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V

VAILLA

affronter le danger fans le craindre, le fait même chérir & chercher.

C'est le délire de l'héroïsme, qui, dans les derniers fiècles, forma ces preux chevaliers, héros chers à l'humanité, qui fembloient s'être appropriés la caufe de tous les foibles de l'Univers.

AILLANCE. On doit regarder la vaillance | la renommée enfantent, qui, non content de faire comme l'effet d'une force naturelle de l'homme, qui ne dépend point de la volonté, mais du mécanifme des organes, lefquels font extrêmement variables. Ainfi l'on peut dire feulement de l'homme vaillant, qu'il fut brave un tel jour; mais celui qui fe le promet comme une chofe certaine, ne fait pas ce qu'il fera demain ; & tenant pour fienne une vaillance qui dépend du moment, il lui arrive de la perdre dans le moment même où il y penfoit le moins. La vaillance n'est que momentanée, & la difpofition de nos organes corporels la produit ou l'anéantit dans un moment.

Au commencement de la bataille de Varnes, Amurat II, empereur des Turcs, qui s'étoit fignalé déjà en mille occafions diverfes, auroit pris la fuite fi fes officiers ne l'avoient menacé de le tuer.

VALETS. Le roi de Pruffe entretient pendant la guerre neuf valets par compagnie d'infanterie ; ils prêtent ferment de fidélité comme les foldats. Deux de ces valets fervent le capitaine, deux ont foin des chevaux de bât de la compagnie, un est chargé des malades, & les trois autres fervent les officiers fubalternes.

Il est défendu aux officiers pruffiens, fous peine d'être caflés, de fe faire fervir par des foldats ou d'en prendre pour foigner leurs chevaux.

Les valets des régimens pruffiens portent des uniformes. Chaque régiment a le fien différent, mais ne reffemblant en aucune manière à celui des foldats.

L'auteur du Soldat citoyen propofe auffi des domeltiques dans fa formation; il voudroit qu'on les choisit, ou parmi les vétérans encore robuftes, ou parmi les enfans de foldats. Peut-être auroit-il pu auffi propofer de les prendre parmi les enfanstrouvés ; il les arme, à la guerre, d'une épée à la romaine & d'un fufil de challe.

Il paroîtroit avantageux d'attacher auffi, à l'inftar de la Pruffe, un certain nombre de domeftiques par compagnie, pour conduire les chevaux de bât ou les chariots attachés aux compagnies, & d'autres pour foigner les malades, & tous ces hommes feroient armés. On pourroit même leur donner des fous-officiers qui veilleroient à leur tenue & à leur conduite: on s'en ferviroit dans une infinité d'occafions, où ils pourroient rendre de très-grands fcrvices.

VALEUR, COURAGE. La valeur eft ce fentiment que l'enthousiasme de la gloire & la foif de

Sans fpectateurs pour l'applaudir, ou au moins fans efpoir d'être applaudi un jour, il n'y a point de valeur.

C'est un germe heureux que la Nature met en nous, mais qui ne peut éclore fi l'éducation & les mœurs du pays ne le fécondent.

Voulez-vous rendre une nation valeureufe; que toute action de valeur y foit récompenfée ? mais quelle doit être cette récompenfe? l'éloge & la célébrité. Faites conftruire des chars de triomphe pour ceux qui auront triomphé, un grand cirque pour que les fpectateurs, les rivaux & les applaudiffemens foient nombreux; gardez-vous furtout de payer avec de l'or ce que l'honneur feul peut & doit acquitter. Celui qui fonge à être riche, n'eft ni ne fera jamais valeureux : qu'avez-vous befoin d'or où le laurier récompenfe un héros?

Finiffons en difant que la bravoure eft le devoir du foldat; le courage, la vertu du sage & du héros ; la valeur, celle du chevalier.

De toutes les vertus humaines, la plus fublime eft fans doute le courage raifonné & froid qui fait braver la mort ; il fuppofe la ferme perfuafion qu'il eft des biens plus précieux que la vie, ou des maux plus à craindre que la perte de tous les biens que la mort nous ravit.

