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tion du reste de la marine française dans la Méditerranée, une entière séparation d'avec le continent d'Europe, devaient maintenant se suffire à eux-mêmes, achever leurs desseins, fonder et défendre un nouvel empire.

Les deux corps et les deux principaux chefs des Mamelucks se séparèrent au moment de l'entrée des Français au Caire, après la bataille des Pyramides: mais ce fut moins la suite d'une combinaison militaire convenue entre eux, que l'effet d'une haine qui les divisait depuis long-temps. Ibrahim, ayant préparé sa retraite vers la Syrie, n'attendait pour l'exécuter que l'issue de la bataille livrée par Mourad-Bey, sur la rive gauche du Nil. Pendant que le général Desaix repoussait vivement celui-ci vers la Haute-Égypte, Bonaparte poursuivit Ibrahim-Bey, atteignit et tailla en pièces une partie de son arrière-garde à Salahieh sur les confins du désert; mais Ibrahim parvint

à

gagner Gazah avec environ mille Mamelucks, et fut accueilli en Syrie par Djezzar

Pacha. Dans cette expédition, dans ces marches extraordinaires, comme dans toutes les dispositions principales, Bonaparte était très-bien secondé par le général Berthier, chef de son état-major; ses talens, son coup d'œil pour l'application la plus prompte des mouvemens de troupes aux divers terrains, étaient d'autant plus précieux, que dans ce pays, toutes les données ordinaires étaient changées; on lira toujours avec intérêt la suite des ordres donnés à cette armée, et les moyens employés pour la conserver et pour régulariser les différentes parties du service.

Revenu au Caire, après avoir dissipé quelques hordes d'Arabes, et dégagé la caravane de Maroc, Bonaparte s'occupa de consolider sa conquête par un bon système de défense; ce système fut actif dans la Haute Égypte, tant que les Mamelucks, sans cesse battus par l'infatigable Desaix, et sans cesse ralliés par Mourad-Bey, trouverent du terrain à parcourir, et des ressources pour prolonger leur résistance. Quant

à la frontière de Syrie et aux places et postes de la côte, on travailla avec la plus grande activité à réparer les fortifications qui étaient susceptibles de l'être; on en construisit de nouvelles à Salahieh, à Belbeïs et sur d'autres points principaux. Bientôt la ligne des frontières de la Basse-Égypte se trouva dans un état respectable, en considérant les moyens d'attaque qui pouvaient être developpés par les Turcs.

Damiette, Mansoura, Rosette et toute cette partie de la Basse-Égypte, étaient sous le commandement du général Menou établi à Rosette le général Kléber commandait à Alexandrie.

:

Les Français avaient été forcés de renoncer à communiquer par mer, de Rosette à Alexandrie, depuis que l'amiral Nelson, après avoir regréé ses vaisseaux dans la rade d'Aboukyr, avait laissé le commodore Hood en croisière. On avait établi, pour suppléer à cette navigation, et pour suffire au transport indispensable de vivres, une caravanne qui traversait régulièrement le

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désert, et assurait aussi le passage des couriers et des voyageurs qui montaient au Caire ou en descendaient. On avait formé, pour protéger cette caravanne, une légion de matelots sauvés du combat; elle était placée à Aboukyr et fournissait les escortes nécessaires : mais le transport à dos de chámeaux étant trop lent et trop dispendieux, on fit nettoyer le canal d'Alexandrie, qui chaque année, à l'époque du débordement du Nil, conduit l'eau de Rahmanieh à Alexandrie, à travers un désert d'environ quinze lieues.

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Cette époque du débordement du Nil était arrivée; Bonaparte, à son retour au Caire, avait déjà fait, avec la pompe et les cérémonies d'usage, la coupure de la digue, et avait ouvert le canal qui porte l'eau du fleuve à travers la ville du Caire. Bientôt le Nil étant assez élevé pour s'épancher dans le canal d'Alexandrie, cette ville, qui était le grand dépôt de l'armée, reçut à la fois les eaux qui devaient remplir les citernes, et fut. avitaillée. Ce canal resta navigable seule

ment pendant vingt à vingt cinq jours, et le général Kléber en profita pour faire passer sur le Nil, et remonter une grande quantité d'artillerie jusqu'à Gizeh, où Bonaparte fit établir le grand parc sous les ordres du général d'artillerie Dommartin. Les Arabes cherchèrent à faire manquer cette opération très-importante, en faisant des saignées au canal, afin de mettre les barques à sec, et de pouvoir les piller; mais le général Marmont, à la tête d'une demi-brigade, les chassa si vivement, et protégea le convoi avec tant de vigilance, qu'ils furent contraints de renoncer à leur entreprise.

Le général Kléber, commandant à Alexandrie, put voir de la ville le combat naval. d'Aboukyr; il ranima le courage des troupes. et des matelots consternés. Les travaux du débarquement et du déchargement des trois cents vaisseaux de transport n'étaient point encore achevés; on avait à peine eu le temps de faire établir quelques batteries sur les hauteurs; mais, prévoyant que les Anglais feraient tous leurs efforts pour ruiner ou

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