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féquence il prit le parti de paffer la Meufe, & d'aller fe pofter auprès du comte de Naffau, pour obferver fa conduite. Naffau furpris, mit fon armée en bataille, & peu s'en fallut que les deux armées de l'empereur ne combattiffent l'une contre l'autre ; mais il en résulta toujours pour Bayard, que fa place fut ravitaillée au moyen du décampement de Sickenghen, qui laiffa le paffage de la Meufe libre.

trager & les dépouiller, tandis que, s'ils vouloient réfléchir un inftant fur l'étendue de leur force, ils s'appercevroient qu'étant mille contre un, ils font véritablement les plus forts, & qu'il ne dépend que d'eux de détruire dans un inftant de pareils oppreffeurs, d'autant plus facilement encore, que, dans le fyftème de guerre moderne, tout dépendant de l'argent & des fubfiftances, refufer l'impôt & couper les vivres aux troupes,

font deux inoyens infaillibles de faire bien vite terminer la guerre en faveur du plus grand nombre.

La bataille d'Oudenarde eft un exemple frap-fans même s'expofer à les attaquer corps à corps, pant de la méfintelligence entre les généraux. Si le duc de Bourgogne & le duc de Vendôme ne s'étoient pas contrariés mutuellement, il eft certain que les alliés auroient été complétement défaits.

MILICE. Malheur au pays où l'on fera quelque cas de la liberté & où l'on voudra la conferver, fi l'on y ftipendie des foldats mercenaires, & fi on les retient continuellement fous les drapeaux! Ils feront néceflairement les défenfeurs de la tyrannie, & les exécuteurs aveugles & cruels de la volonté abfolue du tyran; ils feront toujours le bras, le reffort, la bafe, la raifon feule & la plus puiffante du defpotifme.

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La force militaire permanente détruit jufqu'à l'apparence de la fociété civile; elle enfevelit jufqu'au nom de liberté : fous elle le citoyen ne peut, ni faire, ni dire, ni écouter, ni penfer des chofes juftes & vertueufes, relativement au fyftème politique, fans être exposé à la férocité & à l'infolence de ces fatellites, toujours prêts à exécuter les ordres de leur maître, & toujours plus intrépides contre leur patrie, que contre l'ennemi.

C'est un autre état dans l'état lui-même, un corps ayant des opinions & des intérêts divers, en tout contraires à ceux de l'état & à la confervation de la tranquillité civile. Attachés au fouverain, qui eft cenfé les nourrir & flitter leur pareffe orgueilleufe, les foldats ont néceffairement intérêt d'opprimer les peuples; car plus il les oppriment, plus ils font confidérés, redoutés & néceffaires. N'eft-ce pas pour les tenir fur pied, qu'on lève la très-grande majorité des impôts? Ne fontils pas les inftrumens oppreffeurs dont on fe fert pour lever ces mêmes contributions? N'eft-ce pas la trop grande quantité d'impôts & la manière dont on les lève, qui occafionnent les maux les plus actifs & les plus nombreux de la fociété, les incarcérations, les faifies, les mauvais traitemens, les expropriations? &c. &c.

A peine les foldats ont-ils endoffé la livrée de leur fervitude, qu'ils fe hâtent de fe dépouiller du nom d'habitant de la campagne, & de méprifer leurs égaux, qu'ils regardent comme beaucoup au deffous d'eux; & ce qui doit les encourager à cette infolence, c'eft la lâcheté des cultivateurs, qui, fous le defpotifme, ont la baffeffe de fouffrir que cette canaille armée ofe les mépriser, les ou

Moyen d'autant plus néceffaire à faire connoître au peuple ami de fa liberté, que ce fera lui en affurer la poffeffion & la durée, n'ayant aucune crainte de la perdre dès l'inftant où l'armée ne fera plus permanente; car dès-lors, ou le citoyen devenu foldat paffera à peine deux mois chaque année fous les drapeaux; dès-lors, ou il fera forcé de revenir à fa charrue, aux arts, ou à fes habitudes fociales; enfin, à être citoyen la très-grande majorité du tems, ou par devoir il fera attaché au fervice, ou le defpotifme perdra fes foutiens, & la liberté verra augmenter les profélytes & fes défenfeurs.

