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hors du malheureux pays de Génes : il en profita pendant trois semaines; et forçant ainsi M. de Mélas à lui opposer une plus grande masse de troupes, il dégageait le général Championnet, et facilitait ses mou

vemens.

Aucun des deux partis ne perdit de vue l'objet principal. Le général Mélas acheva de rassembler entre la Stura et le Tanaro l'armée destinée au siége. Il fit soutenir le général Karacksay sur la Bormida par le général Kray, qui alla prendre le commandement de ce corps d'observation. Le général Bellegarde amena aussi un renfort au général Klénau, et celui-ci marcha pour reprendre ses premières positions. La place de Coni fut resserrée par les divisions des généraux Ott, Nobili et Gottesheim qui s'emparèrent des postes de Beinette et de Poverano. Le quartier-général des Autrichiens fut porté à Montanera, et l'on pressa les apprêts du siége.

De son côté, le général Championnet rassembla à Coni toutes ses forces disponibles et s'y porta de sa personne. Il avait fait rentrer

la plus grande partie des petits corps qui avaient été détachés dans les vallées de Suze et d'Aoste; il avait réuni les restes de l'armée des Alpes, et il paraît, qu'en y comprenant la garnison de Coni, il défendait avec une armée de 28,000 hommes, les dehors de cette place.

Les succès furent variés dans les actions qui s'engagèrent entre les corps autrichiens qui occupaient les différens points de la ligne d'investissement et les divisions des généraux Victor, Muller, Lemoine et Grenier qui leur furent opposées.

Championnet résolut de livrer bataille pour dégager Coni, et forma le projet d'envelopper l'aile droite de l'armée autrichienne du côté de Fossano et de Savigliano; de couper ses communications avec ses magasins de Bra et de Turin, et de forcer le général Mélas à combattre dans une position. désavantageuse, ou à s'éloigner de Coni en abandonnant l'entrée de la plaine du Piémont: ce plan d'attaque était combiné avec les mouvemens que devait faire le général

Duhesme par la vallée de Suze,en conduisant une colonne sur Pignerol et Saluces.

Afin de mieux cacher son dessein, le général Championnet manoeuvra d'abord par sa droite; il fit attaquer par le général Victor le poste de la Chiusa; ceux de Beinette et de Villa-Nova qui furent successivement évacués par les Autrichiens. Cette colonne s'avança jusques aux retranchemens de Mondovi, qui fut sommé, mais dont le commandant se défendit avec vigueur, fit une sortie et fut secouru par le général Auersberg. Les Français bloquèrent Ceva, et prirent quelques postes entre ces deux places..

Le même jour et les jours suivans, les divisions françaises de la gauche et du centre se portèrent en avant; celle de Lemoine se dirigea sur Centallo et Madalena sur la rive gauche de la Stura. Championnet marcha lui-même sur Runchi; la division de Grenier entra à Morozzo et s'approcha de Fossano. Enfin, le 1er novembre, pendant que le général Fressinet s'emparait des retranchemens de Castelleto, à la rive droite de la Stura, le gé

néral Duhesme attaquait et emportait les postes autrichiens retranchés près de Pignerol.

Ces attaques sur les deux rives de la Stura donnèrent lieu à des chocs très-vifs entre les têtes des colonnes françaises et les corps de l'armée autrichienne qui gardaient les postes principaux. L'avantage fut jusque-là du côté des Français ; ils parvinrent à rompre la ligne d'investissement, firent beaucoup de prisonniers et se disposèrent à profiter de ce premier succès.

Dès que le général Mélas eut pénétré le dessein du général Championnet, il porta, à son aile droite menacée, la plus grande partie de ses forces réunies au camp près la Trinité. Méditant lui-même d'envelopper l'aile gauche des Français, il avait refusé entièrement sa gauche et fait évacuer Mondovi.

Championnet, voulant rappeleret contenir cette gauche, pour favoriser le déploiement de ses colonnes vers Savigliano, donna ordre au général Lemoine de suivre le cours du Pesio jusques à Carru, afin d'inquiéter le flanc gauche, et même les derrières de l'armée

autrichienne. Les brigades de Clausel et de Gardanne passèrent le Pesio sous le feu de la rive opposée, et prirent poste à Breolungo. Mondovi fut attaqué et rendu par les habitans Bene fut aussi occupé par un corps français le 3 novembre.

Ainsi, sans se laisser retenir par ces mouvemens et ces fausses attaques, le général Mélas abandonna, dès le 3 novembre, ses retranchemens entre la Stura et le Tanaro, en avant de la Trinité, à Sainte-Marguerite et Morozzo; il acheva son mouvement rétrograde sur la rive gauche de la Stura, et prit entre Fossano et Marenne une position. oblique, la gauche appuyée à Fossano, et la droite à Marenne, au-dessous de Savigliano, que la division française du général Grenier occupa le même jour à deux heures aprèsmidi.

Alors les deux armées se trouvèrent en présence entre la rivière de Grana et celle de Stura, ayant entre elles un terrain coupé par quelques canaux. Il ne resta sur la rive droite de la Stura, du, côté des Français,

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