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BLESSURE. On a donné particulièrement le nom de bleffure à l'effet produit fur le corps des guerriers, par les atteintes des armes de l'ennemi.

ayant perdu, après une affaire, la plupart des ceux que nous avons cités à la fin de l'alinéa préfoldats qui avoient été bleffés dans l'action, en-cédent. tendit un grand nombre de voix lui reprocher hautement qu'il avoit donné ordre de laiffer ou de faire mourir tous ceux qui, ne pouvant point continuer leurs fervices, deviendroient à charge à l'Etat les hommes fenfés n'ajoutèrent point foi à ce conte, auffi abfurde qu'affreux; mais comme la claffe des hommes fenfés eft

peu nom

breuse, & comme c'eft le peuple qui fait d'abord la renommée, cette calomnie a terni, ou du moins affoible la gloire de ce général.

Mais les chefs des nations & ceux des armées font-ils moins intéreffés que le rette des citoyens & des guerriers à ce que les bleffés reçoivent les fecours les plus empreffés & les plus tendres ? Non, fans doute; ces fecours confervent beaucoup d'hommes d'une valeur éprouvée, qui auroient, felon les apparences, péri des fuites de leurs bleffures: ces foins augmentent la volonté de tous les guerriers, parce qu'ils rendent, à leurs yeux, les coups des ennemis moins funeftes. Les hommes font volontiers le facrifice de leur vie à leur pays lorfqu'il peut être utile; mais la douleur qu'on pourroit leur épargner abat leur courage; mais l'idée du délaiffement les révolte; ils craignent beaucoup plus la dureté, la négligence, ou même l'inattention d'un officier de fanté, d'un fimple infirmier, qu'une mort prompte fur le champ de bataille: ces foins pour les guerriers bleffes, ces foins que la renommée s'empreffe toujours de publier, attirent d'ailleurs à l'armée beaucoup d'hommes qui en auroient, fans doute, été éloignés par des avis contraires; ils concilient encore aux généraux l'amour de leurs foldats, & l'on fait que ce fentiment fuffit feul quelquefois pour fixer la victoire. Voyez AMOUR DU SOLDAT. Ils fourniffent enfin aux gens de lettres un fujet inépuifable d'éloges, & contribuent ainfi à l'immortalité des chefs des armées. On aura perdu depuis long-tems le fouvenir des geftes d'Alexandre, & d'un grand nombre d'au tres généraux célèbres, qu'on fe fouviendra de leurs foins paternels, pour leurs foldats bleffés. Voyez la quatrième fection de notre article CAPITAINE; le paragraphe 20 de la quatrième fection de notre article GENERAL, & notre mot HUMANITÉ.

Un général qui prodigue à ceux de fes foldats qui ont été bleffés, tous les foins que l'humanité exige, a donc déjà beaucoup fait pour fa gloire; il n'eft cependant affuré de l'obtenir, qu'autant qu'il étend fon humanité jufques far les foldats de l'ennemi, que le fort des armes a mis en fon pouvoir. Son intérêt propre, la loi des repréfailles, & la voix de l'humanité, le lui commandent également. Voyez les mots PRISSONIER DE GUERRE, REPRÉSAILLES, &

Quels font les principes qu'un administrateur militaire doit adopter relativement aux bleffures? L'Etat doit, ce me femble; 1o. faire guérir à fes dépens tous les hommes qui ont été blessés à fon fervice; 2°. il doit donner des dédommagemens à tous ceux qui ont été grièvement à la gravité des bleffures; 4°. employer des débleffés 3°. proportionner les dédommagemens dommagemens analogues à la pofition fociale des hommes qui ont été bleffés; 5o. enfin les fixer par une loi pofitive.

L'Etat doit faire guérir à fes dépens tous les hommes bleffés à fon fervice: exiger en même tems des hommes, dans les conftitutions militaires modenes, le facrifice de leur vie, & celui de leur fortune, c'eft leur demander beaucoup trop; c'eft leur demander plus qu'il ne veulent, & peut-être plus qu'ils ne peuvent donner on entend peu de guerriers regretter le fang qu'ils ont verfé pour l'Etat, fe reffouvenir avec amertume des bleffures qu'ils ont reçues; mais on les entend prefque tous gémir fur les dépenfes qu'ils ont été obligés de faire, pour fe transporter aux endroits où la nature a placé, dans des boues ou des eaux minérales, la guérifon de la plupart des bleffures reçues à la guerre : on donne quelque fois pour cet objet aux officiers bleffés une gratification de quatre ou cinq cents livres ; c'est bien quelque chofe que cela, mais ce n'eft point affez, car ce n'eft pas tout. Le gouvernement qui ne s'impofera pas la loi de fournir, fans fafte, mais auffi fans léfine, à toutes les dépenses qu'occafionne la guérifon des bleffures reçues à la guerre, verra néceffairement bientôt le nombre de fes défenfeurs diminuer, ou du moins leur courage & leur volonté s'affoiblir.

