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guerre et de bouche, que les Turcs n'avaient eu ni le temps, ni les moyens d'é

vacuer.

Ce fut à Jaffa que Bonaparte éprouva la première résistance; cette ville sans ouvrages extérieurs, sans fossés, mais fermée d'une muraille flanquée de bonnes tours, était armée de canons: deux petits forts au bord de la mer défendaient le port et la rade; on ouvrit la tranchée; on établit une batterie de brèche contre la tour carrée la plus élevée, et deux contre-batteries pendant qu'on faisait une fausse attaque au nord de la place. Les Turcs se défendirent bravement, firent deux sorties, dans lesquelles ils perdirent beaucoup de monde ; mais après que les batteries, dont le plus fort calibre n'était que de douze, eurent rendu la brèche praticable, Bonaparte fit livrer l'assaut les carabiniers de la 22o demi-brigade d'infanterie légère, dont le chef fut tué, marchaient à la tête de la colonne conduite par l'adjudant-général Rambeaud; son adjoint Nethervood, et l'officier du génie Ver

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nois, frayèrent le chemin avec des ouvriers de l'artillerie et du génie. Le combat fut sanglant; les Français gravirent la brèche, et se logèrent dans la tour : les Turcs n'en persistèrent pas moins à se défendre ; ils se rallièrent, attaquèrent la colonne soutenue par la division de Lannes, qui força de rue en rue les dernières défenses, et s'empara du fort du côté de la mer. La plus grande partie de la garnison, composée de 1,200 canonniers turcs qui étaient destinés à former l'équipage de campagne de Djezzar-Pacha, et de 2,500 Maugrabins ou Arnautes, fut passée au fil de l'épée; les Egyptiens échappés au carnage furent renvoyés en Egypte. Ce fut avec peine, que le général Robin, qui prit après l'assaut le commandement de la place, parvint à arrêter la fureur du soldat.

Après avoir fait de Jaffa et de son port, l'entrepôt de l'armée pour l'artillerie et les munitions qu'on attendait de Damiette et d'Alexandrie, Bonaparte marcha sur SaintJean-d'Acre, avec les trois divisions de Kléber, Bon et Lannes; la quatrième, celle de

Reynier, faisait l'arrière-garde, à deux marches après l'armée qu'elle avait ordre de joindre à Saint-Jean-d'Acre, en suivant la route de la mer par Césarée et Dor.

Le 15 mars, l'avant-garde française découvrit en approchant de Zeta, un corps de cavalerie d'Abdalla-Pacha, qui, pour re tarder la marche de l'armée, avait pris une position sur les hauteurs de Qáquoun, s'appuyant à la montagne de Naplouse, où quelques milliers de Naplousains étaient postés.

Pendant que les généraux Kléber, Bon et Murat se dirigaient sur la cavalerie d'Abdalla, et manoeuvraient pour engager le combat, la division du général Lannes eut ordre de se porter sur la droite, et de couper le Pacha d'avec les Naplousains: ceux-ci prirent la fuite, mais l'infanterie légère qui les poursuivait, s'étant trop engagée dans les défilés, ils se rallièrent, et l'attaquèrent à leur tour pendant sa retraite, jusqu'au débouché des montagnes. Le chef de la 69° demibrigade, Barthelemy fut tué dans ce combat.

Deux jours après, le général Kléber occupa Caïffa au pied du Mont-Carmel, ville fermée d'une bonne muraille et flanquée de tours, et que Djezzar avait fait évacuer après avoir désarmé le château qui défend le port et la rade.

L'avant-garde de cette division découvrit, en arrivant près de Caïffa, la division de l'escadre anglaise qui y avait mouillé le 14 mars; les chaloupes du Tigre s'approchèrent de la côte, reconnurent cette avant-garde au pied du Mont-Carmel, et cherchèrent par leur feu à gagner sa marche.

Déjà Sidney-Smith avait relevé le courage et accru les moyens de résistance du Pacha de Saint-Jean-d'Acre, en lui envoyant un ancien ingénieur français très-habile au dévouement duquel il devait sa délivrance de la prison du Temple, et son retour en Angleterre. Le colonel Phélipeaux avait fait réparer cette place fortifiée à la manière du douzième siècle, avec des courtines flanquées de tours carrées. Le capitaine Milier, commandant le vaisseau le Thésée, lui avait

fourni tous les moyens dont il avait pu disposer pour rétablir cet ancien boulevard de la Syrie.

Cependant ces travaux et ces premiers secours n'eussent vraisemblablement pas suffi pour soutenir Djezzar-Pacha contre une attaque régulière, si, au moment même où Bonaparte achevait l'investissement de SaintJean-d'Acre, la flotille qui portait son artillerie de siége et ses munitions, ne fut tombée entre les mains des Anglais : cette flotille doublait le Mont-Carmel lorsque aperçue par le Tigre, elle fut poursuivie et bientôt atteinte par le canon des vaisseaux; sept des bâtimens qui la composaient amenèrent leur pavillon; une corvette et deux petits bâtimens s'échappèrent.

Cette perte irréparable pour les Français, dans la situation où ils se trouvaient, décida du sort de Saint-Jean-d'Acre; malgré l'état de défense où le colonel Phélipeaux avait remis cette place, l'audace et l'intrépidité dans les attaques, eussent peut-être pu suppléer le manque de grosse artillerie, et de tous les

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