Dès-lors, plus de ces hommes nourris & entretenus des fueurs & des jeûnes du peuple, qui font toujours prêts à en boire le fang au premier fignal de leur maître.

Dès lors on n'accorderoit pas la fupériorité au militaire fur le pouvoir civil.

Dès-lors un citoyen ne prendroit plus les armes que pour défendre fa patrie, & ne fe foumettroit plus à exécuter les décrets d'une puiflance injufte, contre fon père, fes frères, fes parens & fes amis.

O vous! braves défenfeurs de la patrie, qui avez accumulé une fi grande quantité d'actes d'hé roïfme, de courage, de vertus pour établir parmi nous la liberté, confervez le caractère qui vous convient, rendez toujours plus refpectable l'habit que vous portez; & fi vous êtes encore obligés de prendre les armes pour défendre votre patrie ou affurer fa tranquillité, que ce foit fur vos foyers que vous attendiez le moment où il fau dra marcher contre l'ennemi; que là vous vous exerciez à manier quelquefois ces armes que vous avez fi glorieufement portées ; que vous inftruifiez même les jeunes citoyens qui font deftinés à vous remplacer, mais que vous foyez bien plus occupés encore à remplir tous les devoirs de citoyen, & à donner à vos amis, à vos parens, à vos enfans même, l'exemple fi précieux de votre refpect pour les lois, & de votre amour pour la liberté.

MILITAIRE (ART). Au mot ART MILI TAIRE, que l'on trouve dans le premier volume de ce Dictionnaire, l'auteur s'est borné à faire voir

que cet art devoit faire les plus grands progrès, d'abord dans les républiques, enfuite dans les monarchies, & qu'il devoit refter inconnu dans les gouvernemens defpotiques & chez les peuples fauvages, & il s'eft appuyé dans cette opinion, par les progrès de l'art militaire dans les républiques grecques & romaine, chez lefquelles les modernes le font empreffés de prendre les principes de cet art deftructeur; cependant, à confiderer les chofes, non pas dans ce qu'elles ont été, mais dans ce qu'elles devroient étre, ce feroit dans les républiques où l'on devroit le moins mettre en pratique cet art, le plus grand fléau de l'humanité, l'ennemi de toutes les jouiffances, de toutes les propriétés, de la tranquillité & de la fûreté des individus, & qui ne s'occupe que de ravages, de deftruction & de mort.

Quant aux monarchies, la guerre eft un jeu ( dit un des premiers poëtes modernes de l'Angleterre ) où les rois ne joueroient pas fi les peuples étoient plus fages; mais cette partie du peuple, qui eft fpectatrice paffive de ces jeux, eft trop éloignée du theatre des maux qu'ils caufent, pour recevoir l'infpiration féditieule du poëte. D'après les fuccès ou les revers de la campagne, elle la regarde comme un bonheur ou comme un mal néceffaire; elle paie les taxes, quelles que foient les formes fous lefquelles on les lui offre; applaudit à la vigilance de les gouvernans, qui l'arrachent des griffes de l'athéime & de la démence démocratique, & dort ignorant les horreurs qu'entretient ion inépuifable libéralité.

Mais à l'égard des inftrumens de la colère ou de l'ambition des princes, la fcène change. Arraché à la famille, dont il étoit peut-être l'unique foutien, le jeune payfan, qui ne connoît que les maux de cette fociété dans laquelle Dieu & la Nature lui avoient donné une part égale à celle de fes oppreffeurs, fe trouve l'acteur principal, dans cette fanglante tragédie, pour foutenir une caufe que probable. ment il ne connoît pas, ou qu'il ne connoît que pour la détefter: ces malheureux efclaves, car c'eft une ironie de les nommer fujets, commencent néanmoins, dit-on, à foupçonner que la guerre eft un jeu dont il peut être injufte de leur faire payer tous les frais.

