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inacceffibles, ou dans quelques petites contrées habitables, au milieu des déferts de fables ou des prefqu'iles, ou des îles, fe défendent contre les tyrans du continent; tous les hommes enfin ayant les mêmes armes, le fang coule d'un bout du Monde à l'autre.

» On ne peut pas toujours tuer: on fait la paix avec fon voifin, jufqu'à ce qu'on fe croie aflez fort pour recommencer la guerre; ceux qui favent écrire, rédigent ces traités de paix; les chefs de chaque peuple, pour mieux tromper leurs ennemis, atteftent les dieux qu'ils fe font faits; on invente les fermens; l'un vous promet, au nom de Sammocodon; l'autre, au nom de Jupiter, de vivre toujours avec vous en bonne harmonie, & à la première occafion ils vous égorgent au nom de Jupiter & de Sammocodon.

» Dans les tems les plus rafinés le lion d'Éfope fait un traité avec trois animaux fes voifins; il s'agit de partager une proie en quatre parts égales; le lion, pour de bonnes raifons qu'il déduira en tems & lieu, prend d'abord trois parts pour lui feul, & menace d'étrangler quiconque ofera toucher à la quatrième : c'est là le fublime de la politique. S. II.

כג

Politique du dedans.

» Il s'agit d'avoir dans votre pays le plus de pouvoir, le plus d'hommes & le plus de plaifirs que vous pourrez : pour y parvenir, il faut beaucoup d'argent.

feulement il jouit, mais fes parens, fes principaux ferviteurs jouiffent aufli; & une foule de mercenaires travaille toute l'année pour eux dans la vaine espérance de goûter un jour, dans leurs chaumières, le repos que leur fultan & leurs bachas femblent goûter dans leur ferrail; mais voici à peu près ce qui arrive.

» Un gros & gras cultivateur poffèdoit autrefois un vafte terrein de champs, prés, vignes forêts; cent manoeuvres cultivoient pour lui; il dînoit avec fa famille, buvoit & s'endormoit: fes principaux domestiques, qui le voloient, dînoient après lui & mangeoient prefque tout; les manœuvres venoient & faifoient maigre chère; ils murmurèrent, ils fe plaignirent, ils perdirent patience; enfin, ils mangèrent le dîner du maître & le chaffèrent de fa maifon. Le maître dit que ces coquins-là étoient des enfans rebelles qui battoient leur père; les manoeuvres dirent qu'ils avoient fuivi la loi facrée de la Nature,que l'autre avoit violée on s'en rapporta enfin à un devin du voisinage, qui paffoit pour un homme infpiré : ce faint homme prend la métairie pour lui & fait mourir de faim les domeftiques & l'ancien maître, jufqu'à ce qu'il foit chaffé à fon tour: c'est la politique du dedans.

C'eft ce qu'on a vu plus d'une fois, & quelques effets de cette politique fubfiftent encore dans toute leur force. Il faut efpérer que, dans dix ou douze mille fiècles, quand 'es hommes feront plus éclairés, les grands poffeffeurs de terre, devenus plus politiques, traiteront mieux leurs manoeuvres & ne fe laifferont pas fubjuguer par des devius & des forciers.

» Cela eft très-difficile dans une démocratie; chaque citoyen eft votre rival: une démocratie » Ainfi, tant dans la politique du dehors que ne peut fubfifter que dans un petit coin de terre. dans celle du dedans, les hommes qui gouverVous aurez beau être riche par votre commerce nent, tendent à être defpotes, & ils ne fe fervent fecret ou par celui de votre grand'père, votre des foldats que pour réduire en esclavage les peufortune vous fera des jaloux & très-peu de créa- ples vaincus, ou pour opprimer les peuples fur tures. Si dans une démocratie une maifon richelefquels ils dominent déjà; ainfi les militaires ne gouverne, ce ne fera pas pour long-tems. font prefque partout que les fatellites de la ty- ·

» Dans une aristocratie on peut plus aisément fe procurer honneurs, pouvoir, plaifirs & argent mais il y faut une grande difcrétion : fi on abufe trop, les révolutions font à craindre.

