Imágenes de página
PDF
ePub

dée; nous avons donc fuppofé fuffifamment con. nues la défense & la dépenfe de chacun des fyftèmes comparés. Mais fur la dépense, l'auteur de l'Art défenfif aflure que, d'après les devis détaillés qu'il a faits & fait faire, fon système est moins cher que le fyttème en ufage. Il eft vrai que meffieurs du génie difent le contraire; cependant, fans vouloir décider ces deux queftions, difons que fi le fyftème du général Montalembert eft moins cher que le fyftême en ufage, ce fera fans doute un avantage de plus en fa faveur; mais dans la fuppofition même que fa dépense fût double, effayons de prouver qu'il eft de beaucoup préférable & même le feul à fuivre, fi feul il remplit le grand objet de rendre la défenfe fupérieure à l'attaque.

כל

d'un fyflème qui s'éloigne en tous points des fyl tèmes fur lefquels ces expériences ont été faites.

[ocr errors]

En vain meffieurs les officiers du génie renvoient-ils dans une note (au N°. 203 de leur Mémoire contre la fortification perpendiculaire), où ils prouvent, difent-ils, que les données qu'ils propofent, doivent conduire exactement à des réfultats affez précis, &c. Voici le paffage du N°. 203: « Les jeunes officiers du génie qui font géomè » tres, en lifant ce que nous avons exposé de cette méthode, auront bientôt faifi qu'elle n'a rien » de plus compliqué ni de plus difficile que celle » dont on fe ferviroit pour calculer en combien » de marches on conduiroit un régiment de Paris » à Pétersbourg. » Mais, dans les commiffaires nommés par l'Académie des Sciences pour l'exaEcoutons d'abord meffieurs les officiers du men de ce Mémoire, on trouve M. Laplace & génie. « Depuis un fiècle il n'y a rien de changé M. Condorcet, qui auffi font géomètres, & qui » dans le fyftème & l'ufage des armes offenfives cependant difent en toutes lettres : « Mais nous » de l'Europe, ni par conféquent dans la con- » croyons devoir obferver en même tems que les » duite des attaques. » Ces meflieurs ont voulu » auteurs du Mémoire n'ayant donné que les dire fans doute (il n'y a rien eu de changé dans principes généraux de la méthode, & n'ayant le fyfteme de la defenfe), & ils le difent en effet » rien publié fur les données d'après lefquelles on en écrivant comme un axiôme, « Que l'attaque » peut faire l'application à des cas particuliers, » reçoit néceffairement fes lois des précautions » l'Académie ne peut juger du degré d'exacti» qu'aura prifes l'ennemi pour fa défenie, des obf-» tude & de précifion auquel on peut atteindre, »tacles dont il fe feroit couvert, &c. » Ce n'est » dans l'état actuel, de conftruire, de défendre donc pas feulement parce qu'il n'y a eu aucun » & d'attaquer les places. » Cette conclufion eft changement dans les armes offenfives, mais bien aflez claire: revenons au N°. 203. « La distance plus parce qu'il n'y en a eu aucun ou feulement de » eft connue, les obftacles en ont été pratiqués: on très-légers dans le fyftème de la défenfe, qu'on » fait combien de chemin un régiment peut faire peut dire avec ces meffieurs : « D'où il fuit que » par marche en bon & en mauvais terrein, l'expérience de plus de cent trente attaques ou » combien de féjours il lui faut pour en fupporter » détenfes de places, dont nous avons foigneufe- » la fatigue: on peut fuppofer, dans ce calcul, » ment confervé les journaux détaillés, nous a » que le régiment ne fera arrêté, ni par des temfourni des rédactions fuffifamment exactes pour » que l'on doive raifonnablement tenir cette du»ree progreffive des attaques comme parfaite

55

دو

»ment connue. »

Ainfi donc meffieurs les officiers du génie établiffent bien formellement, comme principe, que la manière de juger de la défense d'un front de fortification eft uniquement fondée fur l'expérience. C'eft par elle que M. Cormontagne eft parvenu à en former une espèce de théorie; mais toute théorie fondée uniquement fur l'expérience ne peut abfolument trouver d'application que dans des cas femblables ou au moins peu différens. Ces meffieurs ne peuvent donc pas s'en fervir pour juger la fortification du général Montalembert; car, felon eux : « Cet officier s'écarte » en tous points, dans fon fyftème, des ufages » & tracés exécutés jufqu'à préfent dans toute l'Europe. Il ne leur eft donc plus poffible de dire Il eft arrivé telle & telle chofe dans tel cas; donc il arrivera la même chose dans un cas en tous points différent; ou en d'autres termes : Les causes font differentes, donc les effets feront semblables.