«Les écrivains français & étrangers (dit Mlle. » Williams dans fon Apperçu de l'état des mœurs » & des opinions de la république française à la fin du dix-huitième fiècie) amufent le public avec "leurs effais fur les progrès des lumières, des » connoiffances & le terme prochain de la perfectibilité de l'efpèce humaine. Combien l'emploi » de cette éloquence feroit plus utile aux hom"mes, s'ils vouloient la diriger contre le génie » malfaifant de la guerre, partout où ils le dé» couvriroient, arrachant cet impitoyable:monftre » de fa retraite, où, tranquillement affis, il ru "git de joie fur les calamités qu'il répand fur la » terre, ou bien s'ils attachoient cet odieux en

» nemi avec une chaîne d'acier, &, le traînant » au fommet de ces abîmes fourcilleux qu'il apprit à gravir, le précipitoient fans remords » dans le fond des abîmes! Perfectionner le » genre humain eft fans doute une entreprise auffi grande que belle; mais ceux qui nous délivre»roient de cette affreufe & primitive malédiction » de la guerre, auroient un plus beau droit en» core à la gloire & à l'immortalité.

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Quelle harmonie ! quels doux fons ne por» tent pas à l'oreille de l'humanité les nouvelles agréables d'un armistice avant - coureur de la paix ! Comme le coeur s'exhale devant cette » heureuse perspective! La pensée eft foulagée » d'une oppreffion pour ainfi dire phyfique. Ji»gnore s'il fe trouve quelque chofe de vrai dans » la doctrine de ces arides métaphyficiens, qui » nous affurent que la guerre eft un état de Na»ture. En admettant ce principe, on ne doit pas » être furpris que nous l'abandonnions fi promp»tement, & que nous cherchions à errer loin de » l'influence de cette divinité malfaifante. Je me plais néanmoins à croire que cette philofophie » eft fauffe, que ce péché originel, qui remplit » le monde de gens qui s'affaffinent les uns les » autres dans des combats qu'on nomme guerre » pour des homines appelés princes, eft le détef

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table dogme que le monde ne tardera pas à ou» blier. Gardons-nous de penfer ainfi de la Na»ture; elle eft bonne, bienfaifante : la paix eft

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l'objet de fes voeux, & ce n'eft qu'à la naif» fance de la fociété, lorfque fes devoirs ne font » pas encore connus, ou dans fon déclin, lorf» que les principes qui anobliffent l'homme » font pervertis, que nous voyons faire ces effais "fur leur bonheur, effais funeftes que les philofophes s'efforcent d'expliquer en les appelant » naturels.

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» Si nous accueillons avec plaifir l'heureuse efpérance de la paix, nous qui, à l'abri des tempêtes de la guerre, ne connoiffons fes ravages » que par la voie des gazettes qu'on lit froide»ment en prenant à loifir le thé ou le café; fi » nous écoutons avec calme le récit des batailles, » de villages réduits en cendres, de villes abandonnées, de cités affamées, d'armées détruites; » fi nous, à qui le détail de ces événemens eft » caché par la distance, dont les oreilles ne font » pas déchirées par les cris de la veuve, dont » les yeux ne deviennent pas humides à la vue » de l'orphelin; fi nous éprouvons pourtant un » véritable plaifir en fachant que la furie de la guerre eft enchaînée, qu'on accorde un répit » à l'humanité gémiflante, quels doivent être » les tranfports de ceux qui font les acteurs ou

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les: victimes de ces fcènes cruelles? de ceux qui font chargés du cruel devoir de pénétrer » dans un état, de le ravager, de le détruire, ou » des peuples dont l'affreux partage est d'être vaincus, ravagés & détruits?

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» A une certaine distance du théâtre de ces dé» vastations, nous entendons, parler, à la vé.ité, » de combats, de triomphes; nous favons que » les lauriers des vainqueurs ont été arrofés de fang, mais nous fuyons la pénible fenfation que » cette idée excite, ou nous cherchons à l'adou» cir en difant qu'ils font morts dans les champs de » l'honneur, & qu'ils repofent fur le fein de la gloire. » Tandis que nous écoutons les détails d'une fan"glante batail e, fi nous pouvons engourdir les » fentimens amers qu'ils produifent par ces fpé» cieux lénitifs, fi la voix féduifante de la re» nommée, fi ces noms confacrés à un fouvenir » éternel, peuvent étouffer le cri de la pitié & impofer filence à nos regrets, comment appaiferons-nous l'horreur que fait naître le récit des » maux occafionnés par un genre de guerre dont nulle gloire n'allège les fouffrances, & où les illufions de l'héroïfine ne nous offrent aucun afyle?

