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Réfidans au domaine..

TOTAL....

114 hommes.

56

170 hommes.

Ainfi le tiers 57 de ce total exprimeroit le nombre des vétérans ; mais ces vétérans, résidans ou non réfidans au domaine, n'étant point comprés pour la culture, il faut des travailleurs pour le terrein qui leur fera affigné; ce qui rend variable le nombre des travailleurs, celui des arpens, & celui même des vétérans; mais on trouvera, tout confidéré, que le nombre des travailleurs fera exprimé par 57 multiplié par, c'eft-à-dire.

21 travailleurs.

Le nombre des vétérans par 57 multiplié par 2, c'eft-à-dire.... 64 vétérans. Et que le nombre des arpens à ajouter fera auffi exprimé par 57 multiplié par, c'eft-à-dire.... 64 arpens.

Ainfi, en réfumant tout ce qui a été dit jusqu'à préfent, & d'employé pour la compagnie, on trouvera cent quatorze hommes en activité hors du domaine, auxquels il a été affigné....

Soixante-dix-fept hommes en activité dans le domaine, foixantequatre vétérans réfidans ou non, auxquels il a été assigné..........

Somme, 255 hommes, pour
lefquels.....

104 arpens.

99

203 arpens.

On pourroit conclure de là, que deux cent trois arpens feroient suffifans pour remplacer, par leurs productions, la folde de toute la compagnie; mais la fertilité affez confidérable que nous avons fuppofée, ne fe conferveroit peut-être pas dans la reproduction continuée fans interruption d'année en année, furtout en n'employant point des engrais pour parer à cet inconvénient & nous donner une ample latitude, nous doublerons l'étendue du terrein : il y aura une année alternative de repos; quant aux engrais, on s'en procurera en mettant auffi au domaine les chevaux de la cavalerie; ce corps, par la nature de fon fervice, peut bien, en tems de paix, refter en entier & conftamment dans le domaine.

On voit déjà qu'il faudra cinq à fix cents arpens de terre par compagnie, fur quoi la moitié deftinée tous les ans au repos, & qui pourra donner cependant des récoltes de fourrages: la paille aura été fournie abondamment par l'autre moitié. On pourra donc y nourrir facilement une cinquantaine de chevaux: nous en fuppoferons quarante

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Faifant enfuite un calcul femblable à celui que l'on a fait précédemment pour l'infanterie, on trouvera qu'il faut un nombre de quinze travailleurs & un fupplément de onze arpens; ce qui produit une fomme de 55 hommes & 45 arpens. Et en calculant, comme ci-deffus, les vétérans pour cette partie, on trouvera qu'elle doit fournir vingt-un vétérans; ce qui occafionnera un fupplément de vingt-un arpens, & un nombre additionnel de fept travailleurs; en forte que pour la totalité de la cavalerie réunie à la compagnie, il y aura foixante-deux hommes en activité, & vingt-un vétérans, à qui on affignera:

Pour les hommes en activité..........
Pour les vétérans...

45 arpens. 21

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Le terrein du domaine fera divifé en cinq parties égales, dont la culture fera dirigée par un fergent & un caporal; chacune de ces parties fera fon compte féparément dans les arrangemens qui feront pris pour effectuer la remife du blé qu'elles devront fournir pour égaler le prêt qui les concerne, de manière que lorfque toutes fes parties auront fatisfait à leur prêt, il fera entré dans les magafins du gouvernement les quantités de grains fuivantes :

1°. Pour la partie de l'infanterie qui ne fera point dans le domaine.

...

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151,039 1. de blé.

98,219

74,048

52,368 25,454

24,297

Somme totale...... 425,425 1. de blé, ou 1934 feptiers qui pourront être vendus au profit du gouvernement, foit fur les lieux même, foit ailleurs, fuivant les circonftances plus ou moins favorables. Tout ce qui fera récolté au-delà de cette quantité, ainfi que la partie des fourrages. excédens la consommation, reftera en bénéfice aux membres des fubdivifions préfens ou abfens ; mais ceux qui fe trouveront employés à la culture, jouiront feuls, avec les vétérans réfidans au domaine, de tous les autres avantages qu'ils pourront fe procurer dans leurs poffeffions, tels que les fruits, les légumes, les produits de volière, &c. De fon côté le gouvernement fera payer, fuivant le taux & la manière en ufage, ou fuivant le taux fuppofé dans ce qui précède, les fommes fuivantes :

1o. Pour cent feize hommes compris dans une compagnie d'infanterie, fergent-major, fergens, caporaux, fufiliers, enfans du corps, tambours ...

