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dans l'impossibilité de réunir toutes ses forces pour reprendre sa première position et ouvrir ses communications avec l'Italie par le Saint-Gothard. Le secours des Russes avait trop tardé, la marche de cette armée auxiliaire était trop bien connue pour que les généraux français ne se fussent pas préparés à profiter des derniers momens favorables qui leur restaient avant la jonction des Russes et des Autrichiens sur le Rhin, pour rompre d'avance, par la vivacité de leurs attaques, le concert d'opérations que cette réunion devait produire.

L'Archiduc, qui avait pressenti cet effort des armées françaises, et s'était disposé à couvrir la Souabe, dut exécuter devant Masséna, et presqu'au milieu des combats que celui-ci se hâtait de lui livrer pour le retenir, le passage des troupes russes qui entraient en Suisse, et le passage des troupes autrichiennes qui se portaient à la rive droite du Rhin.

Nous avons rapporté l'incursion du général Müller dans le Palatinat, et nous avons

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fait remarquer l'étonnante célérité des marches de l'Archiduc qui eut à peine le temps de sauver Philipsbourg. On attribua les revers essuyés par les Alliés en Suisse à ce mouvement de l'Archiduc qui parut trop précipité, au moment où l'arrivée du général Souwarow allait rétablir la balance des forces, et lui donner même une assez grande supériorité pour pouvoir suivre le cours de ses premières opérations.

Mais, en raisonnant ainsi, on faisait abstraction du plan général, et de l'impor-. tance de la formation d'une armée de l'empire; on oubliait que si les Français s'étaient affermis sur la rive droite du Rhin, ils auraient menacé les derrières de l'armée alliée, et les communications, sans lesquelles les subsistances rassemblées à si grands frais sur le Mein et sur le haut du Danube, ne pouvaient parvenir à l'armée alliée, dans la Suisse, qui en était entièrement dépourvue. Il n'y eut jamais de motifs plus déterminans de détacher l'aile droite d'une armée, et de mettre sa cavalerie trop nombreuse, pour la

nature du pays de la Suisse, à portée d'agir plus efficacement.

L'on voit que, soit en Italie, soit en Allemagne, malgré leur ralliement depuis la prise de Mantoue, malgré les renforts qu'ils avaient reçus, les puissances coalisées n'avaient pas encore, à la fin du mois de septembre, assez de troupes pour accomplir leurs premiers desseins, et exécuter les deux grandes attaques qui devaient déconcerter le plan de défense des frontières orientales de la France. Ils divisaient la masse de chacune des deux armées, et tâchaient de remplir les intervalles qu'ils étaient forcés de laisser entre elles ; à peu près comme dans l'ordre simple de bataille, avant de passer à une disposition d'attaque, on occupe par des marches de flanc, par des manœuvres qui paraissent sans objet, le front d'un terrain ou d'une ligne trop étendue.

Les Français, de leur côté, soit qu'ils restassent dans un état de défense passive, soit qu'ils voulussent repousser ou retarder des attaques, en agissant eux-mêmes, ne pou

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vaient suffire à couvrir toutes les parties de leurs frontières, si ce n'était par des mouvemens moins sensibles sans doute (puisque leur position générale était plus resserrée), mais non moins rapides que ceux des Alliés. On a pu en juger par les combats de l'armée de Moreau, par les marches et les attaques du général Championnet, contre la chaîne des postes des Alliés dans toutes les vallées de la frontière du Piémont; par les fréquentes actions des colonnes de l'armée de Masséna , par les passages du Rhin les incursions des garnisons de Mayence et d'Ehrenbreitstein, et les renforts tirés des côtes et de l'intérieur pour soutenir l'armée batave.

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Ainsi de toutes parts, après avoir consommé d'avance par les combats et par les fatigues un plus grand nombre d'hommes, qu'on avait espéré d'en rassembler pour se porter les derniers coups, on cherchait à suppléer par des marches et des contre-marches à ce manque de forces, à ce défaut de proportion entre le but et les moyens, pour

pouvoir, avant la fin de la campagne, tenter sur un seul point une irruption décisive.

Telles furent les causes de cette prodigieuse activité des armées, qui croissant de jour en jour, étendit si loin les ravages de la guerre, et força trop souvent l'un et l'autre parti à abandonner les peuples malheureux dont on prétendait défendre la cause et qu'on livrait aux vengeances, rarement à la générosité du vainqueur.

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Depuis la reddition conditionnelle de Tortone, le maréchal Souwarow avait mis ses projets à découvert. Le général Kray, qui, après la bataille de Novi, avait marché par Novarre vers la frontière du Valais, avec 14 bataillons et deux régimens de cavalerie, avait reçu l'ordre de ramener ce corps à Alexandrie, et de se borner à faire soutenir le colonel Strauch, et le prince de Rohan, sur les frontières du Valais, par la brigade du général Laudon.

Le nouveau plan arrêté par les deux cours impériales consistait à former, 1o. au cen

2.

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