L'Etat doit des dédommagemens à tous les militaires grièvement bleffés : je dis des dédommagements & non des récompenfes, parce qu'on ne doit des récompenfes qu'aux actions grandes, utiles & à l'exécution defquelles la volonté a eu part; & l'on fait bien que les bleffures ne peuvent être miles dans cette claffe: j'ajoute qu'on ne doit des dédommagemens qu'aux perfonnes qui ont reçues des bleffures graves: fi l'on donnoit des dédommagemens aux militaires qui n'auroient reçu que de légères contufions, de petites égratignures on épuiferoit avec promptitude le fifc & le tréfor des graces, & l'on fe mettroit dans l'impoffibilité de dédommager ceux qui auroient réellement mérité de recevoir des dédommagemens; tels font les guerriers quà

lade à qui l'on vient de donner de puiffans cordiaux, paroît pendant quelques inftans avoir repris l'ufage de toutes fes facultés; mais dès que l'effet des remèdes actifs commence à diminuer, l'abattement reparoît, & il n'eft plus poffible de le vaincre. Cette obfervation est bien importante, nous aurons lieu de nous en convaincre dans l'article RÉCOMPENSE.

ont perdu un membre, ou qui ont été mis dans n'eft que jufqu'au moment où ils font obligés de l'abfolue impoflibilité d'en faire ufage. Tout mi- devenir avares, car alors elle ceffe, & le délitaire qui a fait une perte cruelle, doit en ef-couragement la remplace; c'eft ainfi qu'un mafet être dédommagé; dire avec les Vénitiens, que les troupes font payées pour cela, c'eft répéter un principe faux, c'eft vouloir autorifer une injuftice, & des plus dangereufes. La plupart des hommes craignent moins la mort que la douleur, que des bleffures graves: après moi le déluge, difent ils proverbialement; mais quel fera mon fort, fi je fuis grièvement bleffé, ajoutent-ils? Qui me fervira? Qui remplacera ce bras que j'aurai perdu? Qui veillera fur mes biens, fur mes affaires domeftiques? &c. Une armée dont les membres n'auroient aucun dédommagement à espérer pour leurs bleffures, pourroit bien ne pas compter des lâches; mais certainement elle compteroit des poltrons, & furtout beaucoup d'hommes indolens. Souvenons nous toujours que fi un adminiftrateur ne doit point, en récompenfant, avoir en vue l'homme qui a mérité la récompenfe, ce n'eft point non plus l'homme bleffé qu'il doit envifager, mais ceux qui n'ont encore rien fait, ceux qui n'ont point été bleffés.

On doit proportionner les dédommagemens à la gravité des bleffures: donner un dédommagement égal pour une légère contufion, pour une fimple fracture, & pour la perte d'un ou plufieurs membres, feroit une injuftice réelle; fi l'on doit établir une exacte proportion entre les peines, on doit auffi en établir une entre les dédommagemens & les récompenfes.

On doit donner des dédommagemens analogues à la pofition fociale des hommes qui ont reçu des bleffures. L'adminiftrateur qui accorderoit à un foldat dépourvu de tout bien, de tout fecours, le même dédommagement qu'à un officier comblé des biens de la fortune, commettroit une injuftice, ou agiroit au moins avec mal-adreffe: le foldat mourroit de faim avec fa croix ou fon ruban, & l'officier mépriferoit ou priferoit bien peu une penfion légère.

Les dédommagemens doivent être fixés par une loi pofitive & invariable: les récompenfes que donne la loi, font doublement flatteufes; rien ne doit être laiffé à l'arbitraire; il faut fermer la porte à la faveur, à l'intrigue, à l'importunité, & mettre les militaires à l'abri du defir, & fur-tout du besoin d'acheter, ou à beaux deniers comptans, ou par des baffeffes, un dédommagement auquel ils ont de juftes droits.

