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tiers-maîtres-généraux et leurs aides prenaient peut de part autrefois aux opérations militaires; ils étaient plus employés dans le cabinet à la tenue des livres d'ordres, et à leur communication, qu'à la partie active presque toujours réservée aux adjudans attachés aux généraux. Le quartier-maître-général avait sous sa surveillance immédiate, toute l'administration de l'armée, et ses fonctions étaient, sous ce rapport, `les mêmes que celles du commissaire-général.

L'exemple de la formation régulière des états-majors dans les armées françaises, dont nous allons rendre compte, fut promptement imité dans toutes les armées de l'Europe. Il est juste de remarquer ici que, pendant que les militaires français mettaient une importance exagérée à copier servilement les Allemands dans les plus petits détails d'instruction éléils leur mentaire et de tenue pour les deux armes, fournissaient des modèles pour les grandes parties du métier, pour l'application des sciences et des arts à la science de la guerre.

Avant la révolution, on distinguait dans les armées françaises trois états-majors différens, 1o. l'étatmajor-général de l'armée dont le chef était appelé maréchal-général-des-logis de l'armée, et avait immédiatement sous ses ordres des aides-maréchauxdes-logis, dont le grade n'était pas déterminé ; 2o. l'état-major de la cavalerie, dont le chef avait le

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même titre de maréchal-général-des-logis; 3°. l'étatmajor de l'infanterie dont le chef était appelé majorgénéral de l'armée, et auquel étaient subordonnés les états-majors du parc d'artillerie, et des ingénieurs. Les attributions des états-majors des deux armes, se bornaient à la transmission régulière des ordres de, mouvemens, à la surveillance de la police et discipline, et à la vigilance sur l'entretien et les besoins des troupes, sur leur administration particulière : l'administration supérieure de l'armée était comme, aujourd'hui confiée à un commissaire ou intendant qui ne rendait compte qu'au général de l'armée et au ministre.

Tout ce qui avait rapport à la préparation et à l'exécution des plans de guerre, et des opérations résolues par le général en chef, aux reconnaissances de terrain, aux ouvertures de marche, à la castramétation, à l'établissement des, quartiers-généraux et des cantonnemens, enfin à tous les travaux topographiques, formait les attributions du grand état-major de l'armée.

On conçoit que les généraux d'armée, intéressés bien choisir leurs principaux instrumens, appelaient à ces dernières fonctions des officiers capables de les seconder; mais la faveur les forçait de mêler à cette élite des sujets peu instruits et moins exercés ; le service de l'état-major de l'armée toujours jalousé par

les corps à talens, ne pouvait acquérir ni stabilité, ni considération. Cette triple issue vers les grades supérieurs augmentait les prétentions; dès que l'armée était réduite au pied de paix, les réformateurs s'empressaient de dissoudre les états-majors; les officiers qui les composaient rentraient dans la ligne, avec plus ou moins d'avantage; quelques-uns, seulement des plus distingués, et destinés pour ainsi dire à conserver la tradition des détails de ce service, étaient conservés sans titre, et employés à des missions particulières pendant la paix; les travaux de ces officiers ont produit d'heureux résultats pour les progrès de l'art, et pour la meilleure formation des étatsmajors.

Après la guerre que la France soutint pour assurer l'indépendance des Américains, et qui fut terminée en 1783, on forma pour la première fois dans l'armée française, un corps d'état-major permanent, dans lequel on ne distingua point les différentes armes les officiers supérieurs conservèrent le titre d'aides-maréchaux-des-logis; on y attacha un égal nombre d'adjoints avec le grade de capitaine, et tous ces officiers obtinrent ou conservèrent des grades hors de la ligne ; ce corps, ainsi composé et dirigé par un officier-général, acquit quelque stabilité ; les travaux furent plus réguliers, et il ne manquait plus que lier cette institution à celle du dépôt des cartes et

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plans de la guerre, et des ingénieurs-géographes, pour avoir fondé une école d'état-major.

Depuis environ trente ans, on avait rassemblé les correspondances, les ordres, les instructions des généraux et des ministres; on les avait analysés pour examiner les causes des succès et des revers; on avait senti la nécessité de lever et d'exprimer avec plus de précision et de clarté les cartes des différens théâtres de la guerre et celles des fronts de frontière, dont on projetait l'attaque ou la défense. Nous avons donné quelque idée des progrès de la topographie, et si nous n'évitions de nous répéter, nous rappellerions ici que c'est aux travaux constans et multipliés des officiers d'état-major, parmi lesquels on doit comprendre les ingénieurs-géographes, que ces progrès sont dus. On a poussé au plus haut dégré d'exactitude et de rapidité le figuré des terrains, soit à vue, soit à l'instrument.

Un grand nombre de mémoires militaires ont été recueillis, non-seulement sur les frontières et les côtes de France, et de ses possessions extérieures, mais encore sur tous les pays où la guerre pouvaitêtre portée, et le dépôt des cartes et plans de la guerre était devenu en France la plus riche collection en ce genre qui eut jamais existé. Les officiers d'étatmajor qui avaient pris des connaissances historiques et topographiques dans cet utile établissement, de

vaient après la guerre y rapporter leurs travaux, et accroître la source d'instruction à laquelle ils avaient puisé.

Nous ne prétendons point, en faisant connaître l'origine, les principes et la nécessité d'une solide théorie pour le service des états-majors d'armée, lui donner une latitude exagérée, une fausse importance; il faut souvent redire aux militaires que la guerre ne s'apprend qu'à la guerre ; que le plus savant professeur trouve à chaque pas sur le terrain des incidens qui démentent les règles et les calculs ; que ce n'est que par l'expérience des combats qu'on apprend la vraie tactique particulière à chaque arme, -celle qui convient à la nation, à la troupe, à l'espèce d'hommes qu'on commande; enfin, dans les "pays connus, sur les théâtres où d'anciennes et fréquentes guerrés semblent n'avoir laissé à la prévoyance et à la sagacité, que des exemples à suivre ou des fautes célèbres à éviter, toutes les suppositions sont vaines, la guerre est toujours neuve. Faudrait-il inférer de là que l'étude des bons modèles, la méditation des plans des plus habiles généraux, la comparaison de leurs moyens d'exécution, la recherche scrupuleuse de la disposition et de la conduite des troupes dans les actions, sont des occupations infructueuses? non sans doute elles ont toujours, ou préparé le développement des grands

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