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sition d'après la nature du terrain; il fit passer sa cavalerie à sa droite, pour engager et enfoncer la gauche des Turcs le long de la plage; il dirigea des attaques d'infanterie sur les retranchemens de leur droite, entre la redoute et la mer, et disposa une réserve pour assaillir la redoute, au moment où les attaques par les ailes auraient réussi.

Après avoir fait vivement canonner la redoute, et les retranchemens qui la liaient au bord de la mer, Bonaparte fit commencer l'attaque. Le général Fugières, à la tête de la 18° demi-brigade, marcha en colonne le long du rivage; les Turcs voyant les Français s'approcher des retranchemens, sortirent, et attaquèrent eux-mêmes la colonne; on se mêla, on combattit corps-à-corps, les Turcs furent repoussés, les Français les suivirent, et se précipitérent sur les retranchemens; mais ils furent arrêtés par le feu plongeant de la redoute, qui les prenait en flanc; le général Fugières eut un bras emporté, et la colonne fut forcée de se retirer sur le village.

Cependant la cavalerie, arrivée à la hau

teur de la redoute, avait chargé plusieurs fois avec impétuosité, et fait plier les troupes qui se trouvaient devant elle, mais elle ne put se porter plus avant, ni se soutenir entre le feu meurtrier de la redoute et celui des chaloupes canonnières. Le chef de brigade Duvivier fut tué; l'adjudant-général Roize et le chef de brigade des guides Bessières renouvelèrent les charges; l'adjudant-général Leturc fut proposer au général en chef de les faire soutenir par un renfort d'infanterie ; il rejoignit la cavalerie, eut son cheval tué sous lui, se mit à la tête de l'infanterie, s'élança le premier dans les retranchemens, et y périt.

Enfin, pour décider l'affaire, Bonaparte fit marcher droit à la redoute le général Lannes, à la tête de deux bataillons: celui-ci saisit le moment où les Turcs s'abandonnaient hors de leurs retranchemens; il attaqua la redoute par la face gauche et par la gorge; les bataillons de la 22° et de la 69° demi-brigades sautèrent dans le fossé, gravirent le parapet, et emportèrent l'ouvrage. Mustapha-Pacha ne fit plus que de vains

efforts pour rallier ses troupes : elles furent forcées sur tous les points.

Le général Murat profita de ce premier moment pour charger de nouveau; il traversa les positions des Turcs; et poussant jusque sur les fossés du fort d'Aboukyr, il acheva de mettre le désordre dans leurs rangs. Tout fuit alors et se précipita pêle-mêle dans la mer; la plupart des fuyards ne purent atteindre les embarcations trop éloignées, et le reste de ce corps d'armée, si l'on en excepte la garnison du fort d'Aboukyr, et 200 hommes enveloppés et pris avec Mustapha – Pacha, périt en entier dans les flots.

Cette victoire coûta beaucoup de sang aux Français; ils eurent un grand nombre de blessés, parmi lesquels se trouva le général Murat, le chef de brigade du génie Cretin, et l'aide-de-camp du général Bonaparte, Guibert ces deux derniers moururent de leurs blessures..

Le fort d'Aboukyr, sommé le lendemain de la bataille, fut défendu avec la fureur du désespoir les Turcs ne peuvent concevoir

l'idée d'une capitulation, d'une convention quelconque les armes à la main. Le général Lannes fut blessé dans une sortie, et le général Menou prit le commandement du siége, `qui fut conduit avec habileté et vigueur; les ingénieurs Bertrand et Liedot, et le commandant d'artillerie Faultrier s'y distinguerent. Après huit jours d'un bombardement très-vif, les batteries de brèche étant déjà établies sur la contrescarpe, et le château n'étant plus qu'un monceau de ruines, le fils du Pacha, son kyaïa et 2,000 mille hommes jetèrent leurs armes et se rendirent prisonniers. On trouva dans le fort 300 blessés et 1,800 cadavres.

Le commodore Sidney, si l'on en croit les rapports faits à Constantinople, arrivant à Aboukyr avec les dernières voiles du convoi, fut témoin de cette défaite, sans pouvoir, comme à Saint-Jean-d'Acre, relever les espérances des Turcs. Son escadre, réunie à celle d'Abdul-Fetah-Bey, ne recueillit que les débris d'une expédition dont la Porte avait espéré la reprise de l'Égypte et l'extermina

tion de ce que l'on appelait au sérail les restes de l'armée française.

Dès le lendemain de la bataille, Bonaparte retourna à Alexandrie. Il avait été informé, par quelques communications avec des parlementaires des vaisseaux anglais, des premiers revers qu'avaient essuyés les armées de la république en Italie et sur le Rhin ; il était instruit de la lutte des factions qui, opprimant alternativement la France, achevaient de l'immoler à leurs fureurs, et cherchaient dans leur mutuelle destruction la garantie de la durée de leur pouvoir et de leur impunité.

Bonaparte, déterminé à retourner en Europe, méditait déjà son départ secret ; et sans doute que l'avantage d'en avoir avancé l'époque en terminant d'un seul coup, pour cette campagne, les opérations militaires en Égypte, fut pour lui le plus solide avantage de la victoire d'Aboukyr. Il honora la mémoire des principaux officiers qu'il y avait perdus, ainsi qu'au siége de Saint-Jeand'Acre, en attachant leurs noms aux diffé

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