Cette vertu doit donc devenir rare à mefure qu'une nation aime davantage les chofes dont on ne jouit que par les fens, & fe détrompe davantage des chimères de la gloire, de l'eftime publique, du devoir politique & religieux, de l'honneur, des bienféances, des droits de la naiffance & des obligations qu'elle impofe; car rien de tout cela n'eft démontré pour chaque individu, quoique l'utilité puiffe en être démontrée pour la fociété, tandis que les plaifirs des fens font plus que dé montrés, ils font fentis par chaque individu; tandis que le résultat en eft nul pour la fociété, qui a tout à craindre au contraire de la paffion avec laquelle fes membres le recherchent.

La perfévérance à faire fon devoir, quel que fut l'ennui qu'il fallût dévorer, quelles que fuffent les fatigues qu'il falloit effuyer, quels que fuffent les périls auxquels il falloit s'expofer, quelles que fuffent les privations auxquelles il falloit fe refigners Gccccc 2

cette perfévérance ne fuppofoit pas une vertu héroïque lorsqu'il n'y avoit point de citoyens qui, pour remplir quelque devoir, ne fe réfignaffent à T'ennui, aux fatigues, &c.

Malheur donc aux nations dont les lois ou les moeurs étouffent le courage! Elles en font bien peu dédommagées par les reffources de l'art, trop foible garant des empires. Il pourra bien leur procurer un moment d'éclat à l'aide de quelque grand homme; mais la feule fupériorité permanente eft celle qui a fa bafe fur les vertus. Un peuple brave & magnanime fait éprouver des revers, des humiliations par l'effet des circonftances paffagères; mais bientôt il fe relève & prend fa place. Voyez Rome: tant qu'elle conferva l'énergie de fon courage, la fortune parut à diverfes reprises avoir juré fa perte. Les Gaulois, Pyrrhus, Annibal l'accablèrent tour-à-tour; mais bientôt après on la vit fortir de fes débris & de fes cendres, & charger de fer les mêmes peuples qui l'avoient mife au bord du néant, plus redoutable, plus puiflante avec fon feul héroïfme, qu'avec la monarchie du monde quand cet héroïsme eut disparu.

VENT. Chacun fait combien il importe fur mer d'avoir l'avantage du vent; mais on n'eft peut-être pas affez perfuadé de fon heureufe influence fur terre l'hiftoire la prouve cependant par mille exemples.

Une des principales caufes du gain de la bataille de Cannes fut l'attention qu'eut Annibal de difpofer fon armée de manière à avoir le vent à dos.

Les Carthaginois ne furent battus par les Corinthiens fur les bords de la rivière de Cremife, que parce qu'il s'éleva pendant le combat un vent furieux, qui, chaffant la grêle au vifage des premiers, les força d'abandonner le champ de bataille.

Suédois & les Saxons l'avoient en face, & ils étoient très incommodés par la pouffière & la fumée pendant la canonade qui précéda le combat; le roi fit faire divers mouvemens à fes troupes, au moyen defquels il réuffit à avoir le vent à dos. La bataille de Narva fut perdue par les Mofcovites, parce que le vent leur portoit la neige au vifage.

D'après ces divers exemples, nous conclurons qu'un général doit, avant de se décider fur le choix d'un champ de bataille, connoître les vents qui y règnent le plus communément, & l'heure à laquelle ils fe font fentir, pour diriger, d'après cette connoiffance, le commencement & la durée de l'action.

Nous dirons auffi que fi le vent commence à fouffler lorfque la bataille eft commencée, fi l'on ne peut pas changer fa pofition, il faut fe preffer de joindre l'ennemi.

Si, pendant les batailles, le vent peut être contraire, il ne peut que favorifer dans les furprises: auffi doit-on choifir de préférence les nuits où il foufflera avec force. L'agitation de l'air empêche que les troupes foient auffi aifément entendues & découvertes.

Les vents doivent être auffi confidérés dans la conftruction des magasins : on doit avoir l'attention de les expofer à ceux qui paffent pour les plus fains.

VÉTÉRANS. Chez les Romains, on donnoit le nom de vétérans aux foldats qui avoient fervi, pendant vingt-cinq ans, dans les armées de la république, & qui, après ce tems prefcrit par les ordonnances, ayant la liberté de fe retirer, fe déterminoient à continuer le fervice, & étoient mis au rang des vétérans ou volontaires. Ils avoient des priviléges, étoient exempts des factions & des travaux, excepté feulement lorfqu'il s'agiffoit de s'opposer à l'ennemi; s'ils vendoient ou achetoient quelque chofe, ils étoient dispensés du droit des halles : ils étoient francs de toute capi

Les Romains furent défaits par les Sarrafins auprès de Damas, fous le règne d'Héraclius, parce qu'il s'éleva au commencement de l'action un vent violent, qui pouffoit des tourbillons de pouffière vers les Romains & les empêchoit de faire ufagetation, de toute charge perfonnelle. S'il arrivoit de leurs armes.