On ne peut donc pas foumettre à une méthode uniquement fondée fur l'expérience, le jugement

[ocr errors]

כג

[ocr errors]

pêtes, ni par des neiges dans les montagnes, ni » par des débordemens de rivières, ou fi ces ac»cidens font ordinaires fur cette longue route, » on en connoît les délais, & l'on peut y avoir égard. De femblables calculs fe répètent chaque » année pour tous les régimens qui changent de

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

garnifon dans le royaume, & même chaque "jour par tout voyageur qui entreprend une lon"gue route. Or, dans notre calcul de la durée » des fiéges, les données font de même, la lon"gueur de toutes les tranchées, mefurée au plan ou » projet de l'attaque, ce que cent ou mille hommes » peuvent en creufer dans une nuit de huit ou » douze heures de durée, à la distance de 300, » de 15o ou de 30 toifes de chemin couvert; le »tems néceffaire pour chaque opération particu» lière des batteries, de defcente & de paffage » de foflé, &c. Rien n'eft arbitraire, ni dans ces » données connues des praticiens, ni dans leurs » résultats arithmétiques, non plus que dans les » données & résultats de la marche du régiment » ci-dessus. »

Mais à quoi bon propofer une auffi longue route pour le régiment ci-deffus, dès que les obftacles de cette route ont été pratiqués? Dès-lors toute diffi

culté eft levée cependant quand on veut comparer une route à un fyftème de fortification, quand ce système eft nouveau, quand il n'a jamais été ni attaqué ni défendu, quand il s'écarte en tous points des ufages & tracés exécutés jufqu'à préfent, on devroit dire au contraire de la route comme il en eft du système : Les obfiacles n'en ont jamais été pratiqués ; & alors tout ce paffage cité tombe de lui-même : vouloir continuer de s'en fervir feroit vouloir calculer la marche d'une armée dans des forêts inconnues, fur la marche d'un régiment de Paris à Verfailles.

Voyons maintenant fi nous ne pourrions pas fixer, d'une manière plus précife, le mérite & les avantages de la nouvelle fortification.

Quel que foit le fyftème fuivant lequel une place eft fortifiée, elle n'a de forces matérielles que la réfistance de fes murailles. C'est à les détruire que fe bone l'art de l'attaque, comme celui de la défense est de s'opposer à cette destruction; mais comme il n'y a aucun moyen connu de donner aux murs une folidité capable de réfifter à l'effort de l'arme employée à les détruire, il a fallu chercher à détruire l'arme elle-même ; & pour y parvenir, il a fallu encore avoir recours à la même arme ainfi l'attaque & la défense des places font devenues uniquement des combats d'artillerie. Tant que l'affiégé parvient, à l'aide de son canon, à empêcher l'effet du canon de l'affiégeant, l'af fiégé eft tranquille derrière ses murailles, & la place conferve toute fa force; mais dès que l'affiégean", à l'aide de fon canon, eft parvenu à empêcher l'effet du canon de l'affiégé, l'affiégeant a bientôt renversé les murailles, & la place eft en fa puiffance. Tous les autres événemens d'un fiége ne font que des acceffoires qui influent plus ou moins fur fa durée, mais qui ne peuvent décider de fon fuccès.

De ce que l'affiégeant & l'affiégé n'ont que le même moyen à employer, il s'enfuit que l'avantage doit refter à celui qui aura ce moyen en plus grande quantité & dans une meilleure difpofition, c'eft-à-dire, à celui qui pourra déployer le plus de feu, le foutenir plus long-tems & le mieux diriger.

