Imágenes de página
PDF
ePub

betits mouvemens qu'ils feront. Le maréchal s'en rapporte à lui, & à la pointe du jour, le lendenain, les ennemis parurent fans qu'on eût eu auune nouvelle d'eux.

Il n'eft pas moins effentiel, à tout conmandant ubalterne, d'exécuter à la lettre les ordres qu'on ui donne. Le marquis de Broglio arrivant, dans a campagne de 1711, fur le camp de Saint-Coloman, & y attaquant les troupes du duc de Savoie, ingt-quatre heures avant le jour où il devoit le aire, & cela, pour ne pas partager la gloire de es battre avec M. d'Asfeld, eft repoufle, & fait, ar sa désobéissance, manquer une opération des ieux concertées.

[ocr errors]

même, c'eft une noble fier:é qui empêche l'homme vertueux de s'avilir, de fe porter à des baffe fles & aux moyens honteux par lefquels tant de gens s'efforcent de parvenir, en facrifiant leur honne ur à la fortune. Les ames baffes & rampan es n'ont rien à perdre; elles font accoutumées au inépris, à s'eftimer très-foiblement elles-mêmes, à s'exagérer leur propre mérite & à l'étaler avec fafte, d'une façon humiliante pour les autres.

De toutes les claffes de la fociété, c'eft celle des officiers, dans le militaire, qui doit fans contredit le plus foigneufement fe preferver de l'orgueil. Difons-leur que la préfomption ou la confiance, peu fondée fur des talens ou des vertus qu'on n'a pas, eft de tous les défauts le plus ridicule. Inspirons-leur la crainte de fe rendre méprifables par une fatuité qui fait que l'on ne se montre occupé que de foi-même & des qualités que l'on croit pofféder. Si ces qualités font réelde les leur préfenter font elles fauffes? nous leur paroiffons impertinens & ridicules dès qu'ils ont une fois démêlé l'impofture ou l'erreur. La groffiéreté, la brutalité, l'impoliteffe, font des efters ordinaires d'un orgueil qui fe met au deffus des egards, qui refufe de fe conformer aux ufags, & de montrer les déférences & les attentions que des êtres fociables fe doivent les uns

On doit auffi fe fervir, pour porter les ordres, es perfonnes de la plus grande intelligence, & s donner de la manière la plus claire. Pyrrhus, i d'Epire, enfermé dans Argos, fentant qu'il toit de la dernière importance de faire fa retraite, voyant qu'il lui feroit très-difficile de le fairement en nous, nous fatiguons les autres à force ar les portes de la viile, envoie à fon fils Hé nus, qui étoit occupé hors de la place, un exRès, avec ordre de lui dire de faire avancer un orps de troupes pour faire abattre un pan de uraille, afin de faciliter fa fortie. Celui qui porit cet ordre en ayant donné un tout contraire, félénus choifit ce qu'il avoit de meilleure troupe, : fit fon poffible pour entrer par la porte; ce qui endit la retraite de Pyrrhus impoffible, & occaonna la mort de ce prince & la défaite de fon mée.

ORGUEIL. L'orgueil eft une opinion exceffive e fon propre mérite, accompagnée de mépris our les autres. L'orgueilleux eft injufte, en ce u'il ne s'apprécie jamais lui-même avec équité. Il rétend s'attirer l'eftime, la confidération, les gards des autres, tandis qu'il les révolte par fa onduite, & ne s'attire, pour l'ordinaire, que leur aine & leur mépris L'homme orgueilieux ne voit aftout que lui feul; il femble croire que les femlables ne font faits que pour l'admirer : il eft cobre, inquiet, très-prompt à s'alarmer; ce qui oujours dénote l'abfence du mérite réel.