Dans la bataille que Marius livra aux Cimbres, l'an de Rome 652, il dut principalement la victoire à la manière dont il rangea fes troupes; il les difpofa de façon à ce que les Cimbres euffent le foleil levant & la pouffière dans les yeux. Ces défavantages, joints à la chaleur de l'été, à laquelle ces peuples n'étoient pas accoutumés, caufèrent leur défaite.

A la célèbre bataille de Bouvines, donnée en 1214, Philippe - Augufte dut en grande partie la victoire à l'adreffe de frère Guérin, chevalier de l'ordre des Hofpitaliers, évêque de Senlis, qui difpofa l'armée française de manière qu'elle eût toujours le vent à dos.

Dans le commencement de la bataille de Leipfick, les Impériaux avoient le vent à dos, les

que quelqu'un d'eux fût recherché on arrêté fur le foupçon d'un crime capital, la confidération qu'on avoit pour fa qualité de vétéran, le suivoit jufque dans la prifon, où il avoit un lieu féparé des autres criminels. On ne pouvoit le condamner aux verges ni aux peines décernées contre les gens du menu peuple: auffi, dans les actes publics & les monumens les plus communs ils n'oublioient guère de fe parer de ce nom, qui les diftinguoit fi fort de leurs concitoyens.

Augufte, qui abrégea le tems du fervice des vétérans & le réduifit à vingt ans pour l'infantetie & à dix pour la cavalerie, fit un réglement perpétuel pour affurer leur fortune; il accorda 5,000 drachmes aux prétoriens, & 3,000 aux autres foldats après vingt ans. La drachme valoit un peu plus de i livre.

5.

· On peut voir, par ces détails & beaucoup d'autres que l'on trouvera dans le mot TACTIQUE du Dictionnaire, combien les foldats vétérans, chez les Romains, étoient infiniment mieux traites que chez nous, où l'on croit avoir tout fait pour eux quand on les a renfermés dans une espèce d'hôpital, ou qu'on leur a accordé chez eux une penfion fi modique & fouvent fi inexactement payée, qu'elle ne peut pas leur affurer de quoi fe foutenir pendant un tiers de l'année. Nous nous fommes déjà occupés de cette intéreffante portion du militaire français au mot INVALIDE dans ce Supplément, & nous faififfons avec empreffement l'occafion d'y revenir encore. En effet, n'étoit-ce pas affez pour ces braves défenfeurs de la patrie, d'avoir été foumis à la rigidité de la difcipline militaire pendant le tems où ils étoient réunis pour maintenir la tranquillité dans l'empire, ou repouffer l'ennemi de fes frontières ? Faut-il encore, dans le moment où ils ont le plus befoin de libertés & de jouiffances, être obligé de les foumettre à des contraintes & à des privations? Parce qu'il plut autrefois à un roi pétri d'amourpropre d'entaffer leur devancier dans une maison dont le luxe exterieur & les dépenfes hors d'oeuvre annonçoient, non le bonheur des individus qu'elle renfermoit, mais bien la vanité du fondateur & les dilapidations des régilleurs & de l'état-major.

Chez une grande nation il faut, à chaque pas, trouver des objets qui proclament fa gloire. Eh! Ja proclamerez-vous, en entaffant dans une, deux ou trois maifons les défenfeurs de la patrie, eftropiés, mutilés ou fouffrans? Aurez-vous travaillé de la manière la plus efficace au bonheur de ces refpectables citoyens, en les éloignant des lieux quí les ont vu naître, en les foumettant à une espèce de vie monacale, en les réuniffant dans des lieux où les vivres font auffi chers, les mœurs fi corrompues, les opinions fi dépravées, les féductions fi faciles, les mauvais exemples fi fréquens ?