» Ainfi dans la démocratie, tous les citoyens font égaux : ce gouvernement eft aujourd'hui rare & chétif, quoique naturel & fage.

» Dans l'ariftocratie, l'inégalité, la fupériorité fe fait fentir; mais moins elle est arrogante, plus elle affure fon bien-être.

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» Refte la monarchie : c'eft là que tous les hommes font faits pour un feul; il accumule tous les honneurs dont il veut fe décorer, goûte tous les plaifirs dont il veut jouir, exerce un pouvoir abfolu, & tout cela pourvu qu'il ait beaucoup d'argent; s'il en manque, il fera malheureux au dedans comme au dehors; il perdra bientôt plaifirs, pouvoir, honneurs & peut-être la vie.

Tant que cet homme a de l'argent, non

rannie. »>

כן

PONTS MILITAIRES. En cherchant dans le Dictionnaire de l'Art militaire, qui fait partie de l'Encyclopédie méthodique, le mot PONT MILITAIRE, que tout officier inftruit regarde avec jufte raifon comme l'un des moyens le plus puiffant pour faciliter les opérations militaires, combien ne doit-on pas être étonné de ne trouver que de longs détails fur les ponts & chauffées, & pas un mot fur le véritable objet dont on auroit dû s'occuper ? Obligés de fuppléer à une omiflion auffi forte, nous allons nous efforcer, en donnant quelques idées nouvelles fur cet objet important, de répondre au defir que doit avoir naturellement tout officier qui aime fon métier, de pouvoir fe convaincre que les moyens de perfectionner les ponts militaires ne font pas encore tous épuisés.

On connoît plufieurs espèces de ponts qui tien

cylindres d'une pefanteur convenable, auxquels font attachées les chaînes qui doivent imprimer le mouvement qu'il eft befoin de communiquer aux ponts, dans une courbe de fon invention, nommée finufoïde. Les cylindres, en parcourant cette courbe en defcendant, font lever les ponts auxquels on applique cette mécanique. Ces mêmes ponts s'abaiffent dès l'inftant où l'on facilite par le moindre effort aux cylindres les moyens de parcourir en montant la finufoïde.

Pont-tournant. Ce font des ponts de charpente, qui fe meuvent fur un arbre placé verticalement ou fur un pivot. On les emploie à peu près aux mêmes ufages que les ponts-levis, c'est-à-dire, à pouvoir facilement interrompre à volonté les communications qu'ils établiffent.

nent à la partie militaire; les uns appartiennent aux fortifications, & font confiés au génie; les autres à la guerre, & font confiés à l'artillerie. Les premiers fent les ponts dormans, flottans, levis, tournans. Le pont dormant eft ordinairement en charpente, conftruir à demeure fur le follé d'une place de guerre, pour communiquer de l'enceinte principale avec les ouvrages extérieurs & Ja camp gne; ces ponts ne traverfent pas toute la largeur des foffés; ils fe terminent à douze ou quinze pieds du revêtement, & là ils font fuppléés par des ponts-levis. Quelquefois, quand les ponts-dormans font très longs, on conftruit un pont à bafcule au milieu de lur étendue dans des foff's pleins d'eau, dont il feroit facile de foutenir l'élévation à volor té, & à une mefure à peu près conftante, on pourroit fubftituer des ponts de bateaux aux ponts-dormans, & en cas d'attaque, fubftituer aux uns & aux autres des ponts flottans, avec très-grand avantage. Un citoyen nommé Befnières avoit propofé des bateaux qu'il croyoit infubmerfibles; mais il ne fut pas écouté, quoique fa découverte fût excellente fous beau-mées, celui furtout de les conftruire avec des coup de rapports, & pût peut-être être portée très-facilement au dernier point de la perfection. Cette découverte eût été d'une utilité incalcuJable pour conferver la vie à cette foule de citoyens qui eft annuellement engloutie dans les eaux des fleuves, des rivières, & même des bras de mer qui avoifinent nos côtes. On auroit pu auffi en tirer parti pour conftruire des ponts flottans pour les fortifications & pour la guerre, ces bateaux infubmerfibles devant être à l'abri d'être coulés bas, à moins d'avoir été expolés à recevoir un très-grand nombre de coups de canon.

