Imágenes de página
PDF
ePub

il le dit, pour un efprit très-prévenu), que, de tous les projets pour faire les chemins, celui qui en rendroit la conftruction la moins longue, la moins chère & la plus folide, feroit fans contredit celui qui y emploieroit l'infanterie françai e, bien éloigné d'être convaincu qu'on a mal fpeculé quand on a propofé de faire travailler les troupes aux chemins, & qu'on a mal raifonné quand on a dit que ceux des Romains étoient en grande partie l'ouvrage de leurs foldats.

Quant à notre tactique, la différence qu'il peut y avoir entr'elle & celle des Romains, eft encore à l'avantage des perfonnes qui defirent que les foldats travaillent aux chemins, parce que je la crois moins compliquée, plus aifée à apprendre & moins foumise à des exercices continuels.

En effet, outre les inftructions fur la marche & fur les manoeuvres qui pourroient être communes entre les deux tactiques, le foldat des anciens étoit obligé de s'exercer continuellement au maniement de la pique ou du javelot, & à celui de l'épée, foit pour l'attaque, foit pour la défense; ce qui exigeoit une adreffe, une force & une habitude dont nos foldats n'ont nullement befoin

pour manier un fufil, c'eft-à-dire, le charger & le tirer; car l'ufage de l'arme à feu doit fe borner à ces deux objets. Quant à la force & à l'adreffe, toujours très-importans pour un foldat, on ne mettra pas en doute que l'homme qui fe fera exercé chaque année, pendant cent vingt jours, à manier une pelle, une pioche ou une brouette, en plein air, ne foit plus fort & plus adroit que le foldat qui, pendant ces cent vingt jours, aura fait, chacun pendant quelques heures, un exercice qui fe paffe ordinairement en de longues préparations; des tâtonnemens continuels, des alignemens fucceffifs & une immobilité affez inutile, mais toujours nuifible au phyfique de l'individu qui eft obligé de l'obferver, furtout dans la pofition fi gênante du foldat fous les armes & portant le fufi; la tête à droite, le ventre en arrière, la circulation pour ainfi dire fufpendue, & l'équilibre ou l'affiette d'aplomb étant toujours prêt à être rompu, d'après la ridicule manière contre nature adoptée pour le foldat en parade & même en manoeuvre. D'ailleurs, la tenue néceffaire pour ces exercices, les punitions qui en font trop fouvent la fuite, l'ennui indifpenfablement a taché à refaire continuellement ce que l'on fait déjà très-bien; le tems qu'il faut employer après chaque exercice d'une manière fi faftidieule à reparer les défordres neceffairement arrivés à la fublime tenue; le fufii, la giberne, la buffleterie, les guêtres, &c. qu'il faut nétoyer, toutes ces occupations fi faftidieuies, fi pénibles & fi ho s d'oeuvre peuvent-elles être nifes en comparaifo avec un travail lucratif, fait doucement, fans contrainte, foutenu par une bonne nourriture & terminé journellement par des jeux ?

[ocr errors]

Répétons le, parce que ce font des vérités im

portantes & utiles: plus on réfléchit fur la malheureufe néceffité où lon croit être d'entretenir continuellement des troupes fur pied, fur la manière dont elles font conftituées, fur l'importance de maintenir la force du corps des foldats & même de l'augmenter, & plus les perfonnes raisonnables font forcées de fe convaincre de la néceffité de fe fervir des troupes, foit pour les rendre moins à charge en les rendant utiles, & en les faifant remplacer des ouvriers toujours néceffaires aux arts & à l'agriculture; foit pour les endurcir à la facigue à laquelle il eft fi effentiel qu'elles foient toujours préparées; foit pour leur faire éviter l'oifiveté des garnifons, fi pernicieufe à leurs moeurs, à leur fanté & fouvent à leur conduite; foit enfin pour les tirer de ces garnifons où les gardes qu'elles montent & les exercices qu'elles font d'une manière fi fouvent faftidieufe, n'en font que des hom mes dégoûtés de leur état, & de mauvais foldats au phyfique & au moral.