:

N'est-ce pas méconnoître fes intérêts, que de nontrer de l'orgueil ? C'eft forcer naturellement es autres à examiner les titres de celui qui préend s'élever au deffus d'eux de cet examen il efulte arement que l'orgueilleux foit digne de la aute opinion qu'il a ou qu'il veut donner de lui. e mérite réel n'eft jamais orgueilleux; il eft au contraire communément accompagné de modefie, vertu fi néceffaire pour amener les hommes à econnoître la fupériorité que l'on a fur eux, dont ils ont toujours tant de peine à convenir. Cependant le fentiment de fa propre dignité eft fait pour foutenir l'homme de bien contre l'ingratitude, qui fouvent lui refuse les récompenfes auxquelles il a droit de prétendre. C'eft le fentiment de l'honneur, c'eft le refpect pour lui

aux autres.

D. ftinés à vivre pour ainfi dire en famille dans les différens corps militaires, les hommes raifonnables fentiront facilement combien leur orgueil les rendroit bientôt infupportables à leurs camarades, ou qu'ils humilieroient s'il étoit fondé, ou dont ils deviendroient la rifée fi leurs prétentions étoient déplacées : la faute deviendroit encore bien plus capitale fi leur orgueil fe faifoit fentir à ceux à qui ils devroient de la foumiffion & du respect.

OUVRAGES EN TERRE. Sous le mot Ou¬ VRAGES EN TERRE, nous donnero: s une idée de ceux que peut être obligé de faire un officier particulier pour mettre fa troupe à l'abri des efforts de l'ennemi.

Nous fuppofons ici que cet officier (après avoir reçu les ordres de fon chef, après lui avoir demandé une configne claire & precife, après l'avoir reçue par écrit ou en préfence de témoins, après avoir infpecté fa troupe, après avoir marche en militaire prudent) arrive enfin proche l'endroit qu'il doit occuper avec la troupe qu'il comman de. Si cet officier rencontre dans l'endroit où on lui a ordonné de fe porter, une maison, un château ou quelques-uns des autres objets dont nous nous fommes occupés dans le mot MAISON, il pourra fe conduire d'après les principes que l'on y a donnés ; mais s'il ne trouve aucun édifice dont il puiffe faire ufage, il faut bien qu'il fe réfolve à conftruire lui-même un ouvrage en terres

bâtimens, & même pour les orner.

car tout officier détaché, ne fût-ce que pour quel-fortes d'ouvriers néceffaires pour conftruire des ques heures, doit, pour augmenter la force de la troupe qu'il commande, fe hâter de l'enfermer dans un ouvrage.

Cependant, comme toutes les pofitions ne font pas également bonnes pour la conftruction d'un ouvrage, le commandant du détachement commencera par en cho fir une qui réuniffe à une bonté abfolue une bonté relative.

Une pofition eft abfolument bonne quand elle commande tout ce qui l'environne, quand elle eft horizontale ou de niveau, quand elle fournit les matériaux néceffaires à la conftruction des ouvrages, & enfin quand elle offre un accès difficile à l'ennemi & une retraite fûre à ceux qui l'occupent.

Une pofition eft relativement bonne quand elle eft exactement dans l'endroit où on la defire, quand elle a l'étendue néceffaire pour contenir les ouvrages qu'on fe propofe de conftruire, & la configuration la plus analogue à ces ouvrages.

Auflitôt que le commandant du détachement aura trouvé une pofition telle qu'il pourra la defirer, il tracera fur un papier le plan de l'ouvrage qu'il veut faire conftruire; il en déterminera l'étendue & la forme; il fixera l'ouverture qu'il doit donner aux fangles de fon ouvrage; il réglera la hauteur, l'épaiffeur du parapet, fa plongée & fes ta lus, la hauteur, la largeur de la banquète & fon talus, la largeur de la berme, la profondeur du foffé, fa largeur fupérieure, celle inférieure & fes talus; il déterminera enfin la hauteur & la pente du glacis.

Il proportionnera l'étendue du pourtour de fon ouvrage à la quantité d'hommes qu'il aura avec lui, en obfervant, s'il a du canon, que ce pourtour doit être augmenté de 12 à 16 pieds pour chaque pièce.