Les ponts flottans font des ponts formés avec des caifles de fapin bien étanchées, fur lesquelles ont pofe des madriers qu'on fixe avec des cordes ou d'une autre manière. Ces ponts fervent de communication entre les différens ouvrages. Pour les grandes communications, on pourroit faire les caiffes à l'inttar des cales de certains vaiffeaux des anciens, qui étoient divifés, dit-on, intérieurement, en un grand nombre de compartimens remplis de liége en tout ou en partie. Ces compartimens devroient être bien calfatés, afin que l'eau qui pourroit entrer dans un ou plufieurs, ne pût pénétrer dans les compartimens voifins: telles font les idées que l'on offre à la méditation des officiers mécaniciens, & qui font destinés par état à travailler au perfectionnement de cette partie de l'art militaire.

Pont-levis. C'eft un pont mouvant fur des tourillons que l'on abaiffe pour pouvoir paffer fur le pont-dormant, et qu'on lève quand on veut intercepter la communication. Il y a des ponts levis à flèches, & des ponts-levis à bascule. Belidor a inventé une manière très - ingénieufe de faire mouvoir avec facilité les ponts-le vis qui font aux portes des places militaires. Il fe feit de deux

PONT MILITAIRE, destiné au paffage des ferVes, des rivières, &c. L'art de conftruire les ponts militaires d'une manière très prompte, fur tous les obftacles que les eaux oppofent aux ar

équipages, qui, joignant la folidité à la légéreté, puiffent être manoeuvrés par très-peu de bras, & portés rapidement partout par très peu de charrettes légères ou par des mulets; cet art, l'un des plus effentiels auquel auroient dû s'appliquer les officiers chargés de cette partie importante, paroît être encore dans fon enfance, fi on le compare aux découvertes étonnantes & aux progrès de la mécanique & de la chimie depuis quel ques années. Nous ne connoiffons aucun traité fatisfaisant fur cette partie. Plufieurs perfonnes ont propofé des moyens de former des posts por tatifs, mais presque tous pèchent par la folidité ou par trop de pefanteur et de complication.

Le pays où l'on doit faire la guerre étant ordinairement coupé par des fleuves, des rivières, des ruiffeaux ou des marais, il eft de la dernière importance d'avoir un équipage de pont à la fuite de chaque armée. Sans cette précaution elles font arrêtées dans leur marche, foit en avant, foit en arrière. Si elles font arrêtées dans leur marche en avant, de là peuvent s'enfuivre des maux incalculables, les occafions perdues de furprendre l'ennemi, de le tourner, de le battre & de voir avorter tous les projets les mieux combinés d'une campagne; fi elles le font dans leur marche en arrière, on fentira facilement les dangers auxquels elles feront exposées, fi c'est une retraite de circonftance à exécuter, ou une retraite après la perre d'une bataille, &c. Mais jufqu'à préfent, quelles font les précautions prifes pour remplir cet objet? Des ponts, de pontons de cuivre, portés fur des haquets extrêmement lourds, & traînés par une grande quantité de chevaux ; des ponts faits avec des chevalets, des pilotis ou des bateaux ; des ponts-volans fur des peaux de bouc enflées; des ponts de cordes ; des ponts appelés coups-de

main, pour paffer un ruiffeau; des ponts de radeaux fur des tonneaux, &c.