Mais après avoir combattu M. de Pomereuil, en lui accordant une partie de fes fuppofitions & avoir tâché de prouver que, même d'après toutes fes données, il feroit très-avantageux de fe fervir des troupes françaises pour les travaux publics, ne pourroit-on pas encore renforcer cette opinion, en prouvant :

1°. Qu'il reste très-peu de grandes routes à faire en France, & que plufieurs de celles qui font faites & entretenues, font à charge & par conféquent inutiles;

2°. Que les chemins devroient être plus étroits, 3°. Qu'il feroit peut-être avantageux qu'ils fuffent pavés partout;

4°. Qu'il y auroit des moyens d'en rendre l'entretien très-peu coûteux, &c.

1o. Si, comme l'on en convient affez généra lement, l'on a beaucoup trop multiplié les grandes routes; fi cette opinion femble acquérir tous les jours une plus grande certitude, d'après les recherches faites fur les chemins par les differentes commiffions intermédiaires des différentes affemblées provinciales; fi l'on a trouvé que, pour aller de Paris à Lyon, à Bordeaux, à Strasbourg, à Rouen, &c. il y avoit trois grandes routes pour aboutir à chaque ville; fi vous voyez fix routes de poftes aboutir à Amiens, autant à Saint-Quentin, Cambrai, Lille, &c. cinq à Abbeville, Valenciennes, &c. on feroit obligé de convenir qu'il y a plufieurs grands chemins à réduire en chemins intermédiaires, & qu'une grande quantité de ceux proposés ne doivent pas jouer un autre rôle d'où il faudroit conclure que l'on diminueroit infini ment, par ce moyen, les frais de l'entretien de ceux que l'on conferveroit, ainsi que les frais néceffaires pour la conftruction de ceux que l'on re garderoit comme néceffaires.

2o. C'est encore une chofe unanimement reconnue, qu'il feroit très important de faire des chemins beaucoup moins larges, & de les réduire

à quarante-deux pieds, en y comprenant les foffés, & une banquette de chaque côté pour les gens de pied: nouveau moyen d'économifer pour l'entretien & la conftruction, & de rendre aux différens particuliers qui avoifinent les chemins, des terreins prefque toujours infiniment précieux.

fera très-aifé de les y renvoyer une grande partie de l'année, & de les en rappeler pour les raffembler & les exercer.

l'empereur, de ne retenir la plus grande partie des foldats fous leurs drapeaux, que deux ou trois mois chaque année. Nous approchons probablement du moment heureux où, convaincus des avantages de rendre nos foldats toujours plus citoyens, les troupes diftribuées dans chaque province ne fe 3°. Rien de plus effrayant peut-être au premier recruteront, en officiers & en foldats, que des per afpect, que cette propofition de paver tous nos fonnes de la province où elles feront; dés-lors, touchemins, mais rien de plus facile & de plus éco-jours à portée des lieux qui les auront vu naître, il nomique en réal té, furtout quand les différens canaux projetés feront finis: ils donneront une infinité de moyens peu coûteux pour transporter partout où il n'y en aura pas, des grès ou des pierres néceffaires pour paver; la première dépenfe une fois faite, l'entretien feroit très-peu de chofe, pourvu que l'on tint la main à empêcher qu'aucune charrette à quatre roues ne fût chargée d'un poids de plus de deux mille, & celles à deux roues de quinze cents: dès-lors on verroit les pavés ne s'ébranler que très-difficilement, & leur entretien fe réduire à très-peu de chofe (1).

4o. D'après ce que nous venons de dire des grandes routes réduites aux feules néceflaires, diminuées de plus de moitié, pavées & jamais furchargées d'un poids de plus de deux mille livres à la fois, fi l'on adoptoit la méthode du Limoufin, des ftationnaires chargés de furveiller à ce qu'il ne fe faffe aucune ornière, aucun trou, aucune dégradation quelconque fans la réparer tout de fuite, il fera bien aifé de prouver que l'entretien des grands chemins deviendroit néceffairement très-peu coûteux.

