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la colonne qui avait tourné Sédaséer, dégagea le colonel Montrésor; et, réuni avec lui et le général major Hartley, défit entièrement les troupes du Sultan, qui rentra dans son camp de Périapatam. Ce prince avait espéré de battre le général Stuart, et comptait ensuite attaquer le général Harris: dès qu'il fut informé de l'entrée de l'armée de Madras dans le pays de Mysore, il leva son camp de Périapatam, et marcha, avec beaucoup de célérité, à la rencontre du général Harris avec tout ce qu'il put rassembler de troupes et d'artillerie; il l'atteignit au moment où il faisait entrér ses troupes dans le camp de Malavély: il s'engagea bientôt une action générale, dans laquelle la division du colonel Wellesley, depuis lord Wellington, tourna le flanc droit de l'armée indienne. Tippoo ne fut pas plus heureux dans cette affaire, qu'il ne l'avait été vis-à-vis du général Stuart; il fut complettement battu et chassé de toutes les positions où il essaya de se maintenir.

Le 30 mars, le général Harris, après avoir

passé la Cavery, campa à deux milles au Sud-Ouest de Seringapatam, dans une position que le général Abercrombie avait occupée en 1792. Il s'y affermit en repoussant les postes et resserrant la place..

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Cependant le général Stuart marchait pour effectuer la jonction des deux armées; il rencontra le 6 avril, à Périapatam, le ma¬ jor-général Floyd, que le général Harris avait détaché avec un corps de troupes de l'armée de Madras pour aller à sa rencontre, et assurer ses dernières marches aux approches de la forteresse.

Tippoo-Saïb ne tenta pas de nouveaux efforts en campagne, pour s'opposer à cette jonction, et seborna à défendre, contre le général Stuart, au nord de la Cavery, les dehors de sa capitale, sa dernière retraite, comme il l'avait fait contre le général Harris. Mais cette défense des postes extérieurs fut aussi courte qu'inu+ tile. Le général Stuart fit replier jusqu'à 800 toises de la place les troupes du Sultan, et emporta un retranchement qui le séparait du général Harris. L'investissement fut achevé

et la tranchée ouverte nous ne rapporterons ici ni les détails du siége, ni les mouvemens du général Floyd, pour lecouvrir contre les partis qui se trouvaient encore en campagne.

L'artillerie anglaise ne commença à battre en brêche que le 30 avril et quatre jours : après, la brêche étant praticable, les 12o, 33, 73° et 74 régimens furent destinés à livrer l'assaut. Le général Harris, pour surprendre le Sultan, ne fit donner le signal que vers le milieu du jour, au moment de la plus forte chaleur.

Les troupes anglaises et les grenadiers Cypayes sortirent tout-à-coup des tranchées, traversèrent sous un feu meurtrier le lit rocailleux de la Cavery, et, sous la conduite du colonel Sheerbrook et du lieutenantcolonel Dunlop, qui y fut blessé, montèrent aux brêches pratiquées dans la fausse-braye et le rempart. Le combat fut opiniâtre et sanglant: Tippoo, désespéré, affrontait la mort par-tout où le péril était plus grand, et périt dans la mêlée avec ses principaux officiers.

'Ainsi tomba héroïquement le plus redoutable ennemi des Anglais; il se montra véritablement grand, et aussi digne de leur estime quede leur haine, en dédaignant d'orner leur triomphe. Toutes les fortifications étaient emportées, et les enfans du Sultan se défendaient encore dans le palais, qui renfermait sa famille, ses femmes, ses trésors. Le général Harris promit sûreté et protection aux habitans du palais : ils se rendirent.

On fit rechercher avec soin le corps de Tippoo-Sultan; on le trouva sous un monceau de morts, près de l'une des portes de la forteresse il fut porté au palais, reconnu par sa famille, et enterré avec les honneurs dus à son rang dans le tombeau de son père. Ce magnifique mausolée d'Hyder - Aly est placé au sud de l'île, et entouré d'un bosquet de cyprès.

On évalua à trois millions de livres sterling, le trésor trouvé dans le palais de Tippoo; il appartint à l'armée qui fit cette riche conquête.

La situation de Séringapatam est, dit

on, délicieuse; la ville est grande et ornée de places et de beaux édifices; les ouvrages sont spacieux et en si bon état, que le 'Sultan ne pouvait s'attendre à les voir sitôt emportés d'assaut : 400 pièces de canon étaient placées sur le pourtour de l'île.

Après la prise de Séringapatam et la mort de Tippoo-Saïb, ses enfans, ses parens, les princes engagés dans son alliance se soumirent au vainqueur.

Par cette brillante opération, les Anglais restèrent maîtres absolus de la presqu'île de l'Inde leurs seuls vaisseaux pourront désormais y aborder; ils possèdent toutes les stations, toutes les relâches, le cap de BonneEspérance, l'Isle-de-France, l'isle SainteHélène, la baie de Trinquemale. Les Français, dont les armes étaient encore redoutées dans l'Inde il y a peu d'années, et dont les escadres, sous la conduite de l'amiral Suffren luttèrent avec avantage contre celles de la Grande-Bretagne, ont perdu leurs faibles établissemens à la côte de Coromandel, ont vu conquérir ceux de leurs alliés, et ne

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