Mais puisque l'affiégeant occupe un plus grand terrein, il a donc plus d'efpace, il peut donc déployer plus de feu. Puifqu'il eft maître de la campagne, il peut toujours, ou au moins plufieurs fois, réparer fes pertes; il peut donc foutenir le feu plus long-tems; enfin, puifqu'il ne prend fa pofition que d'après des pofitions connues & invariables, il peut donc encore fe procurer facile ment les meilleures directions. Ces trois avantages paroiffent donc appartenir néceffairement à l'attaque, & par-là elle feroit toujours, comme elle eft aujourd'hui, néceffairement fupérieure à la défense; mais fi au contraire on parvient à procurer ces trois avantages à la défenfe, celle-ci deviendra à fon tour néceffairement fupérieure à l'attaque.

Or, pour procurer à un terrein plus refferré l'avantage de l'efpace fur un terrein plus étendu, il faut multiplier les etages; ce qui eft toujours poffible dans la défenfe par la folidité des conftructions, & ne fe peut jamais dans l'attaque par la nature des fiennes. Conftruisez donc des batteries à plufieurs étages, & vous placerez alors plus de canons fur l'enceinte de la place affiégée, que fur l'enceinte formée par les affiégeans, quoique celle-là foit moins étendue que celle-ci.

[ocr errors]

Pour foutenir le feu plus long-tems, quoiqu'on puiffe réparer fes pertes, il faut d'abord que l'af fiégé ait une plus grande quantité de feu; il faut encore qu'il rende fes pertes infiniment rares comparativement à celles de l'affiégeant, & pour cela, au lieu de laiffer fon canon tant à découvert, expofé à tous les coups de l'ennemi, il faut pouvoir le retirer fous de bonnes voûtes & derrière de bonnes murailles, où il ne puiffe être vu que très difficilement; il faut même empêcher qu'on ne puiffe tirer deffus.

[ocr errors]

Et quant aux meilleures directions, elles feront encore toutes du côté de la défense, puifque le canon ainfi placé, l'afliégeant ne pourra l'attaquer que de front, tandis que l'afliégé attaquera le canon de l'affiégeant dans toutes les directions que lui donneront les contours du tracé de la fortification.

En difant ce qu'il falloit faire, nous n'avons dit que ce qu'avoit fait le général Montalembert. Ainfi, à moins de nier les principes que nous venons d'établir, & qui nous femblent inconteftables, nous croyons qu'on ne peut pas d'abord fe difpenfer de convenir que cet officier a rendu à la défense la fupériorité que l'attaque avoit depuis fi long-tems ufurpée fur elle; car enfin, fi l'attaque & la défenfe des places ne font, comme nous l'avons dit, que des combats d'artillerie; fi le fuccès de ces combats tient aux conditions que nous avons expofées, & fi ces conditions font toutes exactement remplies dans la défense propofée par le général Montalembert, cette défenfe eft fupérieure à l'attaque.

Cependant meffieurs les officiers du génie ont fait, dans leur mémoire, l'attaque de Louisville, place idéale fortifiée d'après le fyftème du général Montalembert; & bien loin d'en juger la défense fupérieure à l'attaque, comme nous le prétendons, ils n'ont trouvé à cette place que vingtdeux jours de défense; mais comment ont-ils fait cette attaque fans faire aucune mention des obftacles, & pourquoi ? C'est que, dans le tems néceffaire, meffieurs les officiers du génie ont fait entrer les retards qu'apportent les obftacles; mais quels obftacles? Ceux dont ils ont l'expérience, les obftacles qui ont été pratiqués, enfin les obf tacles du fyftème baftioné; mais comment prétend-on trouver les obftacles qu'oppose à l'attaque un fyftème quelconque, en calculant cette attaque d'après les obstacles qu'y oppose an autre

[ocr errors]

fyftème? Eft-il étonnant qu'on ne trouve pas alors les veritables refultats.?

Cependant, pourroit-on nous dire, vous convenez que les obftacles font de même nature puifque, dans l'un & dans l'autre fyfteme, c'eft toujours le canon. A la bonne heare; mais loin de pouvoir en conclure que les obftacles font les mêmes, il s'enfuit peut-être que leur différence eft plus facile à faifir.