PONTS DE PONTONS. On nomme pontons, dans l'artillerie, des bateaux qui, placés fur un fleuve, une rivière, des canaux, des foffés, &c. à une certaine distance, fupportent des poutrelles qui, recouvertes de planches qu'on nomme l'établi, forment les ponts fur lefquels on fait paffer les troupes & l'artillerie. Il y a eu plufieurs fortes de pontons, les uns en bois, fort légers; d'autres en offer poiffé & couverts en toile cirée ; quelquesuns faits de cordes, ceux-ci avec du cuir bouilli, plufieurs autres en fer-blanc; enfin ceux en cuivre, qui font actuellement le plus en ufage, & font portés fur des efpèces de chariots très lourds, nommés haquets, traînés par fix ou huit forts chevaux On peut confulter, fur les différentes formes & dimensions des pontons, les Mémoires d'artillerie de Saint-Remi, tom. II, pag. 366 & fui

vantes.

PONTS A CHEVALET. Ils s'établiffent au moyen de plufieurs chevalets que l'on place dans la rivière ou le ruiffeau que l'on veut paffer, & de poutres ou poutrelles fur lefquels on met des madriers; le tout porté fur les chevalets.

PONTS A PILOTIS. Ce font des ponts établis fur des pilotis que l'on plante dans la rivière, & far lefquels on place les madriers qui doivent fervir à faciliter le paffage fur les pilotis.

PONTS DE BATEAUX. Une quantité fuffifante de bateaux, & proportionnée à la largeur du fleuve ou de la rivière, ayant été raffemblée fur le bord où l'on veut paffer, on les amarre à une certaine diftance les uns des autres, & on les couvre enfuite, comme les pontons, de poutrelles & de madriers, pour pouvoir paffer de l'un à l'autre, & arriver au bord oppofé.

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dans de grands détails, foit parce qu'ils fe trouvent en partie dans les Mémoires de Saint-Remi, foit parce que les trouvant tous très - incominodes, très-infuffifans, ou fouvent impraticables, nous n'avons pas voulu ennuyer le lecteur de détails faftidieux & inutiles. Nous fommes cependant obligés de dire quelque chofe de chacun des ponts dont nous venons de parler, afin d'en faire fentir les inconvéniens.

Ponts de pontons. De l'aveu des officiers d'artillerie les plus inftruits, ces ponts ne peuvent fervir que pour paffer des rivières au plus de quatre-vingts toifes de largeur, encore l'on doit s'en fervir pour paffer de l'artillerie de fiége, efton obligé de doubler les pontons, afin d'éviter les accidens. On ne peut pas cependant fe paffer de trainer après foi un ou deux équipages de pontons, foit par la néceffité de former au moins trois ponts pour paffer une armée, l'un pour l'infanterie l'autre pour la cavalerie, le troisième pour l'artillerie foit auffi par la néceffité de doubler les pontons pour le pont où l'on voudroit faire paffer de l'artillerie de fiége. Mais ofons faire l'énumération des attirails indifpenfables pour un feul équipage, qui pourroit fervir à deux ou trois ponts, fur une rivière de quatre-vingts toifes de largeur. Les officiers d'artillerie exigent cent haquets & dix de rechange, dix nacelles, foixante-dix ancres, cent cordages d'ancres, huit cinquenelles de deux cents toifes de longueur, douze cabef- ́ tans, quatre-vingts leviers pour le fervice des cabeftans, quatre-vingts piquets fretés, de quatre pieds de long; vingt-quatre combleaux, deux cent quatre-vingts traverfes, deux cent quatrevingts amarres, fix cents poutrelles, fept cent vingt mairins de quatorze pieds de longueur, un pied de large & deux pouces d'épaiffeur; foixante rames, cent vingt efcoupes, foixante crocs à bec droit, trente maffes, & tous les outils de charpentier, néceffres au montage du pont.

Ponts à chevalet. Pour conftruire ces ponts il faut fe trouver à portée d'un bois pour y couper ceux néceffaires pour conftruire les chevalets, & fe procurer les madriers, les poutrelles & les planches qui font néceffaires. S'il n'y a point de bois affez à portée, il faut prendre tous les objets dans les villes ou les villages les plus rapprochés, & s'ils ne s'y trouvent pas, il faut démolir quelques bâtimens pour fe les procurer.