20. Pour quarante hommes de cavalerie, maréchaux-des-logis, cavaliers, &c. 3°. Pour cent neuf hommes travail

14,883 !

5,160

Le tableau général de ce qui concerne cette compagnie, offre..... 191 hommes, leurs, fergens, caporaux, ouvriers, &c.. 12,186

dont cent quatorze hors du domaine, & foixante-dix-fept hommes d'infanterie dans le domaine........ dont quarante montés, vingt-deux

62 cavaliers,

4°. Pour quatre-vingt-cinq vétérans, tant d'infanterie que de cavalerie....

Somme totale......

9,690

41,9191.

Sssss 2

Or, les 425,425 livres de blé remifes pour représenter ces différentes foldes, eftimées à 2 f. la livre, produiroient une fomme de....... qui furpaffe de..

42,542.

6231

la fomme des paiemens, parce que les paiemens ne comprennent que trois cent foixante jours, & que, dans la remife du blé, on a compté fur l'année complète.

Maintenant, pour évaluer la dépense qu'entraîne cet établiffement, nous ettimerons que le terrein de l'efpece propre à l'ufage auquel il eft deftiné, vaut 600 liv. l'arpent; ainfi les cinq cent trentehuit arpens que nous avons reconnus néceffaires pour une compagnie, vaudroient...

Nous estimerons, pour avoir une fomme en nombre rond, que la dépenfe première en bâtimens, outils, uftenfiles & grains de femence, montera à.....

Somme...

Cet établiffement exigeroit donc une fomme dont l'intérêt feroit de.......

322,800.

$7,200

400,0001.

20,000!.

Pour comparer cette dépenfe avec celle qu'exige la méthode ordinaire, il faut auffi faire le détail de cette dernière, fuivant fon application actuelle. Une compagnie étant compofée exactement comme la partie de celle que nous avons fuppofée qui doit refter en garnifon, fa folde monte, comme ci-deffus, à.....

La partie de la cavalerie en activité ayant auffi un traitement comme il a été fuppofé ci-deffus, fa dépenfe fera auffi de

La ration de quarante chevaux, eftimée à 1 1. 5 f., leur dépenfe monte à..

14,8831.

5,160

18,250

Ainfi la fomme de..... 38,2931

eft le montant de la dépenfe occafionnée pour la folde de cent quatorze hommes d'infanterie, quarante de cavalerie, & pour la nourriture de quarante chevaux.

Mais, par la méthode propofée, on a pourvu à ces objets, & en outre à la folde de quatrevingt-fept hommes d'infanterie cultivateus, vingtdeux cavaliers cultivateurs, foixante-quatre térans d'infanterie, & vingt-un vétérans de cavalerie; en tout cent quatre-vingt-quatorze hommes de plus avec une valeur annuelle de......

L'excès de dépenfe dans la méthode actuelle eft donc de.....

Pour une feule compagnie d'infanterie & quarante hommes de cavalerie montés, la méthode propofée donneroit lieu par conséquent à une bien grande économie fur la totalité de l'armée; & ce détail prouve qu'elle donneroit le moyen d'entretenir, avec la même dépense, un nombre d'hommes plus que triple; car, fuivant la compofition énoncée, il y a effectivement, dans la compagnie, cent quatre-vingt-onze hommes en activité pour l'infanterie, & foixante-deux pour la cavalerie; ce qui fait un total de deux cent cinquante-trois hommes qui font foldés, au moyen d'une dépenfe repréfentée par 20,oco livres: ainfi en proportion on en folderoit quatre cent quatre-vingts avec la dépenfe de 38,293 livres qu'exige, dans la méthode actuelle, la folde de cent cinquantequatre hommes; & cette grande économie eft d'autant plus confidérable, qu'avec cette dépenfe on fe trouve avoir pourvu au fort des vétérans, cette partie intére ffante de l'état militaire, fur laquelle les gouvernemens, privés de moyens, ne peuvent ordinairement jeter que les regards d'une pitié ftérile.