C'est une vérité généralement avouée, que, dans le fyftème baftioné, l'aliégeant parvient toujours & en peu de tems à éteindre le feu de l'affiegé, & que ce n'eft même qu'alors que le fiége commence. C'eft à ce feu éteint que l'affiégeant doit uniquement la poffibilité de toutes fes opérations. Meffieurs les officiers du génie fuppofent euxmêmes, dans la huitième nuit de leur attaque de Louifville, que, depuis le 6 au foir, il ne refte plus aucuns feux qui aient pu traverfer ni ralentir feurs operations. La première, l'importante opération d'un fiége, eft donc de détruire le feu de la place; & c'eft à quoi on eft parvenu jufqu'ici avec une merveilleufe facilité, à l'aide des batteries conftruites en avant de la feconde parallèle. Voyons donc quelle reffource offre le nouveau fyftème contre cette première operation.

Sans nous fervir de tous les avantages que nous donnent ici meffieurs les officiers du génie, bornons-nous à faire obferver que, felon eux, les batteries de l'affiégeant, en avant de la feconde parallèle, feront au nombre de quatre chacune de quatre-vingt-une pièces de canon, & que nous aurons à diriger contre ces feux fix cent trente-fept pièces de canon de vingt quatre en quatre-vingttrois batteries. Y aura t-il de l'égalité, dans un pareil combat d'artillerie ? & de quel côté doit-on préfumer que fera l'avantage? Mais pourquoi parlons-nous de combats d'artillerie? Il n'y en aura point; fuppofez même les batteries de l'affiégeant conftruites, armées, prêtes à tirer, on fent affez que, dans ce combat inégal, elles feroient entiérement démontées & hos de fervice en moins de douze heures de tems; mais coinment parvenir à en faire la construction?

inutile. L'expérience a prouvé plufieurs fois qu'une batterie ne pouvoit pas tenir quand elle reunitfoit fur elle tous les feux qu'on peut y diriger du front d'une place affiégée. C'ett par cette raifon & pour divifer les feux, que l'affiégeant ne laiffe tirer aucune de fes batteries que quand elles peuvent tirer toutes enfemble, & toutes les fois qu'on s'est écarté de cette règle, il s'en elt fuivi la deftruction de la batterie qui avoit tiré la premiere; mais, en réuniffant fur un feul point tous les feux que peut fournir la defenfe fuivant le fyfteme baltioné, on n'égaleroit pas encore celui que peut fournir le nouveau systeme, en attaquant à la fois toutes les batteries.

C'est ici que l'expérience peut trouver fon application, parce que les cas font abfolument femblables.

Cependant nous avors fuppofé des travailleurs invulnérables; mais comme ils ne le font pas, que deviendront-ils fous ce feu d'une fi grande quantité de pièces de canon? Que deviendront-ils fi on tire une partie de ces pièces à cartouche, lorfque chacune portera au milieu d'eux 30 ou 40 bal Les par coup, lorfque chaque falve pourroit en détruire plus qu'il ne f-roit poffible d'en raffembler fur le lieu du travail ? Dira-t-on qu'il ne faut pas compter à la guerre fur cette jufte ffe de tir qu'on re marque dans les écoles de l'artillerie? Et pourquoi n'y compteroit-on pas ? Le foldat eft hors de la portee du fufil; il n'a pas encore un coup de canen à craindre'; rien ne trouble fa tranquillité ni fa fécurité; rien ne s'oppose à fon adreffe. Dira-t-on qu'on retirera les travailleurs pendant le jour, & que l'ouvrage ne fe fera que de nuit? D'abord on n'empêcheroit pas que l'afliégé ne détruifît chaque jour l'ouvrage que l'affiégeant au oit fait chaque nuit; mais de plus, depuis la perfection où ont été portées les machines de l'artillerie, il fuffit d'avoir reconnu pendant le jour les points à battre, & on les battra la nuit avec une jufteffe prefqu'égale & plus que fuffifante. Quand le champ du tir eft auffi vafte que celui d'une batterie de huit pièces de canon, une armée entière ne fuffiroit pas à la conftruction d'une telle batterie : en vain s'y obfti neroit-on, en vain l'armée y feroit-elle des prodiges de valeur & de bravoure: on ne parvien droit jamais à y établir le moindre ouvrage. Sans Suppofons qu'on les conftruife en vingt-quatre parler encore des avantages des afûts à aiguilles, heures, fuppofons que l'affiégeant parvienne à dé- de l'invention du général Montalembert, dont le rober tout le travail de la première nuit & que tir eft invariable & les coups beaucoup plus mulcette nuit foit de huit heures, ces batteries fe tipliés, les canons montés fur ces nouveaux afûts ront donc, au jour, au tiers de leur conftruction; tirent quatre coups contr'un, des canons montés & comment en finir les deux autres tiers? Si les fur les afûts de place, les premiers revenant, après travailleurs étoient invulnérables, toujours arri- chaque coup, d eux-mêmes au même point, frapveroit-il que le canon ébouleroit plus de terre & pant toujours au même endroit, fans être obligés détruiroit plus de fauciffons que ces travailleurs de pointer de nouveau, trois hommes, au lieu de n'en pourroient placer, & le parapet de ces bat-fix, fuffifant d'ailleurs pour le fervice le plus vit feries, tourmenté, écrafé par ce feu continuel & fi nombreux, ne feroit plus qu'un amas de terremeuble que le défaut de confiftance rendroit