Mais ce qui rendroit encore généralement bien moins onéreux aux peuples la conftruction ainfi que l'entretien des chemins, ce feroit le système fi fage, adopté chez le roi de Pruffe, la Suède &

(1) Je ne fais pas réfifter à l'envie de parler d'un projet que j'ai connu, & qui, paroiffant extravagant au premier expofé, devenoit infiniment raisonnable & féduifant à mefure qu'on en examinoit avec attention les différens développemens. Ce projet étoit celui de couvrir les grandes 1outes par des voûtes en briques, & en les rendant par-là impénétrables à la pluie & au foleil, de les rendre toujours également belles; d'en réduire les réparations à l'entretien des voûtes; de mettre les voyageurs, les bêtes, les voitures & les marchandises à l'abri de la pluie & du foleil, & de conferver par-là infiniment davantage les uns & les autres, ai fi que de néceffiter une diminution dans le prix de toutes les marchandifes, &c. &c. D'après les plans & les devis donnés, on ne portoit la première dépense de chaque année, pour la conftruction es voûtes propofées, qu'à des fommes un peu moindres ou tout au plus égales à celles employées actuellement en conftruction & en réparation, & il ne falloit pas un bien grand nombre d'années pour couvrir les grandes routes.

Faites travailler vos foldats, dit un auteur célèbre à un prince auquel il donne des confeils, à la perfection des chemins par lefquels ils doivent marcher, à l'applaniffement des montagnes qu'ils doivent gravir, aux ports où ils doivent s'embarquer, aux fortifications des villes qu'ils doivent defendre ces travaux utiles les occuperont pen dant la paix, rendront leurs corps plus robustes & plus capables de foutenir les fatigues de la guerre. Telle étoit la méthode des Romains: les légions firent elles-mêmes ces chemins qu'elles parcoururent pour aller conquérir l'Afie mineure & la Syrie: le foldat fe courbe en remuant la terre, mais il fe redreffe en marchant à l'ennemi; un mois d'exercice rétablit ce petit avantage extérieur que fix mois de travail ont pu défigurer; la force, l'adreffe, le courage, valent bien mieux que la grace fous les armes : les Ruffes font moins parfaits à la parade que les Pruffiens, mais ils les égalent un jour de bataille.

M. de Rumfort, dont nous avons déjà parlé au mot JARDIN, avoit formé le plan de faire mefurer tous les chemins publics de la Bavière, ainfi que tous les chemins de l'intérieur, d'élever des pierres milliaires, numérotées, fur chaque grande route, à la diítance d'un demi-mille ou d'un miile; de partager chaque grande route en autant de ftations qu'elle auroit compris de pierres milliaires, & de former au milieu de chaque ftation une petite maifon avec un petit jardin, & une petite écurie pour trois, quatre ou cinq chevaux dans chacune de fes maifons auroient logé trois ou quatre cavaliers, un foldat en congé, chargé de furveiller la réparition des chemins dans les limites de fa station & un invalide qui feroit chargé du ménage, acheter les denrées, faire la cuifine pour lui & pour les autres, avoir foin du jardin, &, dans l'abfence de fes compagnons, recevoir les ordres & les meffages.

Lorfqu'un des foldats auroit été marié, fa femme auroit eu la permiffion de demeurer dans la maifon, à condition d'aider l'invali le dans fon fervice: on pourroit auffi prendre pour cet ufage une veuve de foldat, penfionnée.

Afin de maintenir l'ordre & la difcipline dans ces établiffemens, on propofoit de nommer des fous-officiers actifs & intelligens, infpe cteurs des routes, & de les fubordonner à des officiers fu

périeurs, qui auroient eu l'inspection de diftricts plus étendus.

