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sion n'avait cessé de marcher et de combattre pendant toute cette journée; elle avait fait un trajet d'environ dix-huit heures de marche, effort prodigieux pour des troupes européennes sous un tel climat. On verra bientôt ce général chargé de poursuivre Mourad-Bey dans la Haute-Égypte, montrer dans cette guerre singulière tant de vigueur et d'habileté à prévenir ou à déconcerter les mouvemens des Mamelucks, qu'il les affaipeu à peu, et alla détruire leurs rassemblemens jusque dans leurs dernières retraites, à l'entrée des déserts de la Nubie.

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Ibrahim-Bey, avec les Mamelucks quiétaient sur la rive droite, se retira précipitamment vers le désert de Syrie.

Le lendemain 22 juillet, la ville du Caire ouvrit ses portes aux Français ; le gouvernement des Mamelucks fut renversé, et la conquête de la Basse-Égypte achevée.

D'illustres voyageurs, tels que Niéhbur, Volney, Châteaubriant, nous ont donné d'intéressantes descriptions de l'Égypte et de

la Syrie; et les traveaux de la société des savans et des artistes, dont Bonaparte avait orné sa romanesque entreprise, n'ont depuis rien laissé à désirer aux lecteurs qui, pour cueillir les meilleurs fruits de l'histoire politique et militaire d'un pays, veulent d'abord le bien connaître, et le parcourir avec les meilleurs guides.

La carte qui se trouve dans l'Atlas joint à cet ouvrage est celle qui a été publiée en Angleterre, et dont le fond n'est autre que l'excellent travail de Danville, le Strabon des modernes ; cette carte, jusqu'à présent la plus exacte, a été réduite à une moindre échelle nous aurions désiré que la publication de la belle carte dressée par les ingénieurs de l'expédition d'Égypte, et gravée au dépôt de la guerre, nous eût permis d'en mettre les parties les plus précieuses sous les yeux de nos lecteurs; nous espérons pouvoir le faire aussitôt que ce chef-d'œuvre de topographie sera terminé et livré au public.

Quant aux souvenirs historiques réveil

lés à chaque pas que l'on fait sur cette terre classique, et qui trouveraient si bien ici leur place, s'ils n'interrompaient trop fréquemment le fil d'une narration succincte, nous avons rassemblé dans une note ceux qui nous ont paru dignes d'être rappelés, et que leur comparaison avec les nouvelles circonstances rendirent à cette époque plus intéressans.

Bonaparte n'avait rien négligé pour prêter un motif politique à l'invasion de l'Égypte, et pour le faire valoir auprès de la Porte; il se flattait qu'en séparant le gouvernement oppressif des Beys, qu'il venait de détruire, d'avec l'ombre de souveraineté et de puissance qui restait au Grand-Seigneur, cette expédition serait considérée à Constantinople, comme un grand effort d'un ancien et puissant allié, pour rétablir la domination ottomane sur les bords du Nil, et former à l'avantage des deux nations, sous la protection des armées françaises, des établissemens qui seraient pour toutes les puissances méridionales de l'Europe une source

de prospérité, et qui ne pouvaient nuire qu'à l'Angleterre.

Cette espérance était mal fondée, dans la situation où se trouvaient les affaires de la République auprès de la Porte; mais, bien loin de croire que ce fut un vain prétexte, nous ne doutons point au contraire que, s'il eût été aussi facile d'éclairer les Turcs sur leurs véritables intérêts que d'exciter leur jalousie et d'armer leur fanatisme; le retour à leur politique naturelle, leur coopération à tout ce qui peut favoriser et étendre le commerce de la France, et même l'établissement d'une colonie française, n'eussent dû l'emporter, comme un avantage fondamental et durable, sur toute autre considération.

En entrant dans la mer de Libye, Bonaparte avait révélé à son armée le mystère de l'expédition : « Soldats, disait-il, dans un >> ordre du jour ; vous allez entreprendre » une conquête dont les effets sur la civili»sation et le commerce du monde sont in>> calculables ».

Cette conquête ne devait être faite que

contre les Mamelucks; et soit dans ses proclamations à l'armée, soit dans celle adressée aux peuples d'Égypte, les Turcs étaient désignés comme les amis et les alliés des Français ; les propriétés du Grand-Seigneur devaient être respectées, et tout ce qui touchait à la religion et aux usages civils était recommandé aux égards et à la vigilance des chefs et des soldats.

Avant le débarquement, Bonaparte écrivit au pacha d'Égypte qu'il venait chấtier les Beys, dont la Porte << avait déclaré qu'elle » n'autorisait pas les insultes ». On trouve dans cette lettre ce passage remarquable: <<< Toi qui devrais être le maître des Beys, >> et que cependant ils retiennent au Caire » sans autorité et sans pouvoir, tu dois voir >> mon arrivée avec plaisir ». Au moment de la prise d'Alexandrie, le capitaine d'une caravelle, ou vaisseau de guerre turc qui se trouvait dans le port, reçut des présens du général français ; et peu de temps après, lorsqu'il eut ordre de quitter l'Égypte, Bonaparte fit partir avec lui un officier qu'il

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