La forme de l'ouvrage doit être déterminée par la configuration du terrein fur lequel il doit être conftruit, & pour l'objet qu'il a en vue en le conftruifant.

Nous n'entrerons pas dans de plus grands détails, puifqu'ils feroient toujours, ou trop étendus pour ce Dictionnaire fi l'on vouloit tout dire, ou trop concis ou trop peu fatisfaifans pour l'officier auquel il faut tout apprendre, fi l'on fe bornoit à un extrait; ainfi nous engageons ceux qui auroient befoin des détails, de lire & de méditer les ouvrages de meffieurs Lecointe, Clairac, Dubrul, Trincano, Foffé, le Guide de l'Officier en campagne, & beaucoup mieux encore le mot FORTIFICATION DE CAMPAGNE, dans ce Supplément, où l'on verra la partie des ouvrages du général Montalambert, qu'il faut confulter & étudier fur cette partie importante de la guerre.

OUVRIERS. Adrien fut le premier, chez les Romains, qui ordonna que dans chaque compagnie il y eût des maçons, des architectes & toutes

Le maréchal de Saxe voudroit auffi que, dans chaque régiment, il y eût des ouvriers de chaque

Nous fommes convaincus des avantages que l'on retireroit à avoir une compagnie de muficiens, vivandiers & ouvriers dans chaque bataillon: on pourroit les compofer avec des enfans-trouvés, & y avoir des armuriers, cordonniers, tailleurs, buffletiers, charpentiers, charrons, &c. enfin, de toute efpèce d'ouvriers néceffaires pour fubvenir aux différens befoins du bataillon, en tems de paix & en tems de guerre. Il feroit inutile d'entrer ici dans de plus grands détails fur une idée que l'on fe borne à préfenter à la médita tion des militaires qui s'occupent des objets qui peuvent être utiles aux troupes.

OVATION. Les Romains avoient deux espèces de récompenfes pour leurs généraux : le triomphe & l'ovation.

L'ovation étoit un petit triomphe qui ne confiftoit qu'en une affez modique pompe comparée à celle du grand triomphe : ici le vainqueur, vèra fimplement d'une robe blanche bordée de pour pre, marchoit à pied ou à cheval à la tête de fes troupes, fans autre marque de fes fuccès que les acclamations populaires, que quelques couronnes de myrte, & qu'une partie de fon armée qui le précédoit au fon des flûtes: le senat néanmoins, les chevaliers & les principaux citoyens affiftoient à fon triomphe, dont la marche fe term'noit au capitole, où l'on facrifioit aux dieux des brebis blanches; mais dans le grand triomphe le vainqueur, monté fur un char, étoit couronné & précédé de lauriers; il parcouroit la ville jonchée de fleurs, & fe rendoit au capitole, où il facrifioit un taureau.

Cependant la même liberté qu'avoient les fol dats de brocarder leurs généraux dans les grands triomphes, régnoit auffi dans les ovations.

Pofthumius Tubertus fut le premier_conful pour lequel on établit, vers l'an 253 de Rome, ce nouveau genre de triomphe : on le lui décerna pour la victoire qu'il remporta fur les Sabins: on croit qu'Aulius Plotius fut le dernier, en 800, à qui l'on fit decerner le petit triomphe; il avoit, fous les aufpices de Claude, réduit en province la partie méridionale de la Grande-Bretagne.

Pourquoi n'avons-nous confervé aucun de ces ufages anciens, qui exa'toient le courage des géné raux, & même des fimples officiers & des foldats, puifqu'ils participoient aux honneurs que l'on ren doit à leurs chefs, même fur le champ de bataille? Après une grande victoire, on élevoit des arcs de triomphe, fous lefquels l'armée défiloit: on élevoit auffi des maufolées pour les généraux morts en combattant, & l'on immortalifoit ainfi la gloire