Voulez-vous, au contraire, faire proclamer la gloire de la grande nation & la faire bénir dans chacune des communes de la république ? voulezvous contribuer à procurer aux vétérans de véritables jouiffances & une bonne fanté, affurer une grande économie pour le fifc, de bons exemples & un bon efprit dans les communes & la campagne? renvoyez fur leurs foyers ces vétérans retenus depuis fi long-tems ifolés par de fauffes idées de munificence à l'extrémité d'une grande ville. Les fervices qu'ils ont rendus à leur patrie, ne doivent pas les priver des douceurs de la fociété. Ils peuvent encore prétendre à être bons pères, bons maris, fils vertueux, frères fenfibles, amis fidèles; leurs talens, leurs connoiffances, leur induftrie, leur force, tout ne doit pas être enfoui; tout ne doit pas refter dans une inertie préjudiciable à eux, à la fociété, à leur pays.

Que l'on rencontre donc partout des défenfeurs de la patrie béniffant fes foins pour eux, exerçant la jeuneffe au métier des armes, excitant fon courage, s'occupant des arts, de l'agricul ture, faifant l'ornement des fêtes républicaines ; contribuant à la fûreté des routes, à leur entretien, à faire refpecter les récoltes, à percevoir les droits aux barrières, &c. & dès lors vous trouverez à chaque pas ces objets fi néceffaires à la prospérité de tous, relégués encore exclufivement & rarement fur quelques points de la furface de la république.

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Et ne craignez pas que cette munificence bien mieux entendue fût onéreufe au trefor public. Nous avons dit, au mot INVALIDE, que chacun d'eux coûtoit au gouvernement 1 franc 35 cent. chaque jour; mais cette fomme ne doit être employée qu'à leur nourriture & à leur habillement: il y a une foule d'autres dépenses auxquelles il faut encore fubvenir, & les perfonnes qui ont été chargées de cette partie comme régiffeurs & comme entrepreneurs, les portent à plus de 2 fr. par jour pour chaque vétéran; ce qui néceffiteroit une fomme de plus de 30 francs par année pour chaque individu.

Deftinez au contraire à chacun d'eux une fomme dont le minimum foit de 273 francs 75 centimes par an ou 75 centimes par jour, & le maximum de 557 fr. 50 cent. par an, ou 1 fr. 50 cent par jour; ce qui feroit moins de 400 francs par an par tête de vétéran, & par conféquent un gain de la moitié de la fomme qu'ils coûtent aujour d'hui au tréfor public, & vous aurez contribué au bonheur de chaque vétéran, à celui de leur famille; & peut-être même y auroit-il encore un moyen de foulager le tréfor public de plus de la moitié de cette dernière fomme, ainfi que de celle deftinée à payer actuellement la retraite des officiers de tous grades, qu'il faudroit auffi ranger dans la claffe des vétérans, en fixant la quotité de leurs retraites pour l'inftant où ils auroient mérité la vétérance, & felon le grade qu'ils occuperoient à cette époque, mais dans la fuppofition toutefois que leur fortune ne fût pas fuffifante pour les faire vivre dans une médiocrité aisée (l'aurea mediocritas d'Horace ); car, dans Je cas où ils pourroient fe paffer des bienfaits pécuniaires du gouvernement, on fe borneroit à leur donner des marques diftin&tives de leur vétérance, felon leur grade.

Car l'on ne doit pas oublier, & jamais peutêtre l'on n'en a eu de plus fortes preuves que dans la guerre de la révolution, furtout depuis la création de la république, parmi les officiers de tous grades, mais furtout les officiers-généraux, les employés du gouvernement & les commiffaires des guerres, que, pour quelques hommes privi légiés qui ont ambitionné la probité & la gloire, tous les autres n'ont poursuivi que Pargent: aufli l'ambition, en agitant fon flambleau, a-t-elle cou

vert ces derniers de cendre & d'infamie; & il feroit aufli déplacé qu'inconféquent de leur donner encore la moindre récompenfe pécuniaire, puifque les terres qu'ils ont achetées, les palais dans lefquels ils font logés, les meubles fomptueux, les équipages brillans dont ils fe fervent, atteftent affez hautement qu'ils ont fu affez bien fe nantir d'avance & prêter au gouvernement leurs fervices fur des gages qu'ils fe font empreffés de s'approprier.

Voici donc ce que nous propoferions pour diminuer, autant que poffible, la charge du tréfor public, relativement aux vétérances pour les foldats, & aux retraites pour les officiers. Nous nous appuyerons de l'exemple de ce qui fe paffe en Ecoffe fur l'administration des pauvres ils font fecourus avec humanité & affection, & on n'y ôte point aux hommes leur liberté pour les nourrir.