Dans le commencement de toutes les guerres, les administrateurs font affez communément prodigues de récompenfes; ils croient doublet par cette prodigalité, l'ardeur, la volonté de l'armée. Oui, ils la rendent plus grande; mais ce

Accorder à l'un ce qu'on refufe à l'autre, c'eft une injuftice qui a toujours des fuites funeftes: la reconnoiffance eft peu abondante en paroles ; elle parle très-bas, & fes difcours font moins d'impreffion que les gémiffemens de la plainte.

les militaires fubalternes qui ont reçu des bleffures; La plupart des miniftres traitent légèrement non-feulement il ne les récompenfent point, mais ils ne fongent pas à leur faire cet accueil gracieux, à leur tenir ces propos flatteurs qui confolent les François, & qui font leur première récom. penfe; ils croyent pouvoir mécontenter fans danger un homme fans nom & fans protecteur; ne fauront-ils jamais qu'ils mécontentent l'armée entière, & que fi les cris de cette multitude. d'hommes ne pénètrent point toujours jusqu'au prince, au moins pénétreront-ont-ils fûrement jufqu'à la poftérité? Le miniftre ne perdra point fa place pour cette injuftice; mais il perdia fa gloire.

Après avoir prouvé qu'il eft néceffaire de donner des dédomagemens pour les bleffures graves, il nous refte à examiner quels doivent être ces dédomagemens. Celui-là mériteroit d'être généralement adopté qui, dans aucun cas, ne pourroit ni nuire à une bone conftirion militaire, ni devenir à charge à l'êtat; qui dédomageroit le foldat, l'officier peu aifé, & l'officier très-riche; qui pourroit enfin être également employé avec le guerrier que fes bleffures forceroient à abandonner la carrière militaire, & avec celui à qui elles permettroient de la fuivre encore.

Pour favoir s'il exifte un dédomagement qui fatisfaffe aux différentes conditions que nous venons de demander, jettons un coup-d'œil fur ceux qui ont été employés par les différens peuples.

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payes aux bleffés, & d'autres les ont relégués dans des monastères; ici, on a élevé pour eux de fuperbes édifices où ils font entretenus aux dépens de l'Etat; là, on les fait monter à des grades plus élevés que ceux qu'ils occupent au moment où ils reçoivent une bleffure, ailleurs, on leur donne des penfions de retraite proportionnées à leurs grades; en quelques autres endroits, on leur accorde des marques diftinctives honorables.

dons-nous bien de la détruire, ou même feulement de la modifier. Tout gouvernement qui fait un grand ufage de l'argent pour récompenfer ou dedommager les guerriers, éteint parmi eux l'efprit militaire, & fe porte à lui même des coups funeftes. Voyez RECOMPENSES PECUNIAI

RES.

Les diftinctions honorables ne peuvent point non plus dédommager tous les militaires. Que deviendroit un foldat dépourvu de toute espèce de fortune, & de tout moyen de gagner fa vie, à qui l'État fe contenteroit de donner un ruban, une croix, &c.? Cet homme aviliroit néceflairement la marque glorieufe qu'il auroit reçue; car feroit forcé de mandier fon pain, ou de fe livrer aux travaux les plus viles.

Quelques différens que paroiffent, au premier coup d'oeil, les dédommagemens accordés, par les différens peuples, aux militaires bleffés à la guerre, ils peuvent cependant être rangés fous trois claffes dédommagemens pécuniaires, dédom-il magemens en diftinctions honorables, & dédommagemens en grades élevés.