des

[merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][ocr errors][merged small][merged small][ocr errors][ocr errors][merged small][ocr errors][merged small][merged small][ocr errors][ocr errors][merged small][ocr errors][ocr errors][merged small][ocr errors][merged small][ocr errors][ocr errors][ocr errors][ocr errors][merged small][ocr errors][ocr errors][ocr errors][ocr errors][merged small][ocr errors][ocr errors][ocr errors][merged small][merged small][ocr errors][ocr errors][ocr errors][merged small][ocr errors][ocr errors][ocr errors][ocr errors][merged small][ocr errors][merged small][merged small][ocr errors][ocr errors][merged small][ocr errors][ocr errors][ocr errors][merged small][ocr errors][ocr errors][ocr errors][merged small][ocr errors][ocr errors][ocr errors][ocr errors][ocr errors][ocr errors][ocr errors][merged small]
[blocks in formation]

PAILLE.

AILLE. La déteftable méthode de faire bi-d'affurer aux foldats mille douceurs qui, en contri vouaquer les armées, méthode qui a occafionné buant à conferver leur fanté, les attacheroient à dans la guerre de la liberté la perte de prefque un état dans lequel ils verroient que l'on s'occupe tous les hommes qui font morts dans les hôpitaux, effentiellement de leur bonheur ! & les douleurs rhumatifmales dont font affligés prefque tous les foldats qui ont échappé au fer PAIN. Dans le Dictionnaire militaire, au mot & au feu de l'ennemi, n'a pas permis de faire FOUR, on renvoie au mot PAIN DE MUNITION, beaucoup d'attention à la difficulté que l'on a en & le mot PAIN ne fe trouve pas dans le Dictioncampagne de fe procurer de la paille pour le cou- naire. Dans celui MUNITION, il n'y eft non plus cher des foldats fous la toile: même en tems de fait aucune mention des fours. Au mot SUBSISpaix, les officiers qui attachent quelqu'impor- TANCE, l'auteur a parlé des fours à construire en tance au bien-être de leurs foldats, fe font con- campagne pour perfectionner le pain pour le folvaincus que quelques jours après qu'ils ont reçu dat, mais il n'a nullement difcuté fi l'on ne dede la paille pour garnir leurs paillaffes dans les vroit pas préférer aux fours en maçonnerie, toucafernes, cette paille, bientôt prefque réduite en jours fi difpendieux, fi difficiles, & quelquefois pouffière, leur eft plus nuifible qu'utile, & faci-fi impoffibles à faire faute de tems ou de matélite dans les chambres la mal-propreté & la multiplication des infectes. Il feroit donc auffi économique qu'avantageux de trouver un moyen de procurer aux foldats de très bonnes paillaffes fans paille, fur lesquelles on n'auroit plus befoin de mettre des matelas, qu'i's pourroient tranfporter facilement en campagne, & qui pourroient en même tems leur fervir à plufieurs ufages.

riaux, les fours en forte tôle, tels que ceux dont on s'eft fervi dans les armées du roi de Pruffe, onl ceux propofés dans l'excellent ouvrage de M. Delaulnay fur les fubfiftances, ou peut-être mieux encore ceux inventés par le citoyen Bonnemain, phyficien & mécanicien.

Cet objet, infiniment effentiel, mérite d'être approfondi, & devroit être le fujet des recherches des mécaniciens, des architectes, des chimistes, &c. tant pour les fours propres pendant la guerre, que pour ceux néceffaires pendant la paix. On devroit, en même tems, faire des recherches fur la manière de procurer aux foldats du pain qui fut mieux fait, plus nourriffant, moins pefant, fe confervant plus long-tems: le bifcuit fembleroit remplir ces conditions. On fait aussi du pain biscuité. Il ne faut jamais, en campagne, donner du pain au foldat, dit M. de Saxe, mais les accourumer au bifcuit; il fe conferve plufieurs années, & le foldat peut en porter pour quinze jours; il exige beaucoup moins de chariots pour le tranf