Nous allons copier ici ce que dit à ce fujet M. Morton Éden, dans un ouvrage fur l'état des pauvres en Angleterre, que l'on vient de traduire.

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Ce font les fociétés de prévoyance qui doi» vent fuppléer à toute espèce d'adminiftration. "Malheur à l'autorité prévoyante qui conçoit » de l'inquiétude fur les affociations! Elles feules

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peuvent faire le bien. Les gouvernemens qui veulent s'en mêler, font trop chers à mettre en » mouvement; les particuliers ifolés manquent » de puiffance: l'intention & les moyens du bien public ne fe trouvent donc que dans les affo»ciations.

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Le lord Harcourt a formé une fociété de → prévoyance dans une de fes terres : chaque payfan affocié paie à la masse I sou par femaine, » & le lord Harcourt I pour chacun des contri»buans. Ces deux mifes forment un fonds qui » eft la propriété de l'individu, & dont il peut difpofer dans un cas de néceffité. S'il le fait » fous de mauvais prétextes, il n'emporte que fa nife; fi, fous de bons prétextes, il emporte » l'une & l'autre, en cas de mort ces fonds pour» voient d'abord aux frais de l'enterrement, & le »refte de la double maffe va à fa famille. »

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Ce font ces idées dont nous defirerions que l'on tirât parti; ainfi nous propoferions de faire une retenue de so cent. par mois à chaque foldat.

de I liv. à chaque fous-officiers. de liv. à chaque fimple, officier. de 4 liv. à chaque officier en chef. de 12 liv. aux adjudans-généraux. de 18 liv. aux généraux de brigade. de 24 liv. aux généraux de divifion. Nous n'entendons parler ici que des officiers en activité de fervice, qui font payés, & que ce fût fur leurs appointemens que s'opérât là retenue propofée.

Toutes ces différentes mifes feroient doublées par le gouvernement, qui ne fe mêleroit nulle

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Cette fomme feroit employée à fubvenir aux penfions que l'on feroit aux veuves des vétérans & aux frais occafionnés par l'éducation de leurs enfans.

Mais, dans cette nouvelle fuppofition, le gouver nement ne dépenferoit plus 4,400,000 1. que lui coûteroient fix mille vétérans, avec le traitement actuel, mais encore il épargneroit 600,000 1. fur le traitement de 400 l. par homme, que nous avons propofé, & il auroit une forme de 1,200,000 l. pour affurer l'existence des veuves & l'éducation des enfans des vétérans.

Ce que nous venons de dire pour les foldats, feroit encore bien plus avantageux pour les officiers, des veuves & de l'éducation des enfans defquels il faudroit auffi s'occuper.

Nous ne poufferons pas plus loin les calculs & les preuves, mais nous ne pouvons réfifter, en finiffant cet article, de tranfcrire ici ce qu'écrivoit à ce sujet, en 1780, l'auteur du Soldat citoyen.

« Veut-on jeter un coup-d'oeil fur cet établiffement élevé par le fafte & la munificence à la porte de la capitale? on y voit une multitude de foldats & d'officiers qui ont à peine le pur néceffaire, tandis que les bâtimens qui les renferment, coûtent énormement par leur entretien, leur décoration, leur magnificence & leur étendue, & qu'un gouverneur, un lieutenant-de-roi, un major, un intendant, &c. font logés & entretenus dans ce même hôtel avec profufion: on y voit le foldat eftropié, confondu avec celui qui n'eft qu'infirme, & celui-ci mêlé fans distinction avec des hommes

encore vigoureux, qui pourroient être utiles à la patrie par des ouvrages peu pénibles, & qui aug. menteroient leur bien-être,

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Pourquoi toutes les entreprises pour l'hôtel des Invalides font-elles autant recherchées ? C'eft que toutes font la fource de fortunes tres-rapides. & très-confidérables; l'état les paie, & les foldats en font la victime; rien de plus fage fans doute que les ordonnances que l'on fit à s'époque de cet établiffement; mais elles font devenues bientôt inutiles, comme beaucoup d'autres; elles n'ont pas détruit le grand inconvénient de l'emplacement de cet hôtel, dans l'endroit du royaume où les vivres font les plus chers, & elles ne pouvoient que bien contre les abus qui ne manquent jamais de fe gliffer dans l'adminiftration & les entreprises pour le vivre, le vêtir, la guérifon, l'entretien, &c. d'un auffi grand nombre d'hommes raffemblés dans la même maison.