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» Jetons les yeux un moment fur un feul endroit de cette fcène de calamité, contemplons une courte période de ces neuf années de dépopulation, celles où les armées d'Italie, après la prife de Coni, prenant leurs quartiers d'hiver fur les Appennins, protégeoient la ville de Gênes, entiérement privée de fecours : cette mal» heureufe armée paffa un hiver rigoureux fur les » rochers fauvages qui bornent la république ligurienne; pâle, livide, defiguré, affamé, nu chaque foldat paroiffoit un spectre les routes » étoient couvertes de mourans & de morts; ceux qui avoient la force de gagner un hôpital, n'y trouvoient, ni lits, ni nourriture, ni fecours d'aucun genre ; ils rencontroient feulement un trépas plus prompt, mais plus cruel que dans les camps infectés ou dans les fentiers de ces morts qu'ils avoient abandonnés.

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» fes victimes, & la famine dévorante exerçoit » fes ravages de tous côtés. Souvent l'aube du »jour éclairoit de nouvelles peintures des mifè.es » humaines: on trouvoit des mères mortes de faim, ainfi que leurs enfans pendus encore à leurs mamelles. Quel exemple de réfignation & » de dévouement ne préfenta pas cette malheu» reuse ville de Gênes! A peine croira-t-on que » cent foixante mille ames, fi long-tems la proie » de toutes les horreurs de la famine, voyant » expirer la vieilleffe & l'enfance, fe réduififfent » à vivre d'herbes, de racines, d'animaux les plus dégoûtans ou de ceux qui étoient morts de ma» ladie; & malgré le déclin rapide de leur propre » fanté, ces infortunés préféroient fupporter de pareilles calamités, plutôt que de tenter une » révolte contre les troupes affoiblies par les com» bats, mais plus encore par leur état phyfique, » & contre lesquelles on les engagea fouvent à fe » foulever; témoignage bien frappant de la forte » de l'inimitié des Génois pour le gouvernement » autrichien.

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» Sans ceffer de gémir fur les foldats qu'un devoir cruel obligeoit de mourir, qui peut fou» tenir de penser à quinze mille innocentes vic» times, femmes, enfans, vieillards, tous deve»nus la proie de la famine? Lorsque Ugolino & fes enfans regardoient la porte de leur prifon fermée pour toujours, que tout efpoir étoit » interdit à leur attente, ils ne voyoient d'autre réfuge que la mort; mais ici, pendant qu'un père, torturé par la faim, entendoit avec dé»fefpoir fes enfans lui demandant du pain, que » la mère fixoit fes regards éteints fur fon fils expirant, cherchant en vain à lui donner l'aliment » maternel dont les fources étoient defféchées, » l'horizon laiffoit appercevoir des vaiffeaux char gés de vivres, des vaiffeaux portant la vie re» tenus par une flotte ennemie qui leur fermoit » le paffage.

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» Gardons-nous de jeter un voile fur ces fcènes lugubres, & que l'horreur qu'elles doivent ex» citer, augmente le defir & faffe prendre tous » les moyens de ne les plus voir renaître.»

Après nous être empreffés de tranfcrire les pa la guerre, & conféquemment contre l'art mili roles précieufes d'une femme philofophe contre taire, fans lequel la guerre ne feroit qu'une lutte momentanée qui auroit peu de fuites fâcheufes, nous allons nous permettre quelques idées pour tâcher de prouver combien l'art militaire eft dangereux dans les républiques.

L'art militaire n'eft qu'un art propre à favorifer defpotifme, & qui doit conféquemment être profcrit des républiques.

