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du Nil, à Rahmanyeh; ici se passa le premier engagement avec les Mamelucks, qui, au nombre de 7 à 800, attaquèrent le général Desaix, et furent repoussés et dispersés.

C'était l'avant-garde d'un corps d'armée que Mourad-Bey avait rassemblé, et dont la plus grande partie était composée de cavalerie; il avait pris une position au village de Chebreïs sa droite était appuyée au Nil, soutenue par huit ou dix grosses chaloupes canonnières, et plusieurs batteries élevées sur le rivage.

Le 13 juillet les deux armées se trouvèrent en présence: Bonaparte qui n'avait que 200 hommes de cavalerie, faible encore diset épuisée par la tourmente de la mer, posa ses cinq divisions en ordre de bataille par échelons, se flanquant entre elles; cette ligne était appuyée à deux villages dans lesquels il jetta un grand nombre de tirailleurs; chaque division était formée en carré, ayant ses bagages au centre, l'artillerie était placée aux angles des carrés et dans leurs intervalles; cette disposition opposait par

des

feux croisés un invincible obstacle aux charges impétueuses et désunies de la cavalerie de Mourad-Bey.

Tel est l'avantage du perfectionnement de la tactique des Européens, appropriée aux armes modernes ; les Orientaux en les adoptant, n'ont presque rien changé à leur manière de marcher et de combattre. Leur valeur et l'impétuosité de leurs attaques ne peuvent soutenir l'effet de la mousqueterie et le choc de nos masses que par la grande supériorité du nombre de combattans.

Cette fois, cette supériorité même leur fut inutile. La flottille turque fut attaquée par le chef de division Perrée, qui n'avait que trois chaloupes canonnières, une demi-galère, et un chebeck sur lequel se trouvaient les savans Monge et Berthollet. Les trois chaloupes et la demi-galère furent d'abord prises par les Mamelucks, mais il parvint à les reprendre après un combat opiniâtre, et mit le feu à la chaloupe de leur amiral; le général d'artillerie Andréossi commandait sur la flottille les troupes de débarquement.

Mourad-Bey ne put, en débordant les ailes de l'armée française par sa nombreuse cavalerie, trouver un point faible pour pénétrer dans les carrés, et renverser ces murs de feu, après avoir vu moissonner ses braves Mamelucks, il fit sa retraite vers le Caire. Bonaparte continua sa marche par Alkam, Abonnécube et Wardam, et se trouva, le 20 juillet, à Omedinar à la vue des Pyramides, et à six lieues de la capitale de l'Égypte.

Mourad, ayant rassemblé les Beys avec toutes leurs forces, s'était retranché au village d'Embabeh, qu'il avait garni d'artillerie; 6,000 hommes de cavalerie, tant Arabes que Mamelucks, étaient répandus dans la plaine.

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L'armée française, fatiguée par ces marches, et par l'excessive chaleur, séjourna à Wardam pour se réparer, rétablir l'artillerie, nettoyer ses armes promptement rouillées par les vapeurs du Nil, et se préparer à la bataille dite des Pyramides, qui fut livrée le lendemain 21 juillet. L'ordre de bataille fut le même qu'à l'affaire de Chebreïs : la divi

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sion Desaix, qui formait l'avant-garde, et fit d'abord replier celle des Mamelucks se mit en ligne à la droite avec la division Reynier; ces deux divisions furent au même instant attaquées avec fureur par la moitié de la cavalerie des Mamelucks; l'autre moitié soutenait les retranchemens du village d'Embabeh. La valeur téméraire des Mamelucks échoua encore cette fois devant ces masses hérissées de baïonnettes, et dont le feu redoutable, réservé jusqu'à demi-portée, jonchait la plaine des cadavres de ces intrépides cavaliers et de leurs brillantes dépouilles.

Pendant que ces charges s'exécutaient contre la droite, et que les Mamelucks dispersés se retiraient en désordre, Bonaparte, dirigeant sur les retranchemens les deux divisions du centre, faisait tourner le village d'Embabeh à la faveur d'un fossé qui masquait ce mouvement; il détruisit ainsi ou poussa dans le Nil 1,500 hommes de cavalerie. Cette attaque, extrêmement vive, fut conduite par le général Marmont; 40 pièces de

canon, le camp des Mamelucks, plus de 400 chameaux tombèrent entre les mains du vainqueur.

Le reste des forces que Mourad-Bey avait rassemblé sur la rive gauche du Nil s'enfuit vers la Haute-Egypte.

Cette retraite fut toujours la ressource des Mamelucks lorsque, pressés par les Turcs et contraints de céder au nombre, ils allaient y réparer leurs forces; ils disparaissaient rapidement; pas un seul corps de troupes ne restait réuni. Leur ralliement n'était pas moins prompt; les vainqueurs satisfaits et se reposant sur la terreur de leurs armes, négligeaient de les poursuivre, et ne sachant les contenir par aucune disposition défensive, n'ayant aucune idée de la vigilance militaire, et de prévoyance politique, ils étaient bientôt surpris, attaqués eux-mêmes, et chassés de la Basse-Égypte.

Le général Desaix, le jour même de la bataille, poursuivit Mourad - Bey jusqu'à Gizeh, au-delà de la hauteur du Caire, à l'entrée de la grande vallée du Nil. Sà divi

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