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dant un but essentiel, en opérant une diversion favorable aux mouvemens du général Lecourbe au-dessus de Philipsbourg.

Cette place célèbre par le siége de 1734, où le prince Eugène, avec toutes les forces de l'empire, ne put honorer sa vieillesse d'un dernier triomphe, et où le maréchal de Berwick obtint la dernière couronne, la mort des braves, avait depuis long-temps perdu son importance. C'était bien encore à Etlingen que le général Moreau s'était ouvert l'entrée de l'Allemagne lors de son premier passage du Rhin en 1795; il avait alors forcé l'Archiduc de lui abandonner sa position sur l'Alb, les anciennes lignes d'Etlingen; mais ce général se contenta de masquer Philipsbourg, et l'Archiduc ne songea point à s'y appuyer ni à soutenir cette place; les moùvemens combinés des deux armées françaises de Moreau et de Jourdan, sur le Haut et Bas-Rhin, déterminèrent avec raison sa retraite précipitée en Franconie, sans égard au parti qu'il pouvait tirer de Philipsbourg pour une défensive momentanée.

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Cependant, quoique d'une importance secondaire et subordonnée au succès de plus grandes entreprises, Philipsbourg assurait la défense de cette partie de la rive droite du Rhin, et couvrait la vallée du Necker contre les incursions des petits corps et des détachemens qui ne pouvaient s'engager et découvrir leur flanc dans ce pays très-coupé, mais ouvert par une multiplicité de communications favorables aux mouvemens de la cavalerie.

Deux fois, depuis la rupture du traité de Campo-Formio, Philipsbourg avait été attaqué et bombardé ; il avait été vaillamment défendu par le Rheingrave de Salm, qui y commandait encore. Sa garnison, forte d'environ 5,000 hommes, presque toute composée de troupes des cercles, était barraquée dans l'étroite enceinte de la ville, qui depuis le dernier bombardement n'était plus qu'un monceau de ruines. Le Rheingrave occupait et défendit vivement les postes détachés, et particulièrement celui de Rheinsheim, qui fut emporté par le général Thü

ring: Pinondation et la rigueur de la saison rendirent les approches très-difficiles.

Le général Lecourbe, voyant que les renforts que recevait l'ennemi lui donnaient l'avantage de dépasser et d'envelopper son aile gauche, et le forçaient de s'étendre plus qu'il n'eût fallu pour présser les attaques de Philipsbourg, tenta une attaque générale sur tous les avant-postes autrichiens, et principalement sur l'appui de leur droite vers le confluent de l'Entz et du Necker à Besigheim, Kircheim et Lauffen, au-dessus d'Heilbronn. Cette première attaque n'eut aucun succès; les Impériaux tinrent ferme, les dragons de Latour se distinguèrent dans ce combat. Le général Lecourbe replia son aile gauche par Fuhrfeld et Sinzheim, et le prince de Hohenlohe, qui commandait l'aile droite de l'armée autrichienne, occupa Heilbronn et Lauffen le jour même de l'action.

La suite de ce désavantage à la gauche fut l'évacuation successive des postes que les Français avaient occupés sur l'Entz et au

dessus de Philipsbourg jusqu'à Dourlach. Le 7 novembre, le général Ney avait son quartier-général entre Sinzheim et NekerauGemund; et du côté de Philipsbourg le général Laborde, après avoir soutenu un combat le 8, leva le lendemain le blocus de cette place, qui, pour la troisième fois dans la même campagne, se trouva dégagée et rouvrit ses communications avec le corps du général Görger.

Le général Lecourbe cantonna et concentra ses troupes sur la rive gauche du Necker, entre cette rivière et le Rhin; sa gauche était à Heidelberg, le centre à Schwetzingen, et la droite s'appuya au fleuve..

La réunion des corps de troupes wurtembergeoises et de celui de M. de Meerfeldt avait donné au général Görger une assez grande supériorité, surtout en cavalerie; cependant, malgré le mouvement rétrograde auquel le général Lecourbe avait été forcé, les succès avaient été variés dans les fré- . quens engagemens, et les Français avaient fait aussi beaucoup de prisonniers.

On estimait à peu près à 15,000 combattans la force du général Lecourbe.

Ce corps d'armée devait, selon les premiers ordres du gouvernement, être porté à 40,000 hommes, dont 25,000 auraient été détachés de l'armée du général Massena. Le général Lecourbe avait déja rempli en partie son objet par la célérité de ses mouvemens. M. l'Archiduc ne tenait plus qu'avec trèspeu de forces la position de Donau-Eschingen; la retraite précipitée de l'armée russe l'obligea à se dégarnir et à étendre sa gauche. Il est vraisemblable que, si la situation de leur armée d'Helvétie eût permis aux Français, malgré l'hiver très-pluvieux, de pro-fiter de la diversion opérée par le général Lecourbe, et d'agir au de-là du Rhin par -Bále et le Brisgau vers les débouchés des montagnes Noires, le prince Charles eût été forcé d'abandonner sa première ligne de défense et de se retirer sur Ulm....

Mais depuis quelque temps on pouvait apercevoir dans les résolutions du Directoire de la République une incohérence qui décé

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