Ponts à pilotis. Ces ponts font abfolument néceffaires, difent les officiers d'artillerie, fur les torrens, furtout ceux qui font fujets à rouler de groffes pierres, & fur lefquels on ne pourroit hazarder ni des chevalets qui feroient bientôt renverfés, ni des bateaux dont les ancres feroient chaplées par la viteffe des eaux, ni des paniers d'ofier remplis de groffes pierres, qui auroient le même sort.

Pour conftruire ces ponts, il eft nécessaire d'avoir un équipage qui y foit propre. Quant au nombre & efpèce d'agrès, il dépend du plus ou du moins de folidité à donner à l'ouvrage, eu égard au plus ou au moins de viteffe des eaux du torrent. Il faut en outre avoir, 1°. des pilotis de melèfe ou de fapin; 2°. des bois pour les poteaux, liens, garde-fous, entre-toifes, appuis; 3°. plufieurs fonnètes garnies de leurs cordages, poulies, boulons de rechange, fuivant le travail qu'on projette; 4°. des palmes fimples; 5°. des maffes de bois; 6. des mêmes cordages de rechange pour les fonnètes à haudans; 8°. quantité de leviers pour la manoeuvre des fabots; 9o. des clous de fix pouces de longueur pour la couverture, & égal nombre, de quatre pouces, pour les garde-fous; beaucoup de trois pouces pour les fabots, & plufieurs broches de fer de quinze pouces de longueur; même nombre de neuf, dix & douze pouces; 10°. de grandes pinces à pied de biche, & tous les outils du charpentier, proportionnels au travail propofé.

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Ponts de radeaux. Mais, difent les officiers d'artillerie, comme l'on ne trouvera pas toujours des bateaux dans le pays où l'on porte la guerre, & comme quelquefois le pays eft coupé par des montagnes à travers defquelles il eft impoffible de conduire un équipage de pont, il ne reftera que la reffource des tadeaux: pour les former, on aura foin d'avoir des arbres longs de 38 à 40 pieds, chacun de ces radeaux fera compofé de 34 arbres de 9 à 12 pouces de diamètre; 60 radeaux peuvent former un pont de 400 toifes de longueur; les agrès indifpenfables à la conftruction de ces ponts, font les perches, les traverses, les liens d'ofier, les chevilles & les planches pour recou vrir. Quand on peut avoir des tonneaux, on s'en fert pour donner plus de force aux radeaux, & les empêcher d'enfoncer dans l'eau quand on veut y pafler deffus.

Ponts fur des peaux de bouc enflées. On prétend Ponts de bateaux. Ces ponts font abfolument que, lors de la retraite des dix mille, un des folindifpenfables fur les grands fleuves; ainfi, pour dats de Xénophon imagina, pour faire paffer t paffer le Rhin, le Rhóne, l'Elbe, le Pô, &c. l'armée fur un fleuve très-large, de lier enfemble, ies officiers d'artillerie demandent cent foixante- avec des perches, des peaux de bouc fouflées: dix bateaux, cinq cent dix poutrelles pour affem- on a fait ufage de ce moyen depuis en le perbler les bateaux de deux en deux, trois mille ma- fectionnant les officiers d'artillerie regardent driers, ayant un pied de large, pour la couver- même les peaux de bouc comme d'une utilité ture; fix nacelles pour la manoeuvre des ancres, indifpenfable, mais elles deviennent, difent-ils, fix cinquenelles de cent cinquante toifes de lon-d'un ufage dangereux fi l'on ne prend pas un foin gueur, quatre-vingts cordages d'ancres de qua-particulier de les examiner & de les vifiter fourante toifes de longueur, vingt mailles pour le re- vent. Il feroit utile, ajoutent-ils, d'avoir à la fuite deux mille livres des mêmes cordages, de chaque armée deux ou trois chariots chargés cent foixante-dix amares pour chaque bateau, de ces peaux : chaque chariot peut en porter une trois cent quarante traverfières, quatre-vingt- quantité fuffifante pour faire paffer fept à huit mille neuf ancres, deux mille cinq cents croches moyen-hommes. nes, dix mille clous à pont, cinq mille crampons, cent foixante-dix crocs à pointes droites ou courbes, trois cents livres d'étoupes pour calfater les bateaux, cinquante bragues, deux marmites pour la trage, vingt-quatre écharpes, avec leurs poulies; quatre cabeitans, cent flambeaux, cent livres de chandelles, vingt lanternes pour vifiter le pont pendant la nuit, cent foixante-dix efcoupes pour vider l'eau des bateaux, trois cent quarante rames, cent foixante-dix gouvernails.