Pour ne pas diffimuler quelques objets de nouvelles dépentes qu'occafionneroit la méthode propofee, nous remarquerons qu'elle augmenteroit, à caufe du plus grand nombre d'hommes, la dépenfe de l'habillement & celle qui peut fe trouver dans la manutention du pain; mais nous obferverons en même tems que les habitans du domaine y jouiroient de fi grands avantages, qu'il feroit poftible de faire, fur leur folde, une retenue fuffiante pour dédommager des frais de leur habillement, & qu'il feroit peut-être avantageux pour eux de recevo r leur folde entiérement en argent & de le fournir eux-mêmes, pour le pain, puifqu'ils auroient déjà qu que quantité de grains en inagafin, & qu'ils pourroient prendre des arrangemens ftables fur cet objet.

La régie des grains reçus dans les magasins da gouvernement ne feroit pas probablement un nouvel objet de dépenfe, à caufe de la facilité que les prépofés à cette régie auroient pour employer ces grains avec avantage, foit au dedans, foit au dehors.

Après avoir comparé la dépenfe dans les deux manières, fi l'on veut considérer les avantages d'un autre genre, on trouvera que, par la mèthode popolée, les troupes auront acquis un bienêtre folide dont tout homme né fans fortune auroit lieu d'être fatisfait. On a fait évanouir cette

vé-perfpective defefpérante, d'abandon au déclin de l'âge, qui eft la fource de tant de fauffes démar ches, qui, dans l'efpoir de quelqu'appui, réunit l'indigence à l'indigence, lien feduifant, mais funefte, d'où naît & fe perpétue la mifère: on a dif fipé l'idée accablante d'une exiftence ifolée & fans propriété, qui ferme trop fouvent le coeur à tous les fentimens honnêtes. Le foldat cultivateur fera I exempt des vices qui accompagnent toujours le

20,000

18,2931.

défœuvrement: il fera honnête homme, comme le payfan propriétaire; il aimera fa patrie, qui le nourrira & lui affurera un afyle tranquille. Une douce paix régneroit dans ces afyles préparés aux bons ferviteurs; elle s'y uniroit à la joie que l'on trouve toujours au fein d'un travail modéré & constant, fuivi des moyens faciles de fubfiftance. Les momens qui ne feroient point confacrés au travail ou au repos, feroient employés aux différens exercices du corps: des prix adjugés par les vétérans y entretiendroient l'ému ation, & cent moyens s'offriroient pour attacher avec paffion les foldats à leur domaine.

Ajoutons à tous ces avantages la perspective de parvenir avec le tems à avoir une claffe militaire nombreuse & bien conftituée, qui feroit entretenue par elle-même, fans autre dépente de la part du gouvernement, que l'habillement & les armes ; car l'acquifition des domaines dont il eft ici quel rion, pourroit être faite par l'aliénation des domaines nationaux ; que fi eile étoit faite au moyen d'un emprunt, on auroit l'efperance qu'une iongue paix pourroit permettre au gouvernement de fuivre affez long-tems des vues d'économie pour fe libérer de cet emprunt, & en aucun tems il ne feroit pas obligé de faire des augmentations dans la paye, parce que, de cette maniere, elle a pour bafe la denree même qui doit donner la loi à toutes les variations dans le rapport de la valeur du numéraire à celle des denrées de toute espèce : alors on auroit pourvu à la fubfiftance des foldats, independamment des autres claffes de citoyens, leur entretien feroit le fuit de leur propre travail, le reste de la nation n'en fupporteroit plus le poids. Ce feroit auffi donner en grand un exemple utile pour animer le goût de l'agriculture, celle furtout qui eit faite à bras d'homme, laquelle eft fi propre à etendre la population, & qui eft véritablement le moyen le plus für pour établir folidement la proprieté de l'état.

&

On pourroit plus facilement encore adopter une méthode femblable pour la marine : ce feroit même donner à cette partie de l'état militaire la folidité qu'elle n'a pas, & qui, comme on l'a dit au commencement de ce Mémoire, fe trouve dans les autres. En affurant au gouvernement des forces déterminees & conftantes pour le fervice de mer, les cantons ou domaines feroient affignés dans le voifinage des ports; la conceffion de la pêche à la mer, & la permiflion de fervir fur les vaiffeaux du commerce, accordée aux matelots non employes à la culture, ferviroient de moyens d'inftruction, en même tems qu'il en résulteroit, pour le gouvernement, un grand dédommagement dans la dépense à faire pour cet important établissement. On trouveroit, par une combinaison fagement faite, qu'une médiocre étendue deterrein fourniroit à l'entretien d'une nombreufe troupe de matelots & de vétérans dans le fervice.