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Puifque l'argent fans diftinctions honorables, & Il est presque impoffible de concevoir qu'on les diftinctions honorables fans argent, ne peuvent ait voulu faire ufage des grades élevés pour fervir de dédommagement aux bleffures, il faut créer dedommager les militaires qui ont reçu des bleffures un récompenfe mixte, composée d'argent & de à la guerre; cette espèce de dédommagement eft marques honorables; mais lier ces deux objets en effet vicieufe fous tous les afpects. Les grades fi intimement enfemble, que l'imagination même élevés appartiennent au mérite reconnu; ils ne puiffent les féparer. C'eft le cas d'appliquer appartiennent encore à l'ancienneté, qui don- le mot vis unita fortior. Un ordre de chevalene ou suppose un mérite réel; mais ils ne peu-rie militaire richement doté, dont les commanvent appartenir aux blessures, qui ne donnent deries feroient néanmoins peu confidérables aucun mérite & qui ne fuppofent que le pourroit remplir notre objet. Mais pourquoi plus commun de tous; la bravoure je dis former de nouveaux établiffemens, tandis que les plus, la non-lâcheté; car la balle atteint indifanciens un peu modifiés, peuvent nous fuffire? féremment celui que l'honneur retient, celui L'ordre royal & militaire de S.-Louis pourroit, que la crainte de la honte arrête, & celui que ce me femble, remplir l'objet que nous avons en impoffibilité de fuir force de refter dans la vue. L'officier qui,fans avoir reçu de bleffure, auroit place qu'on lui a affignée: ce dédommagement eft accompli le nombre d'années de fervice fixé la injufte, & parce qu'il peut tomber fur un hom- loi, obtiendroit comme aujourd'hui la croix & me qui a moins fait que tous les autres pour le ruban de l'ordre de S.-Louis: tout officier, la cause commune, & parce qu'il peut punir tout foldat qui auroit reçu une bleffure feroit des guerriers qui ont mérité d'être récompenfés: décoré, dès le premier travail du miniftre, d'un ce dédommagement eft enfin vicieux, parce qu'il ruban ponceau, dans le milieu duquel on verne peut être mis en ufage avec les militaires qui roit une bande blanche tranfverfale d'une ligne ont été trop grièvement bleffés pour continuer de largeur; celui qui auroit reçu deux bleffures leurs fervices, & parce qu'il préfente un grand auroit deux bandes blanches, &c. L'officier qui nombre d'autres inconvéniens que nous avons après avoir reçu le ruban pour les bleffures obdétaillés ailleurs. Voyez les articles ANCIENNETÉ, tiendroit la croix pour fes fervices, la porteroit AVANCEMENT, CAPITAINE, &c. fufpendue à ce même ruban; il en feroit de même des foldats pour le médaillon. Le ruban feroit donné fans commanderie, c'est-à-dire, fans penfion, fans argent, aux militaires qui pourroient continuer leurs fervices, & avec une commanderie, à ceux qui feroient forcés par leurs bleffures d'abandonner le carriere des armes. Ces dédommagemens pécuniaires devroient être les mêmes pour le général & pour le dernier des foldats; ou fi l'on vouloit abfolument évaluer à un plus haur prix le bras d'un homme que celui d'un autre, ce qui eft je crois un vice, on devroit, en fixant les dédommagements, obferver qu'il ne puffent jamais éveiller la cupidité dans le cœur des officiers. Je le répéterai fans ceffe il ne faut

L'argent, & tous les objets qu'il repréfente, eft peut-être propre à dédommager le foldat indigent, l'officier peu aifé; mais il ne peut faire de l'effet fur l'homme riche que lorfqu'il eft donné avec profufion; & alors ce dédommagement devient très-à charge à l'Etat: combien de fois n'a-t-on pas vu d'ailleurs des hommes réduits à l'abfolu néceffaire, prifer plus une diftinction honorable qu'un dédommagement pécuniaire, même affez fort? On connoît le trait de cet officier qui préféra la croix de SaintLouis à une penfion de 800 liv.; & le célèbre je le crois bien de Louis XIV. Telle étoit, telle eft encore l'opinion générale des François, garArt milit. Suppl. Tome IV.

L

point faire envifager aux officiers françois l'ar-être examiner encore s'il eft poffible de faire gent comme un objet digne de leur ambition; on ne pourroit leur en offrir affez pour exciter leur émulation, ni leur en donner affez pour la fatisfaire loin de chercher à fixer leurs yeux fur les dédommagemens pécuniaires, je voudrois les en détourner; & pour cela je propoferois de changer la couleur des bandes tranfverfales du ruban, en faveur de ceux qui, fatisfaits de la marque honorable, auroient remis à l'état la récompenfe pécuniaire. Cette dernière idée rentre peut-être un peu dans la claffe des rêves politiques; elle eft cependant faite, ce me ble, pour produire des effets heureux.

porter aux bœufs des fardeaux fur la tête; de rendre leur allure plus vive Ce problême préfente encore à mon imagination une foule d'autres queftions que je puis me difperfer d'énoncer, elles frapperont fans doute tous les militaires qui voudront le réfoudre.

BOIS. Maximes militaires relatives aux bois. que l'on rencontre dans la campagne.

Campement. Avant de fe déterminer pour la fem-pofition d'un camp, on doit confidérer fi les environs offrent le bois néceffaire à la confommation des troupes.

Quant à la maniere de former les commanderies, voyez notre article BENÉFICES MILI

TAIRES.