"On pourroit, difent meffieurs les officiers du génie, conftruire ces batteries en vingt-quatre heures, & nous en employons trente. »

de chaque pièce du plus gros calibre.

Remarquez cependant que meffieurs les offciers du génie ont cheminé malgré les feux dont

nous venons de parler, & cela, difent-ils, parce que la tumée rend le feu des cafemates impofible: on ne leur permet au moins de fournir qu'un feu très-méprifable. Quoique très éloignés de penfer ainfi, faifons d'abord obferver à ces meffieurs que des fix cent trente - fept pièces de canon employées à battre les quatre batteries, deux cent cinquante-neuf feulement font cafematées, & toutes placées dans les cafemates fupérieures rien n'empêche donc qu'on n'en fupprime les murs & les voûtes, & ces cafemates deviendront alors de fimples plates formes ou batteries fupérieures, telles qu'on les voit dans l'ouvrage du général Montalembert, planche XI, tome 1, alors auffi on ne verra plus quelles raifons allégueront meffieurs les officiers du génie, pour fuppofer ces feux éteints, tandis qu'ils n'ont pas pu tirer contr'un feu! coup de canon, ni pourquoi ils regarderoient ces feux comme affez méprifables pour ne pouvoir les empêcher de cheminer, puifqu'il n'y auroit plus ce terrible inconvénient de li fumée. Les voilà donc dans l'impoffibilité, d'après leurs principes, de cheminer ni de conftruire aucune batterie: voilà donc la fupériorité affurée à la défense, par un feu fous lequel toute conftruction de batterie devient imponible; car on conçoit facilement que ce qui fera impoffible à la distance de la feconde parallèle, le fera, à plus forte raifon, à toute diftance moindre, & qu'ainfi il faut renoncer également à conftruire aucune batterie, foit fur la crête du glacis, foit en tout autre lieu où elle feroit indifpenfable.

[merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small]

כג

ככ

Mais, difent ces meffieurs, c'eft précisément » parce que l'entre-pont d'un vaiffeau n'a que fix » pieds de hauteur, qu'à chaque coup de canon » qui part de cette longue & baffe galerie, il s'y » établit néceffairement & très-promptement un » courant d'air qui chaffe en dehors une grande » partie de la fumée des amorces: l'air eft, dans » cet entre-pont, continuellement agité : les fabords, les écubiers, les efcaliers & les écou» tilles lui donnent accès de tous côtés, & dans » l'inftant où la flamme de l'amorce le dilate fous » le plancher de l'entre-pont, le fouffle impé» tueux de l'air qui rentre par plufieurs de ces » Ouvertures, chaffe la fumée par plufieurs au

[ocr errors]

>>tres. »

Il eft bien difficile de croire à ce raifonnement que l'expérience contrarie; car plus les batteries des vaiffeaux font baffes, & plus on y eft gêné par la fumée : c'est un point de fait; c'en eft un autli, qu'il y avoit beaucoup moins de fumée dans les batteries du fort de l'Île-d'Aix, que dans aucune batterie de vaiffeau.