On abrège les détails autant que l'a permis le

fimple développement du projet : il paroît cependant indifpenfable de prévenir une difficulté que l'on objectoit fréquemment, même contr'une claffe d'hommes qui étoit bien moins nombreuse que celle dont il eft ici question.

Vous fupprimerez, dira-t-on, un-grand nombre de familles qui, vivant dans leurs héritages, y multiplioient l'efpèce humaine, & vous leur fubftituez des célibataires. Il s'enfuivra des effets funeftes à la population. On répond à ces craintes par un principe bien vrai : c'eft qu'en multipliant dans un etat les denrées qui alimentent les hommes, on ett fûr d'y voir augmenter en même tems le nombre des confommateurs. Or, il est évident que le terrein des domaines devenus militaires, produiroit infiniment plus par le travail des troupes que par le travail ordinaire fait à la charrue; & n'y eût-il de plus dans la fomme des denrées que ce qui eft épargné en en fupprimant les animaux de culture, ce feroit déjà un objet bien important: on fait bien que plus on emploie de bras d'hommes au travail, & plus on facilite la population, & cela même n'elt jamais auffi parfaitement vrai que dans le cas où ce travail eft fait directement pour retirer de la terre les richenfes dont elle récompense nos foins. Les animaux qui fillonnent les champs, ab!orbent la nourriture deftinée aux hommes, & les chevaux gras d'une abbaye nuifoient plus à la population, que le vœu indifcret des individas humains qui y étoient renfermés.

N. B. Deux cent mille hommes foudoyés, qui devroient travailler & qui ne travaillent point, en n'évaluant qu'à co écus le travail de chaque homme & 200 écus les profits de l'oeil du maitre ce font, pour cent foixante-dix mille hommes qui ne travaillent pas, 17 millions, & pour trente mille qui ne veillent pas, 6 millions d'écus en non-valeur abfolue.

Prenez enfuite la fomme dont la folde de tous ces fainéans excède celle qui fuffiroit avec une autre conftitution, & ne la portez qu'à 12 millions d'écus: c'eft un excès de cette fomme dans l'impôt, lequel fait périr, tous les vingt-cinq ans, autant d'hommes qu'il y a de fois focus dans cette fomme, & fait obftacle a la production annuelle de 20 pour 100 la première année; & ainfi, en ajoutant les interêts, ce qui au bout de vingt-cinq fait une fomme prodigieufe, fans compter l'extinction des familles, qui refulte de la perte occafionnée par l'oifiveté de deux cent mille hommes: voilà des milliers d'écus que vous n'aurez qu'à divifer par 50, pour trouver les millions d'hommes qu'il doit y avoir de moins à tel ou tel degré de la filiation.

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Calculez que chaque homme doit gagner par · fes bras plus de 300 livres par an, & qu'un foldat très bien entretenu ne doit pas en coûter 20. Mais, ofera t on vous dire, on ne fe fait foldat que pour être en droit de ne rien faire, & être vêtu, logé & nourri. Cela fe peut; mais l'on s'attend auffi à des exercices pénibles, des gardes,

des routes, &c. An lieu de cela, on exigeroit un travail modéré, on affurero:t des fecours pour la vie, & le foldat, pendant fon fervice, feroit mieux logé, mieux vêtu, mieux nourri.

Comptez d'ailleurs un million d'hommes que vous pouvez employer à la guerre, après les avoir employés à cultiver des terres; ajoutez enfuite les hommes & les richeffes qui exifteront de plus dans dix, quinze ou vingt ans, par la ceffation des nonvaleurs dont on vient de parler, & on aura le nombre d'hommes qui pourront être employés à défendre la patrie.

embarras, quelle quantité de chariots, de chevaux, de charretiers, de boulangers il faut traî ner à fa fuite, pour s'affurer une mauvaise fubfif tance que la moindre humidité fait corrompre, & que fon entaflement dans les caiffons expole à une fermentation putride. Les généraux favent auffi combien fouvent ils font, ou arrêtés, ou contrariés dans leurs plans ou leurs projets, par l'impoffbilité où fe trouve le commiffaire en chef de l'armée, de pouvoir affurer du pain là & au moment où l'on en auroit befoin : & fi à ces inconveniens journaliers on joint ceux des difficultés immenfes pour fe procurer des grains, pour les avoir bons, les empêcher de fe gâter, les faire

Probus ne vouloit pas exterminer fes légions; il vouloit encore moins les licencier; il ne vouloit cependant plus de troupes mercenaires; il fai-arriver & employer à propos, les manipuler, les foit défricher des terres, conftruire des maifons par fes légionnaires; enfuite il détachoit d'une légion deux à trois cents hommes auxquels il donnoit une de fes terres pour leur fervir de folde, à condition qu'ils continueroient à s'exercer, &c. Par ce moyen, fi Probus avoit pu le remplir en entier, il n'auroit plus eu un foldat purement mercenaire ni une province défarmée.

