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DE FÉNÉLON,

COMPOSÉE

SUR LES MANUSCRITS ORIGINAUX.

PAR M. L'.-F. DE BAUSSET,
ANCIEN ÉVÊQUE D'ALAIS, MEMBRE DU CHAPITRE IMPÉRIAL

DE SAINT-DENIS.

TOME PREMIER.

A PARIS,

CHEZ GIGUET ET MICHAUD, IMP.-LIBRAIRES,
RUE DES BONS-ENFANTS, No. 34;

ALA HAYE, CHEZ VAN CLEEF FRÈRES, LIBRAIRES
DE LA COUR ET DE LA BIBLIOTHÈQUE ROYALE;

A LEIPSICK, CHEZ P. J. BESSON, LIBRAIRE,

M. DCCC. VIIL

H

HISTOIRE

DE FÉNÉLON.

LIVRE PREMIER.

FÉNÉLON est déjà si connu, sa réputation est si universellement établie, qu'il paraît d'abord inutile et peut-être impossible de le faire encore mieux connaître; sa mémoire est aussi chère aux nations étrangères qu'à la France ellemême; ses ouvrages les plus recommandables ont été traduits dans toutes les langues; ils sont du petit nombre de ceux qu'un consentement unanime a jugé dignes de fixer les premiers regards des générations naissantes, d'inspirer l'amour de la vertu à la jeunesse, en ornant son imagination et en épurant son goût, d'éclairer la raison dans l'âge de la maturité, et de répandre encore du charme et de l'intérêt sur les dernières années de la vie.

Il a été donné à quelques hommes de génie d'imprimer à leurs ouvrages un caractère de force et de grandeur qui subjugue l'esprit et

commande l'admiration; mais Fénélon seul à eu le singulier bonheur de trouver des amis. dans tous ses lecteurs.

En lisant ses écrits et surtout ses lettres, on croit entendre Fénélon; on croit vivre avec lui; il révèle, sans le vouloir, le secret de toutes ses vertus. On admire la supériorité de son génie; mais on est encore plus touché du charme de son caractère.

Des auteurs estimables ont déjà écrit la vie de Fénélon. M. de Ramsay, qui avait eu le bonheur de passer plusieurs années dans sa familiarité, en a publié une histoire abrégée peu de temps après sa mort, en 1723; mais il n'entrait pas dans son plan de faire usage des nombreux matériaux qu'il aurait pu réunir.

Le marquis de Fénélon, son petit - neveu, fit imprimer en 1734 un court Précis qui offre des détails curieux.

Un ecclésiastique recommandable par ses vertus, par ses écrits et par son amour pour la religion (1), publia en 1787 une vie très étendue de Fénélon, qui fut placée à la tête de la nouvelle édition de ses œuvres. Il y fit entrer des pièces qui n'avaient point encore vu le jour. De justes et sages considérations ne lui permirent pas de faire connaître tous les manus

(1) Le père Querbeuf, ancicu jésuite.

crits intéressants qu'on avait rassemblés pour cette grande entreprise (1).

Ces considérations n'existent plus aujourd'hui. Des circonstances singulières ont mis ces mêmes manuscrits à notre disposition; et nous croyons qu'ils peuvent encore assurer à la mémoire de Fénélon de nouveaux droits à la vénération et à la reconnaissance publiques.

La gloire de Fénélon appartient à la religion, à la France, à l'Europe entière, et surtout à l'église gallicane : j'ai pensé que l'étude de sa vie et de ses écrits pouvait occuper utilement la retraite d'un évêque que de longues et douloureuses infirmités ont privé de la faculté de remplir les fonctions les plus importantes de son ministère.

François de Salignac de Lamothe-Fénélon, archevêque de Cambrai, naquit au château de Fénélon, en Périgord, le 6 août 1651. Sa maison était aussi distinguée par son ancienneté que par son illustration (2).

Pons de Salignac, comte de Lamothe-Fénélon, père de l'archevêque de Cambrai, avait

(1) On doit ajouter qu'on ne lui laissa pas même le temps de les employer. On désira que sa Vie de Fénelon parût avant l'ouverture d'une assemblée du clergé, qui avait été d'abord annoncée pour le mois d'août 1787.

(2) Voyez les Pièces justificatives du premier livre, no. Ier.

Naissance de Fénélon.

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