«La ville étoit calme; les nouvelles feules de » la négociation contribuoient à cette tranquil-le »lité, car les fouffrances étoient affreufes : tous » les traits fe trouvoient décomposés, toutes les n figures portoient l'empreinte d'une profonde » affliction ou d'un yiolent défefpoir; les rues re» tenuiffoient de cris percaps; la mort multiplioit

A

Du moment où vous érigez la guerre en art, vous créez un corps d'hommes qui s'en occupent conftamment,qui l'apprennent, qui l'enfeignent, & qui conféquemment ne labourent, ne manu

facturent

facturent ni ne commercent plus; il faut donc que d'autres les nourriffent. ( Premier mal.)

Quand on poffède cet art, on en veut faire ufage pour acquérir de la réputation ou des richeffes: en conféquence, on defire la guerre, on provoque la guerre, & les républiques doivent éviter les guerres, & furtout l'efprit de la guerre. (Se.ond mal.)

Quand on ne fait pas ufage de ce fléau au dehors, c'eft au dedans. (Troisième mal. )

ils

Comme les militaires font un corps à part, fe croient au deffus des autres ; ils les méprifent, furtout les citoyens paifibles; le préjugé s'établit ; il rend les uns infolens & avilit les autres. (Quatrième mal.)

L'art militaire diminue le vrai courage : il eft aux nations, ce qu'eft l'efcrime pour les individus; il fupplée le courage & ne le donne point : or, c'eft avec le courage que les républiques doivent repouffer les attaques des ennemis exté

en ftipendiant des républicains, faudroit-il les
rendre les plus utiles & les moins onéreux poffible
à l'état. Ainfi :

Ou l'on adopteroit le fyftème propofé dans le Soldat citoyen, des divisions par département, ainfi que des légions militaires & agricoles dans chacun, ou l'on préféreroit, après avoir adopté un système de conftitution militaire, & avoir pris une connoiffance exacte de tous les endroits de la France, où il fe trouveroit des marais à défricher ou des terreins incultes appartenans à la république, ou qu'elle pourroit acquérir des propriétaires ou des communes, de deftiner ces terreins à recevoir des colonies militaires, c'eft-à-dire, un certain nombre de compagnies, bataillons, régimens d'infanterie, cavalerie, artillerie, &c. proportionnément au terrein à cultiver, ou plutôt à ce qu'il pourroit produire pour la nourriture & l'entretien des colonies militaires qu'on y placeroit. Pendant les défrichemens, defféchemens, première culture, les troupes feroient barraQuand les hommes feront bien pénétrés de l'a-quées, & placées, autant que poñible, dans les mour de la liberté, & habitués à l'exercer dans lieux propres à y établir un village. Ce ne pourtoute fon étendue, ils auront du courage: avec roit donc être que fucceffivement qu'elles pourlui, le républicain fatigue, dompte fes adverfai-roient être logées dans des maifons conftruites res; avec lui, il apprend bien vite cet art militaire: l'Amérique l'avoit prouvé ; la France vient de le prouver bien encore davantage. Le defir de conferver la liberté eft un aiguillon bien plus fort que la paye des mercenaires ou même les difunctions des officiers européens ; & voilà pourquoi un ou deux ans d'expérience & deux ou trois defaites inftruifent plus des républicains, que vingt ou trente ans ne font pour les fujets des autres gouvernemens.

rieurs.

Les républicains ne doivent pas plus avoir des militaires perpétuels, que des magiftrats: la perpétuité eft la fource de la guerre, de la corruption, du defpotifme: la France n'aura jamais de profpérité réelle qu'en raifon de la diminution de de la fièvre ardente de la guerre.

Si toutes les fectes euffent adopté, comme les Quakers, cet efprit anti- militaire; fi toutes avoient voulu prononcer anathême à la guerre, que feroient devenus nos héros lorfqu'aucun automate ne fe laifferoit plus dreffer à l'art infernal de tuer fon femblable?

Fliangieri demande auffi de fupprimer l'entretien des troupes fur pied pendant la paix, et fi l'on n'a pas encore la fageffe d'adopter des idées auffi philantropiques, il demande fi l'on ne pourroît pas diminuer les dangers & l'inutilité des folda:s foudoyés & entretenus, en les rendant utiles aux travaux publics, aux arts, à l'agriculture, & en ne les retenant pas dans le célibat.

