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peuvent reparaître en force dans la mer de l'Inde, dont le commerce si lucratifdemeure en entier dans les mains de leurs rivaux.

D'un autre côté, si l'on ajoute la destruction de la majeure partie de la marine française, et de la totalité de celle de Hollande, on voit que les Anglais sont parvenus à mettre dans leur dépendance, sous le rapport du commerce maritime, toutes les puissances continentales. Personne ne pourra désormais leur disputer l'empire des mers, et l'on ne peut apercevoir à quelle époque, et par quels moyens pourrait se rétablir l'équilibre des forces navales, si important, si nécessaire pour le repos et la prospérité commune des nations de l'Europe. Cependant cet équilibre peut seul garantir la paix : car cette domination universelle, en supposant même qu'elle fût exercée avec sagesse et modération, ne saurait être long-temps supportée avec résignation par tant de peuples navigateurs que leur intérêt et leur honneur blessés excitent à s'en affranchir.

Il ne fallait pas moins qu'un événement

aussi important que la prise de Séringapatam, pour dissiper à Londres les dernières craintes que la conquête de l'Égypte avait inspirées. Toute la prévoyance du gouvernement, tout ce qu'on avait dit et écrit pour démontrer l'impossibilité de l'exécution des projets qu'on supposait à Bonaparte, ne rassurait point le commerce contre le génie entreprenant du général français, et la haine irréconciliable que portait aux maîtres du Bengale le sultan de Mysore. La perte de celui-ci pouvait seule faire mettre au rang des chimères la grande révolution que les voyageurs, les hommes instruits de l'état de ces vastes régions ne trouvaient pas impossible.

Nous devrions placer ici le tableau de l'expédition du général Bonaparte en Égypte; cet épisode y semble amené par celui de la guerre de l'Inde; mais c'est pour ne pas le tronquer, et pouvoir un peu plus tard retenir nos lecteurs sur les bords du Nil, sans encourir le reproche d'interruptions trop brusques dans nos divers récits, que nous

nous empressons de les ramener en Europe.

Cherchons à retrouver, et tâchons de démontrer sur ce vaste théâtre de guerre de la mer du Nord au golfe de Génes les combinaisons inattendues, les mouvemens de plus en plus rapides, les actions de plus en plus fréquentes de toutes les forces que les deux partis eussent pu y porter.

Nous avons successivement développé, aux trois principales époques de cette campagne, la conception, l'exécution et l'issue de trois différens plans d'offensive générale et combinée, tous trois marqués par de grands événemens qui en furent comme le dénoûment.

Première époque (avril 1799).

Pre

mière offensive des Français sous l'ancien Directoire qui renouvela les hostilités ; conquête des Grisons par Masséna, et des frontières du Tyrol par Lecourbe; - bataille de Stockach, gagnée par l'Archiduc;-bataille de Magnano en Italie, gagnée par le général Kray; les Français forcés partout à se retirer.

C

Seconde époque (mai, juin et juillet ).
Seconde offensive des Alliés en Italie;

- passage de l'Adda;

bataille de Cassa

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no, gagnée par le maréchal de Souwarow; reprise de la Lombardie et d'une partie du Piémont ;-reprise des Grisons;

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passage

attaques des lignes, et prise de

Zurich par l'Archiduc.

Défensive active des Français; —état d'observation; forces balancées en Suisse ; guerre de siége en Italie; avantages remportés par Moreau près d'Alexandrie; bataille de San-Giuliano près de Plaisance,

gagnée par Souwarow;

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Génes; - réunion de Macdonald; -reprise de la Toscane; prise de Mantoue.

Troisième époque (août etseptembre). — Seconde offensive des Français; - tentative du général Joubert pour délivrer Tortone; - bataille de Novi gagnée par le maréchal Souwarow; - attaque de tous les postes des Alpes et du Piémont, par le général Championnet ;

attaque de la position de Zurich parlegénéral Masséna;—avantages remportés

par les généraux Chabran et Lecourbe contre la gauche de l'Archiduc; passage du Rhin par le corps du général français Müller ; — invasion du Palatinat; bombardement de Philipsbourg.

Nous avons distingué ces époques et résumé les principaux événemens d'une manière tabulaire, pour rendre plus sensible la nouvelle extension du système de guerre.

On a souvent reproché aux historiens modernes d'avoir établi, entre des faits isolés, des rapports qui n'avaient peut-être point existé, et d'avoir imaginé un ordre de choses correspondant à leurs conjectures, pour donner à leurs récits trop uniformes le piquant. et l'attrait de la recherche de causes ignorées. Nous espérons de ne point encourir ce reproche, en faisant observer comment, à force d'étendre et de multiplier les combi naisons, elles se sont tellement liées, qu'on ne peut plus, dans ce jeu terrible, jouer un coup, remuer une pièce, que tout le système n'en soit ébranlé.

Les armées très-nombreuses, la trop forte

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