[ocr errors]

» Ces meffieurs ajoutent encore : Les témoins » de l'expérience, à l'Ile-d'Aix, nous ont appris » que pour ce moment le général Montalembert "avoit fait enlever toute la cloison qui fépare les galeries collatérales: on conçoit donc très-bien que l'air, rentrant alors très-facilement par toutes les fenêtres des cafernes, par les escaliers ou les » portes, comme par le call: botis & partie des em» brâfures, fit encore plus aifément fortir la fumée » de fes batteries, qu'il ne le fait dans les vaif

[ocr errors]

Mais bien loin de vouloir profiter de nos avantages fur meffieurs les officiers du génie, bien loin de vouloir abandonner un fiége qu'il leur feroit impoffible de continuer, nous allons fuppofer que, par des moyens inconnus, l'affiégeant foit parvenu à éteindre tous ceux des feux de la place qu'il peut découvrir de la campagne,ou plus raisonnablement, que la place ne fe trouvant pas fuffifamment approvi=fonnée, l'affiégé prenne le parti de garder les armes & fes munitions pour défendre uniquement le corps de la place; nous fuppoferons en outre que meffieurs les officiers du génie font maîtres du couvre-face, c'est-à-dire, de tous les ouvrages extérieurs, toujours faudra-t-il finir par faire brèche à la place, & par conféquent il faudra établir & conferver une batterie fur la contr'efcarpe du grand foffé; il faudra enfin ruiner ces flancs à triple étage de batterie, qui, de même que le grand mur cafematé, reftent encore en entier pour la dé-» fenfe de la place, puifqu'ils ne peuvent être vus que de la contr'efcarpe du grand foffe, & cette opération indifpenfable ne nous paroît pas moins impoffible que toutes celles qui ont précédé; mais, dans cette fuppofition, nous n'aurons plus à oppofer que des feux cafe matés; il eft donc néceffaire de chercher quelle peut en être la valeur.

« Nous croyons les feux couverts impoffibles, » difent meffieurs les officiers du génie. Le ge

[ocr errors]

در

feaux; mais nos doutes ne portent que fur les » cafemates & revêtemens cafematés, fermés par » derrière ou appuyés au terres du rempart, com» me font, dans l'auteur, toutes les flancs cafematés. »

دو

ne

D'abord, fi l'on en excepte ces flancs, tous les autres murs cafematés, du nouveau fyflème, font point fermés par derrière; tous au contraire font entiérement ouverts: ainfi il n'y a déjà plus de doute pour ceux-là, & fi l'auteur, perfuadé que les iffues qu'il donne à la fumée dans les flancs. cafematés font plus que fuffifantes, a cru pouvoir rapprocher le rempart intérieur defdits flancs pour gagner par-là un peu de terrein dans l'intérieur de

la place. Affurément rien n'empêche cependant d'é ne peut troubler le fervice du canon que fur les loigner ce rempart, & de procurer à ces flancs tou- vailleaux, ou pour l'artillerie de campagne, où tes les mêmes ouvertures par où, dans le fort de il eft important de tirer vîte, tandis que dans une I'lle-d'Aix, l'air fit encore plus aifément fortir la place affiégée chaque pièce tire au plus un coup fumée ce léger changement dans la conftruction par quart d'heure ; ce qui laifle de refte le tems à n'en apporteroit aucun dans le fyftème, & alors la fuinée de s'élever et de difparoître. On auroit meffieurs les officiers dn génie n'auroient plus de pu dire que la fumée de la poudre n'empoisonne doute fur la fumée, même dans les flancs cafe-point les lieux où elle fe trouve, et que les camatés; alors auffi le feu de ces flancs ne feroit plus nonniers des cafemates n'en feroient pas plus inméprifable: on ne pourroit plus nier leur effet, & commodés que ceux des vaiffeaux. On pourroit toutes les opérations de l'attaque de Louifville dire auffi qu'on ne peut nullement comparer une deviendroient impoffibles à exécuter, de l'aveu mê- galerie de mines où l'air ne fe renouvelle que trèsme de meffieurs les officiers du génie. Eh bien! pour lentement avec les batteries propofées, où l'air trouver cette conftruction, il fuffit de regarder le circule avec toute liberté : on auroit pu affurer plan de Louisville, planche XXIII; le profil de ce enfin que les remparts, appuyés contre les flancs plan, planche XXIV, fig. 9 du 5o voluine de l'Art cafematés, n'empêcheroient pas le fervice du cadéfenfif: on y verra tous les flancs cafematés en- non dans ces cafemates, puifque toutes les fois tiérement féparés des terres du reipart, ainfi que qu'un vaiffeau fe bat fous le vent & que la mer le defirent ces meffieurs. eft un peu forte, il eft obligé de tenir fermés les fabords oppofés, fans pour cela difcontinuer fon feu.