On fe propofoit auffi de planter des arbres fruitiers d'une station à l'autre, & l'on avoit calculé qu'au bout de quelques années, le produit de ces arbres auroit amplement couvert tous les frais de la réparation des routes.

Cet établiffement tenoit effentiellement à un autre déjà formé en Bavière, par lequel toute la cavalerie étoit diftribuée fur toute la fu:face de l'électorat: chaque diftrict avoit de petits détachemens compofés au plus de fix cavaliers; chaque pofte n'étoit pas éloigné de plus de trois milles, fouvent même la distance n'étoit que d'un mille ou deux conféquemment chaque piquet pouvoit, dans l'efpace d'un jour, faire fa ronde d'un pofte à l'autre, fans avoir befoin de demander du fourrage pour les chevaux, ou un logement pour lui; le quartier-général de chaque régiment fe trouvoit au centre du canton où le régiment étoit diftribué; le chef de chaque efcadron étoit au centre du district où étoit répartie fa troupe.

honorer le triomphateur, on lui décernoit le commandement dans Rome le jour de cette pompe, ce que le fénat ne pouvoit accorder feul & fans le peuple.

Après avoir fixé le jour de la cérémonie au lever du foleil, celui qui devoit triompher, fe revêtoit de fa toge triomphale de pourpre, chargée de bandes de brocard, & couronné de lauriers, dont il tenoit une branche à fa main droite, ou plus ordinairement une palme; il montoit fur un char magnifique, traîné par quatre chevaux blancs, & quelquefois des éléphans; dans ce char étoient auffi, le plus fouvent, fes enfans & fes amis les plus chers; il traversoit ainfi la ville conduit au capitole, qui étoit le terme de la cérémonie; il étoit précédé du fénat & d'une foule immenfe de citoyens, tous habillés de blanc; de trompettes & de joueurs d'inf trumens, de chariots remplis de cafques, de cuiraffes, de boucliers & d'autres armes prifes fur les ennemis, qui étoient difpofées de manière que, le mouvement des chariots les faisant choquer les unes contre les autres, elles formoient, par leurs cliquetis, un bruit de guerre qui convenoit fort à cette Les détachemens étoient ehargés de faire très- fête martiale: d'autres chariots fuivoient, portant exactement leur ronde d'un pofte à l'autre, d'ar-les plans des villes & des fortereffes qu'on avoit rêter & de livrer aux tribunaux tous les voleurs, prifes, repréfentées en bois doré, en cire ou même tous les vagabonds qu'ils trouveroient en pleine en argent, avec des infcriptions en groffes lettres, campagne, les déferteurs, & de prêter main-forte & de grands tableaux où étoient peintes les batailaux tribunaux civils pour le maintien des lois; de les & les attaques des places: on y voyoit auffi les garder les frontières, d'avoir l'œil fur les militaires représentations des fleuves & des montagnes, des en congé, d'aider les habitans dans les incendies, plantes extraordinaires & même des dieux des de garder leurs propriétés, d'arrêter tous filous, peuples qu'on avoit vaincus ; après cet attirail pavoleurs, affaffins & autres malfaiteurs, &c. Dans roiffoient les rois & les chefs ennemis, ayant la chacune des ftations de ces troupes,' elles eurent tête rafée pour marque de leur fervitude, & charune maifon particulière pour elles. Nous avons eu gés de chaines de fer, d'argent ou d'or, felon les à peu près les mêmes idées pour diminuer la gen- tems ou la richeffe des dépouilles. Quand ces capdarmerie on peut voir ce mot dans ce Supplé- tifs étoient arrivés devant le capitole, on les menoit à la prifon, où auffitôt on faifoit mourir leurs chefs & leurs capitaines.

ment.