peu

« Veut-on enfuite examiner le fort des foldats à qui l'on accorde la folde entière après vingtcinq ans de fervice? on y trouve encore de grands inconvéniens. Si ces foldats font bleffés ou infirmes, de façon à avoir absolument befoin du fecours d'autrui, la retraite qu'on leur accorde, n'eft pas fuffifante. Si au contraire ils peuvent encore travailler, cette retraite eft trop confiderable & fort onéreuse à l'état.

Il feroit inutile de vouloir parler ici des retraites de la plus grande partie de nos officiers; elles font trop fouvent, ou nulles, ou fi modiques, ou fi inal payees, que l'on ne peut s'en occuper que pour y propofer des changemens.

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Cependant, quand on réfléchit fur cette partie eflentielle des récompenfes qu'on doit accorder aux mililtaires, il fe présente dans la conftitution (agricole) que l'on propofe, plufieurs moyens de les rendre en mêine tems utiles & avantageux aux citoyens & à l'état.

»Je vais hazarder quelques vues, dont l'exécution pourroit peut-être faire benir aux vieux militaires les foins de leur patrie pour eux.

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"On pourroit diftinguer parmi les officiers, 1o. ceux invalides, c'est-à-dire ceux que leurs bleffures ou des infirmités prifes à la guerre mettent hors d'état de continuer le fervice & de fe fervir eux-mêmes; 2°. ceux infirmes, c'eft-à-dire, ceux que leur grand âge ou des infirmités mettroient dans le cas d'avoir befoin de quelques fecours; 3°. ceux encore en état de fervir fans aller à la guerre, enfin parmi ceux-là, ceux riches & ceux qui n'auroient que peu ou point de fortune.

» 1°. Les officiers invalides auroient des places dans les hôtels militaires; 2°. ceux infirmes fero ent placés dans des hameaux à leur choix; 3°. ceux encore en état de fervir fans pouvoir faire la guerre, après vingt-cinq ou trente ans de fervice, & quarante ans d'âge au moins, fourniroient aux officiers des compagnies auxiliaires, à celles de l'hôtel militaire, aux places des commif

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» La première feroit remplie par les foldats invalides, qui feroient placés à l'hôtel militaire.

La feconde, qui feroit celle des infirmes, auroit fes places dans les hameaux.

» La troifième feroit compofée de tous les foldats qui auroient fervi feize ou vingt-quatre ans : on choifiroit dans cette claffe, tous les fous-offciers des compagnies auxiliaires & celles de l'hĉtel des militaires; elles fourniroient à recruter les maréchauffées & à remplacer les perfonnes chagées de veiller à l'entretien des grands chemins des canaux, à la fûreté des récoltes & à la pe:ception des différens droits.

Et fi toutes ces places ne fuffifoient pas, les foldats vétérans de la troifième claffe en trouveroient dans les différens hameaux.

» Un foldat qui aurait mérité la vétérance & qui voudroit fe retirer dans fa famille, s'il étoit peu riche, recevroit, felon fes fervices, une fomme qui ne pourroit jamais être au deffous de 150 1.: s'il étoit riche ou dans l'aifance, on se borneroit à lui accorder des diftinctions ou des places fans émolumens.

» D-même que pour les officiers, tout foldat de la troifième claffe, quand même il fe feroit retiré dans fa famille, pourvu qu'il ne fût pas riche, dès qu'il feroit devenu infirme ou invalide, obtiendroit place dans l'une ou l'autre de ces claffes.

VOITURES. On croit qu'il feroit préférable de faire porter les tentes & les bagages des troupes, pendant la guerre, par des voitures plutôt que par des chevaux.

Une voiture comme celles dont les Comtois fe fervent pour porter les fromages, atelée d'un feul cheval, porteroit partout 1250, & équivaudroit à cinq chevaux de bât. Un feul homme conduiroit quatre de ces voitures; ainfi quatre chevaux équivaudroient à vingt, & un charretier à cinq d'où il résulteroit un cinquième d'économie & beaucoup moins d'embarras. Cependant, pour utilifer les boeufs qui font destinés à nourrir les foldats, & qui fuivent les armées en les incam

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