Les outils néceffaires à la construction de ce pont, font 40 cognées de charpentier, 40 percerettes de plufieurs calibres, 40 vrilles de plufieurs groffeurs, 20 marteaux à pointe, 10 grandes fcies, 20 petites fcies, 4 palle - partout, 20 cifeaux de plufieurs efpèces, 100 fabots pour les plotis, 6 maffes de fer, 8 grandes pinces à pied de biche, 16 maffles de bois bien ferrées, 2 crics & une fonnète toute équipée, montée fur un bateau, pontée pour fon ufage; il faut en outre une certaine quantité de poutrelles, cordages, &c. de rechange; car dans les travaux de cette nature

De tout ce que nous venons de dire, il résulte que nous n'avons aucune espèce de ponts portatifs, que ceux qui font conftruits avec des pontons de cuivre, encore les officiers d'artillerie font-ils obligés de convenir de leur infuffifance pour le paffage des grands fleuves, des ruiffeaux, des torrens, des marais, &c. Il faut donc avoir recours très-fouvent à des moyens locaux, qui tous font infiniment difficiles à fe procurer ou très-longs à employer.

Nous n'avons donc point encore de ponts por tatifs qui puiffent fuffire dans toutes les circon tances où l'on fe trouve à la guerre. Nos armées ne font donc point encore affurées de traverfer des rivières, quelles que foient leur profondeur, leur rapidité ou leur largeur, avec facilité, promp titude & fécurité. Nos pontons n'ont ni la gran deur, ni la commodité, ni la folidité requises; trop fouvent il faut des tems infinis pour raffembler des bateaux, & trop rarement fe trouve-t-on à por tée des bois pour conftruire des radeaux. On n'en eft pas à fentir toute l'importance de ces incon

véniens

pont militaire portatif, folidité, fimplicité, uniformité, célérité, légereté, bon marché, &c.

Les outres préfentent en effet légéreté & commodité dans le transport, célérité dans l'établis fement & dans le reploiement de l'appareil, économie dans les frais de conftruction, certitude de trouver partout à s'approvifionner de maténéceflaires.

véniens, ni à chercher tous les moyens d'y remé-; dier; mais plus on s'eft occupé à combattre les obftacles, plus on a connu les caprices & la force de l'élément auquel on avoit à faire, & plus on l'a redouté; ainfi, au lieu de travailler à amortir pour ainfi dire fes effets en y cédant, on s'est tapofé à toute leur énergie par une réfillance mal entendue les eaux ont brifé les espèces de digueriaux qu'on leur oppofoit, & l'on a été forcé de fe convaincre qu'il étoit impoffible de conftruire, avec facilité & promptitude, un pont inflexible, en état de porter les plus grands poids qui fuivent

une armée.