Mais fi l'on ne veut pas adopter l'idée d'une armée républicaine, dont les foldats paffero ent neuf ou dix mois chaque année fur leurs foyers, & dont le officiers & les fous-officiers feroient feuls plus conftamment aux drapeaux, au moins, Art. Milit. Suppl. Tom. IV.

;

exprès: on diviferoit enfuite les terreins mis en
culture, en fermes de deux, quatre ou fix char-
rues au plus, conduites avec des boeufs. On met-
troit à la tête de ces fermes, de bons agriculteurs,
ou de préférence des officiers ou fous officiers
de vétérans, qui fe trouveroient avoir des con-
noiffances en agriculture: les foldats feroient les
journaliers employés à la culture & aux arts qui
leur font néceffaires. On fixeroit l'âge où un fol-
dat pourroit se marier: dès qu'il le feroit, il au-
roit une maifon, un jardin, & autant que poffible
une vache, pour laquelle il paieroit une certaine
rente: les enfans mâles feroient destinés au fer-
vice, autant cependant qu'ils y confentiroient
les filles feroient inftruites dans des arts utiles à la
colonie: jufqu'à un certain âge des uns & des au-
tres, le père recevroit chaque mois une fomme
qui feroit fixe, pour l'aider à les élever; ce feroit
dans ces colonies que l'on prendroit les foldats
pour les garnifons abfolument néceffaires, & pour
les travaux publics. On établiroit dans chaque
commune militaire, des maîtres artifans des deux
fexes, qui, autant que poffible, feroient pris
parmi les vétérans, leurs femmes, leurs filles, &c.
Ces maîtres inftruiroient les enfans de la colonie
dans leur art. On fentira facilement, d'après cette
efquiffe, combien ces colonies feroient utilement
occupées pour elles & pour la république. On
croit inutile d'entrer ici dans tous les détails né-
ceffaires pour un pareil établiffement; il fuffit d'en
avoir fait appercevoir l'utilité & les avantages.
On peut aufli lire (dans ce Supplément) les mots
FORCE PUBLIQUE JARDIN, MARIAGE, SE-
MESTRE, SOLDE, TRAVAUX PUBLICS, VETĖ-
RANS, &C..
Fffff

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MINISTRE DE LA GUERRE. Nous ne voulons pas nous arrêter ici à donner une idée du génie, des connoiffances & des qualités néceffaires à un miniftre de la guerre; il devroit fuffire de favoir que ce miniftre réunit la puiffance légiflative & la puiffance exécutrice, c'eft-à-dire, qu'il eft chargé d'interpréter les lois militaires qui ont befoin d'être éclaircies, de modifier quelques-unes d'elles, d'en rédiger & d'en propofer de nouvelles toutes les fois que les circonftances l'exigent; de faire obferver les plus anciennes comme les plus nouvelles, les plus importantes comme celles qui le font le moins, tant qu'elles ne font pas abrogées; de propofer des plans de guerre & de campagne, de juger ceux que les généraux présentent, de pourvoir à l'entretien des troupes & des armées, à leur fubfiftance, à leur recrutement; de préfentér pour chaque place militaire vacante, le fujet le plus digne; de diftribuer les graces, d'infliger les punitions avec équité; de répondre à toutes les demandes qu'on lui fait de vive voix ou par écrit ; de décider de toutes les difficultés qu'on lui propofe, de lever tous les doutes que l'on foumet à son jugement, de paffer tous les marchés pour tout ce qui tient à l'habillement, équipement & nourriture des troupes, remontes, enharnachement, ferrage & nourriture des chevaux des troupes à cheval & autres; hôpitaux fédentaires & ambulans; armes à feu de toute efpèce, tout ce qui a rapport à l'artillerie, aux fortifications, à la gendarmerie, aux vétérans, aux invalides, aux réformés penfionnés, &c. &c. d'où s'enfuit la néceffité, pour le miniftre, d'être grand adminiftrateur & parfaitement inftruit de tout ce qui regarde l'art de la guerre.