Pour remplir cet objet important, on propoferoit de faire les facs à diftribution avec un coutil d'une aune & un quart de large, préparé auparavant avec les procédés découverts & employés par le citoyen Efquinemart, au moyen defquels ces facs, imperméables à l'eau & à l'humidité coufus avec foin, feroient facilement remplis d'air quand il faudroit s'en fervir comme paillaffe, & préfenteroient une furface de deux pieds en largeur fur fix en longueur; ainfi les facs de trois foldats, placés à côté les uns des autres, préfenteroient une furface de fix pieds carrés, fur laquelle pourroient fe coucher les trois foldats, non pas fur la longueur des facs, mais en travers, c'eft-porter; il eft fain: on obvieroit par-là aux frià-dire, fur leur largeur, devenue longueur par la jonction des trois facs les uns aux autres. Avec ce moyen, dont la moindre expérience prouveroit la facilité de l'exécution, les foldats feroient entiérement à l'abri de l'humidité, & auroient un coucher très-bon par fon élasticité: il leur fuffiroit enfuite de leurs capotes pour fe couvrir, devant, en campagne, fe coucher en hiver avec leur gilet & leur grande culote.

ponneries des pourvoyeurs des vivres, qui, ne cuifant le pain qu'à moitié & y mêlant toutes fortes de chofes mal-faines, contribuent à détériorer la fanté du foldat, & en outre embarrassent beau coup les armées par la place qu'ils tiennent dans les marches, les détachemens qu'il faut pour les garder, & leur train de boulangers, valets, chariots, moulins, chevaux, &c. &c. Le même ge néral propofe de ne donner au foidat que du grain Le citoyen Efquinemart a auffi inventé un drap avec lequel il feroit des galètes cuites fur des composé avec des poils d'animaux. Ce drap, très-palètes de fer, après l'avoir broyé & réduit en épais & imperméable à l'eau & à l'humidité, pourroit auffi remplacer la paille en campagne. Combien donc, fi on le vouloit, avec une volonté bier. déterminée, ne trouveroit-on pas de moyens

pâte avec de l'eau; mais cette méthode offriroit encore de grands inconvéniens, & expoferoit le foldat à n'avoir très-fouvent qu'une très-mauvaise nourriture: le bifcuit & le riz feroient donc pré

férables, furtout fi l'on prenoit la fage méthode de ne plus laiffer manger de la foupe au foldat, & de la remplacer par des légumes & un peu plus de viande. (Voyez, dans ce Supplément, le mot NOURRITURE.)

PAIX. Cette divinité bienfaifante & tutelaire, fans laquelle il n'y a plus ni jouiffances, ni fûreté, ni bonheur, que la multitude n'invoque que lorfqu'elle eft bannie de la terre, dont les hommes fages ne prônent point affez le culte ; que les hommes puiffans craignent & éloignent trop fouvent, & dont les brigands & les dilapidateurs redoutent la présence.

Cette divinité, à laquelle nous ne craignons pas de prodiguer nos hommages avec cette même plume dont nous nous fervons pour écrire fur l art de la guerre, quoique nous foyons bien éloignés d'être les fectateurs de la déeffe de cet art deftructeur, dont nous contribuerions avec plaifir à brifer les autels, quoique nous la fervions depuis bien long-tems, & que, par devoir, nous ayons dû acquérir toutes les connoiffances qui peuvent affurer des fuccès fi déplorables, mais avec lefquels feuls on peut efperer de l'honorer.

La guerre, dit Montefquieu, étoit pour les Romains une méditation, & la paix un exercice; mais le peuple romain s'étoit rendu la guerre néceffaire, & il faut bien se garder de l'imiter en ce point.