TRIOMPHATEURS, ceux qui remportent l'honneur du triomphe. Il falloit, pour jouir de cet honneur chez les Romains, que le général qui le demandoit, fût revêtu d'une charge qui donnoit droit d'aufpice; il falloit auffi que, dans la victoire remportée par les troupes de la république, il fût refté fur la place au moins cinq mille des ennemis, & peu de troupes romaines; que le général livrât la province toute fubjuguée & pacifiée à fon fucceffeur; il falloit encore que le triomphe eût pour objet une nouvelle conquête. Celui qui arrivoit de l'armée pour demander le triomphe, étoit obligé de refter hors de la ville & de fe démettre du commandement de fon armée, parce qu'il ne devoit point entrer dans Rome avant d'avoir obtenu fa demande : il la faifoit au fénat, qui s'affembloit dans le temple de Bellone, & il lui expofoit les motifs qu'il avoit de demander cet honneur. Quand le fénat jugeoit que fes exploits méritoient le triomphe, il lui décernoit cet honneur, & il faifoit approuver fon décret par le peuple, parce que, pour

A la fuite des prifonniers étoient les victimes qu'on devoit immoler, couronnées de fleurs, avec les cornes dorées, accompagnées des victimaires nus jufqu'à la ceinture, portant la hache, & fuivis des prêtres qui affiftoient à la cérémonie. Immé diatement après venoient plufieurs officiers de l'armée, & enfin le triomphateur dans fon chat, accompagné de fes licteurs couronnés de lauriers, portant les faifceaux qui en étoient pareillement entourés : le char étoit d'ivoire, enrichi de dorure & même d'or : il y en a eu tout d'argent cifelé, & dont l'excellence du travail relevoit encore la richeffe. Du tems de la république, le triomphateur portoit au doigt un anneau de fer, de même qu'en portoient les efclaves, pour l'avertir que la fortune qui l'élevoit fi haut, pouvoit le réduire à l'état humiliant de la fervitude; c'eft auffi pour cela qu'il y avoit derrière lui un efclave qui l'avertiffoit qu'il étoit homme. Enfin, la marche étoit fermée par les foldats en habits militaires, couronnés de lauriers, avec toutes les

marques

marques qu'ils avoient reçues de leur général: ils leur taille, qui ne leur permettroit pas de porter, marchoient d'un air de joie & de gaieté, chan- de charger & de tirer le fufil ordinaire du foldat tant des chansons militaires à la louange du triom- d'infanterie. Cependant on pourroit encore ti er phateur, ou des vers fatyriques & pleins de rail-parti de ces hommes-là, trop communs dans les lerie contre lui. armées, furtout depuis la requifition & la confcription, & alors il faudroit les armer différem

L'entrée fe faifoit par la porte Copène, le long de la rue triomphale, à caule que c'étoit celle quement que les autres. prenoient les triomphateurs pour aller au capitole: fur la route, on avoit foin de dreffer des arcs de triomphe. Arrivé au capitole, le triomphateur facrifioit des taureaux blancs à Jupiter, & mettoit fur la tête de ce dieu la couronne de laurier qui étoit fur la fienne: il faifoit auffi des préfens au temple, des largeffes au peuple, & après cela commençoit le feftin aux dépens du public, où les premiers de la république étoient invités, excepté les confuls, pour laiffer jouir le triomphateur de tous les honneurs de la préféance.

L'auteur voudroit les défigner par le nom d'armés à la légère, & leur donner pour armes défenfives, le cafque, les épaulettes, les gantelets, le plaftron de buffle (qu'il a propofé), & la targe ou un bouclier d'une autre forme; & pour armes offenfives, un fufil de chaffe plus léger & plus court que celui des fantaffins, mais du même calibre; & pour leur éviter l'embarras & le poids d'une baionète, on leur donneroit des épées à la romaine, dont on arrangeroit la poignée de manière qu'elle pût s'adapter solidement au canon & Un décret du fénat accordoit enfuite une mai-pagnie, un tiers des armés à la légère porteroit tenir lieu de baïonète. En outre, dans chaque comfon au triomphateur, & cette maifon s'appeloit des haches, un autre tiers des pelles & le troifième domus triumphalis. Après la mort, fon corps étoit tiers des pioches, afin que l'on pûts'en fervir à oubrûlé hors de Rome, mais on rapportoit fes os vrir des marches, fortifier un endroit foible, &c. & fes cendres dans la ville; en outre, on lui érigeoit des ftatues triomphales.