Si jamais on adopte un projet du genre de celui que nous venons d'efquiffer, l'officier qui aura verfé fon fang pour l'état ne fera plus confondu avec celui qui n'en aura eu que le defir on ne fera plus obligé de recourir aux grades pour dédommager des bleffures, ce qui eft vraiment injufte; on pourra économifer les finances de l'état, ce qui eft vraiment néceffaire, & enfin les militaires n'auront plus befoin de montrer leurs bleffures, ou d'en parler fans ceffe, pour fatisfaire à une vanité auffi naturelle qu'elle eft heureufe. A l'aspect du ruban de l'ordre de S.-Louis traversé d'une ou de plufieurs bandes blanches, chaque citoyen dira: voilà un homme bien difgracié, mais comme c'est en défendant nos perfonnes & nos poffeffions qu'il a perdu un ceil ou un bras, loin de détourner la tête à fon afpect, cherchons par nos égards & nos foins à lui témoigner notre reconnoiffance pour fon généreux dévouement.

BLOQUER. Bloquer une place c'eft en occuper toutes les avenues, c'eft en former le blocus: Voyez ce mot.

BŒUF. Un des plus grands hommes de guerre que la France ait eus, a propofé dans un ouvrage connu & eftimé de tous les militaires, d'employer les bœufs au transport de la groffe artillerie & des gros bagages de l'armée. Cette idée, ne fut-elle point du vainqueur de Fontenoy, mériteroit d'être difcutée avec foin, & qu'on fit des effais pour en conftater la bonté. Il faudroit favoir, fi les bœufs font plus aifés à nourrir que les chevaux; fi leur allure n'eft point trop lente; s'ils dégradent plus ou moins les chemins; s'il faut plus de monde pour les garder & les conduire ; s'ils font plus ou moins fujets à des maladies, plus ou moins difficiles à guérir. Il faudroit faire entrer en ligne de compte le grand parti que l'on retireroit des baufs bleffés, eftropiés, &c. Il faudroit peut

Il ne faut jamais placer un camp proche d'un bois, fans être affuré que l'ennemi ne peut venir à couvert de ce bois furprendre l'armée. La journée de Fornoue offre un exemple à l'appui de cette maxime.

Il faut faire fouiller avec foin les bois qui font proche d'un camp, & y avoir fans ceffe des partis.

Il faut faire abatre les bois qui font à la portée du canon d'un endroit où l'on eft campé, & fe fervir des arbres pour former un abattis.

Défenfe des places & des poftes. Il faut enfermer dans une place, ou dans tout pofte que l'on veut défendre, autant de bois qu'on le peut: le bois eft néceffaire non-feulement pour cuire les alimens & pour chauffer les hommes, mais encore pour former des retirades & des abattis, pour foutenir les terres d'un parapet, pour embarraffer & pour défendre une brèche, pour faire des fafcines ou des fagots, &c. Voyez ARBRE.

Bataille. Quand on a, dans une difpofition défenfive, fes flancs appuyés à des bois, il faut en faire couper les arbres, au moins à la portée du canon, & s'en fervir pour former de abattis: il faut encore avoir fans ceffe des partis dans la portion du bois qu'on n'a pas abattue, afin de fe mettre à l'abri d'une attaque imprévue & des coups de l'artillerie ennemie. Il en eft des bois qu'on a en avant de fon front & far fes derrières, de même que de ceux qu'on a fur fes flancs. Si l'on néglige de prendre ces précautions, les bois font un fort mauvais appui, & peuvent devenir très-dangereux; la bat taille de Rocroi en eft une preuve.

Marche en avant. Il faut faire fouiller avec

foin, & au loin, les bois que l'on rencontre fur le front & fur les flancs de fa marche.

Les marches ouvertes dans les bois doivent avoir au moins 18 pieds de largeur. Voyez CHE MINS & COLONNES.

Il faut garnir avec foin l'entrée & la fortie | tructeurs? Pourquoi l'Etat n'oblige-t-il pas les d'un défilé formé par des bois.