Commencez par démêler vos troupes de manière que chaque corps ne foit compofe, en officiers & en foldats, que des enfans d'un même département; & fi vous les deftinés à s'occuper à la culture de la terre, faites-les camper en été & barraquer en hiver au milieu des campagnes, avec Les chevaux de votre cavalerie, avec les boeufs deftinés à la nourriture, & vous ne manquerez ni d'engrais, ni de labour, ni de charois, ni de bras, ni de richelles.

A ces idées entiérement abandonnées à la méditation des militaires ftudieux qui pourroient les perfectionner, on pourroit encore en joindre d'autres qui y font très-aralogues & qui font répandues dans un cuvrage intitulé De l'amélioration du fort des militaires, 2 vol. in 12.

SOUPE. Nous avons dit au mot NOURRITURE, de ce Supplément, combien il feroit à defirer que pendant la paix on déshabituât entiérement le foldat de l'ufage du pain de munition & de la Loupe.

Le pain que l'on donne au foldat eft, de fa nature, peu nourriffant, & même ne vaut rien pour faire la foupe: ce qui le prouve, c'eft qu'en tems de paix le foldat achète du pain mieux fait, dans lequel il entre moins de fon & qui trempe mieux; qualité effentielle pour être mangé en foupe. On fait d'ailleurs que la foupe à laquelle on habitue dès l'enfance tous les Français, & qui fait la principale nourriture des artifans, des manoeuvres & des gens de la campagne, n'eft point fubftantielle, nourrit peu, fe digère mal & forme un affez mauvais chyle; mais, outre ces inconvéniens, tous les militaires favent avec quelle peine & quelle dépenfe on fe procure à l'armée ce pain déjà fi mauvais que l'on fournit aux foldats ; quels

faire cuire, les tranfporter, on n'aura encore qu'une légère idée des dangers, des embarras & de la cherté occafionnée par l'ufage du pain. Celui de la foupe n'eft pas moins nuifible: le bois qu'il faut fe procurer pour faire du feu, les dégâts que cela occafionne dans les forêts, les vergers, les avenues, les maisons même, le tems très-long qu'il faut perdre avant que la viande ne foit cuite & le bouillon fait; les feux qu'il faut entretenir & qui font apperçus de très-loin, ainfi que la fumée; les vafes & les uftenfiles qu'il faut avoir; mille circonftances où l'on eft obligé, ou de ne pas faire de la foupe, ou de renverfer les marmites dans lesquelles on l'a préparée, & d'emporter à la hâte le peu de viande délavée qui étoit deftinée à procurer du bouillon, & qui n'eft prefque plus bonne à rien. Telles font, très en abrégé, les raifons qui devroient faire profcrire un ulage auffi pernicieux à la fanté, qu'il eft ordinairement onéreux & dangereux à la guerre & très-fouvent impoffible à pratiquer, d'où naiffent les murmures & le mécontentement du foldat, d'autant encore que l'on n'a pris aucune fage précaution, non-feulement pour les déshabituer de ces pernicieux alimens, ni même pour les remplacer dans le befoin.

Les mucilages les plus forts & les plus conden fés, qui fe divifent le moins aifément, devroient être la bafe de la nourriture du foldat. Il en réfulteroit plufieurs avantages: le ventricule & les inteftins, plus long-tems pleins, formeroient pour le diaphragme un point d'appui qu'il n'a plus quand l'eftomac eft vide & languiffant; la digestion de ces alimens, plus longue, occuperoit plus long-tems la ble; elle deviendroit moins âcre, le chyle pafferoit dans le fang dans des intervalles plus longs; il répareroit ainfi, petit à perit, les pertes continuelles de la machine; les principes plus éloignés de l'état habituel des animaux tien droient plus long-tems contre les efforts redou blés de la circulation, & fourniroient des principes utiles dans le tems que d'autres alimens fe roient déjà depuis long-tems devenus des excré

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