Les honneurs du triomphe qui, jufqu'à l'an 304, n'étoient accordés que par le fénat, ayant été refufés par lui aux confuls Valerius & Horatius, parce qu'ils avoient favorifé les demandes du peuple, le tribun profita de cette circonftance pour porter devant le peuple la demande des deux confuls, qui obtinrent le triomphe devant ce nouveau tribunal, pour les récompenfer d'avoir été favorables au peuple, auquel il arriva encore plufieurs fois d'accorder une pareille grace fans la participation du fénat. Quand celui-ci, au conttaire, auquel il falloit toujours s'adreffer d'abord, accordoit le triomphe à un général qui n'étoit pas agréable au peuple, les tribuns ne manquoient pas de prétexte pour empêcher l'exécution du décret.

Il y avoit deux fortes de triomphes, le grand & le petit : ce dernier s'appeloit ovation. ( Voyez ce mot, Supplément.)

C'eft aux triomphes que Montefquieu attribue la principale caufe de la grandeur des Romains. Sous Augufte, les honneurs du triomphe perdirent leur éclat, parce que le prince étoit jaloux de la gloire qu'acquéroient les généraux, & qu'ils ne voulurent pas irriter fa jaloufie.

Les généraux carthaginois étoient auffi honorés du triomphe quand ils avoient remporté fur l'ennemi quelque victoire fignalée.

TROUPES. Dans le Soldat citoyen, l'auteur diftingue, dans le nombre des foldats, de petits hommes affez forts, affez robuftes, affez courageux & d'affez bonne volonté pour combattre, mais n'ayant ni l'agilité néceffaire pour les chaf feurs, ni la taille requife pour la cavalerie, ni même les qualités d'un fantaffin, par rapport à Art Milic. Suppl. Tome IV.

[ocr errors]

Ces hommes, dans la formation habituelle à quatre de hauteur, occuperoient le premier rang. Si l'action fe paffoit de loin, à coups de fufil contre de l'infanterie à découvert, les armés à la légère pourroient fe mettre un genou à terre, où ils feroient à couvert derrière leurs boucliers. Les autres rangs feroient feu de billebaude, & le feroient avec d'autant plus de tranquillité, que les boucliers des armés à la légère les mettroient à l'abri de beaucoup de coups de fufil.

Si l'action étoit une action de choc d'infanterie à infanterie, alors les hommes du premier rang préfenteroient leur fufil armé de leur épée, & marcheroient à l'ennemi, fuivis des fufiliers préfentant la baïonète & fe ferrant fur le rang des armés à la légère, avec l'avantage d'être à l'abri de plufieurs des coups qu'on pourroit leur porter derrière la fortification mouvante des boucliers du premier rang,

Enfin, fi l'action fe paffoit avec de la cavalerie, & que les flancs de la troupe ne fuflent pas appuyés, alors on pourroit le mettre en colonne par fous-divifion ou divifion, & garnir la tête, la queue & les flancs de la colonne d'armés à la légère. Voudroit-on faire une retraite ? on se mertroit plus fûrement en marche. La cavalerie avanceroit-elle de trop près ? fe décideroit-elle à charger? alors la colonne s'arrêteroit & feroit face des quatre côtés; les armés à la légère fraiferoient les faces, tandis que les autres rangs feroient feu jufqu'au moment où la cavalerie pourroit être repouffée à coups de baïonète.

Si au contraire les flancs de l'infanterie étoient appuyés, on pourroit fe contenter de doubler fimplement les files, & de garnir le front & les derrières d'armés à la légère. Enfin, quelque po☛ Сссссс

fition que l'on voulût prendre, il feroit toujours juger des avantages que pourroient procurer ces

aifé de fe couvrir des boucliers des armés à la Jégère.