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BOISSON. Les foldats françois n'ont que de l'eau, pendant la paix, pour boisson ordi naire l'ufage du vin, de la bière, du cidre & du refte des liqueurs fermentées, quelque petite que fût la ration, deviendroit trop difpendieux pour l'Etat. Puifque la nèceffité a forcé de fevrer les troupes de toutes ces boiffons, fouvent utiles à la fanté, & roujours agréables au goût, au moins devroit on leur procurer le moyen de boire de l'eau bonne & falubre. On admire les aqueducs que les Romains faifoient conftruire pour procurer à leurs colonies une boisson pure & faine; mais on fe borne à une froide & fté rile admiration. Il eft plufieurs villes de guerre du royaume, dont les hôpitaux font conftamment remplis de foldats, pendant quatre ou cinq mois de l'année, parce que la garnifon eft forcée de boire de l'eau très mauvaife, & cependant on ne fait rien pour leur en procurer de bonne. Si par une prévoyance fage nous avions dépenfé à la construction de quelques fontaines, de quelques aqueducs, une petite partie des fommes que nous employons chaque année au payement des journées d'hôpital, nous aurions confervé beaucoup d'argent, & cependant élevé des monumens dignes de l'admiration de nos neveux : mais la capitale abforbe tous les foins; mais de vaines décorations épuifent le tréfor public; mais les adminiftrateurs s'occupent moins de l'utilité publique & de la confervation du foldat que de leur avantage particulier, que du moment préfent, que de la confervation de leur faveur. L'infouciance fur la fanté des foldats a été portée fi loin, qu'à Thionville, par exemple, ce n'eft pas l'Etat qui fournit les tonneaux dans lesquels il eft indifpenfable de laiffer l'eau s'épurer, c'est le foldat fur fa paye modique. Pourquoi, dans cette place, & dans les autres où l'on a reconnu que l'eau eft la caufe première des maladies des gens de guerre, le gouvernement ne feroit-il point conftruire quelques grands foudres de pierre, chacun affez confidérable pour fournir de l'eau à la garnison pendant un jour? Pourquoi ne fait-on pas analyfer par des chymiftes habiles les eaux dont s'abreuvent les foldats dans chaque garnifon, & boucher toutes les fources qui charient des principes malfaifans? Pourquoi l'Etat ne fournit - il point le vinaigre néceffaire pour enlever aux eaux mal- faines leurs principes def

régimens à faire diftribuer pendant la paix une Pourquoi la police ne veille t-elle pas à ce qu'on certaine quantité de vinaigre à chaque chambrée ? foldat eft-il un être moins précieux à l'Etat qu'un ne vende point au foldat du vin frelaté ? Un oifif de la capitale, ou de quelqu'autre grande ville? Pourquoi ne prend-on pas les mêmes pré-cautions pour l'eau-de vie? Pourquoi n'empêche-t-on pas l'abus que le foldat fait de cette liqueur? Pourquoi... Ceffons nos queftions. J'ai déja répondu dans cet article à toutes celles de ce genre qu'il eft poffible de faire.

L'ordonnance veut que pendant la guerre les foldats mêlent un peu de vinaigre dans l'eau qu'ils boivent, & en confequence elle leur prefcrit d'avoir de petits bidons: Voyez ce mot Voyez auffi les articles SERGENT, VIN, VINAIGRE.

Relativement aux chevaux.

1o. Il faut obferver la crudité des eaux & leur degré de froid.

Le point de chaleur des puits profonds, eft de dix degrés & demi au thermomètre de M. de Réaumur ; mais cette eau n'eft falubre ni pour les hommes ni pour le bétail; il y a des fources qui n'ont que cinq degrés de chaleur & encore moins, au lieu que le fang humain a environ trente-deux degrés, & celui des chevaux & des bêtes à cornes jufqu'à 45, & que la chaleur de certaines vallées va jufqu'à 40.

Il eft clair que dans le cas d'un échauffement extraordinaire, l'eau qui n'a pas plus de dix degrés de chaleur doit caufer des obftructions ou d'autres accidens, & même fouvent une mort fubite.

On entend par eaux dures ou crues, celles qui ont trop de particules terreftres, nitreufes, vitrioliques, & autres matières minérales.

On peut corriger la crudité des eaux avec du fon.

Quant au froid on peut, en agitant l'eau ou en la faifant tomber de haut, la rendre moins froide..... On peut auffi la laiffer s'échauffer en l'expofant au foleil dans des tonneaux ou des baquets, comme nous l'avons propofé au mot ABREUVOIR.

2o. D'après la remarque faite, que les checoliques, aux indigeftions, à la pouffe, &c. vaux qui boivent beaucoup font exposés aux il faut, comme le font les Anglois, prendre le parti de diminuer la boiffon de ces espèces de

chevaux.

3. Quand un cheval doit travailler, il faut lui

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