Beaucoup d'écrivains, perfuadés qu'il eft impoffible à un feul homme de réfifter à tant de travaux, de vaincre tant d'intrigues, d'occuper dignement, en un mot, le pofte difficile de miniftre de la guerre, ont penfé qu'on devroit remettre ce département entre les mains d'un confeil compofé d'un certain nombre de militaires diftingués par leurs connoiffances & leurs talens. Quelques autres ont cru qu'il falloit conferver le miniftre, & qu'il fuffiroit de mettre auprès de lui un confeil compofé de commiffaires des guerres & d'officiers- généraux. On a auffi propofé de fe borner à des adjoins ou à des chefs de divifion, pour les parties contentieufes, celles purement militaires, les approvifionnemens, &c.

Le premier de ces différens partis, dont on doit l'idée à M. de Saint-Germain, pourroit avoir des avantages; mais il femble qu'on devroit y préférer le fecond en l'amalgamant avec le dernier, c'eft-à-dire, mettre un confeil militaire à côté du miniftre, & pour travailler avec lui & fous lui, des adjoints, des directeurs & des fous-directeurs de la guerre. Expliquons cette idée en lui donnant quelques développemens.

Trois officiers-généraux, l'un pour l'infanterie, l'autre pour les troupes à cheval, le troisième pour l'artillerie & le génie; deux commiffaires des guerres, l'un pour la partie contentieuse & celle des fonds, liquidation, &c., l'autre pour toutes les parties des tournitures quelconques & l'armée morte, & un fecrétaire, formero ent le confeil de guerre auprès du miniftre : ce feroit à ce confeil que l'on renverroit tous les projets, plans de campagne ou autres, inventions, &c.; marchés, mémoires, projets de lois à propofer, réformes ou améliorations à faire; enfin tout ce qui auroit rapport à la guerre & qui exigeroit des difcuffions. Le fous-directeur de la partie que cela regarderoit, en feroit le rapport; le directeur de cette même partie difcuteroit l'objet, le débattroit pour ou contre, & il feroit jugé par le confeil, d'après lequel on mettroit fous les yeux du miniftre ce qui auroit été arrêté, avec un extrait des raifons pour & contre, & de celles qui auroient déterminé l'arrêté, afin que le miniftre pût prononcer plus pertinemment. Les deux autres directeurs de la guerre pourroient auffi affifter aux débats, toutes les parties de la guerre ayant entr'elles de fi grands rapports, qu'il ne pourroit être que très-avantageux de les faire connoître aux perfonnes qui font chargées de les diriger.

Quant aux directeurs & aux fous-directeurs, voici comment on propoferoit de les diftribuer, ainfi que tous les agens qui feroient fous leurs ordres & les différens objets dont ils feroient chargés.

1°. Le miniftre de la guerre, fes fecrétaires intimes, les dépêches fecrètes.

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2°. Le fecrétariat-général, les dépêches, le renvoi des affaires courantes, les rendez-vous, les audiences, le recueil des lois, les archives, fournitures des bureaux, &c. les impreffions, les courriers, &c. le réfumé des correfpondances relatives à la police & à la fûreté de l'intérieur, celui des lettres adreffées plus directement au miniftre, le journal, l'académie militaire.

3°. Le premier directeur de la guerre (le per fonnel), le rapport au miniftre de toutes les parties de fa direction, & la fignature de tout ce qui aura eté apoftillé par le miniftre, & où fa fignature perfonnelle ne fera pas néceffaire.

4°. Le premier fous-directeur du premier directeur de la guerre, la levée, la confcription, le complément des cadres.

5°. Le premier chef de bureau du premier fousdirecteur du premier directeur de la guerre, l'infanterie, fes mouvemens, routes, &c.

6°. Le fecond chef de bureau du premier fousdirecteur, &c. la cavalerie, mouvemens, routes, &c.

7°. Le troisième chef de bureau du premier fousdirecteur, &c. le perfonnel du génie & de l'artillerie, mouvemens, routes, &c.

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