رو

Mais les auteurs du mémoire ne s'en tiennent pas là; ils obfervent encore que, «dans les vaiffeaux, comme la volée du canon dépaffe le >> bordage, la fumée du coup ne peut entrer dans » l'entre-pont fans un vent qui l'expulfe auffitôt, » et en même tems celle de l'amorce. » Nous obferverons à notre tour, que, quoique la volée du canon fe trouve dans l'embrature de la cafemate, la fumée du coup n'en refte pas moins en entier en dehors de cette cafemate, par le moyen d'un volet qu'on ferme au moment que le coup part. Tout le monde peut avoir obfervé que l'explofion chaffe cette fumée affez loin pour qu'il n'en rentre aucune partie pendant le moment du recul, à moins que le vent ne foit debout & d'une force trèsfenfible; mais alors on ne ferme plus le volet, &, à l'aide du courant d'air qui s'établit entre les embrâfures et les autres ouvertures pratiquées, la fumée fe diffipe fur le champ: on peut même affurer que c'est le cas le plus avantageux.

Il faut obferver de plus que, tant que la batterie d'un vaiffeau eft en action, les fabords ne peuvent en être fermés; ce qui laiffe prefque toujours rentrer dans cette batterie une grande partie de la fumée du coup; au lieu que, dans les cafemates d'une place affiégée, le feu étant néceffairement moins vif, il est toujours poffible de tenir le volet fermé jufqu'à ce que la fumée foit entiéreinent diffipée; en forte qu'il n'y a abfoluinent dans ces casemates, que la fumée des amorces; fumée qu'on peut encore diminuer confidérablement en fe fervant d'étoupille s.

On auroit pu combattre ces prétendus inconvéniens de la fumée avec le même fuccès, & d'une toute autre manière, en attaquant les raifonnemens en eux-mêmes : nous aurions pu dire que la fumée ne refte ftagnante que dans le cas d'un calme abfolu, et que, dans ce cas particulier c'eft un inconvénient commun aux cafemates, aux entre - ponts de vaifleau, et même aux batteries en plein air, avec cette différence que cela

[ocr errors]

Voyons actuellement fi meffieurs les officiers du génie parviendront, comme ils s'en flattent, à rafer les flancs cafematés, & à faire brèche au corps de la place.

Nous avons promis de nous en tenir à nos flancs cafematés, diminués même d'un étage, et au grand mur cafematé qui forme l'enceinte de la place: en cet état, les flancs cafematés nous fourniront un feu de dix-huit pièces de canon, dont les canonniers feront parfaitement couverts contre une batterie à conftruire, de neuf pièces de

canon.

Pour parvenir à cette conftruction, meffieurs les officiers du génie commencent par s'enfoncer de quatre pieds plus bas que le niveau du rempart; & ce travail, ils le font tout à découvert fous le feu de dix-huit pièces de canon qui pourront tirer à cartouche fur leurs travailleurs, expofes en outre à tout le feu des fufils du rempart, que fourniffent les mêmes flancs: il ne peut plus être queftion ici, ni de profiter de l'obfcurité de la nuit, ni de dérober le premier travail; l'affiégeant n'eft féparé de l'affiégé que par le foffé de la place, et l'on fait qu'à cette petite distance le moindre bruit eft entendu on fait auffi qu'au moyen des balles à feu, on parvient facilement à éclairer les travaux.

Et pourquoi feroit-on obligé de croire que cette batterie de neuf pièces pourra fe conftruire & fe conferver contr'une batterie de dix-huit pièces, & que celle-ci fera détruite & rafée par celle-là. Qu'on nous permette à ce fujet la plus grande incrédulité & l'efpérance que nos lecteurs la partageront, d'autant que nous avons encore à y ajouter le feu de vingt-quatre pièces de canon que fournit de plus contre cette batterie le grand mur cafematé qui forme l'efcarpe du grand foffe. Nous penfons même que l'affiégé tirera fa principale force de ce grand mur cafematé; et en cela

nous

« AnteriorContinuar »