tésin, attaqua en personne le poste d'Airolo, tandis que le général Rosenberg, qu'il avait détaché par la petite vallée de la Piora, poussait vivement l'attaque de l'Ober-Alp, afin d'arriver au pied du Saint-Gothard par Urseren, avant que les troupes qui défendaient Airolo eussent pu effectuer leur retraite sur Hospital. En même temps, le général Auffenberg, remplacé à Dissentis par un détachement russe, marchait à travers les montagnes pour se trouver le lendemain matin dans le Maderaner-Thal, et couper tout ce qui aurait voulu descendre la Reuss sur Altorf.

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Le général Gudin, malgré la disproportion de forces, résista jusqu'à la nuit aux attaques réitérées du général Souwarow, et se retira en très-bon ordre sur Hospital et sur Urseren: il y fut renforcé de deux bataillons de la brigade du général Loison; mais, déjà presque enveloppé, et ne pouvant tenir dans la petite plaine d'Urseren, le général Gudin

passa la Reuss à Hospital, emmenant son artillerie, marcha par Réalp, gravit pendant la nuit le mont Furca, et prit une bonne position sur cette montagne et sur le Grimsel : il gardait ainsi la tête des vallées du Rhône et de l'Aar, objet le plus important pour la défense de la Suisse, et pour la position générale de l'armée française: il se trouvait aussi à portée d'attaquer et de reprendre le Saint-Gothard, si l'ennemi s'en éloignait; on ne pouvait agir plus militairement.

L'entrée du général Souwarow en Suisse fut totalement imprévue de la part des Français; cette expédition était d'autant plus remarquable, que l'armée russe sortait des plaines d'Italie, et n'avait presque aucune expérience de ce genre de guerre. La prise du Saint-Gothard, qui, un mois auparavant, avait changé avantageusement la situation des affaires de la République, n'était pas moins importante pour les Alliés; mais elle coûta cher au général Souwarow : il y perdit 1,200 hommes de ses meilleures troupes. Lecourbe, informé de cette attaque, accourut avec le reste de la

brigade du général Loison, et se porta de sa personne, le 25 septembre, à la pointe du jour, jusqu'au Pont-du-Diable; il voulait attaquer et forcer l'avant-garde russe dans Urseren, pour se réunir au général Gudin; mais l'ennemi ayant déjà débouché par le trou d'Ury et le Madéraner-Thal, il ne songea plus qu'à défendre le passage de la Reuss entre Wasen et Altorf, pour retenir le général Souwarow dans la vallée, et l'empêcher de pénétrer par l'Engelberg sur Stanz, et de tourner le flanc droit de Masséna, qui se fut trouvé découvert.

Cette défense de la Reuss fut un très-beau fait d'armes il ne restait au général Lecourbe que trois bataillons et neuf compagnies de grenadiers, et lorsqu'il eut donné au général Loison deux bataillons pour défendre les ponts d'Altinghausen et d'Ersfeld, sa réserve n'était pas de plus de 1,500 hommes: il les plaça sur le versant du Surneck, près de Seedorf et de l'embouchure de la Reuss, dans le lac de Lucerne, bivouaquant avec eux. Ce fut avec cette poignée de braves

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