C'eft aux militaires inftruits, ajoute l'auteur, à

foldats armés à la légère, furtout fi l'on préféroit pour bouclier ceux dans la forme des targes romaines.

U

UNIFORMES. Bannir le luxe des armées, affi- leur blanche, adoptée autrefois pour l'infanterie,

miler tous les militaires d'une nation, par leurs vêtemens, comme ils doivent l'être par leur difcipline, leur emploi, leur fervice, leurs exercices, leur efprit; diftinguer les membres des différens corps pour que leurs chefs puffent aifément les reConnoître, & faire que les individus fuffent avec qui ils devoient combattre : telles furent fans doute les caufes de l'inftitution de l'uniformité de l'habillement des troupes, des diftinctions dans les uniformes, & des drapeaux & étendards différens donnés à chaque corps.

Mais les moyens employés pour remplir ces différens objets font-ils les meilleurs, les plus économiques, les plus commodes & les plus avantageux pour conferver la fanté du foldat? On croit être autorifé à penser que non. On aura pu voir dans ce Dictionnaire, au mot HABIT & à ceux qui ont rapport au vêtement du foldat, que les formes adoptées jufqu'à préfent ne font pas les plus avantageufes; mais depuis que ces articles ont été faits, on a changé la couleur des draps dont on fe fert pour habiller l'infanterie, & nous croyons être affez autorisés par l'expérience, pour être convaincus que l'on a commis une faute qu'il faudroit s'empreffer de réparer.

En effet, quelle eft la couleur préférable pour les habits militaires? Celle qui affecte peu la vue, qui abforbe le moins poffible les rayons du foleil, qui eft fixée fans le fecours d'aucun mordant capable d'augmenter le prix des matières premières & d'altérer leur qualité; une couleur qui foit affez folide pour que les nuances du drap neuf fuffent peu différentes de celles de la même étoffe dans tous fes degrés de vétusté, en même tems peu faliffante & d'un entretien aisé.

Un court examen pourroit prouver que la cou

eft celle qui réunit le plus de qualités exigées, furtout en la piquant un peu de noir.

1. Une couleur quelconque altère la qualité des draps, par les mordans employés à la fixer; 20. La manipulation, le prix du mordant & des ingrédiens colorans enrichiffent de près d'un quart le drap coloré.

Le drap blanc eft à l'abri de ces deux inconvé niens.

3°. Les laines deftinées à fabriquer des étoffes blanches, devant être plus choifies & d'une qualité fupérieure à celles qui doivent fubir la teinture, doivent durer davantage;

4°. Si le blanc eft plus faliffant que quelques autres couleurs, il eft plus aifé de le reporter à l'état de propreté qu'on doit exiger du foldat, non pas avec du blanc d'Efpagne ou d'autres terres blan la durée des étoffes & leur donne une teinte jauches auffi calcaires & abforbantes, qui nuifent à nâtre à la première pluie, mais avec du fon;

5. Les réparations faites avec du drap blanc neuf, fur des habits même de trois ans, ne font que peu ou point fenfibles après deux ou trois jours;

6o. Enfin, les corps blancs font ceux qui fe laiffent le moins pénétrer par les rayons du fo'eil, & qui, par ce moyen, éludent le plus efficacement leur action.

D'après cet examen & plufieurs autres confidérations que l'on pourroit y joindre, nous penfons que l'on devroit revenir à habiller au moins l'infanterie avec des draps blancs piqués de noir.

Nous ne nous étendrons pas davantage fur cet objet il nous paroît fuffifant d'avoir indiqué les avantages infinis qu'il y auroit pour l'économie & la propreté de la tenue, d'en revenir à la couleur blanche pour les habits du fantaffan français.

[ocr errors]
« AnteriorContinuar »