Depuis l'instant où Charles VII imagina de conferver des troupes fur pied, la guerre sembla deEvenir plus néceffaire: on leva des impôts pour payer des foldats, & l'on fe fervit des foldats pour lever des impôts. Dès-lors auffi les fouverains n'eurent pour ainfi dire aucun obstacle à furmonter pour entrer en campagne, & dès le moment où leurs paffions ou celles de leurs miniftres leur firent croire la guerre néceffaire, il leur fuffit de donner des ordres & la guerre ravagea la terre. Ainsi, pour n'être pas furpris & expofé à fe trouver fans défenfe, chaque fouverain fut obligé d'avoir des armées fur pied, même au milieu de la paix la plus profonde: ainfi le fléau de la guerre fe perpétua. Il faut en convenir cependant quelques fouverains. quelques états, donnèrent à ce sujet de grands exemples de fageffe. La Suiffe étoit entiérement armée, mais chaque père de famille étoit foldat & reftoit fu: fes foyers; en Pruffe, quelques bataillons de garnison reftoient raffemblés dans les places de guerre, tout le reste du militaire étoit raffemblé dans des camps deux ou trois mois chaque année. En Angleterre, pendant la paix, le militaire étoit diminué des trois quarts. Dans les États-Unis, les milices ne font appelées qu'au moment de la guerre, & exercées pendant la paix autour de leurs foyers. Pourquoi donc, nous ne faurions trop le répéter, n'imiteroit-on pas en France ces exemples, même d'une manière encore plus avanta

4

4

[ocr errors]

geufe pour les défenfeurs de la patrie, l'agricul ture, le commerce, les arts, &c.? On peut voir à ce fujet, dans ce Supplément, le mot FORCE

PUBLIQUE.

PANSEMENT (CHEVAUX, TROUPES A CHEVAL). C'eft le foin qu'on prend des chevaux pour leurs befoins, leur fanté & leur propreté. D'après cette définition, on fentira aifément combien le panfement des chevaux eft un objet important pour leur confervation; auffi les bons écuyers regardent-ils le panfement comme le devoir le plus effenticl du palefrenier.

Il faut diftinguer le panfement avant le travail, d'avec le panfement après le travail. Avant le travail, le panfement du cheval fe borne à fa propreté & à lui donner fa nourriture; mais après le travail, le panfement exige de bien plus grands

foins.

Il ne faut d'abord, en général, rentrer les chevaux dans l'écurie qu'au pas, & au trot lorsqu'il pleut fortement ou qu'i fait très-froid.

Dès que les chevaux font arrivés, avant de les entrer à l'écurie, il faut les deffeller, les froter avec le couteau de chaleur s'ils font fuans (1) les bouchonner jufqu'à ce qu'ils foient fecs; faut enfuite les étriller & les broffer. Pendant qu'on les broffe, il y auroit un grand bien de leur donner à manger quelques bouchées de foin pour leur rafraîchir la bouche & les difpofer à pouvoir boire quand ils feront panfés. (Ils ne font panfés, quant à la propreté, que lorfqu'en paffant la main a rebrouffe-poil, s'ils font noirs, ils ne raient pas en blanc; & s'ils font gris ou blancs, quand la craffe ne vient pas au doigt. J Il est effentiel la broffe paffe dans toutes les parties, principalement autour des oreilles. Prefque toutes les enchevêtrures viennent aux chevaux faute d'avoir le tour des oreilles bien panté, parce que la målpropreté qui fe ramaffe autour des oreilles, leur occafionne des démangeaifons qui les excite à fe gratter, & qui leur caufe les accidens les plus graves.

Quand le cheval eft bien étrillé & bien broffé il faut lui laver la bouche, les yeux & les naseaux avec de l'eau propre, ainsi qu'on aura eu foin de

(1) On ne fait pas affez combien la tranfpiration & la fueur des chevaux elt âcre & mordicante. Si on laiffe à la pouffière le tems de s'attacher à la peau & de s'y épaifir, les pores fe bouchent, la transpiration eft arrêtée, & les chevanx n'ont de repos ni jour pi nuir, fans parler des maladies qui peuvent s'enfuivre. Il eft donc infiniment important, toutes les fois qu'un cheval a travaillé, de ne le faire rentrer dans fon écurie qu'après l'avoir parfaitement bouchonné, étrillé & rendu fa peau sèche & luifante. Les rhumes, les morfondures, ne viennent que d'un refroidiffement ou d'une interruption de la transpiration. Iiiii 2

« AnteriorContinuar »