Cependant un monfieur Guillotée, officier de gendarmerie, propofa, il y a plufieurs années, un pont portatif, qui fut prefenté à l'académie, où MM. d'Alembert, Vaucanfon & Courtivron, ayant été nommés commiffaires pour l'examiner, en rendirent les témoignages les plus flatteurs. On peut voir dans la première Encyclopédie tous les détails relatifs à ce pont militaire. Il eft plus large que les ponts de pontons, p us leger d'un quart, & coûteroit environ 80,000 liv. en total, tandis que les cent vingt pontons feuls, néceffaires pour paller une rivière de cent toifes, coûteroient au moins 180,000 liv.; ainfi cent chevaux de moins pour le tranfport, près des deux tiers de moins pour le prix, plus de largeur, plus de folidité, & l'avantage de pouvoir s'en fervir fur les fleuves les plus grands, comme fur les rivières les moins larges; mais M. Guillotée n'avoit point l'avantage de tenir au corps de l'artillerie, & fa découverte, quelqu'avantageufe qu'elle puifle être, eft reftée dans l'oubli; ce qui arrive trop fouvent toutes les fois qu'une découverte, même très-utile, n'eft pas prónée & protégée par des hommes réunis en corps, qui ont plus de moyens que de fimples particuliers, de fe faire craindre & ecouter par les miniftres: ce qui vient d'arriver à un adjoint à l'état-major des armées, auffi au fujet d'un pont militaire portatif, confirme cette affertion déjà malheureufement d'une vérité triviale.

Le capitaine Wilhiac, inftruit par fes études & par l'expérience, combien il étoit important, pour affurer les marches, les mouvemens & les fuccès d'une armée, d'avoir des moyens de furmonter, avec célérité & fûreté, tous les obftacles que lui opposent très-fouvent les eaux, foit courantes, foit dormantes, ayant été témoin que, pour faire paffer le Rhin, la première fois, à l'armée de Sambre & Meufe à Vadinguen & Duffeldorf, Duffeldorf, il en coûta près de trois mois de préparatifs, obligé, comme on le fut, d'aller chercher des bateaux jufqu'en Hollande; aidé par fes connoiffances en chimie, & féduit par fage des outres employées par le foldat de Xénophon, infiniment prônées depuis, furtout par le chevalier Folard, s'occupa à trouver les moyens de perfectionner cette invention, au point de la rendre fuffifante pour remplir les condicions importantes de tout, Art Milit. Suppl. Tome IV.

Cependant tous ces avantages ont disparu aux yeux des perfonnes qui n'ont pas voulu tirer parti de cette découverte, devant la difficulté de conferver les peaux, l'incertitude de pouvoir fe servir deux fois des mêmes, la néceffité d'un grand nombre d'hommes & de machines pour fouffler & placer les outres, l'impoffibilité enfin d'un radeau continu fur toute la largeur d'un courant rapide.

Mais qu'une préparation ou qu'une confiruction particulière rende les parois des outres imperméables & à l'eau & à l'air, inaltérables à l'action alternative de l'humidité & de la féchereffe; qu'une forme & des dimenfions déterminées facilitent & affurent leurs affemblages, foit en liaison continue fur des eaux tranquilles, foit en parties détachées, femblables à des pilles flottantes fur lesquelles le pont feroit jeté pour traverfer de grands fleuves: alors fans doute tous les inconvéniens difparoîtroient à leur tour, & tous les avantages inhérens à la penfée d'un pont porté fur des outres refteroient en entier.

Et ce font précisément là les inconvéniens qui paroiffent avoir difparu devant les découvertes du capitaine Wilhiac, fur cet objet fi important. Nous allons entrer dans de plus grands détails, en tâchant de faire connoître les idées & leurs réfultats, en attendant qu'il fe décide a les mettre fous les yeux du public d'une manière beaucoup plus lucide, après avoir tenté vainement de les faire au moins effayer au gouvernement, d'après commiffaires nommés ad hoc par le miniitre Carun rapport infiniment avantageux, fait par trois not, les citoyens Monge, Proni & Vallongue.

Matières propres à la confection des outres.

Des cuirs tanés, de fimples toiles peuvent être rendues imperméables.

Des cuits artificiels enfin peuvent être fabriqués ou compofés en entier, avec les matières propres à la préparation des cuirs ou des toiles. imperméables.

Ces matières fe montrent aujourd'hui beaucoup plus variées qu'on ne l'avoit cru d'abord : Il y en a même d'indigènes, qui valent les exotiques.

La première à citer cependant, parce que les expériences s'en font multipliées, c'est une production de 1 Amérique du Sud, la gomme élastique, nommée par les Américains caout chouc: fa diffolution, appliquée fur la peau de chamois, la

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